something in common

Au final, mademoiselle Sakurasou a été internée à l'hôpital. Le lendemain de l'attaque des nemu, sa domestique était venue la réveiller, sans succès. Apeurée, elle accourut prévenir le majordome. Ce dernier, après avoir tenté de la réveiller à son tour, a décidé de la conduire aux urgences de l'hôpital.

Les médecins ont pris soin d'elle. D'ailleurs, trois jours après cet incident, elle se sent beaucoup mieux. Apparemment, les fortes émotions ressenties au cours de cette journée l'ont affaiblie. Ou plutôt, ont affaibli son cœur. Pour la peine, la jeune fille est dispensée de cours jusqu'aux prochains examens.

En attendant, passer ses journées à l'hôpital est bien pire que la maison. On s'y ennuie à mourir, sans vouloir faire de jeu de mots morbide. Elle s'est habituée au calme et à l'odeur d'antiseptique. Cela lui rappelle son enfance, lorsqu'âgée de sept ans, sa maladie avait été diagnostiquée. Elle jouait tranquillement dans le jardin quand soudain une sensation de vide dans la poitrine l'immobilisa. Sakurasou perdit connaissance et fût emmenée en urgence à l'hôpital. Ce fut le plus long et triste été de sa vie. Depuis, elle n'a plus le droit de courir, de nager, de se forcer. En contre partie, elle devait se gaver de médicaments.  Aujourd'hui elle en prend moins qu'avant.

Trois ans précédents son premier malaise était apparu son alter. Un pouvoir dont elle voudrait bien se débarrasser et le donner à quiconque voudra.

Accompagnée d'un long soupir, Sakurasou se lève, s'étire et décide de quitter la chambre. Elle veut faire une balade dans le jardin de l'établissement. Prendre l'air lui ferait le plus grand bien. Sakurasou remarque une chevelure familière dans les couloirs de l'hôpital. Alors qu'elle réfléchissait à un exercice de maths. Et oui, même internée, elle doit faire ses devoirs.

La dite chevelure appartient à un jeune homme plutôt grand de taille. Sakurasou le suit discrètement. Il lui rappelle quelqu'un de son lycée. À vrai dire, elle pense surtout à Shoto. La question est de savoir ce que Shoto viendrait faire à l'hôpital.

J'espère qu'il n'est pas blessé, pense-t-elle.

Car en effet, elle avait appris par les infos que des élèves de UA avaient été attaqués par Stein, le tueur de héros. Malheureusement, leurs noms n'avaient pas été communiqués. Une façon de les protéger eux et leurs familles respectives.

La jeune fille perd sa cible lorsqu'il vire à gauche. Elle était trop perdue dans ses pensées pour le remarquer. Malgré ça, elle se dépêche pour le rattraper.

- Je peux savoir pourquoi tu me suis?

Avec un regard froid, Shoto la surprend en se tenant face à elle. Il l'attendait et n'a pas l'air content. Quant à Sakurasou, un bonheur incommensurable envahie tout son être. Est-elle simplement heureuse de le voir en bonne santé ? Là n'est pas le problème. Le soucis, ce sont ces yeux bicolores magnifiques qui dévisagent l'adolescente.

- Qu'est-ce que tu me veux ? Je ne me répéterai pas encore une fois, gronde-t-il.

Enfin redescendue sur terre, Sakurasou prend la peine de répondre. Les coins de ses yeux humides, la voix vacillante.

- Tu m'as sûrement déjà oubliée. En plus j'ai changé de coupe. Ça doit être pour ça. Je suis Kogane Sakurasou, en première année de filière générale à UA! s'exclame-t-elle fièrement. Je te suivais pour me rassurer qu'il s'agissait bien de toi.

Le regard de Shoto s'adoucit heureusement.

- Je me souviens de toi maintenant. Ton apparence a complètement changé à cause de cette coupe.

Une vague de soulagement déferle dans la poitrine de l'adolescente.

- Pourquoi étais-tu inquiète pour moi? poursuit Shoto.

- Euh... Par... Parceque... À la télé ils ont dit que des élèves de seconde A avaient été attaqués par Stein, débite-elle. Puisque tu es le seul que je connaisse dans cette classe, je n'ai pu m'empêcher de m'inquiéter.

- Hum... fait simplement Shoto.

- Et toi alors, qu'est-ce que tu fais ici? Tu n'es pas blessé j'espère.

- Je te retourne la même question. Et puis celle qui porte une robe d'hôpital, c'est toi je te signale.

En effet, depuis son internat, Sakurasou n'a pas beaucoup changé de tenue. C'est alors qu'un grognement se fait entendre. Il s'agit de l'estomac de la jeune fille. Ses joues deviennent rouges de honte.

- Ah... Euh... Désolée. J'étais sortie prendre l'air et voilà que mon estomac me rappelle à l'ordre.

- Ça te dit d'aller à la cafétéria ? propose Shoto. J'y allais justement.

- Avec plaisir, répond immédiatement Sakurasou.

Hors de question de rater cette occasion de passer du temps avec l'amour de sa vie. Néanmoins, elle va devoir cacher ses sentiments pour ne pas faire fuir Shoto.

