Chapitre 8

Vingt-trois heures sonnent à l'horloge, déjà. Je la regarde, assise sur le canapé du salon, attendant le retour de mon père. Cela fait déjà trois-quarts d'heures qu'il aurait du rentrer, mais rien, il n'est pas là. D'habitude, je ne m'inquiète pas trop, mais là, j'ai l'impression que le monde ralentit. Mon père m'envoie toujours à minima un message pour me prévenir s'il a du retard, s'ils sont dans les bouchons, si le dépôt dans la cache d'armes prends du temps, mais rien ce soir. Ce genre de livraison se déroule normalement bien, sans trop d'accrocs, hors je ne la sens pas. Je ne la sentais pas dès le début.

Je me lève brusquement quand un nouveau quart d'heure vient de passer, je fais les cents pas dans le salon, regarde mon téléphone, rien. J'aimerais appeler mon père, savoir ce qu'il se passe, mais je me retiens, je ne dois pas faire d'erreur, ni mettre en danger le groupe. Je regarde à la place l'arme que j'ai déposé sur la table, au cas où, si des gens viennent à la maison, même si c'est la police.

Deux coups contre la porte me sortent de mes pensées, je récupère l'arme et cours vers la porte, m'arrêtant deux secondes, la main suspendue sur la poignée. Je me demande qui peut toquer, la police s'annoncerait, mon père entrerait tout de suite et, si c'était un gars du gang, il m'aurait appelé. La personne derrière la porte toque une nouvelle fois, je l'ouvre doucement, je soupire en voyant Matt.

— Matt, salut ! Qu'est-ce que tu fiches ici ?

— Je voulais te voir.

— A onze heures et demi du soir ?

— Ouais, et j'ai apporté des choses.

Il me montre un sac en papier et un lot de bière avec son petit sourire habituel, je me détends un peu.

— Pourquoi ?

— Je passais dans le coin, dit-il en me poussant un peu pour entrer. Et j'ai entendu dire que ton père avait une livraison ce soir.

— Comment tu sais ? je demande en fermant la porte et en le rejoignant dans le salon.

— Je te rappelle que je suis dans un gang rival. On le sait quand les autres se font livrer.

— Mouais.

Matt regarde autour de lui, s'arrêtant quelques instants sur une photo de famille, puis ses yeux reviennent sur moi.

— Allez, raconte ce qu'il se passe. Surtout que t'es inquiète.

— T'as pas peur avec ton gang ?

— Peur de quoi ? Je discute juste, je ne dévoile aucun secret. J'en ai rien à faire des affaires quand je suis avec toi, tu le sais bien.

— D'accord.

Je vais m'installer sur le canapé en soupirant, sentant l'inquiétude revenir en force.

— Mon père est en retard, de plus d'une heure. Il devrait déjà être ici, alors que la livraison devait bien se passer

— Les livraisons peuvent toujours dérapés, surtout en ce moment. La police veut vraiment stopper tout les trafics qu'il y a.

— Ne me dit pas ça. Rien que d'y penser j'ai mal au ventre. Imagine si je perds mon père, je ne sais pas ce que je deviendrais.

Matt me rejoint alors que je sens les larmes me monter, il passe un bras autour de mes épaules.

— Maddy, tout ira bien. Il a juste dû avoir un problème.

— Mais il ne me dit rien.

— Il doit avoir de bonnes raisons. Ne t'inquiète pas. Je suis sûr qu'il est sur le chemin du retour.

— J'espère.

— Bon, tu veux boire une bière ?

Un petit rire sort, j'aurais du m'y attendre à ça. Matt récupère deux bouteilles, les décapsulent et m'en tends une. Je le remercie en prenant la mienne, je la regarde simplement, je n'ai pas envie de boire une bière tant que mon père n'est pas là. Heureusement mon ami reste avec moi, me racontant des bêtises. Il essaie de me faire rire, de me faire penser à autre chose, il y arrive presque.

Quand minuit sonne, sans que je ne m'en rende compte, j'entends la porte s'ouvrir. Je pose ma bouteille et cours vers l'entrée, mon père vient enfin d'arriver avec le groupe !

— Papa !

Je saute sur lui alors qu'il n'a à peine posé un pied dans la maison, je l'entends lâcher son sac avant de me prendre dans ses bras, nous éloignant de la porte d'entrée. Je profite de ce câlin, ce long câlin avant de le lâcher un peu et lui donner un coup contre l'épaule, énervée maintenant que je suis rassurée.

— Tu en as mis du temps pour rentrer !

— Je sais, je suis désolé, mais on a eu des imprévus.

— Des imprévus ?

— La police est arrivée alors qu'on terminait le chargement, on a du fuir en vitesse et le nouveau s'est perdu quand nous nous rendions à la cache d'armes.

— Le nouveau ? Pourquoi ce n'est pas Leo qui a ouvert la route comme prévu ?

J'entends des gémissements venir du salon, je le regarde, l'intéressé est assit sur le canapé, la main sur l'épaule.

— Il s'est fait tiré dessus ?

— Malheureusement.

— Apportez la trousse de secours, je vais m'en occuper. Et tu aurais du m'appeler papa.

— Je n'ai pas eu le temps Papillon, excuse-moi.

Je lâche un petit d'accord en allant dans le salon, Matt s'est levé et mis en retrait, je l'invite quand même à me rejoindre, il est bon dans le médical, même s'il n'a jamais étudié dans ce domaine.

— Matt, que fais-tu là ? demande mon père alors que je regarde la blessure d'un de ses bras droit.

— Je venais voir Maddy, j'ai su pour la livraison.

— C'est ton groupe qui a appelé la police ?

— Pas du tout, on a d'autres choses à faire. Et là, malgré le fait que je fasse partie d'un autre gang, j'aimerais bien aidé votre fille à soigner votre bras droit.

Mon père ne réponds rien, ce qui me fait un peu sourire. Il demande à ses gars de sortir du salon pour nous laisser soigner Leo. La blessure n'est pas grave, la balle est facilement retirée, le trou recousu comme il faut.

— Il va falloir te ménager dans les jours à venir Leo.

— Je sais. Merci Maddy. Même si tu ne fais pas partie du gang, tu es une perle.

— Je fais ce que je peux. Et le nouveau était vraiment perdu ?

— Il était paniqué quand il a du prendre le volant.

— Pourquoi tu ne l'as pas confié à quelqu'un de confiance ?

— Parce qu'il était le premier que j'ai vu quand j'ai été blessé. Et tu ne lui fais pas confiance ?

— Non. Il est bizarre, trop curieux. Je ne sais pas où papa l'a trouvé, mais j'ai envie qu'il dégage.

— Madison... soupire-t-il.

— Quoi ? J'ai le droit de donner mon avis ! Matt, tu n'es pas d'accord avec moi sur le nouveau ? je demande en le regardant.

— Je ne le connais pas.

— Mauviette.

Matt rigole en m'entendant dire ça, mais je comprends que la discussion est close quand Leo se lève pour rejoindre le groupe. Je me lève à mon tour pour aller me laver les mains, même si j'ai porté des gants ce soir. Je retiens mon émotion, j'ai eu vraiment peur ce soir et, si la police a réussit à presque les avoir, ça veut dire que le groupe est actuellement en danger...

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