Chapitre 20 : Pleure Pas Petite Sirène....

Rin ouvrit doucement les yeux. Elle voyait flou... Où était-elle ? Le plafond semblait blanc... Elle entendit des voix près d'elle.

- Elle se réveille !

- C'était pas trop tôt !

Elle tourna sa tête et aperçut trois touffes. Une blonde, les bras croisés, une rousse, debout, semblant soulagée, et une autre auburn, plus éloignée des deux autres, les yeux brillants.
Rin tenta de se lever, mais sentit l'espace autour d'elle tournoyer. Nelly vint la soutenir et quand elle fut bien assise, l'enlaça.

- Qu'est ce que je suis contente que tu n'aies rien ! J'ai eu tellement peur !

Rin répondit à l'étreinte, perdue. Que s'était-il passé ? Elle ne se souvenait de ri-.... Des images sombres et lugubres lui revinrent en mémoire, en même temps que les larmes roulèrent sur ses joues. Elle serra plus fort sa cousine dans ses bras, hoquetant de temps à autre.

- J-j'ai cru qu-que cette fois... Réussit-elle à articuler, pleurant toujours.

La rouquine, s'asseyant sur le rebord du lit, vint lui caresser la tête, en la berçant légèrement.

-Chuut... C'est fini... On est là maintenant...

Dix minutes plus tard, Rin se calma légèrement et leva un regard mouillé vers Lyrna n'ayant pas bougé de sa chaise. La blonde sourit.

- Qu'est ce que tu peux être chiante avec tes problèmes des fois !

Rin sourit doucement. Son amie ne changerait jamais. Mais cela ne modifiait pas ce qu'il s'était passé. En repensant à ce à quoi elle avait échappé, la jeune fille serra inconsciemment la main de sa cousine.

- Je...

- Si tu commences à t'en vouloir, je te jure je t'en colle une !

Rin resta donc silencieuse, parce que c'était exactement ce qui était en train de se produire. Elle s'en voulait d'avoir causé des ennuies et inquiété ses amies.

- Si quelqu'un doit s'excuser ici, c'est... moi.

Les trois jeunes filles se retournèrent vers le fond de la salle, où Layana s'était installée. L'auburn se rapprocha de quelques pas et baissa les yeux.

- Je suis désolée Rin, tout est de ma faute... C'est à cause de moi que...

Rin lui lança un regard triste. Son amie semblait vraiment désolée. La brune baissa la tête, puis la releva, souriant légèrement.

- Tu as du avoir une bonne raison de faire ce que tu as fait... je me trompe ?

En fait, Rin espérait que cela soit le cas. Elle ne pouvait pas imaginer que Layana ait fait tout ceci juste par méchanceté.

- Hé bien, je voulais... offrir quelque chose à quelqu'un à qui je tiens beaucoup. Lyham m'a proposé de travailler pour lui en échange de ça.

- Tu voulais offrir quelque chose à quelqu'un ? Répéta Nelly ne comprenant pas.

La jeune fille hocha la tête.

- Lyham m'avait promis de l'inscrire dans une école spéciale de rééducation. Mon ami a eu... un accident et... A perdu l'usage de ses jambes... J'ai voulu... tout faire pour l'aider...

Rin se leva difficilement de son lit, sous l'œil inquiet de Lyrna et Nelly, et se dirigea vers Layana dont elle prit les mains.

- Et juste pour ça... Je ne t'en veux pas. Tout le monde fait des erreurs, et c'est les reconnaitre qui amène à avancer. De plus, tu voulais aider quelqu'un à la base... Je ne peux tout simplement pas me fâcher contre toi.

Nelly sourit. C'était elle ou... sa cousine avait muri ?

L'auburn regarda ses mains puis son amie qu'elle avait ouvertement trahie, avant de sourire.

- Tu es trop gentille...

- C'est mon principal défaut. Admit Rin. Mais il faut de tout pour faire un monde....

Un drôle de silence s'installa alors. Rin reprit alors la parole se retournant vers Nelly et Lyrna.

- Que s'est-il véritablement passé ?

Elle avait besoin de savoir. Pour pouvoir mettre un terme à ce moment dans son esprit.

- C'est Lyrna et Layana qui sont parties te chercher. Lâcha alors la rousse. J'ai été prévenue par téléphone pendant qu'elle se rendait où tu étais. J'étais avec les autres à ce moment là. En raison d'un message de Layana on ne s'inquiétait pas pour vous jusqu'à ce moment.

