Chapitre 21 : Pouvoir

Deux ans avaient passés depuis que Freya l'avait amenée sur l'île. Dayana s'était pleinement accoutumée à sa nouvelle vie, mais elle faisait toujours de nombreux cauchemars la nuit. Elle revivait le tragique évènement encore et encore. Elle se réveillait alors en sueur. Le lendemain pourtant, elle ne montrait jamais son trouble, prétendant aller parfaitement bien. Mena et Sinari haussaient parfois les sourcils d'un air interrogateur devant ses draps trempés, mais elle répondait à chaque fois qu'elle avait simplement eu un peu chaud. Ils ne disaient rien mais n'en pensaient pas moins. Malgré ces mensonges, un lien fort s'était créé entre eux. Elle les traitait comme des parents adoptifs, car c'était bien ce qu'ils étaient.

Une après-midi, la petite fille se baladait dans la forêt. Le soleil jouait à cache-cache entre les feuilles des arbres. Les oiseaux chantaient, il faisait chaud, c'était une belle journée. Malgré cet environnement idyllique, de sombres pensées l'habitaient.

J'espère que Freya va bien... ça va faire un peu plus de deux ans que je suis là et elle n'est toujours pas revenue. Soit elle n'a toujours pas trouvé le coupable soit elle l'a trouvé mais il...

Un hurlement de douleur interrompit sa réflexion. Elle reconnut immédiatement la voix.

- MENA ! cria-t-elle en retour.

Un second cri se fit entendre. Cette fois, elle localisa l'endroit d'où il provenait.

Elle se mit à courir en direction de la clairière tout en appelant la chaline.

Lorsqu'elle arriva sur les lieux, une vision d'horreur la frappa. Un immense grizzli au pelage noir mordait férocement la jambe de Mena, qui essayait tant bien que mal de s'échapper de son emprise.

Dayana n'hésita pas une seconde. Elle prit son arc, visa le cœur et tira. La bête lâcha sa proie pour laisser échapper un râle de douleur. L'archère tira encore deux flèches avant que le monstre ne s'effondre. Mena s'éloigna de son cadavre en rampant. Dayana s'agenouilla auprès d'elle.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Je faisais paître mes moutons quand cet ours est apparu subitement et s'est jeté sur moi, résuma la chaline, les dents serrées.

La petite fille examina sa jambe. Les crocs de l'ours avait laissé de grandes plaies ouvertes, où elle pouvait voir les os brisés en mille morceaux. Le monstre lui avait broyé le tibia.

Elle ne savait pas quoi faire face à une blessure aussi sérieuse. Elle imagina le pire, l'amputation, l'infection, la mort. Je ne peux pas la perdre elle aussi ! cria-t-elle intérieurement, désespérée.

Soudain, elle sentit quelque chose grandir en elle. Une énergie s'accumulait au niveau de son plexus solaire et affluait le long de ses bras jusqu'à ses mains qui s'illuminèrent d'un halo blanc pâle. Suivant son instinct, elle déposa ses paumes sur la jambe de la chaline. Perdue dans ces nouvelles sensations, elle concentra cette douce chaleur sur les blessures. Les os se remettaient en place et se ressoudaient, les chairs se rapprochaient entre elles pour refermer les plaies. En quelques secondes, toute trace de morsure fut effacée.

La petite fille vit ses mains cesser de briller et les retira de la jambe de Mena, qui écarquilla les yeux. La vision de Dayana se troubla. En quelques secondes, les ténèbres l'engloutirent.

Elle se réveilla quelques heures plus tard dans sa chambre, courbaturée de partout. Elle mit du temps avant d'émerger de son sommeil sans rêve. Elle regarda autour d'elle, un peu confuse, et vit Sinari et sa compagne assis au pied du lit, les yeux remplis d'inquiétude.

- Comment te sens-tu ? s'enquit le chalin.

Elle cligna des yeux pour chasser les nuages de son esprit embrumé et s'empêcha de grimacer de douleur.

- ça va, je suis un peu fatiguée, répondit-elle. Comment va ta jambe Mena ?

- Impeccable, assura l'intéressée, c'est comme s'il ne s'était rien passé ! Comment as-tu fait ça ?

La petite fille réfléchit quelques instants puis déclara :

- Je ne sais pas trop. J'ai senti comme une énergie nouvelle qui s'engouffrait en moi et mon instinct me disait de poser mes mains sur tes blessures. Je n'avais jamais ressenti ça auparavant, c'est la première fois que ça m'arrive.

- Merci, de m'avoir sauvée la vie et de m'avoir soigné, mais j'ai eu très peur quand tu t'es évanouie, ne me refais plus jamais ça, dit-elle d'une voix chevrotante.

- Je suis désolée je ne voulais pas t'effrayer.

- Tu en as trop fait, il faut que tu y ailles plus doucement, que tu sois en contrôle, conseilla Sinari, même s'il ne savait pas très bien de quoi il s'agissait.

- Tu as raison, je ferai attention.

Elle s'approcha d'eux et les serra dans ses bras. Ils s'attardèrent un peu ainsi, surtout Mena.

- Bien, nous allons te laisser te reposer, nous t'appellerons quand le dîner sera prêt, dit Sinari.

- D'accord, merci, répondit Dayana.

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