Chapitre 10 - Et ensuite.
- Ferme mes oreilles à toute calomnie, garde ma langue de toute malveillance et que seules les pensées qui bénissent demeurent en mon esprit. Que je sois si bienveillant et si joyeux que tous ceux qui m'approchent sentent ta puissance et ta présence. Revêts-moi de ta beauté, Seigneur, et qu'au long du jour je te révèle.
Elle releva la tête.
- Amen, murmura-t-elle avant de se retourner vers moi. Je te trouve bien tranquille aujourd'hui cher enfant. Aurait-tu enfin compris ?
Je restai en silence.
- Je vois tu as perdue ta langue. Je me réjouis de savoir cela. Tu t'es rendue compte que -
- Taisez-vous ! lançai-je presque en criant. Ma voix complètement terrorisée.
« Ferme mes oreilles à toute calomnie ». « Garge ma langue à toute malveillance »
...C'était des mensonges. Rien que des mensonges.
Pour moi à cet instant, vous étiez tous des menteurs ! Les deux femmes qui se prétendaient saintes, c'étaient des menteuses. Le prêtre, c'était un menteur. Ma mère, c'était une menteuse. M. Scnudert, c'était un menteur. Le directeur, c'était un menteur. Les élèves de l'académie INONE, c'étaient des menteurs.
Et Wayne... Wayne, menteur ?
À quoi bon l'avouer ? Qu'est ce que je pouvais y faire ?
Je l'ai vu.
De mes propres yeux. Tout ce sang. Cette vérité universelle. Elle était face à moi. Mais encore. Quoi encore ? Je l'ai vu la vérité sur ces mensonges. C'est tout ce qui comptait. Et ensuite ?
Même si on découvrait cette vérité. Allons-nous vraiment du jour au lendemain abandonner toutes nos fausses anciennes croyances ? Non.
On continuera pitoyablement à se créer un nouveau mensonge. Afin de rendre notre douleur moins amère. On essaie de l'amenuiser involontairement. Je faisais partie de cette catégorie.
Amèrement que cette vérité soit-elle.
Et les pensées fusent. Elles détruisent la conscience telles des météorites enflammés.
Le feu. Mon cœur brûlait. Ils se consumait par ces flammes rouges. De cette couleur. Ce sang écarlate.
‹‹ Que seules les pensées qui bénissent demeurent en mon esprit. ››
- Quelle jeune enfant perdue. Ton âme égarée ne retrouvera pas son chemin.
Il fallait que je me reprenne. Ça n'allait pas se passer comme ça ! Personne, absolument personne ne me marchait sur les pieds.
- Alors vous admettez enfin que votre soi disant « lieu sain » n'est rien d'autre qu'un trou perdue.
- Pardon ?
- Bah ! Puisque moi, une pauvre jeune enfant se perd en arrivant ici, et que ma stupide âme égarée n'arrive pas à retrouver le chemin, ça veut dire que c'est votre taudis qui en est la cause.
Elle en grogna.
- Je ne te permet pas de nous manquer de respect.
- Mais alors, j'approfondis juste votre vision et hop je vous manque de respect ? Faut revoir les choses. Je vous vouvoie encore et j'ai même pas encore dit un seul mot déplacé comme « putain ». Je vous respecte et vous vous me vexer.
- Tu ne sais pas ce que tu racontes.
- Ah bon vraiment ? Comme quoi on en apprend toujours des choses, déclarai-je avec un sourire provoquateur.
Elle me fixa un instant.
- J'ai bien pitié de ton âme.
- Tiens donc moi aussi.
- Tu ne sais pas ce que tu racontes.
- Je ne sais pas si j'avais bien entendu mais vous m'aviez déjà fait cette remarque.
- Rira bien qui rira le dernier.
- Reste à savoir qui sera le dernier.
Soeur Caroline fronça les sourcils. On aurait dit qu'elle s'énervait enfin.
- Ça suffit ! J'ai assez supporté à cause de toi ! Je ne te permet de me parler sur ce ton là ! me vociféra-t-elle.
