Chapitre 3

Madison

Ma soirée est presque terminée, je suis dans ma voiture, devant mon ancien lieu de crime. Je l'observe, personne n'est là, la police ne surveille rien. Je vois juste que l'endroit a été en partie nettoyé pour ne pas choquer les résidents du quartier, bien qu'il reste des stigmates de mon acte, surtout avec la silhouette de l'autre pervers encore dessinée au sol. La police ne devrait pas se charger de ce genre d'affaire, ils devraient s'occuper des criminels avant que je ne les retrouve pour les envoyer pourrir dans les méandres de l'enfer. S'ils étaient en prison, jamais ça n'arriverait.

Depuis la mort de ma mère, quand je me suis remise de mon premier crime, je me suis jurée de nettoyer la ville de ces monstres. A chaque fois que j'élimine un de ces criminels, que je venge des victimes terrifiées ou plus de ce monde, je me sens... bien. Jusqu'à ce que je rentre et que je me regarde dans un miroir. J'ai les yeux de ma mère et parfois j'ai l'impression que ce sont les siens que je vois dans mon reflet, à me juger pour ce que je fais. Je m'étais promis de ne plus jamais tuer, mais je n'ai pas envie de rester inactive, pas après avoir vue des horreurs de mes propres yeux.

Je sais pertinemment que la police est sur mon dos, mais je leur souhaite un bon courage pour me retrouver. Mes cheveux sont toujours protégés, mes couteaux propres, mes mains gantées et mes cartes sont faites dans un laboratoire stérile, par mes soins, et je vérifie toujours qu'il n'y ai aucune trace de mon ADN. Je fais très attention à rester un fantôme vengeur, je ne dois surtout pas me faire arrêter. Pas maintenant. Pas alors que j'ai encore beaucoup de dossiers à traiter, beaucoup de criminels à éliminer. J'ai déjà une nouvelle cible, que je dois tuer d'ici peu, je ne veux pas m'arrêter en si bon chemin.

Ce que je trouve drôle dans tout ça, c'est le surnom qu'on m'a donné. Le tueur au Tarot. Enfin, la tueuse, mais je n'ai pas l'impression qu'ils pensent qu'une femme puisse être derrière une soixantaine d'homicides volontaire, ce qui n'est pas plus mal. Mes cartes sont ma marque de fabrique, des cartes représentant le Jugement. Beaucoup pensent que mes cartes sont distribuées avant de passer à l'action, mais je ne suis pas stupide, je ne préviens pas mes victimes. Je suis une simple ombre qui les chasse et les achève rapidement. La souffrance n'est pas quelque chose qui m'attire, je veux juste les envoyer en enfer. Parfois, je l'avoue, je mets un coup de pied entre les jambes, en plein dans les testicules, surtout pour les violeurs, mais je n'aime pas les entendre se justifier, alors je les achève sans ménagement. Une fois mort, je dépose la carte, le jugement a été donné. La Mort est intervenue.

Des phares me sortent de mes pensées, une voiture vient de passer. Je regarde de nouveau la scène de crime, je plisse les yeux quand une autre passe, je vois quelque chose briller sur un mur. Je mets ma capuche comme il faut, j'ai enfilé un sweat avant de venir ici, et je sors de la voiture, faisant attention où je vais, c'est là que je vois ce qui a brillé. Caché dans un angle qui est parfait, une caméra.

Une. Putain. De. Caméra !

Je fais toujours attention à ce genre de détail, je suis rôdée, je me demande comment j'ai pu faire cette erreur !

— Putain !

J'ai envie de sortir mon arme pour détruire cette caméra, détruire cette preuve, mais si je l'ai vue, la police aussi a pu l'apercevoir, donc avoir un visuel sur la scène de crime. Bien que je me protège pour ne pas être reconnaissable, la police ne doit pas avoir la moindre idée de qui je suis. Je suis un fantôme, une ombre, je dois le rester.

