my home is yours
- Résidence des Todoroki, lit tout haut Sakurasou. Je suis au bon endroit.
Elle appuie sur la sonnette et attend. Elle vérifie sa tenue et sa coiffure une dernière fois. L'adolescente s'est parée de ses plus beaux atours pour l'occasion. Elle va enfin revoir Shoto après avoir repoussé leur rencontre deux fois, à cause de sa maladie. Étudier n'est qu'un prétexte pour se rapprocher de lui. Elle fait partie des meilleurs de sa classe. Qu'elle révise ou non, cela ne changera pas grand chose à sa moyenne. La porte s'ouvre sur une jeune femme aux cheveux blancs parsemés de mèches rouges.
- Bonjour. Je suis Fuyumi Todoroki, la grande sœur de Shoto. Tu dois être Sakurasou Kogane. Il m'a dit que tu viendrais réviser avec lui pour les examens. Vas-y, entres.
La jeune fille hésite quelques instants avant de pénétrer la demeure. Elle espérait secrètement se retrouver seule avec le garçon de ses rêves. Toutefois, elle est subjuguée par la beauté et la simplicité de l'aînée de son camarade. Il en est de même pour la demeure qu'elle trouve sympathique. Rien à voir avec le manoir morne où elle vit.
- Eh bien dis donc, tu es sacrément mignonne.
Fuyumi lâche ces paroles sans faire attention alors qu'elles traversent l'entrée. Les joues de l'adolescente virent au rouge pivoine.
- Euh... Merci... Enfin j'imagine, balbutie-t-elle.
Fuyumi lui répond d'un grand sourire.
- C'est la première fois que Shoto invite quelqu'un à la maison. Je suis si excitée et heureuse de savoir qu'il a des amis.
Sakurasou se sent toute petite tout à coup, un peu gênée d'apprendre qu'elle est la première des élèves de Yuei à passer le pas de la porte des Todoroki. Elle croyait que Shoto et ses camarades avaient dépasser ce niveau.
- Nous ne sommes pas de la même classe et nous sommes de filière différente, annonce-t-elle.
- Dans ce cas, comment vous vous êtes rencontrés ? Ne me dis pas que tu... Vous... Toi et lui...
- Ça ne te regarde pas, intervient Shoto.
L'élève en filière héroïque fait son entrée dans la pièce à vivre. Il n'a pas écouté le début de leur conversation mais en a déjà assez entendu. Sa sœur et Sakurasou le dévisagent comme s'il était un revenant.
- Tu es sorti de ta chambre... J'allais t'appeler pour te dire que ta camarade est arrivée.
- Avant de le faire, tu as préféré la cuisiner à ce que je vois. Si tu veux tout savoir, on s'est rencontré à l'hôpital quand je suis allée rendre visite à maman.
- Ah, d'accord. Je suis désolée si je t'ai embarrassée Sakurasou. Allez-y. Je vous apporte des petites choses à grignoter, dit Fuyumi toute heureuse.
- Mer... Merci, répond Sakurasou comme si on lui avait rendu un énorme service.
Shoto et elle se rendent dans une pièce un peu à l'écart. Elle dispose d'une table au centre et de quelques pièces décoratives un peu partout. Les deux élèves s'installent à la table. Shoto laisse Sakurasou un instant pour aller récupérer ses cahiers et livres dans sa chambre. Entre temps, la jeune fille scrute la pièce. La décoration, toujours dans le style traditionnel japonais, a capté son attention, bien qu'un téléphone fixe posé sur une table vient casser tout cela. Shoto revient les bras chargés et reprend place.
- Par quoi aimerais-tu commencer ? Y'a-t-il une matière avec laquelle tu as des difficultés ? entreprend Shoto.
- Euh... Eh bien... Pourquoi pas les maths ?
En fait, Sakurasou n'a pas de difficulté scolaire. Mais elle se sentirait ridicule de lui avouer. Les deux adolescents commencent alors les révisions. Shoto est même surpris de voir avec qu'elle facilité elle résoud les exercices de mathématiques.
- On dirait que tu n'as pas de problème en maths, lance-t-il soudainement.
- Euh... Je... C'est que... Tu expliques si bien, bégaie-t-elle.
- Passons à autre chose alors. J'ai quelques difficultés en biologie. Ça te dit de réviser ?
- D'accord, répond-elle sans hésiter.
Sakurasou craint que Shoto ne découvre son mensonge et décide de ne plus jamais lui parler. Au lieu de réviser, elle songe à la suite. Que va-t-il se passer après les examens ? Seront-ils toujours aussi proches ou va-t-il prendre ses distances ? Il lui faut un plan d'action immédiatement.
- Dis, Todoroki-kun, est-ce que tu t'entends bien avec les gens de ta classe ? lance-t-elle.
Le jeune adolescent cherche une réponse en silence.
- Pas vraiment, finit-il par avouer. Je ne me suis rapproché de personne jusqu'ici. Enfin, il y'en a bien un qui se montre toujours gentil et attentionné envers moi mais... Je ne sais pas si on pourra être des amis à l'avenir. C'est que... On veut tous les deux la même chose, devenir le numéro un des supers héros.