Rin pâlit à vue d'œil.

- I-Ils... Ils sont au...

- S'ils sont au courant ? Traduit Lyrna. Non, on a donné l'excuse que tu t'étais frappée la tête contre l'arcade d'une fenêtre par inadvertance et que tu t'étais retrouvée à l'infirmerie.

Rin soupira de soulagement. Puis se tâta la tête. Elle se rendit compte alors du bandage qu'elle avait sur le crâne. Elle se rappela alors qu'elle s'était frappée contre une table en tombant. Effectivement, l'excuse que les filles avaient donnée était crédible.

- Heu Rin... Par contre... Commença Layana.

La jeune fille se tourna vers elle, interrogative.

- N'oublies pas de fermer ta chemise quand ils arriveront.

- Gné ?

La brune baissa la tête vers sa chemise et remarqua à ce moment qu'elle était complètement ouverte, laissant à apparaitre ses sous-vêtements roses. Elle passa une main dans son dos et se rendit compte aussi que son soutien-gorge était toujours détaché. Elle rougit alors violemment et se cacha la poitrine de ses bras, avant d'aller se rassoir sur son lit.

- Oh non...

- Laisse-moi, je vais t'aider. Proposa gentiment sa cousine.

En hochant la tête, elle se retourna et laissa la rouquine rattaché son sous-vêtement. Puis, la brune reboutonna sa chemise dans la même seconde. Alors qu'elle arrivait au dernier bouton, elle cala net. Pourquoi cela lui arrivait-il à elle... Les larmes coulèrent sans qu'elle puisse faire quoi que soit, tombant en clapotis sur ses mains tenant sa chemise.

Nelly voulut lui remonter le moral, mais alors qu'elle s'apprêtait à parler, l'on toqua à la porte. Toutes les filles se retournèrent vers la porte et Rin essuya en vitesse ses pleurs. C'est alors qu'entrèrent Nathan, Jack, Jude, Xavier, Axel et Mark. Jack tenait un bouquet de fleurs dans ses mains.

- Oh Rin ! On est tellement content que tu n'aies rien !

Lyrna leva les yeux aux ciels.

- C'est pas un peu trop le bouquet ? Elle est pas à l'hôpital non plus !

- C'est exactement ce que je lui ai dis... Fit Nathan tout aussi dépité.

- Mais mais.... Je pensais qu'elle s'était fait super mal... et puis j'ai paniqué....

Rin voulut apaiser les tensions et sourit légèrement.

- Allons, allons... Ce n'est qu'une petite bosse de rien du tout ! Mais c'est très gentil d'avoir pensé à moi Jack ! Même si c'est un petit peu.... Exagéré ?

Elle rigola légèrement. Les garçons se rapprochèrent et purent voir avec soulagement qu'elle n'avait qu'une vilaine bosse et que cela allait vite passer.

Cependant, certains remarquèrent l'étrange couleur violacée des lèvres de la jeune fille, mais ils ne dirent rien. L'excuse de l'arcade de fenêtre dans la tête ne marchait néanmoins plus.

- On est quand même content que tu n'es réellement rien. Fit le bleuté, souriant. Tu aurais du voir la tête de Nelly quand elle nous a annoncé ton accident ! A croire qu'il s'était passé quelque chose de plus grave !

Rin rigola légèrement. Mais c'était un rire jaune masqué. Si Nathan savait vraiment, il n'aurait pas fait de tels propos, mais la jeune fille ne pouvait pas lui en vouloir. Quelque chose de plus grave hein ? Elle espérait juste qu'elle arriverait à sourire faussement devant les garçons jusqu'à leur départ.

D'un coup, la sonnerie retentit, marquant la rentrée en classe pour les jeunes gens. Les garçons partirent petit à petit, et il ne restait plus que les filles dans l'infirmerie. Nelly dut partir la première en raison d'une urgence à l'administration et confia sa cousine à l'auburn et la blonde.

