Chapitre 4

Je viens d'arriver à la maison, celle-ci est très calme, mon père dort, je l'entends quand je passe à côté de sa chambre. Toujours à ronfler, ce qui me fait sourire. Ma mère l'engueulait souvent et je ne compte plus les nuits où elle venait dans mon lit, ne supportant plus le bruit de son mari. Je lâche un petit rire en entrant dans ma chambre, petit rire qui s'efface en voyant la robe que je portais ce soir au club.

Depuis que je suis partie, malgré mon moment avec Matt, rien d'intime, je ne peux m'empêcher de repenser à l'homme du bar. Cet homme qui ne m'a pas lâché du regard pendant de longues minutes alors que je regardais la salle depuis le promontoire de la zone VIP. Je ne l'avais jamais vue avant mais j'ai eu du mal à le lâcher des yeux. Bien que je ne le voyais que de loin, cet homme avait quelque chose d'attirant, sans que je ne sache expliquer pourquoi. Je dois avouer que je n'étais pas loin de quitter ma zone confortable VIP pour aller le voir, mais Matt m'en a empêché. Quand j'ai revu ce type dehors, je me suis vraiment demandé ce qu'il me voulait, et c'est comme ça que j'ai fini devant la scène de crime, pour voir si je n'avais pas loupé quelque chose. Et mon instinct ne m'avait pas trompé.

Je m'interroge vraiment sur qui il est et pourquoi sa présence a réveillée mon instinct à ce point. Est-ce un simple curieux, intrigué par une femme seule en zone VIP ? Un journaliste qui me connait ? Un flic ? Ou pire, un homme de main venant d'un autre gang de la ville ?

La seule chose dont je suis sûr, c'est que sa présence m'a fait retourner là où j'étais ce matin, alors je sais que si je le vois, mes crimes risquent d'être découverts.

???

Une nouvelle journée commence, je me dirige au commissariat, je suis impatient de continuer mon enquête, malgré ma fatigue. J'ai relativement mal dormi, l'esprit embrumé par l'enquête et par cette femme mystérieuse que j'ai vu hier soir. J'espère que la nuit prochaine sera meilleure, la fatigue me fait prendre des décisions plutôt mauvaises.

J'arrive rapidement au commissariat, saluant mes collègues et je me dirige vers mon bureau, j'aperçois le courrier du juge, c'est le mandat de perquisition pour le restaurant. Je vérifie que tout soit bon puis, après m'être servit un gobelet de café, je vais vers un autre bureau.

— Hé, salut Connor !

— Liam, que veux-tu ?

— J'ai le mandat de perquisition pour les caméras du restaurant. Tu m'accompagnes ?

— Evidemment. J'ai hâte de voir la tête de ce justicier masqué, répond-il en se levant.

— Ne dit pas que c'est un justicier masqué. Ça lui donne trop d'importance.

— Quoi ? Cette personne nous débarrasse de boulets que la justice ne condamnera jamais.

Je grimace, pas du tout en accord avec son propos.

— On parle d'une personne qui a quand même tué une soixantaine de personnes. Elle doit répondre de ses actes.

— Je suis d'accord, mais la ville est quand même un peu plus sûr et étonnement, certains crimes ce sont enfin arrêtés. Le tueur au Tarot n'est pas un saint, mais il fait du bien dans la sécurité de la ville. Dommage qu'on ne puisse pas l'intégrer à la brigade si on le trouve.

— Tu te vois travailler avec un criminel ?

— S'il agit, oui.

Nous quittons les bureaux, je ne suis quand même pas trop surpris par sa réaction et ses réflexions. Connor admire ce tueur, tout en restant à sa place. Je sais aussi que, le jour où on l'arrêtera, il ira prendre un plaisir monstre à l'interroger.

— Sinon, tu as une tête de déterré, t'as fait la fête hier ? demande-t-il alors que nous nous rendons vers notre voiture.

— Pas du tout, j'ai juste mal dormi.

— T'as eu une femme dans ton lit ?

— Absolument pas.

Une qui a hanté mon esprit oui par contre. Mais je préfère ne rien dire, je garde ma vie privée pour moi, je déteste en parler au travail.

— Tu es beaucoup trop secret Liam. Tu ne partages rien.

— Peut-être parce qu'il n'y a rien à dire sur ma vie.

Ce qui est vrai, ma vie est plutôt ennuyeuse en dehors du boulot. Côté famille mes parents sont divorcés, habitant chacun de leurs côté des Etats-Unis, ma mère à New-York avec son nouveau mari, travaillant dans l'événementiel. Mon père est partie du côté de Seattle avec sa compagne, il est chef de service en chirurgie pédiatrique. Et j'ai finalement une sœur de deux ans plus jeune, qui est partie à Dallas, elle est professeur d'anglais dans un lycée de la ville. C'est très rare qu'on se réunisse tous, en général ça arrive pendant les fêtes.

