Chapitre 2
???
Un nouvel homicide vient d'être annoncé à la radio, je ne suis pas loin de la scène de crime. Je préviens le central que je m'y dirige, j'allume ma sirène et je roule jusqu'à l'adresse. Nous arrivons rapidement sur les lieux, une petite mamie est présente, c'est elle qui a appelé. Je me dirige vers elle, mon collègue se dirige vers le cadavre pour commencer à travailler.
— Madame ?
La vieille dame se tourne vers moi, elle n'a pas l'air traumatisé de ce qu'elle a vu, bien que le cadavre ai l'air dans un sale état.
— Je suis l'inspecteur Hayes. Que s'est-il passé ?
— Je me promenais quand j'ai remarqué ce corps, donc j'ai appelé la police.
— Vous n'avez rien vue ?
— Hormis le corps ? Non.
— D'accord. Je vais vous demander de rester, le temps qu'on prenne votre déposition correctement.
Elle hoche la tête alors que je rejoins mon collègue. Je sors des gants, les mets et m'approche du cadavre sans trop y toucher, je remarque quelque chose que j'ai vu sur d'autres cadavres de Chicago. Une carte de tarot, celle du Jugement, la gorge tranchée, le cœur touché. C'est toujours la même personne qui commet ces crimes. Ce n'est pas un simple meurtrier de masse, c'est un bourreau, implacable, méthodique dans sa façon d'agir. Et cette carte, toujours disposée de façon visible, elle nous nargue. Jamais une seule empreinte n'a été trouvé, le criminel se protège bien de la scientifique.
La police scientifique arrive d'ailleurs à son tour, ils font ce qu'il faut pendant que je regarde tout autour, il y a une caméra, pour une fois. Je cherche qui peut avoir posé une caméra à un coin de ruelle, je trouve un petit restaurant chinois. Je demande si la caméra leur appartient bien, chose que le propriétaire confirme mais il refuse de me donner les images, ce n'est pas grave, je reviendrais avec un mandat. On peut enfin voir le visage du meurtrier, ça va faire avancer l'enquête drastiquement. Enfin, je l'espère.
La scène de crime est rapidement débarrassée, les indices, maigres, récoltés. Je rentre au commissariat, je dois entrer mon rapport et entrer la déposition de la vieille dame, qui vient directement ici. Je profite de ce moment pour regarder le dossier que je suis en train de constituer, ça fait quatre ans qu'une personne assassine des criminels. Quatre ans que quelqu'un rends une justice vengeresse, discrète. Et ça me bouffe de l'intérieur de ne pas arrêter ce criminel.
Bien que tous soit des monstres dans leurs domaines, tueurs, violeurs, pédocriminels, vendeurs d'organes, proxénètes, la justice n'a pas à être ainsi. Je lutte depuis des années pour rendre ma ville plus sûre, c'est compliqué, mais je n'ai jamais abattu quelqu'un par plaisir. C'était toujours de la défense pour les concitoyens ou de mes collègues. Et ce n'est pas un aussi grand nombre. Pour ce criminel, nous parlons d'une soixantaine d'âmes fauchées.
Ma journée passe malheureusement trop vite, demain j'aurais le mandat pour la caméra, je suis impatient de l'avoir. Je range rapidement mes affaires, salue mes collègues et je rentre chez moi. Le froid est toujours aussi présent, alors je suis plus que ravi de retrouver le chaud de mon appartement, bien que je ne reste pas longtemps. Ce soir je sors, j'ai besoin de décompresser un peu après une semaine chargée. Je prends donc une douche rapide, je me change puis je pars direction un club pas très loin de chez moi, où j'apprécie passer du temps quand j'ai un peu d'énergie.
Lorsque j'y arrive, j'oublie mon côté flic quand je vois des jeunes fumer de l'herbe et j'entre dans le club, me dirigeant vers le bar. Je demande un verre de whisky, que je reçois sans attendre puis je me tourne vers la salle. Ce club a tout pour attirer du monde, des boissons de qualité, bien qu'un peu cher, l'énergie qui y règne est presque magnétique, les lumières sont parfaites pour se voir sans tout voir. La piste de danse est assez spacieuse tout en gardant de nombreuses places assise, il y a des alcôves, parfait pour se bécoter quand nous venons en couple, mais pas pour plus d'intimité. J'y viens depuis des années, depuis que j'habite le quartier en fait, donc ça fait 8 ans. Nous avons déjà fait des descentes ici, mais ça ne m'a jamais empêché de le fréquenter, même contre l'avis de mes chefs.
