Chapitre 8 : Attaque
Le carrosse royal et son escorte avaient traversé la rivière depuis quelques heures déjà et se dirigeaient à présent vers Delio, leur dernière escale.
Ils parcouraient un petit chemin de terre bordé de buissons et d'arbres feuillus qui assombrissaient le passage. Un silence pesant régnait. Même les bruits de pas des chevaux semblaient atténués. La petite princesse regardait avec attention les alentours, espérant apercevoir une biche ou un renard, lorsqu'un bruit étrange attira son attention. Elle sortit la tête par la petite fenêtre du carrosse et aperçut l'un des chevaliers se balancer mollement sur sa monture, avant de s'écrouler, un couteau de lancer planté dans sa gorge, d'où le précieux liquide vermeille s'échappait.
Dayana rentra immédiatement la tête à l'intérieur.
- En formation ! hurla le chef de garde. Protéger le carrosse !
A peine eut-il prononcé ses ordres que des assassins sortirent de leur cachette et les attaquèrent, un sourire malsain déformant leur visage.
Les autres soldats sautèrent prestement de leur cheval et tentèrent d'endiguer la menace le plus rapidement possible. Malheureusement, ils ne pouvaient rivaliser contre l'entraînement particulier des assassins et bientôt, ils tombèrent tous comme des mouches. Tulo et Ren tinrent bon, mais ils savaient qu'ils ne pourraient pas contenir longtemps les assauts incessants de leurs ennemis.
Le roi jura et tira son épée.
- Restez à l'intérieur ! ordonna-t-il juste avant de sortir.
La princesse ne l'entendit même pas. Complètement paralysée, elle ne voyait plus que cet homme par terre, les yeux exorbités, gisant dans son propre sang. Une coquille vide.
Tiana tira sa fille vers elle, la sortant de sa torpeur.
- Dayana, écoute-moi bien. Tu vas courir aussi vite et aussi loin que tu le peux, tu as compris ?
Elle fit "oui" de la tête, plus par réflexe que par réelle compréhension de la consigne.
- Je t'aime. Sois courageuse, Dayana, dit la reine dans une dernière étreinte.
Elle ouvrit la porte, bondit dehors et aida sa fille à descendre avant de la pousser en avant.
- Cours ! Ne te retourne pas !
Dayana commença à courir, mais quelques mètres plus loin, elle s'arrêta et se retourna. Elle vit sa mère prendre l'épée d'un cadavre qui gisait à terre et se mêler à la bataille. Elle n'avait aucune raison de fuir, convaincue que ses parents sortiraient vainqueurs du combat. Elle avait une confiance absolue en eux.
Tout à coup, Ren et Tulo tombèrent d'un seul et même homme, leurs gorges tranchées d'un même coup.
L'étau se resserra autour du couple.
Dayana murmurait des mots d'encouragements à ses parents.
Elle hoqueta de surprise lorsqu'une épée se planta jusqu'à la la garde dans le corps de son père, la pointe ensanglantée sortant dans son dos.
La fillette se rappela alors des ordres de sa mère.
Elle commença à courir aussi rapidement que son corps le pouvait en direction de sa ville natale. Elle entendit derrière elle un cri d'agonie. Celui de sa mère. Les yeux embués, le souffle court, elle poursuivit sa course. Un sanglot douloureux était coincé dans sa gorge, comme si son cœur essayait de se frayer un chemin jusqu'à ses lèvres, laissant un trou béant dans sa poitrine.
Dayana courait.
Elle courait toujours plus vite, faisant fi des branches basses fouettant son visage et lacérant ses joues, et des racines qui la faisaient trébucher sans cesse.
En réalité, elle fuyait pour tenter d'échapper aux images du massacre qui défilaient devant ses yeux. Les corps mous et sans vie qui s'effondraient les uns après les autres. Hier pourtant, elle avait mangé et ri avec eux. Aujourd'hui, ils ne riaient plus.
Elle revit son père. Son cœur avait été transpercé en même temps que le sien. Le cri de sa mère résonnait dans ses oreilles.
Une branche plus solide que les autres lui coupa le souffle et la stoppa net dans sa course effrénée.
Elle se releva, endolorie, haletante, et se remit à courir.
Le vide emplissait maintenant son esprit. Un brouillard de chagrin empêchait ses pensées de se former. Elle n'était que douleur. Ses jambes fonctionnaient toutes seules. Elle repensa au cauchemar qu'elle avait fait quelques jours plus tôt. Seule dans le château, une voix ténébreuse lui avait soufflé que ses parents étaient morts. Maintenant, son cauchemar était devenu réalité.
Soudain, un autre assassin surgit devant elle, l'obligeant à s'arrêter.
Mais au lieu de sortir son arme et de mettre fin à la vie de Dayana, la jeune femme déclara :
- Je suis Freya, si tu veux survivre, viens avec moi.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top