- Et je vous parle sur quel ton ?
Elle grogna.
- Tu n'es qu'une sale insecte qui vient empiéter sur le confort des autres ! Mais l'insecte que tu es va finir comme eux !
Comme eux ?
- Un insecte ? Soeur Caroline, enfermez vous dans une chambre avec un moustique vous découvrirez à quel point un insecte peut être ennuyeux.
Son visage blanc rougit de rage. Elle prenait enfin des couleurs. Elle serra ses poings si bien que ses phalanges en blanchirent.
- Tu en as de la chance que Monsieur le prêtre Ducrot te protège ! Mais prépare toi ! Ça va pas durer longtemps crois moi surtout vu comment tu te comporte ! Tu vas finir comme les -
- Que se passe-t-il ici Caroline ?
Il y'a des gens qui ont des caractères et traits propres et uniques à eux même. Quelque chose qu'on oublie pas. Cela peut être un visage, des yeux, une silhouette, une chevelure.
Cela peut aussi être une voix. Oui, la voix du prêtre Ducrot était terrifiante. Peu importe le ton qu'il prenait. Elle semblait rassembler les péchés de milles hamacs lourds. Si lourds de viols, de vols, de violence.
J'avais peur, très peur, d'un coup. Je revoyais la scène d'hier. Je revoyais le prêtre et sa voix horrifiante me demander ce que je faisais là. Que devais-je lui dire ? J'avais fui à toute vitesse.
Maintenant il était face à moi. Que faire ? Rien. Je ne pouvais pas fuir.
- Je... Je suis désolée mon père. C'est cette enfant qui ne cesse de me faire souffrance.
« De me faire souffrance » disait-elle ? Nous étions au amoyen âge ou quoi ? Déjà qu'ils m'appellaient « enfant » alors que j'avais un prénom.
- Je te comprends mais c'est notre invité ! Si elle est ici c'est parce que le Saint Esprit en a voulu ainsi ! C'est la deuxième et dernière fois que tu hausse la voix devant cette enfant !
J'avais dix sept ans tout de même.
- Et puis, Élisabeth ne t'as donc pas dit qu'il fallait tenir ta langue ? Tu vas me causer nuisance. Tu seras punie.
Le visage de la Sœur Caroline se décomposa. Elle en tremblait. Mais essaya de parler malgré sa voix chevrotante.
- Qu... Quoi ? Moi ? Mais... Mais je peux pas être punie, vous plaisantez mon père ?
- Et en plus tu allègues la blague.
- Non... Mais... C'est que... Mais enfin mon père je ne peux pas être punie pour cette -
- Va m'attendre dans mon bureau on en discutera.
Elle voulu protester une seconde mais se colmata aussitôt sa bouche puis sortis de la salle de prière, furieuse et sanglotante.
Une punition ?
Je me suis, en quelques secondes, posée des questions sur la scène étrange qui venait de se dérouler. Mais je m'en poserai plus sur celle qui va suivre.
- Alors Mlle Eastman, elle vous a pas trop embêté j'espère.
Je me figeai. Complètement. Jamais une phrase n'avait causé autant de tumulte comme celle-ci.
D'où connaissait-il mon nom ? Je ne l'avais jamais dit devant eux. Comment ce faisait-il qu'il connaisse mon nom de famille ?
- Comment avez-vous fait ?
Il gloussa méchamment. Puis ouvrit ses yeux. Ils étaient bleus d'antipathie.
- Dîtes moi Blom, et si on se parlait sans faire semblant pour la première fois.
-...
- Je sais qui vous êtes. Pensez-vous vraiment quelqu'un puisse accueillir une inconnue, avec vos manières, quand bien même c'est un orphelinat ? Mais non Mlle Eastman, le monde ne fonctionne pas comme ça, exposa-t-il avec le sourire.
- Où voulez-vous en venir ?
- Ho ho comme tu es très perspicace je vais te le dire. Qu'as-tu vu hier soir ?
Il fut talentueux puisque c'est la deuxième fois qu'il prononçait une phrase que qui me chamboula autant dans mon esprit.