J'observe les danseurs, les couples qui se collent, prêt à passer à l'étape supérieur pour certains, puis mon regard se détourne vers la partie VIP de ce club. Je reconnais un ou deux visages de malfrats qu'on a pu arrêter, ils sont libres aujourd'hui malgré des charges parfois lourdes, mais la corruption est de mise dans certaines strates de la justice. Je balaie tout le monde, jusqu'à tomber sur une femme. Habillée sobrement, avec une simple robe pull noire, les cheveux détachés, elle observe elle aussi la salle. Je ne crois pas l'avoir vue auparavant, elle dégage une profonde assurance, comme des femmes de pouvoir et de poigne peuvent avoir, on a presque l'impression qu'elle est la maitresse des lieux et qu'il ne faut pas la chercher.
Je dois avouer que mon regard a du mal à la quitter, elle a quelque chose de magnétique, d'attirant. Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu ce genre de personne, je crois même en avoir jamais rencontré, malgré mes nombreuses enquêtes et rencontre avec des malfrats.
La jeune femme finit par être rejointe, la coupant dans son observation. Mes yeux restent sur elle et l'homme qui vient de la rejoindre, elle sourit en le voyant. J'essaie de lire sur leurs lèvres, mais impossible, je ne suis malheureusement pas doté de ce don bien pratique pourtant. Les deux échangent quelques minutes puis semblent vouloir s'en aller. La femme regarde une dernière fois la salle, ses yeux s'arrêtant sur moi, elle a du se sentir observée.
Nos yeux se rencontrent, s'accrochent. Je ne sais combien de temps passe, la musique me semble étouffée, venant de très loin. Seul son ami nous coupe, elle tourne la tête alors qu'il lui prends la main. Elle m'observe quand même une dernière fois, je lève mon verre, elle s'en va après avoir jeté ses cheveux en arrière. Je termine ma boisson d'une gorgée, paie ma consommation et quitte l'endroit, cherchant à la voir à l'extérieur. Je me dirige vers une entrée plus discrète, plus surveillée aussi, sortant une cigarette. Je la coince entre mes lèvres et l'allume, observant la porte. Je ne fume pas souvent, mais ce soir j'en ai envie.
J'observe la porte un long moment, celle-ci finit par s'ouvrir, le couple que j'ai vue quelques minutes plus tôt en sort. Ils ne se tiennent pas la main malgré leur proximité visible, j'observe l'homme, il me semble le reconnaitre. J'ai l'impression de m'être déjà occupé de lui, il faudrait que je fouille dans mes documents.
Le couple s'approche de moi, la femme me voit mais n'interromps pas sa conversation pour autant. L'homme me regarde à son tour, son sourire veut tout dire. Ce n'est pas un sourire de politesse, on se connaît bel et bien. Je ne sais pas d'où, mais je sais que je trouverais qui c'est. Qui sont ces deux personnes.
Ils finissent par disparaitre, j'écrase ma cigarette et je m'en vais, je ne dois pas rester ici plus longtemps. Je rentre sans attendre chez moi et me dirige vers mon bureau, où j'ai quelques vieux dossiers. Je fouille ici, mais je ne trouve rien, donc c'est quelqu'un qui est issu d'un dossier plus sensible. Je me demande vraiment qui il est et qui est cette femme magnétique, les deux m'intrigue fortement.
Je range mes dossiers comme il faut après avoir fouillé longuement, puis je me prépare pour aller me coucher, demain j'ai encore une longue journée qui m'attends, entre mon enquête sur le tueur au Tarot, complexe, impossible à résoudre, et les autres affaires courantes de la ville qui me prennent beaucoup de temps. Et je ne peux m'empêcher, alors que je me glisse sous ma couverture, de penser à cette femme au regard si magnétique, si perçant, à sa confiance détonante. C'est presque comme si elle se savait intouchable par les hommes, par la justice, par la souffrance d'autrui. Je crois bien que c'est la première qu'une femme me hante de cette façon, même lorsque je ferme les yeux.
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