Chapitre 1- La fin commence ici.

Il est 17 h 53. On est Jeudi 1er octobre.

Seuls les derniers rayons du soleil couchant, éclairaient cette chambre obscure. Ils traversaient la fenêtre, pour délicatement réchauffer le bureau.

Les murs, étaient peints en un blanc, qui s'était dégradé au fil des années. Les fenêtres ouvertes devant son bureau, laissaient les rideaux noirs, valser au vent humide de l'automne.

Par terre, plein de boules de papier emballés, des t-shirts sales et un gros chat blanc à longs poils bruns aux pointes, de race ragdoll, qui joue avec.

Une adolescente demeurait affairée sur son bureau. L'origine certaine de ce bazard.

Une belle blonde aux cheveux attachés en queue de cheval complètement défaite. La peau toute blanche, fragile. Derrière ses tâches de rousseurs et ses lunettes de lecture on pouvait voir ses grands yeux gris. Entre ses fines lèvres roses se tenait une barre de sniker mangée à la va vite. Sur le coin de sa bouche, deux jolis points de beauté noirs qui décoraient harmonieusement son visage.

Machinalement, elle écrivait enfin le dernier paragraphe d'un exposé qui avait déjà atteint les 4000 mots.

Les dernières lignes saisis, elle poussa un long soupir et retira ses lunettes. Puis en se retournant, elle remarqua que sa chambre était dans un état horrible. En plus son chat de 2 ans avait fait des siennes.

— Rouen mon tout beau t'es encore pire que Wayne, soupira-t-elle avant de réfléchir un instant. Non pire que Wayne tu meurs.

Elle se leva de son fauteuil et s'affala sur le lit.

Elle prit son téléphone et regarda ses messages sur Snap.

« |Grace : Coucou Alley !
|Grace : Est ce que t'as finis notre expo de groupe ? Emma et Lou attendent. Vu que tu devais bouquiner on a fait une soirée pyjama ! On écoute de la musique.

|Moi : Ah
|Moi : Oui j'ai terminé.
|Moi : Chuis contente que vous vous amusiez !
|Moi : On se voit demain.

|Grace : O.K »

Elle poussa un deuxième soupir et décida de s'endormir encore un peu. Mais un truc la dérangea encore.

[Ding]

Un autre message sur son portable. Elle était épuisée, mais, jeta un coup d'œil au cas où se serait encore Grace.

« |Reims : Hey t'es constipée ? »

Elle se mit en tête d'ignorer. Mais le téléphone sonna encore trois fois de suite alors elle l'éteignit directement.

Ayant perdu le sommeil, après 15 minutes à hésiter elle se mit à ranger sa chambre.


Maintenant on pouvait affirmer sans craintes que le calme régnait, même si le silence ne s'imposait pas, on imaginait mal ce qui pourrait venir le rompre. Cependant, la réalité dépasse toujours la fiction.

Devant cette tranquillité, les évènements perturbateurs ne manquent jamais à l'appel.

Un esprit tourmenté, inquiété et apeuré se développa en elle. La jeune fille de seize ans cherchait quelque chose.

Elle vérifia sous le lit, la table de chevet, son bureau et sortit tout ses vêtements. Ne trouvant ce qu'elle cherchait elle en tira une conclusion.

— WAYNE !!! ESPÈCE DE CONNARD DE CROTTE DE PORC PUCEAU !!! OÙ EST CE QUE TU AS PLANQUÉ MON JOURNAL ???

Comme l'éclair, elle sortit de sa chambre et descendit les escaliers laissant derrière chaque pas, un bruit indiscret. Et arrivée en bas, ouvrit la porte de la chambre de son jumeau, ignorant l'insigne en papier interdisant tout accès à la pièce sous menaces.

À l'intérieur de la pièce en blanc, plusieurs pantalons à terre, quelques sweats sales, des chaussettes de sport dans les coins, des posters de joueurs américains aux mûrs, de vieux disques sur l'étagère et une odeur de sueur dans l'air.

Le parfait cliché de la chambre d'un adolescent pubère.

Sur le lit, un jeune homme allongé en débardeur et short, jouant avec un ballon de basket en le lançant vers le mur suffisamment fort pour le rattraper ensuite. Un blondinet d'environ 1m92 aux yeux gris comme sa sœur, le corps athlétique, la peau légèrement bronzée.

Il avait cessé son train train quand la porte s'est ouverte mais l'avait repris d'aussi tôt.

— Que puis-je faire pour vous madame je-ne-toque-pas-avant-d'entrer ?

Elle avança juste devant lui pour qu'il arrête de jouer.

— Rends-moi mon journal intime !!!

Il continua malgré elle à jouer avec son ballon sur le mur.

— Ah celui où il y a écrit, ‹‹C'est le plus beau garçon que j'ai vu de toute ma vie. Je suis folle amoureuse de Noah. C'est le plus drôle... ››... dit-il souriant en prenant une voix aigue. Tellement superficielle tu sais ?

