Chapitre 3 - Du sang partie 2
Si je n'agis pas, cela pourrait très mal tourner. La présumée meurtrière se met à crier en laissant couler de chaudes larmes sur ses joues. Je veux mettre fin à cette altercation et pourtant, je reste immobile, intriguée par les événements. Apparemment, je ne suis pas la seule, puisque personne ne prend les devants.
— Je n'ai rien fait. Je n'ai pas fait ça! Je n'y suis pour rien! Ne vous fiez pas à ce que vous voyez!
— Comment? Nous avons l'arme du crime, le lieu du crime et les deux te pointent ardemment du doigt Gestrude. Comment peux-tu croire que nous serions aussi naïfs pour ne pas nous fier sur ceux-ci ? Gestrude, je sais que tu as souffert, mais je ne te pensais pas capable d'une telle vilenie.
— C'est parce que ce n'est pas moi! Je ne veux pas y croire. Tia ne peut pas être morte!
À ce moment, Kirken, le petit frère de Pol et l'amant de Tia, s'approche de Gestrude et il la regarde les yeux pleins d'eau avec les dents serrées par la haine avant de lui attraper ses poignets.
— Comment as-tu pu faire ça? Elle n'en est pour rien dans les meurtres qu'a causés son père. Je sais que la perte de ton fils te fait mal. Tu l'aimais. Mais moi, j'aimais Tia du plus profond de mon coeur. Comment as-tu pus commettre cet acte ignoble?
Les hostilités sont présentes, mais les deux hommes ne semblent pas porter à lui faire du mal. Du moins, c'est ce que j'espère. Soudainement, Pilate, le frère ainé de Gestrude, fait irruption dans la petite maison en bousculant chacun d'entre nous sur son chemin. Rapidement, il s'approche de sa sœur pour lui porter secours. D'un mouvement brusque, il repousse Kirken qui perd contrôle de lui-même. Le jeune endeuillé s'en prend au nouveau venu en l'agrippant par le linge tandis que son adversaire fait de même, suspendant ainsi les coups jusqu'à ce que le plus fort l'emporte. Derrière, Pol garde fermement le bras de Gestrude dans sa main et de l'autre, il éloigne le couteau de l'altercation. C'est alors que Pilate, le visage presque collé sur son opposant, s'écrit :
— Du calme, Kirken! Ne touche pas ma sœur!
— Elle a tué ma femme!
— Elle a dit que ce n'est pas elle!
— Toutes les preuves l'incriminent!
En pleur, Gestrude tombe sur ses genoux avec beaucoup plus de larmes qu'un assassin aurait fait couler pour sa victime. Elle est complètement bouleversée par la nouvelle, pourtant, c'est elle qui a vraisemblablement commis ce meurtre. Aurait-elle perdu la carte l'espace d'un moment pendant lequel elle aurait tué sans le savoir? La situation devient de plus en plus étrange, particulièrement après ma trouvaille. Je dois agir malgré que cela ne fera pas le bonheur des villageois. Je m'approche d'un pas assuré et j'interromps les altercations entre la famille des agriculteurs et la famille des éleveurs en me plaçant entre eux. C'est une position délicate, mais je dois me faire entendre.
— Dites-moi, Gestrude, comment avez-vous fait ces quatre lacérations de couteau au niveau du ventre de Tia sans même vous tacher les mains?
En obligeant brusquement la présumée meurtrière à se lever, Pol s'écrit:
— Quelle question! C'est évident qu'elle s'est lavé les mains après avoir commis cette atrocité.
— Ou tacher quoi que ce soit. Le plancher est maculé de sang et la trainée ensanglantée est très visible jusqu'aux portes de l'église. Je ne sais pas si Tia s'est déplacée debout ou couchée au sol, mais de toute évidence, du sang devait abondement couler pour produire ce sillon. Pourtant, votre robe est parfaitement intacte. Tia ne s'est pas défendu? De tout ce sang, aucune goutte n'est tombée sur vous? Nous parlons tout de même de lacérations profondes et non d'un coup de couteau planté avant d'être abandonné. Pour se faire, il faudrait que Gestrude prenne un point d'appui, probablement sur l'épaule de la victime pour descendre la lame jusque dans le bas ventre. Cela, sans jamais salir ses propres vêtements.
— Elle l'a poignardé une première fois dans l'estomac, commença Pol en empoignant Gestrude. Tia n'a rien vue venir. Lorsqu'elle a senti le couteau pénétré dans son ventre, elle a fait un mouvement de recul avant d'essayer de fuir.
— Aucun signe d'ecchymose sur les bras de la victime ni du présumé assassin. Tia ne s'est pas défendu? Nous parlons tout de même de quatre lacérations. Cela aurait dû laisser assez de temps à la l'agressé de se débattre.
— Tia doit être tombé au sol et ensuite Gestrude a fait les lacérations. Aucun combat, n'a eu lieu.
— Si la victime est tombée au sol et que l'agresseur a passé par-dessus, comment a-t-elle réussi à ne pas se tacher? En plus, une fois sur le dos, Tia pouvait utiliser ses bras pour se défendre. Ce qui suggère qu'il y a eu combat. Je trouve tout cela très étrange. Pourquoi la présumée meurtrière l'a-t-elle laissé partir? Comment la victime a-t-elle réussi à se trainer sur toute cette distance? Possible pour une personne en santé de ramper le long du trajet jusqu'à l'église. Incroyable pour quelqu'un gravement blessé. Tout cela sans dire un seul mot. Sans crier à l'aide. Sans que personne ne voie cette femme ensanglantée se trainer.
— Vous voudriez faire une enquête plus approfondie? La réponse est sous notre née. Gestrude a tué par colère. Elle n'a rien planifié, elle n'a rien réfléchi. Elle a tué et maintenant elle vit avec les conséquences de son acte. Nous devons réunir tous les membres du village pour discuter de ce que nous ferons d'elle. Toi, mademoiselle Florence, je suis désolé de t'apprendre que tu n'es pas invitée à cette réunion. Ce n'est pas une étrangère qui va se mêler de nos affaires même si elle porte la bénédiction de Proupton.
Je me recule en sachant que je ne dois pas me faire des idées. Je ne les connais pas et mon expérience leur importe peu. Si je veux gagner leur confiance, il vaut mieux que je me soumette à leur hiérarchie. M'imposer ne fera que les irrité, ce qui n'est pas dans mon intérêt parce que j'ai besoin de me ressourcer à ce village avant de reprendre mon chemin. Je garde tout de même la tête haute et une voix assurée lorsque je lui réponds :
— Cela va de soi. Je vais veiller sur notre présumée meurtrière pendant votre absence. Vous pourriez la relâcher maintenant, je vous prie.
Pol retire sa poigne sur Gestrude qui s'effondreimmédiatement. Sans se préoccuper de la jeune femme, l'ainé des éleveurs s'approchede son petit frère, Kirken et il le serre dans ses bras. Je peux sentir lapeine qu'éprouvent les membres de cette communauté face à ce fâcheux accident.
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