Bientôt, les deux jeunes filles durent partir elles aussi, non sans envoyer un dernier salut encourageant de la main à leur amie. Tout le monde partie, Rin se mit à soupirer. Elle en avait marre de s'obliger à sourire devant les autres. Elle n'allait pas bien. Non, vraiment pas bien, mais elle ne pouvait le dire à personne. Elle ramena ses genoux à sa poitrine et réprima un sanglot. Elle avait passé deux ans à guérir des blessures du passé. Il faudrait au moins le double pour qu'elle puisse y arriver une deuxième fois. Surtout que les lésions laissées par la première fois étaient loin d'être estompées. Peut-être qu'elle ne s'en remettrait jamais...

Ce qu'avait tenté de faire Lyham deux ans auparavant était une des raisons qui l'avaient fait quitter l'école, en plus du fait que ses camarades et que son propre club de football se soient retournés contre elle.

Ne plus avoir mal. C'était ce qu'elle avait cherché pendant tout ce temps. C'était pour cela qu'elle avait fui. Même si c'était lâche. En arrivant dans ce lycée et après s'être faite sermonnée par beaucoup de personnes, elle avait cru qu'elle n'aurait jamais plus autant mal. Qu'elle ne serait plus jamais blessée à ce niveau.... Mais la vie était cruelle et l'avait fait descendre violemment de son petit nuage.

Que croire maintenant ? Que devait-elle faire ? Et encore ces horribles images tournoyant dans sa tête !

En rentrant chez elle ce soir-là, elle trouva à nouveau un panier garni de ses fleurs préférées à l'intérieur. Le tout était posé directement sur son bureau. Elle s'approcha à pas lent et contempla d'un regard vide la composition florale. Elle vit alors un petit bout de carton blanc dépassé du bouquet et le prit doucement dans sa main.

"Que notre volonté et notre courage réussissent à neutraliser notre énergie négative pour défier et combattre les mauvais jours..."

Elle ouvrit de grands yeux et resta immobile pendant un instant. Sa lèvre inférieure commença doucement à trembler et elle finit par éclater en sanglot. Pour la troisième fois de la journée. Elle lâcha le papier, et s'assit à même le sol.

Plus rien allait. Non, plus rien du tout...

Quelques heures plus tard, Rin était recouvert de sa couette et ne pleurait plus. Non, elle avait fini par tarir toute l'eau à sa disposition pour le faire. Elle restait là, à fixer le sol d'un air absent. Elle ne parlait pas, ne pensait pas. Elle avait déjà pris au minimum de quatre douches depuis, mais se sentait toujours aussi sales. Même si son "fiancé" n'était pas parvenu à aller jusqu'au bout et trop loin, les images continuaient de tourner incessamment dans sa tête, ce qui l'empêchait de réfléchir correctement.

Elle décida tout de même à se lever. Mais elle ne fit pas de grandes distances. Elle prit un CD rangé sur son étagère et le contempla un moment avant de repartir morne vers sa place. Elle le mit dans le lecteur et reprit sa position initiale. C'est-à-dire, les jambes repliées contre sa poitrine et la couette sur ses épaules.
Le son de la radio se mit à retentir dans toute la pièce. Elle ferma les yeux. C'était la seule chose capable de la calmer. Oui, vraiment la seule chose.

Pleure pas, petite sirène,

La ville dort encore,

Ton histoire commence à peine...

Pleure pas petite sirène,

Le jour attend dehors,

Dans les brumes des fontaines...

Avec un peu de courage, elle arrivait à suivre silencieusement les paroles, en bougeant doucement ses lèvres.

Elle resta cloitrée comme cela, la chanson en boucle, toute la soirée, ainsi que tout le lendemain. Et le surlendemain.

Il était à peine deux heures de l'après-midi, quand Nelly leva les yeux de ses dossiers. Elle s'inquiétait. Oui, mais comment arranger la situation ? Rin n'avait pas mangé (et elle doutait fortement qu'elle ait fermé l'œil), de tout le week-end. La rousse n'avait pas réussi à lui parler, sa cousine ne voulant ouvrir sa porte sous aucun prétexte.

Elle prit la décision alors d'une chose. Chose qu'elle n'aurait fait pour rien au monde si cela ne devait être pour la brune. Elle prit son téléphone et tapa frénétiquement sur les touches avant de porter le combiné à ses oreilles.
Elle allait devoir inviter certaines personnes chez elle. Elle serrait les dents d'avance.