Sur le coup de la colère, elle prit son ballon et avec le compas qui était sur le bureau de Wayne, le perça.

— ALLEY MAIS T'ES FOLLE ???

— Je ne suis pas superficielle ! Et puis...RENDS MOI MON JOURNAL !!!!

— Ok on va jouer à ça ! s'exita-t-il en sortant un cahier de l'oreiller. C'est ça que tu veux ? Bah va le chercher !

Il l'envoya par la fenêtre.

— Mon journal ? WAYNE JE VAIS TE...

— Calme toi, tu penses vraiment que je jetterai une aussi grande source de chantage ? Ce que t'es crédule Alley.

Il alla vers la pile de chaussettes et retira un cahier noir couverture cartonnée.

— Voici ton vrai journal.

— Et l'autre cahier alors ?

—  C'était tes devoirs pour la semaine ! s'exclama Wayne tout sourire.

— QUOI !!

— À ta place j'irai le prendre avant que les chiens le dévorent. Et puis tu cries trop ça m'énerve.

— Toi...

— Ça c'est pour avoir percé mon ballon.

Elle sortit en claquant la porte. Derrière celle-ci, Wayne dit encore quelque chose mais elle ne l'entendait pas. ‹‹ Sûrement une insulte ›› fut la pensée qu'elle s'imposa.

Elle se dépêcha d'aller à l'extérieure. Dehors, rien ne grise autant que l'odeur de la terre sèche brusquement mouillée par une de ces averses qui brutalisent le sol, comme mues par une vengeance longuement contenue. Juste au moment où elle arriva à l'extérieur, il commença à pleuvoir. Et ses devoirs qui étaient encore dehors.

Malgré cela, Alley continua malgré elle et se dirigea vers le jardin en faisant attention à ne pas réveiller les bêtes enchaînées, semblables à une version canine des fauves, qui servaient de chiens de garde du manoir.

Là, près d'une flaque. Un cahier sensiblement noir traînait. Un sentiment de soulagement l'envahit. Mais cette impression fut vite modifiée lorsqu'elle se rendit compte qu'il était totalement trempé. Il faudrait qu'elle réfléchisse à quelle atrocité elle allait faire subir à Wayne pour se venger.

— Qu'est ce que tu fiches ici ?

Elle se retourna reconnaissant la voix familière et par réflexe cacha son cahier dans son dos.

— Alors comme ça t'es déjà là ? J'ai pas entendu ta voiture.

— Ah bah en voilà des manières ! Je te l'ai dit ce matin. Elle est tombée en panne et j'ai du prendre la limousine. Puis M. Bert m'a laissée à l'entrée et raccompagnée ici.

— Ah.

— Qu'est ce que tu fait sous la pluie tu vas attraper froid.

Une femme quarantenaire, qui malgré son âge avait l'air très jeune. Blonde, les cheveux bouclés légèrement décoiffés. Un maquillage léger révélait ses yeux bleus et juste une légère robe décontracté et une veste lui servait d'habillement. Sous son parapluie rouge, elle tenait une assez grosse mallette, sans doute remplie de dossiers.

— Tu vas rester planté là comme une boudiste ou tu vas rentrer ?

— Ça ne me dérangerait pas, chuchota Aliénore.

Elle se mirent à rentrer sans réveiller les chiens. Doucement sous la pluie.

— On a livré les courses ?

— Oui maman, mais il manque le kinoa.

— Je t'ai dit que je ferai pas de kinoa.

— Mais j'adore le kinoa !

— Tu me fatigue.

— Ça s'est bien passé au tribunal ?

— Oui. Ces avocats sont exaspérants à me raconter tous les jours leurs histoires.

Alley gloussa.

La double porte vitrée de l'immense manoir  menait au rez de chaussée avec les murs en papier peint rose gris, abritant un porte manteau, deux paires de bottes et deux parapluies pour les jumeaux quelques accessoires, éclairés par un lustre en cristal.

En avançant, un immense espace au papier peint bleu marine servant de séjour, se faisait découvrir. Ses dimensions lui permettait d'avoir une salle à manger, aux meubles vitrés pour vingt personnes. Un aquarium géant, était intégré au mur du fond, et éclairait la pièce de sa lumière bleutée.

Des escaliers en parquet menaient à l'étage et en dessous desquels apparaissait une porte conduisant à la chambre de Wayne, l'aîné dans jumeaux. Suffisamment cachée pour que personne ne la trouve, et suffisamment sombre pour que personne n'ait envie d'y aller.

À droite des escaliers, une porte menait vers la cuisine, de même couleur que le séjour, mais avec des meubles en marbre noir qu'Aliénore aimait beaucoup.

— Je t'avais pourtant dit de mettre tout au frais lorsqu'on livrerait les courses.

— Oui mais j'ai pas eu le temps j'avais mon exposé à faire maman.

— Je suis sûre qu'Emma aurait rangé les courses puis fait l'exposé.

