Chapitre 43 : Confrontation
La petite troupe chevauchait en direction de la capitale, dans un silence pesant.
Dayana repensait à sa conversation avec Bun, et à son étreinte. Ses joues s'empourprèrent d'avoir ainsi craqué, mais elle devait bien admettre que cela lui avait fait du bien, et que son coeur était plus léger. Peut-être qu'il avait raison. Peut-être que ce n'était pas une mauvaise chose de se laisser aller de temps en temps, d'admettre que non, ça ne va pas.
Ses pensées dérivèrent vers Mena et Sinari, et à toutes les fois où elle avait prétendu que tout allait bien. Elle s'en voulait soudainement d'avoir ainsi menti, alors qu'ils avaient fait leur possible pour la rendre heureuse, depuis le moment où ils s'étaient rencontrés. C'était il y a si longtemps. Elle avait bien changé depuis ce jour. Elle n'était plus la petite fille qui avait tragiquement perdu ses parents mais la jeune femme qui avait survécu et allait devenir reine.
Elle se concentra et répéta dans sa tête le discours qu'elle avait préparé la veille.
Je suis Dayana Astaveron....
***
Lorsqu'ils arrivèrent en vue de Carftha, Dayana faillit remettre sa capuche avant de se rappeler que cette fois-ci, elle avançait à visage, et surtout à cheveux, découverts. Elle prit une grande inspiration et s'arma de courage pour ce qui allait suivre.
Les gardes surveillant l'entrée de la ville ouvrir la bouche et furent incapable de la refermer à la vue de la princesse disparue chevauchant côte à côte avec La Salamandre et un noryn bien en vie.
Chaque personne qui croisait leur chemin, qu'il soit paysan, commerçant, mage ou sorcier, s'arrêtait brutalement en écarquillant les yeux de stupeur. Tous abandonnèrent ce qu'ils faisaient pour la suivre. Certains criaient "C'est la princesse Dayana ! Elle est de retour !", d'autres pleuraient de joie. Bientôt, une procession immense se forma derrière elle.
La jeune femme était très émue. Elle ne s'était pas rendue compte à quel point elle comptait pour son peuple, en tant que princesse mais aussi en tant que sauveuse. Cependant, toute cette attention la mettait mal à l'aise, mais elle savait qu'elle allait devoir s'y habituer en tant que reine.
La ville entière l'accompagna jusqu'au pont-levis.
A la vue du château se tenant devant elle, Dayana avait l'impression de retourner auprès de ses parents, de retrouver ses racines ainsi que sa raison de vivre. Elle rentrait enfin chez elle. Son véritable chez elle.
Elle pénétra dans l'enceinte du château, ignorant les soldats hébétés qui réagir juste à temps pour empêcher le peuple d'entrer.
Elle descendit de son cheval, imitée par ses compagnons de route, gravit les marches du perron et entra.
Elle comprit alors pourquoi Gretta pensait qu'il était important qu'on la voit. Chaque noble et domestique, passé la stupéfaction, s'inclinait avec déférence. Son malaise s'estompa au fur et à mesure qu'elle avançait et qu'elle s'appropriait de nouveau son domaine. Elle se repéra dans les dédales des couloirs bien plus facilement qu'elle ne le craignait.
Son cœur battait la chamade au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de sa destination finale, mais n'y prêta plus attention lorsqu'elle entendit des cris résonner depuis la salle du trône.
Elle se rua dans la salle avant de s'arrêter net, horrifiée. Son oncle était en train de battre un domestique à terre.
- Non mais ce n'est pas possible d'être aussi incompétent ! hurlait-il en donnant coups de pieds et coup de poings. Tu es au service du roi, tu dois être parfait, le thé doit être parfait !
Les convives, figés d'effroi, n'osaient intervenir de peur de s'attirer le courroux du roi.
La retenue que Dayana pouvait avoir envers son oncle se brisa. Elle avait la preuve devant les yeux qu'il n'était plus l'homme attentionné qu'elle avait connu. Un étranger avait pris sa place, et il lui était impossible de lui pardonner de tels actes. Sa famille entière était définitivement morte.
-Valkar ! rugit-elle, en colère.
Tout le monde se tourna vers elle et Valkar, ébahi, arrêta net son geste.
