Episode random n°☺☺☺: Marraine et maquillage



Chourouge, la fée marraine de Morgane, buvait son thé en tenant la anse de sa tasse avec le petit doigt en l'air. Assise le dos bien droit face à elle, la princesse se retenait de faire la grimace. Elle détestait le thé.

Alzaïr faisait des rondes pour surveiller la tour, ce qui n'était pas habituel. Mais la fée marraine était quelque peu effrayante, alors il obéissait dès qu'elle lui ordonnait quoi que ce soit.

«-Ma chère nièce...

-Je ne suis pas votre nièce, marraine.

-Qu'importe,j'aime t'appeler ma nièce. Je disais donc, ma chère nièce, j'ai une question de la plus haute importance à vous poser.»

Oh,elle allait remettre ça sur le tapis... Oui, elle avait déjà dix-sept ans et aucun prince n'avait réussi à la sauver...Pourtant, elle mangeait ses légumes, faisait du sport, se coiffait chaque matin, prenait régulièrement des bains... et, devant Chourouge, elle se comportait comme une femme le devait.

«-Pourquoi votre dragon ne tue-t-il jamais les princes venus vous chercher?»

C'était donc cela qui la dérangeait?

«-Eh bien, cela me semble un peu extrême de tuer quelqu'un juste parce qu'il ne réussit pas les épreuves demandées. Ensuite, je n'aime pas vivre dans un lieu où il y a trop de cadavres. Devinez bien,marraine, que je préfère les garder en vie... avec un peu de chance, ils reviendront plus tard et réussiront! Une deuxième chance... il fait savoir en donner.

-La compassion... Mmh, je vois. C'est une qualité absolument nécessaire chez une femme!»

Morgane tiqua. Devait-elle lui dire la vérité? Si personne n'était tué,ce n'était pas parce qu'elle l'avait choisi, mais parce que son dragon avait peur du sang. Même si elle ne voulait pas que l'on tue pour elle, la principale raison n'était pas la compassion.

«-D'autant plus que donner une deuxième chance à ces hommes te permet d'avoir deux fois plus de chances de trouver le prince charmant! Mais malgré ça, tu réussis encore à être célibataire... je m'inquiète pour toi, ma nièce. Je pensais t'avoir donné le don de vie et beauté éternelle, mais j'ai du me tromper. Je t'ai peut-être donné la vie éternelle uniquement. J'ai déjà l'impression que tu n'es pas assez jolie... T'es tu maquillée, ce matin?»

Morgane tiqua encore, mais supporta les mots de la fée, qui la poignardaient avec la même force qu'elle mettait dans ses lancers de couteaux.

Elle avala donc les mots qui lui brûlaient la gorge.

«-Oui,marraine.

-C'est peut-être le problème... vivre avec uniquement un homme n'a pas dû bien t'apprendre à te maquiller.»

Et pourtant, ô combien avait elle essayé. Chaque matin, elle mettait près d'une demie-heure pour cette horrible tâche!

«-Très bien! Ce sera ce que nous allons travailler pour ton éducation!Plaire à son prince est le rôle principal d'une princesse! Te maquiller correctement doit être une base, tu aurais déjà dû savoir le faire à 10ans!

-Marraine...pourquoi une femme doit elle savoir se maquiller, s'habiller,cuisiner, broder, coudre, bien se comporter dans n'importe quelle situation, se battre, mais de manière à ce qu'aucun homme ne puisse le deviner? Le prince ne fera rien de ses journées, puis il a déjà des cuisiniers et couturières dans son château...»

La fée bloqua devant sa tasse.

«-Insinues-tu que les leçons que je me donne tant de mal à te donner sont inutiles?»

Le regard qu'elle fit alors intimida la princesse. Elle ignorait qu'elle pouvait avoir la même lueur effrayante dans les yeux, lorsqu'elle s'énervait. Les cheveux rouges de la fée volèrent autour d'elle et une aura sombre et glacée l'entourait.

«-A...Absolument pas, marraine! Je me demandais juste pourquoi faire tant d'effort pour un homme qui n'en fait jamais?

-Mais ma chérie, voyons, en faisant cela, les hommes te croiront indispensable! Alors ils feront tout pour te garder, et tu pourras alors les mener à la baguette! Métaphoriquement parlant, puisque tu n'es pas une fée...

-Se rendre indispensable... mais je le suis déjà, pour Alzaïr! Comment voulez-vous que je le sois pour un autre homme?

-Comment cela? Ma baguette, vous n'êtes pas tombés amoureux l'un de l'autre, j'espère!»

Morgane répondit tout de suite, sans même être un peu gênée.

«-Absolument pas.

-Alors tu ne lui es pas si indispensable! Allons... il est temps de tes leçons de maquillage! Je peux utiliser YouStick (stick--> bâton-->  baguette...bâton-->tube... vous aurez compris l'allusion!) avec la magie pour trouver des tutos d'autres fées! Oh, ce sera excitant!

