Chapitre 2 : Menace
Viney ouvrit les portes de la salle, où les attendaient les autres membres du Conseil.
Edwin traversa la pièce en jetant un coup d'œil aux tentures disposées sur les murs, représentant soit des combats sanglants, soit des paysages magnifiques et paisibles. Il avait insisté pour les exposer ici, afin de se rappeler que la guerre, peu importe l'issue, était aussi destructrice qu'inutile.
Le roi alla s'asseoir sur sa chaise, plus grande et majestueuse que les autres, dominant l'assemblée. Ses cheveux blonds détonnaient parmi la masse de crinières marrons et noires, marquant d'autant plus son statut.
Il salua ses conseillers.
- Commençons, annonça simplement Edwin. Kaylor, vous avez la parole.
- Merci Votre Majesté, répondit le trésorier aux allures squelettiques. Les finances vont très bien. La récolte a été excellente cette année. Les villageois nous ont reversé une partie de leurs récoltes et en ont vendu aux tribus noryns de Grimeir. Il est difficile pour eux de produire sur leurs terres enneigées.
- Parfait, Eyja, c'est à votre tour.
- Merci Votre Majesté, dit le chancelier avec sérieux. La guilde des Assassins se tient tranquille en ce moment, aucun meurtre à déplorer depuis plusieurs semaines, seuls quelques larcins ont été commis, rien de grave et les voleurs ont été arrêtés et jugés.
- Qu'ont-ils volé et quelle est leur sentence ?
- Essentiellement des bijoux, de l'argent, de la soie... tout ce qui a de la valeur et qui peut être revendu. Certains ont été très coopératifs et nous ont donné la localisation de la cachette où se trouvaient les biens volés. Leur peine a été réduite à trois mois d'enprisonnement dans les cachots, les autres six mois. Une enquête est en cours pour retrouver les objets de leur propriétaire.
- Cela me parait juste. Viney ?
- Comme l'a dit Kaylor, la récolte a été bonne, j'ai tout ce qu'il me faut dans mes cuisines, je n'ai donc pas à me plaindre. Par ailleurs, j'aimerais obtenir votre autorisation pour créer un potager dans les jardins du château. Ainsi, si les récoltes sont moins bonnes, nous pourrons toujours subvenir aux besoins des personnes habitants ici, ce qui permettrait aux villageois de garder une plus grande partie de leurs récoltes pour eux.
- Très bonne idée, permission accordée. Vous pourrez engager de jeunes villageois volontaires à cette tâche.
- Merci Votre Majesté, cela sera fait.
- Très bien, Zerka, que disent vos sentinelles ?
- Rien à signaler Votre Majesté, informa le chef des armées. Le Royaume est en paix et ne craint pas de guerre.
- Si je puis me permettre... intervint soudainement Nathanys, ce n'est pas tout à fait vrai.
L'assemblée se tut et se tourna vers le sorcier, tandis que le chef des armées fronçait les sourcils, scandalisé.
- J'ai vu, reprit Nathanys, la tribu de Arkin se préparer à nous attaquer.
- Comment ça, "vu" ? Vous ne quittez jamais le château ! rétorqua Zerka.
Le sorcier répondit :
- Je connais un sort qui permet à celui qui l'a prononcé de voir ce qu'il se passe dans le Royaume et les pays voisins, à travers l'eau d'une fontaine dans mon cas, mais n'importe quel point d'eau suffit. J'ai observé les noryns du village près des frontières. Ils sont prêts à franchir les montagnes qui séparent nos territoires et ils massacreront et pilleront de nombreuses villes et villages si nous n'intervenons pas immédiatement !
- En êtes-vous sûr ? interrogea Edwin. Je connais bien le chef de cette tribu et nous sommes en très bons termes.
- Sûr et certain Votre Majesté, assura Nathanys. La vie de vos sujets est entre vos mains, une décision rapide s'impose. Il ne leur faudra que quelques jours pour franchir la muraille de montagnes.
Un silence s'abattit sur le Conseil.
Le roi se mit à réfléchir intensément. Il avait confiance en la magie du sorcier, mais cette invasion soudaine lui paraissait des plus incongrues. Comme l'avait fait remarquer Kaylor tout à l'heure, les noryns n'avaient aucune raison de s'en prendre à eux. Ils achetaient leurs marchandises depuis des décennies et ils ne s'étaient jamais plaint de quoi que ce soit, n'avaient jamais proféré de menace.
Edwin rompit le silence et annonça sa décision.
- Zerka, envoyez des sentinelles sur tous les chemins des montagnes possibles, afin de s'assurer que nous serons prêts s'ils décident de les franchir avec une armée. Je vais moi-même aller voir leur chef, Arkin, qui est un ami. Je le dissuaderai de nous attaquer si cela est sa véritable intention. Je pars demain à l'aube. Le Conseil est levé.
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