La princesse marcha jusqu'au domestique souffrant. A chaque pas qu'elle faisait, Valkar reculait, jusqu'à trébucher sur le trône où il s'assit maladroitement.
Dayana posa ses mains sur le malheureux et le soigna dans un halo blanc, ce qui provoqua de nombreux murmures autour d'elle.
- Tout va bien maintenant, dit-elle au servant pour le rassurer.
Celui-ci hocha simplement la tête, trop bouleversé pour parler. Il se releva et se dépêcha de rejoindre les autres à l'entrée de la salle, loin de Valkar.
La princesse parcourut l'assemblée du regard pour capter leur attention. Elle aperçut les membres du Conseil, qui semblaient soulagés de la voir. Zerka souriait de satisfaction et Viney, avec un sourire ému, sortit discrètement un muffin au chocolat de son tablier. Dayana posa la main sur son cœur et hocha la tête dans sa direction. Elle continua de balayer la foule du regard et remarqua Dame Barastel, un léger sourire au coin.
Dayana prit une grande inspiration et entama d'une voix forte son discours :
- Je suis Dayana Astaveron, fille d'Edwin et Tiana Astaveron. Je suis la princesse d'Akina et héritière légitime au trône. Je suis ici pour reprendre la place qui est la mienne. Il y a qua... deux ans, mes parents ont été tués lors d'une embuscade, pas par des noryns, mais par des assassins. L'un d'entre eux m'a en réalité sauvé la vie et mise en sécurité sur un île où le temps s'écoule différemment, c'est pourquoi je suis plus âgée que je ne suis censée l'être. Aujourd'hui, je suis venue pour trois raisons : sauver mon peuple, rétablir la vérité et punir le traître qui a ordonné l'ordre d'exécuter ma famille.
Valkar se réveilla soudainement de son hébétude.
- "Sauver ton peuple" ? Mais de quoi ? demanda-t-il avec un mauvais rictus. Tu ne sais pas ce que tu dis ma chère nièce.
- Le sauver de toi ! Tu étais en train de battre un domestique à mort quand je suis arrivée !
- Il l'avait mérité.
- C'est terminé pour toi Valkar, affirma-t-elle d'une voix dure et sans appel. Abdique.
- JAMAIS ! hurla son oncle comme un dément.
Il attrapa l'épée d'un garde qui se tenait non loin de lui et se rua sur Dayana.
Prise au dépourvu, elle n'eut pas le temps d'invoquer sa magie.
Heureusement, Bun et La Salamandre se tenaient prêts à intervenir. Ils firent barrage de leur corps et le chef des rebelles planta son épée dans le ventre du roi. Il enleva sa capuche pour que Valkar puisse voir son visage.
- ça, c'est pour mes frères d'armes, cracha-t-il.
Pendant ce temps, Bun avait dégainé sa hache et décapita tout simplement le tyran. La tête roula jusqu'aux pieds des convives, qui s'empressèrent de reculer. Le corps s'écroula et fut rapidement baigné dans une mare de sang.
- et ça, c'est pour ma tribu.
Un silence s'abattit sur l'assemblée. Une ère nouvelle flottait dans l'air.
Cependant, une voix étrangement familière à Dayana fit naître le chaos.
- Ils ont tué le roi ! Gardes ! Arrêtez -les ! Freya, emmène la princesse en sécurité !
Les soldats sortirent de leur torpeur, dégainèrent leur épée et se jetèrent sur le noryn et La Salamandre.
Dayana voulut invoquer sa magie, mais Freya la prit par les épaules et la poussa vers la sortie.
- Qu'est-ce que tu fais ? s'insurgea la princesse. Il faut les aider !
- Ils n'ont pas besoin de toi. Je dois te mettre en sécurité, répondit l'assassin d'une voix étrangement automatique.
- Mais enfin je ne suis pas en danger ! Au contraire, ils m'ont sauvé la vie !
La princesse se débattit mais une dague sous sa gorge l'arrêta net.
- Freya ? dit-elle, soudain inquiète.
L'assassin ne répondit pas et la força à avancer.
Dayana prit subitement conscience qu'elle avait baissé sa garde et avait laissé Freya regagner sa confiance, sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte. A présent il était trop tard.
***
Une ombre se glissa derrière les deux jeunes femmes et les suivit, aussi discrète qu'une panthère.
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