Lyrna et Layana ne tardèrent pas à répondre présente à l'invitation. Même si cela les agaçait fortement d'accepter ce genre de proposition de la part de la rousse, elles avaient compris l'inquiétude de la jeune fille et surtout le but du coup de fil. Enfin, Layana, elle, se demandait bien ce qu'elle faisait devant cette porte d'entrée à l'heure qu'il était. C'était elle la responsable, et même si Rin semblait ne pas lui en vouloir, ce n'était pas le cas d'elle-même. Elle ne savait même pas si elle arriverait à regarder la jeune brune en face. Quant à Lyrna, elle ne pipait mot. Elle avait la rancune facile et en voulait toujours à l'auburn de l'avoir enfermée dans les toilettes du lycée. Cependant, elle avait bien compris que ce n'était pas totalement de sa faute, et que ses actes étaient nés d'une bonne intention au départ. Et puis, elles avaient besoin de se serrer les coudes. Pour Rin.

La porte s'ouvrit et le majordome des Raimon les laissa entrer dans la grande maison. Le trio ne tarda pas à être rejoint par Nelly, ses bras éternellement croisé sur sa poitrine. Seulement, les deux jeunes filles pouvaient nettement lire le désespoir et l'inquiétude dans les pupilles noisette de la rousse. Lyrna et Layana se regardèrent. Peut-être était-ce plus grave que ce qu'elles avaient pensé...

- Merci d'être venues...

Nelly qui les remerciait ? Oula... décidément, non, c'était vraiment plus grave que ce qu'elles s'étaient imaginés. La cousine de Rin, tout en les menant à la chambre de celle-ci, leur fit un bref topo de la situation. La blonde put voir les mains de la rousse trembler légèrement, et elle fronça les sourcils.

- Alors... Elle n'est pas sortie depuis vendredi soir ? Résuma Layana, en se mordant la lèvre inférieure s'en voulant plus qu'autre chose.

Nelly hocha la tête.

- Ni manger, ni donner signe de vie. J'ai essayé de lui parler, mais... elle ne veut rien entendre...

- Heu... t'es sûre qu'elle est toujours vivante, quand même ? Posa Lyrna, suspicieuse et légèrement paniquée, sans pour autant le montrer ouvertement.

- Ne me prends pas pour une idiote ! Lança la rousse. Bien sûr qu'elle est toujours vivante. C'est juste qu'elle ne veut voir, ni parler à personne....

Sa voix s'était cassée à ce moment. Ce que les deux ne comprirent pas, c'était que Nelly se rappelait. Elle se rappelait qu'elle avait été exactement dans la même situation dans le passé. Mais, elle avait réussi à raisonner sa cousine à cette époque. Là... non... Mais ce n'était pas qu'elle abandonnait après seulement trois jours d'essais. Non, c'était que si Rin ne se nourrissait pas rapidement et ne bougeait pas, elle n'avait pas envie d'annoncer à tout le monde que la jeune fille avait fini à l'hôpital pour carence !

- Je vous en prie. J'ai déjà du faire face à cette situation une fois. Je n'y arriverai pas une deuxième fois toute seule... Non, ce n'est pas ça.... Elle, elle n'y arrivera pas une deuxième fois toute seule...

Layana lança un regard à Lyrna qui finit par hocher la tête en soupirant. Bon, elles allaient devoir essayer.

- On te promet pas de réussir, mais on va tenter des trucs...

Nelly sourit. Un vrai sourire doux et à demi-soulagé. Puis, elle partit, accompagnée de Peter, laissant les deux jeunes filles devant la porte de la brune. Hésitante, Layana finit par frapper doucement sur le bois.

- Rin ?

Non, franchement ! Qu'est ce qu'elle faisait là ? C'était à cause d'elle que son amie était dans cette situation. Elle n'avait pas le droit d'essayer de la réconforter... C'était tellement...

Alors que Rin ne répondait pas à son interpellation, Lyrna ouvrit la bouche.

- Au fait, pourquoi tu as peur ?

Layana sursauta. Elle, peur ? Oui... peut-être un peu... beaucoup même.

- Je vais pas y aller par quatre chemins. Si tu penses que t'as rien à foutre ici, barre-toi. Mais sache que c'est en partie ta faute si elle en est là. Alors, la moindre des choses c'est de réparer tes bêtises. Enfin, du moins, essayer.