Je prends une profonde inspiration pour me calmer et je cherche à qui appartient la caméra, il y a un restaurant chinois à côté. Je m'y dirige sans attendre, celui-ci semble sur le point de fermer quand j'entre. Je m'approche du comptoir, l'homme derrière semble surpris par ma présence, il semble en train de faire les comptes de sa journée.

— Madame, excusez-moi mais le restaurant est fermé.

— J'en ai rien à faire. La caméra dans la ruelle à côté, elle est à vous ?

— Pourquoi ? Vous êtes de la police ? J'ai dit que je ne donnerais rien sans un mandat.

Un soulagement me prends, l'homme a bien fait de ne rien donner, sinon j'aurais été obligé d'en parler à mon père, et ça aurait été mon premier loupé en quatre ans. Je le cache quand même, je dois garder une certaine confiance pour la suite. J'observe le restaurant, qui semble bien propre, bien confortable. Je regarde un peu plus loin, il y a une visibilité sur la cuisine où un couple s'occupe de nettoyer les dernières traces du service qui a eu lieu.

— Je suppose que votre commerce fonctionne bien.

— Que voulez-vous ?

— Déjà vous félicitez de ne rien avoir donné à la justice. Je vois bien que vous voulez bien faire les choses pour ne pas vous attirer des ennuis, dis-je en marchant un peu dans la salle.

— J'ai un restaurant familial.

— J'imagine bien. J'ai quelque chose à vous proposer, si vous le voulez bien.

L'homme me regarde, incrédule. Il ne sait pas à quelle sauce il va être mangé, ce qui fait me fait sourire.

— Il s'avère que les caméras ont filmé quelque chose qu'elles ne devaient pas filmer, alors je vous propose un marché.

Je reviens vers lui, sors mon portefeuille et en tire quelques billets. Il doit y avoir mille dollars, je les dépose sur le comptoir.

— Effacez les images et cet argent est à vous.

— Vous rigolez ? Je ne veux pas d'ennui avec...

— Laissez-moi finir.

L'homme se tait, déposant ses tickets de la soirée devant lui. Il est enfin attentif.

— Je disais donc. Vous effacez ces images et celles de la salle en ce moment et l'argent est à vous. Si vous le refusez...

Je sors mon arme, je n'aurais pas le temps d'attaquer avec mon couteau et je ne suis pas bien protégée. Je la dépose sur le comptoir, l'homme ne semble pas un habitué des armes.

— Je m'occupe de vous, de vos employés et de votre commerce. Alors ?

Le propriétaire des lieux semblent réfléchir quelques instants, puis il tends la main vers l'argent, que je retiens.

— D'abord on efface les images. Après je donne l'argent.

— Très bien.

Il me fait signe de le suivre, il me guide dans les cuisines puis dans un bureau miteux. Il s'installe devant son ordinateur, je me place derrière lui et le regarde effacer les images du jour, sous la menace de mon arme.

— J'espère pour vous que votre agence de sécurité ne fait pas de double.

— Non madame. Ils n'en font pas.

— Parfait. Retournons dans la grande salle.

Nous traversons une nouvelle fois les cuisines, où j'ignore les deux employés, je range mon arme et reprends les billets pour les tendre, à deux mains, au propriétaire.

— Je vous remercie pour votre service. Demain, face à la police, je ne suis pas passée. Racontez ce que vous voulez tant que ça ne me mets pas en danger.

— Bien madame.

— Passez une bonne soirée.

Je m'en vais sans attendre plus, il a déjà fait un bon travail. Ma sécurité est importante, ce genre d'erreur ne doit plus arriver. Je retrouve ma voiture l'esprit un peu plus léger, bien que j'aurais toujours cette boule au ventre qu'il parle. S'il le fait, je demanderais à quelqu'un d'aller provoquer un petit incident chez lui, il devrait le savoir. Je quitte le quartier, je ne dois plus y venir, sauf en cas d'extrême urgence.

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