Ce que j'avais vu ? C'était très simple, un cadavre. Enfin la caricature d'un cadavre puisqu'il était en train d'être découpé par vous. Un corps de petite fille, j'aurais dit cinq ans.
Et si cet endroit n'était qu'une couverture à quelque chose d'horrible.
- Je ne vois pas de quoi vous parlez.
- Êtes-vous sûre d'être en position de me mentir ?
- Pourquoi je ne pourrai pas ? Qu'allez-vous me faire ?
- Vous êtes dans un lieu sain, ce ne serait pas correct, justifia-t-il.
Mon œil.
- Alors laissez-moi me répéter pour la dernière fois. Qu'avez-vous vu hier soir ?
Depuis quand est-ce que quelqu'un me parlait ainsi ? Il pouvait bien avoir cent ans. J'étais une anarchiste. Une pure et dure. Dans les moindres recoins de mon corps. Si cette nature était dans mon corps entier, ce n'était pas un souvenir dans mon cerveau qui la salirait.
- Vous avez raison, on doit parler franco'. En une phrase, j'en ai putain de rien à foutre de ce que tu veux que je vois.
- ...
Je tournai les talons et sortis de la salle de prière. Un pas, deux pas, trois pas chevrotants vers l'extérieur de celle-ci.
J'ouvris la grande porte de la sortie puis jetai un coup d'œil derrière.
Il me regardait. Avec un air de défi dans les yeux. Je pris peur un instant. Moi qui était pourtant si compétitive.
Le ciel était couvert. Il allait bientôt pleuvoir.
Tant mieux.
Je sortis. Je relevai le défi. Mon cœur rempli d'orgueil ne pouvait pas s'en empêcher. Même si ce cœur ne cessait de battre à la chamade. Je me mentis à nouveau.
***
Le ciel était d'autant plus sombre. Wayne ne fut pas là.
Je me décidai à rentrer. Je me trouvai bien bête. Ou plutôt assez étrange. J'avais assez de courage pour m'en aller vivre chez des piètres personnes. Des assassins. Je me mis à capituler. J'essayais au mieux de polir la vérité, de l'ignorer, de la rendre moins douloureuse, moins effrayante. Cela me tourmentait; il fallait que je m'en aille.
Soit j'y restais et je tombais dans la folie, soit je retournai chez ma mère et enfonçait la vérité aux tréfonds de ma conscience. La deuxième option était la meilleure sans doute. Je commençai à raisonner de façon cynique. Abattue mentalement par l'absence de mon meilleur ami en cette période.
Et si j'avais rêvé ?
C'est une hypothèse. Une bonne hypothèse pour une personne rejetée par le monde. Et si je retournai chez ma mère, avais-je la certitude qu'elle m'accueillerait à bras ouverts ? Elle me détestait. Elle m'exécrait même, j'en étais sûre.
Ploc.
Ce bruit mat réveilla mes sens. Que raconté-je ? Retourner chez ma mère ? Vraiment ? Quelle folie ! Peu importe le nombre d'hallucinations que je verrai, je n'y retournerai pas. Peu importe l'obséquiosité que j'aurais à endurer, je la supporterai ! Si je devais m'excuser chez les Sœurs, je le ferai ! Si je devais arrêter le violon et l'école, je le ferai aussi ! Tous les moyens étaient bons. Plus jamais je ne retournerai chez ma...
Ploc.
Cette résonnance. C'était quoi ? Il réveilla mes sens à nouveau. J'étais devant la porte de la chapelle.
Je suis ridicule. Totalement ridicule.
Il provenait de l'intérieur, ce bruit. J'ouvris la porte.
Ploc.
La première chose que je vis c'était Prime. Elle hissai un sourire provoquateur, jusqu'aux oreilles.
Qu'est-ce que t'attends ?
La ferme. Tais toi. Tu ne m'apporte que le malheur toi et tes multiples voix.
Ploc.
Et ce bruit incessant qui refusait de se taire. Je regardai les vitraux. Bordel.