L'auburn baissa la tête. La blonde avait raison. Encore une fois. Elle se sentit bête de s'être posé toutes ses questions et de s'être mis toutes ses angoisses sur le dos. Elle secoua la tête, plus symboliquement que pour réellement se réveiller et releva un visage souriant à son amie (enfin, en espérant qu'elles puissent vraiment devenir amies....).

- Ouais, t'as raison.

Lyrna finit par esquisser un rictus ressemblant quelque peu à un sourire puis toqua à la porte à son tour.

- Rin, ouvre. T'es vraiment chiante à faire tes caprices comme ça, tu sais ?!

Layana posa une oreille sur la porte. Aucun mouvement de l'autre côté. Elle fit un signe négatif à Lyrna, qui frappa plus fort, cette fois-ci.

- Bon... t'as deux choix. Soit, tu ouvres, on discute calmement, et même que j'essaierai de ne pas clasher miss catastrophe à côté de moi. Soit.... On défonce (pas du tout délicatement) la porte et on te réveille à coup de jet froid !

L'auburn réfléchit une demi-seconde puis sourit narquoisement. Elle avait totalement ignoré la remarque de Lyrna la concernant et s'approcha un peu plus de la porte.

- Ah oui, on avait failli oublier... Aussi, on te ramène de force sur le terrain de la rivière. Il me semble qu'à cette heure, certaines personnes s'y entrainent.....

Lyrna ouvrit de grands yeux surpris. Où la jeune fille voulait-elle en venir ? Elle ne comprenait pas vraiment... Cependant, cet argument eut l'air de marcher car un cliquetis de serrure se fit entendre dans la minute qui suivit. La porte s'ouvrit tout doucement dans un grincement sinistre. Layana dut se boucher les narines. Cela ne faisait que trois jours, mais la chambre sentait déjà le renfermer, et ce n'était pas très plaisant. Puis, elle tendit l'oreille. Du français ? Oui, elle connaissait ce chanteur. Elle l'aimait bien, sans plus. Elle fit une inspection circulaire de la pièce et remarqua qu'elle était soigneusement rangée (tout le contraire de la sienne en somme). Rien n'était dérangé, ni par terre. Comme si personne n'y avait vécu pendant quelques jours. Pourtant....Elle baissa les yeux en même temps que Lyrna, qui avait fait les mêmes déductions qu'elle sur l'état des lieux. Une petite boule se tenait face à elles. Une petite boule faite de couverture et de... leur amie...

- Heu... Rin... ? Tenta Layana, en se rapprochant doucement.

Aucune réponse. Seules les paroles de cette chanson française tournaient en boucle dans la pièce.

Tous ces fantômes qui te touchent,
Ces mains qui te secouent,
Cette bouffée d'air froid dans ta bouche
C'est la vie tout à coup...
La vie tout à coup.

Puis, on entendit un soupir et une répression de sanglots. Là, Lyrna dit assez. Elle finit par prendre son amie par le col et lui gueuler de toutes ses forces :

- Ouais, bon, ça va ! On avait compris que t'étais déprimée ! Que tu te sentais nulle et tout ! Que tu ne voudrais plus jamais avoir de relations sociales ! Maintenant, j'en ai ma claque de tes caprices de petite princesse ! Ressaisis-toi bon sang ! D'accord il s'est passé ce qu'il s'est passé, et peut-être que si ça m'était arrivée à moi, je serais dans la même situation que toi à présent ! Cependant, t'en fait trop crétine !!! Tu ne vois pas que t'es saine et sauve ?! Qu'au final, tout va bien ?!

Elle la lâcha et la brune s'écrasa violemment sur ses fesses, les yeux rivés vers la blonde, bouche bée.

- Dis-toi une chose miss ! T'as rien perdu ! Rien ! Alors arrêtes d'avoir peur inutilement ! C'est compliqué de comprendre ça ?!

Rin baissa les yeux et ne répondit rien. Elle le savait ça. Elle le savait qu'elle agissait comme une gamine à se morfondre comme ça. Mais... même si Lyrna essayait de se mettre à sa place, elle n'avait pas vécu ce qu'il s'était passé. Non, elle ne savait rien de ce que c'était que d'être impuissante face aux pulsions d'un garçon que l'on déteste et que l'on craint. Non, car Lyrna n'a jamais craint personne. Enfin, c'était ce dont Rin était persuadé. Et puis, elle n'a pas le même caractère qu'elle. Elle n'est pas aussi forte mentalement. Elle ne l'a jamais été.