-Ouais...»

Morgane fit semblant d'être heureuse. Et si cela se voyait bien qu'elle n'en avait pas du tout envie, la marraine n'en tint pas compte.

Elles se retrouvèrent dans la chambre de la jeune fille. Chourouge regarda les traces de tous les couteaux qui avaient bien pu traverser la porte.

«-Oh,pourquoi y a-t-il autant de fentes sur cette porte?

-L...les termites! Ils mangent le bois!»

Elle regarda ensuite le mur.

«-Et là? On dirait des versions miniatures de la trace qu'a laissé Excalibur sur sa pierre...

-L...les termites de pierre! C'est une espèce rare qui mange la pierre...

-Oh,intéressant! Vous devriez faire quelque chose contre cela...»

La fée goba ce mensonge très facilement. Elle croyait en toutes les idioties du monde...

Elle força ensuite Morgane à s'asseoir et entreprit de la démaquiller.

«-Il faut toujours compter au moins deux heures de travail si tu veux ressembler à une vraie femme... oh!»

Chourouge avait fini de la démaquiller et la regarda, étonnée.

«-Tues beaucoup plus jolie sans maquillage. J'en suis jalouse! Donc j'ai réussi mon sort, tu as une beauté éternelle!»

Elle prit la poudre de teint.

«-Marraine, si je suis plus jolie sans maquillage, ne vaudrait-il mieux pas rester ainsi?

-Absolument pas! Que penseraient les autres s'ils voient que tu n'es pas maquillée? Ils penseront que tu ne prends pas soin de toi! Quelle genre de princesse serais-tu?»

La jeune fille soupira. Lorsque sa marraine sera partie, elle arrêtera de se maquiller. Pourquoi gâcher tant d'effort dans une telle chose?

Elle apprit alors comment utiliser ses pinceaux et chaque poudre qu'elle possédait. À la fin, elle ne ressemblait plus du tout à elle-même.

«-Te voilà complètement changée! Il faudrait que tu apprennes à mettre en valeur tes cheveux, aussi, avec des coiffures... Mais ce se sera pour la prochaine fois! Je n'ai plus de temps, il faut que je m'occupe de la naissance d'un autre enfant royal! À bientôt, ma princesse!»

Sur ce, elle disparu. Alzaïr entra dans la chambre en hésitant.

«-Je viens de retirer toutes les mauvaises herbes du jard... elle est partie?»

Il regarda la princesse qui boudait et explosa de rire.

«-Ça n'a rien de drôle! Je ne ressemble même plus à un être humain!

-Y ressemblais-tu déjà avant? Tu n'es pas humaine, tu es une princesse de conte de fée!»

Il continua à rire. Alors elle lança un couteau dans sa direction, qui alla se planter dans le mur derrière lui.

Elle lui lança un regard noir, la même énergie flottant autour d'elle que celle de sa marraine. Elle était effrayante, encore plus alors qu'elle ressemblait maintenant à une poupée de porcelaine.

Il se calma aussitôt.

«-Je vais arrêter de me maquiller. Ça ne sert à rien. C'est juste encore une histoire d'étiquette. Je déteste ça. Je suis une princesse, nobles ou pas, que puis-je bien faire de ce qu'ils pensent de moi?

-C'est bien de raisonner comme ça, Morgane. Mais pas lorsque tu es une princesse à la recherche d'un prince.»

Elle grogna et enleva tout son maquillage. Elle se tourna ensuite vers son dragon, qui l'avait regardé faire, curieux.

Il eut un temps d'arrêt en la voyant avec le visage naturel pour la première fois depuis qu'ils étaient entrés dans cette tour. Elle était vraiment belle...

Sa peau claire paraissait plus lisse, et ses joues roses renforçaient la couleur dorée de ses yeux. Ses longs cheveux violets la rendaient vraiment magnifique.

«-Tu as un problème? Oh non, je le savais! Je suis moche sans maquillage, hein?»

Il s'approcha d'elle et lui prit le menton dans une main.

«-Au contraire, te voilà qui ressemble encore plus à une princesse. Tu me donnes encore plus envie de te garder dans cette tour pour moi seul.

-Je...Mais...

-Ne t'en fais pas, cela ne diminuera pas tes chances de trouver ton prince charmant... je risque juste d'être plus sérieux dans mon travail...

-Mais je ne veux pas que tu sois plus sérieux. Si tu fais ça, tu seras incapable de te reposer!

-Avec toi pour me surveiller, je sais que je ne tomberai pas de fatigue!Jamais! C'est aussi pour ça que tu m'es indispensable!»

Elle rougit en repensant aux mots de sa marraine. Elle avait au moins un homme qu'elle pouvait mener à la baguette...

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