Cela faisait plusieurs mois que Brouke avait déserté l'armée pour devenir chef des rebelles. L'ancien soldat était plutôt content de lui. Il avait rassemblé un nombre important de volontaires, par delà ses espérances, et les missions que lui attribuait Zerka s'étaient toutes parfaitement déroulées.

Il avait fallu un petit temps d'adaptation, il y eut quelques cafouillages au début mais à présent, les rouages de leur organisation étaient bien huilés.

Brouke devait constamment se cacher car, comme son chef l'avait prédit, il était activement recherché, mais pour l'instant, il avait pu éviter l'armée sans trop de difficultés.

Son véritable moment de frayeur fut quand la propriétaire de l'auberge où il avait élu domicile l'avait découvert en pleine réunion avant une mission.

Il avait été horrifié à l'idée de devoir la tuer pour assurer son silence. Finalement, non seulement elle avait été parfaitement indifférente à la vue des rebelles présents dans son auberge, mais en plus elle les avait aidés, et les aidait encore.

Grâce à elle, ils avaient maintenant un code pour distinguer les volontaires des simples clients. Par ailleurs, elle leur fournissait un toit et des vivres lorsqu'ils en avaient besoin, et le faisait de bonté de cœur.

Brouke était reconnaissant qu'elle soit présente pour l'épauler. Ils leur arrivaient de s'installer ensemble devant la cheminée et de discuter. Il lui avait même confié le funeste évènement qui l'avait poussé à déserter. Elle avait toujours su trouver les mots pour le réconforter.

Un jour, Brouke rentra de mission avec le bas de son pantalon et de sa cape complètement déchirés.

- Qu'est-ce qui t'es arrivé ? demanda l'aubergiste.

- Des chiens enragés, voilà ce qui m'est arrivé, bougonna-t-il en s'asseyant devant la cheminée.

- Je me doutais bien que tu finirais par rentrer dépenaillé, heureusement que j'avais anticipé la chose.

- Quoi ? s'étonna Brouke, un peu vexé qu'elle ait prévu cette éventualité et pas lui.

- Tiens.

Elle lui tendit une tenue de cuir avec de nombreuses poches, et une grande cape en velours noire avec une salamandre orange et rouge brodée sur la capuche.

- Pourquoi une salamandre ? interrogea-t-il, intrigué par le choix de l'aubergiste.

- Il est dit que les salamandres naissent des flammes... Cela me semblait approprié. Par ailleurs, il est temps que tu aies un blason sous lequel rallier tes troupes.

- Tu as raison, approuva Brouke en enfilant la cape.

Il rabattu la capuche sur son visage, laissant ainsi apparaître la salamandre, qui semblait onduler avec les flammes de la cheminée.