Chapitre 9 : Sauvetage

- Je suis Freya, si tu veux survivre, viens avec moi.

Dayana fronça les sourcils. Un assassin qui sauve des vies, on aura tout vu ! Elle recula de quelques pas mais la jeune femme l'agrippa par le bras et la tira vers la forêt.

- Hé, mais qu'est-ce que vous faites ? protesta l'enfant, en essayant de s'échapper de l'emprise de l'assassin.

- Chut ! fais moins de bruit ! gronda Freya. Les autres pensent que je t'ai tuée, tu ne veux surtout pas qu'ils apprennent que ce n'est pas le cas, et moi non plus !

- Ah oui ? Et pourquoi prenez- vous des risques pour moi ? On ne se connait même pas ! Et pourquoi ne pas avoir sauvé mes parents par la même occasion ? l'attaqua la princesse.

- Je ne pouvais pas les sauver, mais toi oui ! lança-t-elle en lui lâchant le bras et en la regardant dans les yeux. Écoute, je suis vraiment désolée pour tes parents, mais je ne pouvais rien faire. Et je prends des risques pour toi parce que ça en vaut la peine.

- Pourquoi ça en vaut la peine ? Je ne peux rien faire... murmura la petite fille, des sanglots dans la voix.

- Tu ne peux rien faire, pour l'instant, s'adoucit Freya, qui s'agenouilla pour être à hauteur d'yeux. Ce n'est pas sûr pour toi de rentrer au château, tant que la menace ne sera pas éliminée. Mais plus tard, quand le ou les traîtres seront punis, tu monteras sur le trône et tu accompliras de grandes choses.

- Vous croyez ?

- J'en suis sûre. Sois courageuse Dayana, princesse et future reine du Royaume d'Akina, dit-elle solennellement.

Freya se releva et lui tendit la main.

Sois courageuse... Maman m'a dit exactement la même chose... remarqua la petite fille.

Elle mis sa main dans celle de la jeune femme et se laissa guider dans la forêt.

- Où allons-nous ? finit-elle par demander.

- Sur l'Île des chalins.

- L'Île des quoi ?

- des chalins. Ceux sont un peuple de chats bipèdes qui vivent sur une île cachée de tous.

- Mais si elle est cachée de tous, comment va-t-on la trouver ? Et comment savez-vous qu'elle existe ?

- Car j'y suis déjà allée une fois, avec mes parents.

Dayana perçut la nostalgie et la tristesse dans la voix de Freya en prononçant ses mots. Elle décida de ne pas insister.

Un silence s'ensuivit. Elles marchèrent ainsi pendant de longues minutes, jusqu'à atteindre un très grand chêne. Deux chevaux, l'un brun et l'autre noir, les attendaient.

- Je te présente Ombre, mon fidèle destrier, et Caramel, ta monture. Tu verras, elle est très douce.

L'enfant se mit sur la pointe des pieds pour caresser la bête entre les naseaux. Elle regarda Freya donner une pomme à son cheval.

Elle est très attentionnée pour une assassin, pensa Dayana.

- Merci... de m'avoir sauvée, dit-elle.

L'assassin lui rendit son regard et sourit.

-Y'a pas de quoi.

Quelques secondes s'écoulèrent. Un lien se tissa entre elles, sans qu'elles s'en aperçoivent. Puis, Freya ajouta :

- Un voilier nous attend non loin de là sur la côte. A cheval nous y serons d'ici deux heures. Ensuite direction l'Île des Chalins, mais je ne sais pas exactement combien de temps cela nous prendra, le temps varie beaucoup.

- Et après ? s'enquit la petite princesse à l'avenir incertain.

- Après je te confie à une famille de chalins et je repars trouver celui ou celle qui a...euh... passé un contrat auprès de ma guilde, As-tu la moindre idée de qui a pu vouloir te tu... faire du mal, à toi et tes parents ? Qui tire un avantage de leur mo... de leur fin tragique ? bégaya l'assassin, cherchant visiblement ses mots pour ne pas blesser la petite fille.

La princesse prit le temps de réfléchir avant de répondre.

- A ma connaissance, il y a trois personnes qui veulent du mal à ma famille. C'est surtout une histoire de politique, mon père était en désaccord avec le seigneur Silko Belemond, Dame Zambara Barastel et le seigneur Alder Broral, sur des sujets différents. Je n'ai jamais assisté aux disputes, mais j'ai entendu dire que c'était assez violent. Ils ont plusieurs fois menacé mon père. Heureusement que les gardes étaient là. Enfin, sauf cette fois-ci...

Devant elle, son père s'effondra à nouveau sur le sol. Sois courageuse, lui murmurait la voix de sa mère.

Elle ferma les yeux, prit une grande inspiration et chassa ses larmes.

Freya l'aida à grimper sur son cheval. Heureusement, même si sa robe n'était pas destinée à l'équitation, elle était assez ample pour ne pas la gêner.

Elles filèrent comme le vent et arrivèrent deux heures plus tard à destination, la plage où Freya avait laissé un voilier pour leur traversée.

Dayana admira cette immensité bleue s'étendre à perte de vue. Le soleil couchant apportait des reflets dorés à cet océan couleur saphir. Apaisée, elle oublia un instant pourquoi elle était là.

- Allez, tout le monde à bord ! dit Freya avec un sourire.

L'enfant sourit timidement, monta dans le bateau et s'installa dans un coin. Elle était contente que la jeune femme soit là. Elle se sentait moins seule, et même si elles se connaissaient que depuis quelques heures, elle avait l'impression qu'elle pouvait lui faire confiance.

Une fois en mer, le vent devint cinglant. Dayana grelottait dans sa robe de voyage. Freya dû le remarquer car elle lui indiqua qu'une couverture et des provisions étaient stockés dans le petit coffre à côté d'elle. La petite fille l'ouvrit rapidement et s'enveloppa dans l'étoffe chaude. Elle se rendit compte que l'assassin devait probablement aussi avoir froid. Elle débattit un instant sur l'attitude à adopter et finalement, lui proposa de lui donner la couverture. La jeune femme parût surprise et déclina poliment son offre, lui assurant que sa tenue en cuir la protégeait du temps. La fillette dévora sa part de jambon et de fromage. Rassasiée, au chaud, le sommeil la gagna rapidement. Juste avant de s'endormir, elle se remémora les dernières paroles de sa mère.

Je t'aime. Sois courageuse.

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