Brouke était un jeune homme plein d'entrain et respirant la joie de vivre. Cela faisait plusieurs mois qu'il s'était enrôlé dans l'armée, avec le désir ardent de protéger le Royaume de toute menace, extérieure comme intérieure.

Il souhaitait, plus que tout au monde, contribuer à maintenir la paix, à défendre les innocents et à rendre justice.

Ses journées étaient rythmées par les entraînements, où il apprenait à se battre, mais également à calmer les populations en leur parlant. Zerka, le chef des armées, insistait beaucoup sur ce point. Ils ne devaient user de la violence qu'en dernier recours.

Brouke partait régulièrement en patrouille avec les soldats de sa division, soit dans la capitale même, soit plus loin sur le territoire. Ils vérifiaient ainsi qu'aucun brigand des routes ne sévissait et ils assuraient, même aux villages les plus reculés, que l'armée les protégeait.

Brouke sympathisa très rapidement avec les autres soldats, qui devinrent bientôt ses frères d'armes. Il savait qu'il pouvait compter sur eux et avait une confiance absolue en eux. Même s'il était le plus jeune de la division, ses pairs le traitaient comme leur égal.

Lors de leur temps libre, ils discutaient, riaient et parfois même chantaient autour d'une bière dans une taverne. Puis ils rentraient et jouaient aux dés dans leur dortoir jusqu'à la nuit tombée.

Brouke avait déjà quelques arrestations à son compte, mais essentiellement des ivrognes ou des voleurs de bourse. Malgré tout, il se sentait utile et son coeur s'emplissait de fierté car chaque jour, il rendait le monde meilleur.

Jusqu'au jour où il fit face à la mort.

***

Brouke discutait gaiement avec ses frères d'armes, alors qu'ils patrouillaient ensemble non loin de la frontière noryn. Il se tut soudainement en apercevant le carrosse royal, et les corps éparpillés tout autour. Il descendit de sa monture, suivi par les autres, et s'approcha. Il espérait pouvoir sauver quelqu'un, mais en son for intérieur, il savait que c'était trop tard. Il découvrit les cadavres des gardes, leur visage figé, soit de surprise, soit de douleur. Il trébucha et tomba nez à nez avec le roi et la reine, leurs vêtements ensanglantés.

Il recula précipitamment, horrifié.

- Qu'est-ce.... qu'est-ce qu'il s'est passé ? articula-t-il péniblement, sous le choc.

Les autres soldats ne purent prononcer un seul mot. Ils n'avaient jamais vu une telle violence auparavant.

Les minutes s'écoulèrent, le premier choc passa et Brouke remarqua alors que quelqu'un manquait à l'appel.

- Où est la princesse ?

Ils fouillèrent le carrosse et les environs mais aucune trace d'elle. Ils poussèrent leurs recherches jusqu'à Delio, mais ils n'eurent pas plus de chance.

Ils firent le trajet du retour en silence, incapable de parler.

Brouke, dont les yeux brillaient autrefois de vie, était accablé par le doute et le chagrin.