- Tu ne crois pas que tu y es allée un peu fort Lyrna ? En plus, tu avais promis une discussion calme...

Layana était quelque peu contrariée d'avoir fait peur à Rin. Elle ne voulait pas qu'elle soit encore plus traumatisée qu'elle ne l'était déjà.

- Ah, parce que tu vas prendre sa défense en plus ? C'est complètement stupide ! Pour qu'elle arrête de déprimer, il faut qu'elle commence à avancer et arrêter de se morfondre !

- Je suis d'accord, conçut l'auburn, mais ce n'est pas en l'effrayant qu'on va arriver à quelque chose !

- Et tu proposes mieux peut-être ? Si on n'y va pas fort, elle ne nous écoutera même pas !

- Ce n'est pas en CRIANT, qu'elle nous écoutera d'avantage !

- SI justement !

Et voilà, elles se prenaient la grappe. Cela leur permettait de relâcher toute la pression qu'elles avaient accumulée depuis plusieurs jours. Déjà, les insultes fusaient.

- Espèce de Blondasse sans cœur ! Lança la plus grande, saturée par la situation.

- Aubergine à la noix !! Répondit Lyrna, du tac au tac.

- Grosse courge !

Bon, cela ne partait pas très haut. Rin les regarda un instant, muette. Puis, d'un coup, éclata de rire sans aucun motif préalable.

Au son cristallin s'échappant de leur amie, les deux jeunes filles s'arrêtèrent net. D'un seul mouvement, elles se retournèrent et admirèrent avec stupéfaction leur amie rire aux éclats. Puis, elles se jetèrent un regard et finirent par la suivre à leur tour.
Quelques minutes plus tard, le brouhaha s'étant tu, ne laissant place qu'à l'éternelle musique de Rin, celle-ci soupira.

- Vous êtes vraiment incroyables... Lâcha-t-elle, à bout de souffle.

- Ah, bon tant que ça ? Bon, c'est vrai, on me le dit souvent, mais tout de même... Envoya Layana, une once de malice et de fierté dans la voix.

Rin lui sourit. Elle n'allait pas mieux, il fallait être aveugle pour ne pas le voir, mais elle décida de prendre sur elle. Elle inquiétait tout le monde en voulant se protéger elle-même. Enfin, surtout qu'elle avait eut du mal à admettre qu'elle n'en avait plus besoin. Elle était entourée de merveilleuses personnes, elle n'avait plus besoin de se renfermer sur elle-même pour se garder en sécurité. Non, elle pouvait compter sur les deux têtes de mules en face d'elle. Elle soupira une deuxième fois et se leva. Elle sentit la douleur dans ses jambes ankylosées ainsi que des fourmillements dans ses pieds. Cela faisait trop longtemps qu'elle était restée assise, ne se levant que par intermittence et à une durée insuffisante. Elle s'étira de tout son long et éteignit la radio. Elle prit le CD et sourit. Il l'avait quand même bien aidé dans ce coup dur. Elle le rangea dans sa boîte et remit celle-ci sur l'étagère.

- Je ne savais pas que tu aimais les chansons françaises, lança Layana d'un coup.

- Je n'aime pas tous les genres mais j'ai mes préférences. Et puis, la chanson que j'ai mise en boucle tout le week-end était celle que ma mère me chantait quand je n'allais pas bien. Avoua tendrement Rin, nostalgique.

Layana lui sourit et regarda Lyrna. Celle-ci secoua la tête. Non, il n'était pas question de parler de ça. L'auburn comprit et se tut donc. Alors que le trio s'apprêtait à descendre manger quelque chose, le ventre de Rin gargouillant soudainement de faim, elles entendirent la sonnette d'entrée.

A la porte de la grande maison, attendaient poliment.... Jude et Xavier.

A suivre...

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Heya !!! Comment allez vous ? Moi, ça va ! Je suis crevée mais je fais avec xD

Alors nous y voilà pour le 20e chapitre !! J'espère qu'il vous a plu, n'hésitez pas à laisser des commentaires et à voter si ça vous dit !!

Nous arrivons à un stade où il commence à se passer pleins de trucs !! (en même temps en plus mdr) Je me demande bien comment toute cette histoire va se terminer, pas vous ? x)


~~See You~~

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