Pour ma part, j'ai toujours habité à Chicago, malgré le froid glaçant en hiver et les étés plutôt chaud. J'ai commencé ma carrière de policier il y a dix ans, j'ai toujours voulu faire ce métier, et j'espère bien continuer à évoluer. L'arrestation du tueur au Tarot serait pour moi un poids énorme dans mon dossier pour devenir capitaine avant mes 30 ans.

Enfin. Nous entrons dans la voiture, je suis du côté conducteur, je démarre et nous partons du commissariat. Nous discutons de l'enquête sur la route, je dois avouer que je suis impatient pour la première fois de voir un homicide être commis.

Après de longues minutes de route, je me gare devant le restaurant, nous sortons de la voiture et nous dirigeons dans l'établissement. Je dois avouer que je suis étonné de voir la porte ouverte, il n'est que dix heures et le service commence dans une heure visiblement. Ce n'est qu'un détail, j'entre quand même. L'homme qui m'a accueillie hier se tourne en entendant la clochette au-dessus de la porte tinter, il n'est pas surpris par ma présence et celle de mon collègue.

— Messieurs bonjour. Que puis-je faire pour vous ?

— Je reviens avec le mandat pour les images de caméras de surveillance, comme convenu.

Je lui tends, il se crispe en saisissant l'enveloppe, quelque chose ne va pas. Hier il était tout de même plus confiant, il osait répondre à mes demandes.

— Monsieur, est-ce que tout va bien ? je demande en le voyant hésitant.

— Oui, tout va bien. Les images sont dans mon bureau, suivez moi.

Nous le suivons à l'arrière du restaurant, passant par les cuisines où nous voyons deux employés qui sont sur des préparations pour le midi. Nous passons devant eux sans leur donner d'intérêt, entrant dans le bureau. Le propriétaire m'emmène devant l'écran, il ouvre l'application de la caméra de surveillance et cherche dans les archives, il trouve celle de l'autre début de matinée, mais je remarque rapidement le problème. L'enregistrement a été trafiqué. Nous passons d'une ruelle calme à une ruelle avec un cadavre, le sang déjà bien étalé autour de lui.

— C'est quoi ce délire ?

— Le matériel est vétuste, parfois il plante et n'enregistre pas tout.

— Mais oui, c'est ça, vous me prenez pour un con ?!

Le propriétaire se tourne vers moi, toute trace de confiance a disparu. Je me retiens de le frapper, ce qu'il fait mets vraiment un frein à l'enquête.

— Pas du tout !

— Alors où est l'enregistrement de ce moment précis ?!

— J'en sais rien monsieur ! Je vous l'ai dit, c'est vétuste.

— Vous avez que vous encourez une peine lourde pour obstruction d'une enquête criminel ? dis-je très calmement, ce qui inquiète l'homme. Je peux parfaitement vous arrêter pour mensonge et entrave à la justice.

— Monsieur, je n'ai rien fait !

— Si je demande à vos employés, ils diront la même chose ?

— Ils ne parlent pas anglais.

— Ça vous arrange hein ? Dites-moi la vérité ou vous aurez de sérieux problèmes.

L'homme semble hésiter, ouvrant la bouche mais la refermant aussi sec. Je comprends qu'il ne va pas parler, alors je me redresse et sors mes menottes, quand je sens les mains de Connor sur moi.

— Monsieur, votre équipement, il date de quand ?

— Je l'ai installé quand j'ai monté mon commerce, il y a six ans.

— Vous pouvez prouver que le matériel est vétuste avec d'autres enregistrements corrompu ?

— Je n'en sais rien, je ne regarde pas souvent les caméras.

— Laissez-moi voir quelques enregistrements.

Connor va prendre la place du propriétaire, il visionne des enregistrements pendant de longues minutes, datant d'avant le crime. Il finit par se tourner vers moi, soupirant, je ne sais pas ce que ça signifie chez lui.

— Il dit vrai. J'ai regardé les enregistrements de la semaine, parfois ça peut sauter. Il doit appeler son agence de sécurité, son matériel est corrompu.

— Qui dit que ce n'est pas lui qui a effacé d'autres moments pour cacher son crime ?

— Ce sont des manipulations complexes et vu l'ordinateur qu'il a, je doute que ce soit faisable sur quelque chose d'obsolète.

— Il faudra quand même faire appel à un professionnel. Monsieur, dis-je en regardant le propriétaire, il nous faut les enregistrements.

— Je vous les envoie.

— Je vais les prendre maintenant. Vous devez bien avoir des CD.

— Non, c'est enregistré sur un serveur.

— Alors donnez les coordonnées, je vais les contacter.

L'homme fouille dans les tiroirs de son bureau, ma patience arrive à bout alors que ce n'est que dix heures.

— Bon, vous trouvez ?!

— Non, désolé.

Il se redresse et me regarde, je comprends que je n'aurais plus rien de lui et je sens que je n'aurais rien sur les vidéos.

— Bon, tant pis. Si jamais vous retrouvez les coordonnées, vous nous les apportez. Je vous laisse.

Je quitte le bureau sans attendre, énervé !

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