Oui, cette sauterelle fait carrément flipper... Je vous ai fait peur, hein? ;-)

L'âge de la princesse Morgane est situé entres ses seize et dix-sept ans. Comptez trois-quatre ans de plus pour notre cher Alzaïr.

« -Princesse Morgane, tu as un insecte sur les cheveux.

-Quoi ? Où ça, où ça ?!

-Sur tes cheveux...

-Retire le moi ! Mais ne lui fait aucun mal !

-Je suis sous forme de dragon. Je ne peux pas, avec ces griffes...

-Dépêche toi de te transformer ! »

Elle était parfaitement immobile.C'était sa façon se paniquer face à un insecte. Plutôt que de courir partout et de monter sur une table, elle arrêtait de bouger.Et là, la fourchette à deux centimètres de sa bouche, elle ne bougeait plus.

« -Tu m'as interdit de me transformer devant toi.

-Je fermerai les yeux ! Alors enlève moi cet insecte ! C'est un ordre !

-Ai-je un jour obéi à tes ordres ?

-Tu es censé me protéger des intrus,non ? C'en est un !

-D'accord, d'accord... »

Il souffla et se transforma.

Elle avait les yeux bien fermés, mais rougissait quand même. Savoir qu'il était maintenant nu à côté d'elle lui faisait imaginer son corps, qu'elle connaissait déjà trop bien. Ce n'était peut-être pas une bonne idée, finalement.

Il voulut prendre l'insecte, mais il sauta dans l'assiette de la princesse.

« -C'est bon ?

-Dis moi... A quoi ça ressemble une sauterelle ?

-C'est vert, ça saute... Comment peux-tu ne pas le savoir ?

-Je n'en n'avais jamais vu. Je crois que c'est ce que tu avais sur les cheveux... »

Alors qu'il approchait sa main de la sauterelle, celle-ci sauta sur lui. Sous la surprise, il voulut l'éviter et se retrouva assis sur la princesse avec une sauterelle sur le nez.

Au même moment, la porte s'ouvrit avec fracas.

« -Me voilà, prince Jean-Eude de Patouprès ! Je viens récupérer la princesse ! Où est le grand, le féroce, le méchant dragon ? »

Le jeune homme balaya la pièce du regard, se frotta les yeux, les fronça, prit son monocle, le nettoya et le mis devant son œil.

« -Quelqu'un peut-il me dire pourquoi il y a une sauterelle sur le nez de cet homme ? »

La princesse, rouge pivoine, poussa Alzaïr, qui se leva d'un bond. Il se dirigea vers la sortie. Le prince recula pour le laisser passer.

« -Je vais me débarrasser de l'insecte, puis je reviens. Je te laisse t'occuper de lui, Morgane. »

Sur ce, il partit de la pièce, la sauterelle toujours sur son nez.

« -Une sauterelle sur un nez...Quelle étrange vision... J'en ai des frissons ! Bon... Où est la princesse ? Et son dragon? Je le cherche depuis que je suis entré ici ! »

Il balaya de nouveau la pièce du regard.

« -Oooooooh, mais...Serait-ce... »

Il s'avança vers la jeune femme, les yeux brillants.

« -De la viande et des petit-pois ? Quelle belle assiette ! Magnifiquement bien dressée ! Je devrais demander au cuisinier de ce lieu de venir dans mon château, en même temps que la princesse... Où peut-elle bien être ? »

Morgane se tint bien droite et se mordit la lèvre. Encore un tordu... C'était le troisième de la semaine.

« -Ooooh, mais... Ne serait-ce pas vous, jeune femme ? Votre beauté dépasse celle de cette entrecôte ! Vous m'en laissez sans voix ! Voulez-vous bien m'attendre, s'il-vous-plaît, le temps que je trouve et combatte ce méchant dragon qui vous tient enfermé dans cet horrible endroit ? »

Il dit cela tout en montrant le sol de marbre et les fines moulures sur les murs.

Elle se retint de soupirer et lui fit un sourire forcé.

« -Je suis certaine que Alz...Que le dragon, mon geôlier, vous attend à l'entrée de la tour.Descendez les six étages, si vous en avez le courage. Je vous attendrai ici, je serais sage.

-Soyez sans crainte, belle demoiselle !Je reviendrai ! Gardez-moi un peu de ce délicieux repas !À toute à l'heure ! »

Il partit en trébuchant vers les escaliers.

« Me marierai-je un jour ?J'ai vraiment l'impression que je vais finir ma vie avec Alzaïr, à ce train-là... Oh... Il faudrait que je cherche dans un dictionnaire si le mot « train » existe... »

Pendant que Marjorie... Madelaine...Oh, pardon !

Pendant que Morgane réfléchissait à ce que pouvait bien être un train, Alzaïr se battait avec la sauterelle. Elle ne cessait de sauter de son nez à sa main et de sa main à son nez. Il continua à essayer de l'attraper sans relâche.

Alors qu'il avait enfin réussi à l'enfermer dans le creux entre ses deux mains, quelqu'un ouvrit la porte de la tour avec force. Cela surprit tant le dragon qu'il lâcha la sauterelle, qui s'en alla sauter sur la tête du prince.

« -Me voilà, prince Jean-Eude de Pastouprès ! Je viens récupérer la princesse ! Où est le grand, le féroce, le... Aaaaaaaah ! Une sauterelle !Naaoooon, j'ai peur des sauterelles ! »

Le prince partit en courant, effrayé par cet insecte qui ne fit que le suivre.

Le dragon se retransforma et entra dans la salle-à-manger par la fenêtre.

« -Déjà ?

-Il est parti en hurlant sa peur des sauterelles.

-Je commence à désespérer. Je commence à croire que même un homme normal me suffira, tant que je ne me tape pas encore ces aliénés. Même toi, tu serais plus apte à être mon prince charmant !

-J'ai toujours été plus apte à être ton prince charmant, c'est toi qui n'es pas apte à être ma princesse. »

Elle posa les pieds sur la table, mit les bras derrière la tête et regarda le dragon.

« -Nan, t'es pas un prince et tu agis comme une fille. »

Elle rota.

« -Je n'entrerai pas dans ce débat, prince Morgan ! »

Il évita de justesse un couteau, qui se retrouva profondément planté dans le mur de pierre.

« -Oh non... Il va encore falloir que j'appelle le roi Arthur pour l'enlever... Fais attention, la prochaine fois, Morgane. Vise la fenêtre, avec un peu de chance, ça atteindra le cœur d'un autre prince demeuré.

-J'y penserais, la prochaine fois que tu m'appelles prince Morgan. Oh... Et quand comptes-tu faire venir Arthur ? J'aime le regarder... Il a des muscles magnifiques...Si seulement il n'était pas marié... Je veux dire, si seulement il pouvait venir travailler !

-Tu m'inquiètes plus en agissant comme une vraie princesse, en réalité... »

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Je me suis éclatée à écrire celle-là! C'était il y a un bout de temps, mais chaque fois que je le relis... Je repense au prince Jean-Eude de Pastouprès, et je suis morte de rire/ (J'ai très bien en tête sa fuite face à la sauterelle.... Ou encore sa tête face à l'assiette si "bien dressée"!)