Episode random n°Platon: Philosophie
---Âge Morgane: Environ 17 ans. Âge alzaïr: entre 20 et 21 ans---
Ce jour-là, Morgane était allongée dans son lit, son livre de philosophie au fond de sa couverture. Elle avait le regard plongé dans le vague, une expression triste sur le visage.
Là, assis face à elle en tailleur, par terre, se trouvait Alzaïr. Il l'observait, inquiet. Il ne l'avait pas vue dans cet état depuis les quinze ans de la jeune fille. Cette fois, il avait la sensation que l'emmener faire un tour dehors ne l'aiderait pas.
Il était juste en face d'elle, mais elle ne le regardait pas. Il lui tint la main, mais elle ne réagit pas. Il lui envoya une boutade, mais elle ne répondit pas. Il lui tendit ses couteaux de lancer, mais elle ne les prit pas.
« -Princesse Morgane, es-tu malade ? Je t'en supplie, réponds ! »
Son regard sembla s'éclairer un peu.
« -Alzaïr...Tu es autant emprisonné que moi, hein ?
-Pourquoi cette question ?
-Tu n'as pas le choix d'être avec moi. Tu me l'as dit toi-même.
-Oui, c'est vrai.Mais aujourd'hui, si on me demandait de choisir entre la liberté et rester ici avec toi, je choisirais la deuxième option. »
Elle lui fit un léger sourire et lui serra la main.
« -Là n'est pas la question. Je lisais mon livre, toute à l'heure. Pour un devoir, je devais lire toute la partie sur la liberté. Je l'ai fait, mais... ça m'a rendue un peu triste.
-Morgane...
-On a écrit que la liberté, c'est la connaissance. On a écrit que le savoir et la connaissance étaient ce qui nous permettait de voyager où l'on veut, de faire ce que l'on veut. Alors pourquoi est-ce que je ne me sens pas libre ? J'ai une éducation de noble, j'ai appris à lire et à écrire, j'ai appris les mathématiques, les sciences, la philosophie, la littérature... Et je suis toujours enfermée dans cette tour, impuissante. Ce que je lis me donne envie de sortir encore plus et me fait me sentir plus prisonnière encore. Lorsque j'écris des lettres, cela me rappelle que je ne peux pas aller visiter mes correspondants en personne. Quoique je fasse, je vois bien que je ne suis pas libre.
-Princesse, tu n'es pas totalement libre. Personne ne l'est. Mais une part de ta liberté, la plus grande, réside dans ton cœur. Tu as la liberté de ressentir, d'avoir des sentiments en tout genre. Tu as cette liberté d'être vivante.
-Là est tout le problème, Alzaïr. Je n'ai aucune liberté dans mes sentiments. Je serais forcée d'aimer ce « prince charmant » dont je ne connais même pas le nom. Je n'aurais pas le choix de devoir t'abandonner pour cet inconnu venu fièrement sur son idiot de cheval blanc.
»Je n'aurais pas la liberté de ressentir de l'amour pour la seule personne que je veux aimer, je n'aurais pas la liberté de ressentir de la joie plutôt que de la tristesse, quand ce moment où tu perdras viendra. Je ne choisis pas mes sentiments, ni même ce que j'en fais. Alors, j'en suis venue à une conclusion : personne n'est libre. C'est comme la perfection, ce sont deux horribles mensonges qui nous font rêver.
-Tu y vas bien fort, aujourd'hui, Morgane. Mais tu n'as pas tout à fait tort. Nous avons tous un destin à accepter. Mais, s'il te plaît, n'en sois pas triste. Sois heureuse des moments que tu vis. Parce que, au fond, la liberté, c'est savoir apprécier et avoir le choix d'accepter ou non quelque chose qui nous arrive dans la vie.
-Merci, Alzaïr. J'ai enfin de quoi finir d'écrire ma dissertation pour ma fée marraine. Je cherchais une conclusion depuis le début de l'après-midi.
-Attends... C'est ça qui te mettait dans cet état ? Pas parce que tu étais triste de ne pas être libre ?
-Non, je m'en fous,de ça ! Je suis bien, avec toi ! Je voulais juste avoir le fin mot de l'histoire, parce que j'imaginais ce que ferait Chourouge en apprenant que je n'ai pas fini mon devoir.
-Tu es vraiment quelque chose, Morgane... »
Elle se leva, prit sa plume et son encre et commença à écrire, le sourire aux lèvres.
« -Et qui est cette « seule personne que tu veux aimer » ? »
Elle leva les yeux vers lui et eut un étrange rictus.
« -Mon vrai prince charmant, évidemment. »
Puis elle se remit à écrire à une vitesse redoublée.
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