— ...

— Et Emma travaille sur quel sujet ?

— Eh bah je sais pas trop...

— Comment ça tu sais pas trop ? Il s'agit de Emma là.

-— ...Elle travaille dans un autre groupe, moi je suis avec...

— Tant pis. C'est une enfant tellement incroyable ! Tu devrais faire équipe avec elle les prochaines fois.

Elle se tut hésitante. Le seul bruit qu'on attendait c'était les produits ramenés des courses que les deux déchargeaient des sacs dans la cuisine. Le silence se prolongea tellement qu'Alley crut que la discussion était terminée.

— J'ai acheté plein de petits gâteaux. Demain tu pourras les partager avec Emma !

— Je monte dans ma chambre.

Elle s'exécuta et se dirigea rapidement vers les escaliers sans même laisser sa mère répondre, exaspérée par le comportement de sa fille.

— Ah les jeunes...

***


Il est 7h47.

Les cours commençaient à huit heures.

Elle s'était réveillée à sept heures moins quart et le temps de préparer le benjamin, le petit déjeuner et "pourrir la matinée de Wayne" elle n'avait pas eu le temps. Elle est en retard.

De plus la limousine faisait un énorme détour pour amener Wayne à son lycée. Car elle et son frère faisaient peut être la même classe mais avaient catégoriquement refusé d'être dans le même lycée. Et les deux étaient complètement opposés.

Trente minutes de route, sans compter le trafic important dans cette ville. Son chauffeur, un homme noir répondant à M. Bert, connaissait de nombreux raccourcis alors elle a pensé pouvoir être à l'heure. Mais non.

De plus pour une élève de son envergure, arriver en retard ferait prendre un coup à sa crédibilité.

Et puis...

— Quoi ? Comment ça tu t'es réveillée en retard ? Tu as mis bien assez de temps pour que les premiers groupes passent.

— Je suis désolée...

— Pas de désolée qui tienne ! En plus ça se voit que t'as fait du travail bâclé. Si tu n'en était pas capable t'aurais pu me le dire hier ! hurla t-elle furieuse.

— Mais...

— Ne te fout pas de ma gueule Aliénore !

Grace Snonas. Anglaise, une grande rousse, environ 1m79, mince aux yeux noirs. N'étant pas dotée d'un talent exceptionnel ni d'une beauté quelconque. Elle est "amie" avec Alley depuis la 3ème et depuis là, maintien une énorme domination sur elle. Tout le monde sait que Grace Snonas manipule Aliénore comme une marionnette. Mais quiconque essaiera de lui prévenir, quiconque subira sa colère. Car malgré tout, Grace faisait partie de ses "meilleures amies". Et elle lui octoyait une amitié incommensurable.

Elle qui était si autophobe mélangeait sa peur à son affection.

Elle avait deux autres "amies". La première, Lou Meskey. Joueuse, les cheveux châtains, yeux marrons clairs, morphologie 8 et surtout mignonne. Alley l'avais rencontré en 5ème, plutôt que Grace. Elle était si sociable qu'elle et Aliénore s'entendaient parfaitement. Mais, tout le monde change.

— Tss de toutes façons...

Puis la deuxième...

— Em a fait bien mieux.

Emma Klett.

Un livre entier ne suffirait jamais à décrire ce personnage mystérieux qu'elle n'arrivait plus à cerner. Lui voulait-elle du bien ? Du mal ? Elle ne le savait point. Elle était sa première ‹‹ amie ››. Une fille très grande, mince, plus que Grace, toute plate ce qui la rendait inoffensive. Les yeux bleus s'accordant parfaitement avec ses longs cheveux noirs. Pas belle dans le sens qu'on y mourrait. 

Elle était ce genre de personne que tout le monde aime. Gentille et douce. Mais elle était surtout... le deuxième prix.

— On a décidé d'aller avec Em.

— Quoi ?

— Tu pourras toujours faire un truc avec d'autres gens. Personne ne refusera car après tout...

C'en était toujours ainsi.

— Tu es la première de la classe.

Sa personne restera toujours derrière un surnom.

Elle se dit que c'était sa faute et que ses amies veulent juste lui apprendre une leçon.

Car pour elle. Vivre longtemps c'est éviter de se poser des questions.

Cette fiction était sa seule réalité.

***

Il est dix sept heures. Elle est rentrée.

Sa mère ne posa pas de questions sur sa journée comme à son habitude. Puis que elle avait décidé d'engager aucun personnel elle était tout le temps occupée.

Elle ne vit pas Wayne. Bonne nouvelle puisqu'elle voulait s'isoler. Et elle n'avait pas vu Reims ou Noah de la journée.

Elle monta et consulta sa messagerie. Un seul message de Wayne.

"|Wayne : Hey Alley ! Je suis sortit faire un tour. Tu peux trouver une excuse pour moi stp ?"

Elle sourit.

Elle avait sa vengeance.

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s . h . e . l . l . y

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