- Je vois. Vous êtes donc destinés à être en concurrence toute votre vie. Vous pourriez même être des amis-ennemis, sourit-elle. Moi non plus je ne me suis pas faite d'amis jusqu'à maintenant. Il n'y a qu'avec toi que je suis proche.
L'instant d'une seconde, un sourire ou plutôt un rictus se dessine sur les lèvres du jeune Todoroki. De quoi émouvoir Sakurasou qui n'en attendait pas autant.
- Dans ce cas, ça te dit de déjeuner souvent ensemble à l'académie ?
Sa proposition sonne en écho dans sa tête. Elle regrette déjà de l'avoir fait.
- Pourquoi pas ? Moi ça ne me dérange pas.
- Ah ! D'accord. Je suis si contente que tu aies accepté. J'avais peur que tu dises non parceque tu ne voudrais pas qu'on nous voit ensemble, débite-t-elle d'un coup.
- Pourquoi je penserais ça ? On ne fait rien de mal. On est de filière différente et alors ? Reprenons les révisions maintenant si tu veux bien.
- Oui, oui. Désolée de t'avoir interrompu.
Rien ne pourrais rendre Sakurasou plus heureuse en ce moment. Elle va pouvoir passer plus de temps en compagnie de Shoto. Ils apprendront à mieux se connaître et peut-être finiront par sortir ensemble. Son esprit n'est plus dans les révisions mais entrain d'imaginer son avenir avec Shoto. C'est ainsi que les heures s'écoulent sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte.
Soudain, Fuyumi fait son apparition avec un plateau chargé dans les mains. Shoto l'aide à le porter jusqu'à la table.
- Désolée de vous interrompre. Je vous ai préparés des nouilles au porc. Il paraît que c'est bon pour le cerveau. J'ai aussi apporté des bananes pour vous donner de l'énergie.
- Merci beaucoup, déclare Sakurasou.
- Bon je vous laisse. N'étudiez pas tard. Ta camarade devra rentrer et les rues ne sont pas sûres la nuit.
- C'est d'accord. On ne va pas tarder, réplique Shoto.
Après qu'elle soit partie, les jeunes gens se jettent littéralement sur la nourriture. L'odeur a eu raison d'eux.
- Ta sœur cuisine tellement bien. C'est délicieux. Comment pourrais-je la remercier ?
- T'en fais pas. Sa seule satisfaction c'est de nous entendre la féliciter. Elle s'est beaucoup améliorée depuis que notre mère est...
Un silence gênant vient hanter leur repas.
- Est-ce que tu as d'autres frères ? tente Sakurasou.
- Oui, deux grands frères plus précisément.
Shoto évite la conversation. Quelque chose l'empêche d'entrer dans les détails et la jeune fille n'insiste pas.
- Moi, je n'ai ni frère ni sœur. Je n'ai que des bonnes et un majordome borné pour me tenir compagnie. Mes parents dirigent un conglomérat, ils n'ont jamais le temps de s'occuper de moi. Je me suis habituée à être toujours seule. Tu es le seul ami que j'ai.
Elle peut lire de la sympathie sur le visage de Shoto. Bien que son objectif était de l'émouvoir pour mieux l'attirer, elle n'a pas eu à mentir cette fois-ci.
- Je ferai de mon mieux pour être un bon ami.
- Merci, sourit-elle.
Ils terminent leur repas puis rangent leurs affaires. Ils passent saluer Fuyumi avant de partir.
- Je vais l'accompagner, annonce Shoto.
- D'accord. Ne tarde pas trop.
- Encore merci pour les nouilles. Elles étaient délicieuses.
- Mais de rien. N'hésite pas à revenir. C'est quand tu veux.
Elle acquiesce. Cela signifie qu'elle pourra venir "réviser" quand elle veut. Shoto conduit sa camarade jusqu'à la sortie. Une voiture noire cirée l'attend déjà dehors.
- Tu vois, tu n'as pas à t'inquiéter ni ta sœur d'ailleurs. Mon chauffeur va me reconduire chez moi.
- En effet. Elle va être soulagée. Je te dis à bientôt alors. On devrait sûrement réviser encore avant les examens.
- Tout à fait. Grâce à toi, je comprends mieux les maths.
- Je t'expliquerai plus la prochaine fois.
- D'accord. Au-revoir.
Elle s'en va, encore plus amoureuse que la première fois, le cœur rempli d'espoir.
Une fois de retour chez elle, changée et démaquillée, Sakurasou se couche immédiatement. Elle a hâte de retourner chez celui qu'elle considère maintenant comme sa bouée de sauvetage en pleine mer. Car depuis qu'elle le connait, sa poitrine ne la serre plus autant qu'avant. Son cœur bat anormalement pour ne pas dire comme tous les autres cœurs amoureux. Pourtant, cela lui fait le plus grand bien. Alors, il est hors de question qu'elle s'éloigne de lui, pour rien au monde.
Ce soir, ses rêves seront faits de fantaisies et bien-sûr, Shoto jouera le rôle du prince charmant.
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