Chapitre 1 - Loin de chez moi partie 2
Le vieil homme me scrute en m'analysant de la tête jusqu'à la pointe de mes pieds en passant par tous les objets qui dépassent des sacoches sur mon cheval. Il est clairement inquiet et il espère que je ne mette pas sa sécurité en péril. Plusieurs petits regroupements d'hommes s'attaquent au plus démuni pour prendre toutes leurs possessions. À ses yeux, je peux être un appas ou un éclaireur pour un groupe plus grand et plus dangereux. Il a probablement remarqué deux épées sur le cheval ainsi que mon armure. Puis, s'il est le moindrement attentif, il a remarqué mon visage découpé, mes jambes fermes et ma posture droite. Cela lui indique que je ne suis pas le genre de femme qui s'occupe d'un domicile. Il sait que je peux me défendre et donc il sait que je peux aussi attaquer.
Je comprends sa méfiance, car je vis la même chose. Il est vieux, mais pas assez pour être un ancien. Il doit probablement avoir des enfants ayant mon âge. Peut-être qu'il est grand-père. Du moins, si des enfants il a déjà eu. Je remarque qu'il a un peu de chair autour du visage et sur son ventre. Ce qui montre qu'il n'a pas manqué de nourriture dernièrement. Un bon bras me montre qu'il est plutôt manuel dans ses habitudes de vie, ce qui peut le rendre dangereux. Pourtant, aucune cicatrice ou signe de blessures qu'un vétéran au combat aurait pu encourir dans sa carrière. Je ne crois pas que cet individu est un guerrier. Il est probablement ce qu'il a l'air d'être. Un vieil homme qui vie avec ses moutons au sommet de la montagne. Ce qui, d'un autre côté, m'amène encore plus de questions. Qui, dans ce monde hostile, veut vivre seul, isolé de tous pendant que des démons rôdent? Habituellement, les familles se regroupent pour former une unité plus forte. Une unité capable de repousser le mal. Mais cet homme a fait le choix de faire autrement.
— Bonjour.
C'est le mot qu'il dit pour me souhaiter la bienvenue en descendant sa main. Il ne m'invite pas à m'approcher ou à discuter. Ceci signifie deux possibilités. Soit il espère que je continue mon chemin. Soit ses talents en diplomatie sont médiocres. D'un autre côté, la deuxième hypothèse est fort plausible. Si cet homme vie seul depuis plusieurs années avec ses moutons, il a peut-être perdu son habitude de communiquer avec d'autres humains.
Par contre, deux choses sont certaines. J'ai deux objectifs à accomplir. Manger et dormir sous un toit. Je dois apaiser les craintes de ce vieil homme. Pour ce faire, je vais lui arborer un beau sourire et je vais changer ma démarche solennelle pour une démarche plus joviale.
— Bonjour, monsieur. Je suis agréablement surprise de rencontrer une âme qui n'a pas le goût que je termine dans son estomac. Comment allez-vous?
— Bien.
J'ai un problème. Réponse courte et hésitante. Cet homme n'engage pas la discussion et il n'est pas intéressé par ma présence. Je sais qu'il veut que je parte. Il veut simplement reprendre le train de sa vie normale. Je dois m'assurer qu'il ne me repousse pas.
— Vous vivez avec tous ces moutons dans un endroit qui est plutôt inhospitalier. Est-ce que vous vivez seul?
— Oui.
— Vous êtes plutôt courageux, car j'ai vu des monstres sur mon chemin. Ils étaient non loin d'ici.
— C'est possible.
— Avec le danger que représentent ces démons qui ne sont qu'à quelques pas, vous avez pris la décision de ramener vos moutons, n'est-ce pas?
— Non, je crois seulement qu'il va pleuvoir. Vous avez dit à quelque pas?
— Oui. Ce sont plutôt de gros démons. J'espère me rendre au village avant la tombée de la nuit pour ne pas finir dans le ventre de l'une de ces bêtes. Le village le plus près est loin?
— Vous n'y arriverez pas avant la tombée de la nuit.
— Non. C'est dommage. Je ne veux pas passer une autre nuit à dormir dans les herbes hautes. Est-ce possible pour moi de passer la nuit chez vous? Cela me sauverait la vie et j'ai des choses à vous conter sur ces monstres.
L'homme est embêté, ce qui me montre une volonté particulière que je parte. Cependant, j'ai mis mes mots sur sa langue et il ne peut plus vraiment refuser.
— Je ne sais pas. Je ne veux pas vraiment. Je préfère rester seul.
— Seulement une nuit. Une nuit qui sauvera une vie. Je suis un peu désespérée.
— Oui, je comprends. Une nuit et vous dormirez demain au village.
— Merci, monsieur. Cela me fait des plus grands plaisirs. Mon cheval, je peux l'attacher...
— Dans la petite grange, il sera à l'abri avec mes moutons.
J'ai gagné un toit pour dormir et un endroit presque sécuritaire pour Enzo. Pendant que je l'attache à la grange, je me rends compte que le vieil homme scrute chacun de mes mouvements. Pour ne pas lui faire de peurs, je vais laisser mes deux épées sur le dos de ma monture, bien que je préfère les avoirs avec moi. Toutefois, avec la panoplie de talent que je possède, je sais que je peux tout de même me défendre.
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