Ils s'installent à une table près d'une fenêtre. Ils peuvent voir le jardin de là où ils sont. Sakurasou rêve de pouvoir le dessiner. Elle pense à demander à son majordome de lui apporter son carnet à dessin le plus tôt possible. Mais pour l'heure, elle porte toute son attention sur Shoto. Lui est concentré sur le contenu de son assiette. Elle le trouve mignon. On dirait un enfant lorsqu'il hésite.

- Les repas d'ici ont certe un aspect douteux mais je peux t'assurer que le goût y est, lance-t-elle. Tiens regarde.

Elle prend une bouchée de son cury. Elle fait mine de se régaler. Malheureusement, le jeune garçon n'est pas dupe.

- Tu es rouge comme une pivoine. J'en conclus que c'est trop épicé. Je vais me contenter du riz et de la salade.

- C'est mieux oui, kof, kof.

Sakurasou boit aussitôt son eau. La température redescend. Elle remarque un sourire sur les lèvres de Shoto. Son cœur s'emballe, l'obligeant à sourire aussi. Cependant, une question laissée en suspend vient gâcher sa joie.

- Alors... Pourquoi tu es hospitalisée ? demande Shoto.

- Eh bien... Je... J'ai été victime d'un accident lors de l'attaque des brainless, ment-elle.

Elle se pince les lèvres involontairement. Shoto resserre sa prise sur la cuillère.

- Mettre la vie de citoyens innocents en danger juste pour faire valoir ses idéaux... Les vilains ne reculent devant rien, crache-t-il.

La jeune ado s'en veut de s'être servie de ça comme excuse. Elle se sentirait moins à l'aise si elle devait parler de sa maladie. En plus, elle a peur de sa réaction en apprenant la vérité. Alors elle évitera le sujet autant que possible à l'avenir. Cependant, l'atmosphère est devenue moins gaie.

- À ton tour. Qu'est-ce que tu fais ici? poursuit-elle.

- Je suis venu rendre visite à ma mère. C'est long à expliquer mais elle est internée ici pour des problèmes psychiatriques.

Il tourne inlassablement sa cuillère dans son cury sans en prendre une bouchée. Sakurasou comprend la gravité de la situation.

- Je suis navrée que tu aies à vivre ça. Mais on a tous nos lots de problèmes. Que ce soit nos proches ou nous-même, ça nous touche chacun à son tour.

Le regard de l'apprentie héro s'adoucit. Ça doit lui faire du bien d'avoir quelqu'un à qui se confier. Un silence respectueux se crée entre eux.

- Les examens approchent à grands pas, et je ne suis même pas assez préparée, marmonne-t-elle.

- On pourrait réviser les matières fondamentales ensemble, propose Shoto.

- Tu es sûr ?

- Oui. Tu pourrais venir chez moi. Je suis sûr que ma grande-soeur n'y verra aucun problème.

Il ne s'en rend pas compte mais il vient d'offrir à Sakurasou la plus belle occasion dont elle pouvait rêver. La réponse est évidente.

- C'est d'accord. Je sors demain en plus. Ça tombe bien. Tu n'as qu'à m'envoyer l'adresse par...

C'est à ce moment qu'elle se souvient qu'elle n'a pas son adresse mail. Tous ses plans tombent à l'eau. Heureusement, Shoto est plus prévoyant qu'il en a l'air. Il lui donne son portable pour qu'elle puisse y enregistrer son adresse.

- Vas-y. Je t'enverrai l'adresse ce soir.

Serait-il trop gentil ou juste gentleman ? Sakurasou ne le sait pas encore mais elle ne reculera devient rien pour en savoir plus sur lui. Elle lui donne donc son adresse et n'a plus qu'à attendre son mail.

- Je n'ai pas mon téléphone sur moi. Tu imagines bien qu'avec cette tenue c'est impossible de le garder avec moi.

- Aucun problème. Je vais devoir te laisser. Même si je n'ai pas beaucoup mangé, j'ai passé un bon moment. À demain j'espère.

- À demain.

Une fois son interlocuteur au loin, un large sourire se dessine sur le visage de la jeune fille.

- Demain, c'est certain qu'on se reverra. Je ne manquerai ça pour rien au monde, chuchote-elle.

Elle se dépêche d'aller dans sa chambre récupérer son téléphone. Elle n'a encore reçu aucun message.

- Il doit être occupé. Il n'y a pas de quoi s'en faire.

L'adolescente va prendre une douche et se changer. Elle range ses affaires puis quitte la chambre d'hôpital sans autorisation. Elle se fait discrète pour sortir sans être arrêtée.

Une fois de retour chez elle, les domestiques sont les premiers à la voir et à être surpris.

- Mademoiselle Kogane, vous ne devriez pas être là, commence son majordome dès qu'il la voit.

- Assez ! gronde-t-elle. Puis lui faisant face, elle dit : je vais bien. Même mieux que jamais.

Le sourire sur ses lèvres est là pour confirmer ses paroles. Le majordome s'incline, comme très souvent, et la laisse aller dans sa chambre. Mais une fois seule, Sakurasou s'écroule par terre. L'effort qu'elle a fourni pour rentrer lui coûte un peu cher. Cependant, elle ne veut pas renoncer. Elle file faire une sieste. Après quoi, plus rien ne pourra plus l'arrêter.

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ಥ‿ಥ

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