- Ils... Ils ont encore changé ! m'écriai-je terrorisée.
Je me mis à marcher à la va-vite. Et là, devant moi...
Trois têtes décapitées suspendues au plafond avec une corde. Au milieu celle du prêtre. À gauche et à droite, celles des Sœurs Élisabeth et Caroline. Tous morts. Le sang provenant de leur cou tombait dans l'immense flaque incarnat dans un bruit mat.
Ploc.
Je vomis ; de la bile puisque je ne mangeais pas. Le liquide jaune se mélangea au sang.
L'odeur me monta au cerveau. Je reculai de quatre pas. Je ris. Puis me laissai tomber au sol.
Une secte. J'étais entré dans une secte de haut niveau, insouciante. L'année de mes dix sept ans est restée la pire. Ces gens, ils laissaient entrer des enfants chez eux, et les tuaient ensuite pour leur simple plaisir d'exercer leur culte. Tandis que je découvris la vérité à mes vingt ans ; quand j'avais dix sept ans, j'ai bien cru que j'avais un problème. Qui les avait tué ? Cette personne était bien plus proche de moi que je ne le pensais.
- Ce n'est qu'une simple illusion... Je suis juste un peu folle haha...
Pourquoi avait-il fallu que le destin s'acharne sur une jeune adolescente qui ne désirait qu'une chose : jouer du violon. Les derniers événements s'étaient suivis sans même pouvoir m'accorder une pause. Combien de fois mes larmes devaient-elles couler à cause de mes vissitudes ?
- Wayne...
Que quelqu'un m'aide. Je ne voulais plus être comme ça. N'importe qui.
- S'il vous plaît.
Je m'évanouis.
***
Et si un jour, on découvrait toute la vérité ? La vérité sur ces mensonges que l'on se fait à soi même. Les assumerons-nous ou bien allons nous simplement les ignorer ?
Deux yeux s'ouvrent sur un plafond en ciment. Les yeux scrutent l'horizon et constatent quatre murs violets. Sur ces murs il y'avait des étagères sur lesquelles il y'avait de vieux disques. Le lit était supposé sur un bureau en dessous. Le tout éclairé par un petit lustre moderne.
J'étais dans ma chambre. Pour de vrai. Je me précipitai brusquement vers la porte puis descendit les escaliers. Ma mère était dans le salon.
- Ah Blom tu t'es enfin réveillé ! T'as l'air d'être en forme pour quelqu'un qui a dormi trois jours !
- Pardon ?
- Tu sais quand les policiers sont partis et que je t'ai dit de dormir, je ne pensais pas que ça serait jusque là.
J'essayais de mélanger les choses dans ma tête.
- Et pour ma fugue ? questionnai-je enfin.
- Ta... fugue ?
- Oui !
- Je ne sais pas de quoi tu parles mais si tu venais à fuguer, je sais pas ce que je serais.
Elle me ment. Elle fait sa tête la comédienne de la mère affectueuse. Mes yeux tournèrent vers la cuisine. Il y'avait un couteau de boucher recouvert de sang.
- Et ‹‹ ça ›› ?
- Oh ça !? J'ai fait du canard. C'est délicieux je te le promets, répondit-elle en secouant la main.
Je m'écroulai à ses pieds et juste après je me mis à sangloter.
- J'ai fait un cauchemar horrible. Il y'avait du sang partout, puis un cadavre et des putains de tarrés. Ils étaient hypocrites et ils me haïssaient. J'étais seule complètement seule, " il " n'était pas là. Il m'avait promis d'être toujours là mais il m'a mentis. J'ai cru j'étais folle.
- Chut, c'est fini maintenant. Je suis là. Tu n'as plus rien à craindre.
Le calme, la paix, la sérénité. Du réconfort. Rien que ce petit instant, j'avais besoin qu'on me dise que ça ira mieux.
Ah. Un petit mensonge c'est rien du tout si je peux rester en vie. N'est ce pas ? Si les tueurs se permettent de vivre, Je pouvais me permettre cet tout petit euphémisme non ?
Enfin c'est ce que j'ai cru...
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