23. Gueule de bois
Une migraine horrible me broie le cerveau. Ma bouche est terriblement pâteuse et mes membres engourdis. Je peine à ouvrir les paupières mais quand j'y arrive, je m'arrête net. Je ne reconnais pas du tout la chambre. En tout cas, ce n'est ni ma chambre, ni la chambre d'hôtel. Je ne reconnais même le lit ! Je tourne la tête et tombe nez à nez avec un homme endormi. J'écarquille les yeux, me demandant encore comment je suis arrivée ici. Je lève la couverture, priant pour que je n'ai pas fais ce que je crois.
(Bordel ! Je suis nue !!)
Je tente de me lever mais un vertige me prend. Je passe une main sur mon front brûlant. Je jure que plus jamais je ne toucherai à une seule goûte d'alcool !!
Tout à coup, la sonnerie de mon téléphone retentit. Je me presse d'aller le chercher après avoir enroulé la couverture autour de mon corps. Sans prendre la peine de regarder mon interlocuteur, je réponds :
— Allô...
Ma voix est tellement rauque et endormie. Je pense que n'importe qui pourrait savoir que j'ai exagéré sur la quantité d'alcool, hier. Dès que j'entends la personne à l'autre bout du fil, mon sang se glace.
— Mila ? Enfin ! Je voulais m'excuser mais... Ça va ?
(Oui, outre le fait que je me suis réveillée dans le lit d'un inconnu et que je n'ai plus aucun souvenir de ma soirée... Oui. Tout va bien !)
— Euh... Oui, oui. Bon, qu'est-ce que...
— Déjà réveillée ma belle ?
Je me crispe de la tête aux pieds. Je me retourne vers l'homme et lui fais signe de se taire, ce qu'il fait immédiatement. J'espère qu'Emett n'a rien entendu !
— Attends, il y a un homme avec toi ?! T'es pas sérieuse ! Tu sais pourquoi je t'appellais ? Pour renouer les liens et m'excuser, pfff ! T'as pas manqué de temps !
— Non, Emett, je...
— Laisse, j'ai compris. Je n'ai plus ma place. Ni dans ta vie, ni dans ton coeur. Ciao.
Je n'ai pas le temps de répliquer qu'Emett raccroche. Je soupire et lâche un juron en commençant à m'habiller. Je sens le regard de mon partenaire d'un soir peser sur moi mais je ne m'en formalise pas. Après tout, il m'a déjà vu nue. Tout en rassemblant mes affaires, je dis :
— Je tiens à dire que tout ce qui s'est passé cette nuit reste ici. Et c'était la seule fois. Alors, ne me donne pas ton numéro parce que je ne pense pas que j'y repenserais dans ma vie. C'était bien, mais voilà. J'étais soûle. Donc, bye !!
Et je m'éclipse sans que l'homme n'ai le temps de répondre. Reste plus qu'à trouver la porte de sortie. J'allais descendre les escaliers quand j'entends la porte d'entrée s'ouvrir.
— Aller les enfants ! On va voir papa ? Il doit encore dormir !
— Oui !!
Je me fige. Eh merde ! Manquait plus que je tombe sur l'homme marié et papa. Je n'ai pas le temps de descendre les escaliers. Je me cache dans la salle de bain. Heureusement que je n'avais pas trop de choses avec moi. Je n'ai que mon portable et mes talons dans les mains. J'entends la femme et les enfants entrer dans la chambre et j'en profite pour descendre à pas de loup les marches.
(Merde ! Ils redescendent !)
Je me dépêche de passer par la fenêtre ouverte et cours dans la rue. Les roches sous mes pieds me blessent mais je ne veux que quitter le terrain de cette maison. Une fois assez éloignée, j'arrête un taxi et demande à m'emmener à mon hôtel. Pendant le trajet, j'observe mes appels manqués.
J'en ai cinq de Mathias, dix d'Eve et huit d'Emett.
Je soupire puis éteins mon cellulaire. Arrivée à l'hôtel, je m'empresse de monter dans ma chambre et cours sous la douche. Je veux à tout prix me laver. Je prends bien le temps de me savonner tout en réfléchissant à la situation. Emett m'a contacté et il voulait renouer les liens... J'ai probablement gâché ma chance de revenir avec lui mais, en même temps, nous n'étions plus ensemble. Avant l'accident, il m'avait clairement dit que nous deux, c'était terminé.
C'est la tête pleine de questions que je m'écroule, morte de fatigue, sur mon lit après avoir pris des médicaments. Mine de rien, je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit...
• • •
Cela fait déjà quelques jours que je suis en Californie. Je commence à tomber amoureuse de cette ville. Malgré la beauté sans failles de Miami, la Californie reste une très belle contrée. J'ai pensé à emménager ici et passer mon entretien pour être professeure de danse mais Eve, Mathias, Noah et... Emett me manqueraient beaucoup trop.
Étendue sur mon transat, je rêvasse encore sur les nombreux rêves que je fais d'Emett. Oui, cela à recommencer. Disons que nous ne jouons pas au Monopoly dans mes fameux rêves...
Soudain, mom téléphone sonne. Je lève mes lunettes de soleil sur ma tête pour voir le correspondant. Mathias. Je réponds ou pas ? Bon, aller !
— Allô ?
— Mila ?! Mila ! Faut que tu reviennes à Miami !
— Wow là, je comprends pas !! Pourquoi tu as l'air si bouleversé ? Et pourquoi je devrais revenir ?
— C'est Emett... Il est à l'hôpital !
Je fronce les sourcils et essaie d'adopter une voix calme malgré mon inquiétude grandissante.
— Pourquoi ?
— Je... Je sais pas pourquoi il a fait ça... J'aurais du le voir... Putain !!!
— Quoi bordel ?! Qu'est-ce que tu aurais dû voir ?!
— IL A ESSAYÉ DE SE SUICIDER !!
Mon coeur rate un battement et mon souffle se coupe. Je m'empresse de répondre :
— Je prends le premier vol et j'arrive.
Je raccroche illico et rentre dans ma chambre. Je rassemble toutes mes affaires et commande un billet d'avion pour Miami. Je dépose la carte de l'hôtel à la réception et accourt à l'aéroport.
Assise à l'intérieur de l'avion, sur un siège, je regarde le paysage. Non seulement Emett a tenté l'irréparable mais le pire, c'est que je pense savoir pourquoi. J'ai peur que se soit de ma faute. Le fait que j'ai couché avec quelqu'un d'autre. Déjà, il était très jaloux et possessif à l'époque de notre couple.
Ah, notre couple... J'ai l'impression que je n'ai plus été heureuse depuis des lustres. Même ici, en Californie, je n'étais pas totalement joyeuse. Il me manque quelque chose. Quelque chose d'essentiel à ma vie.
Et cette chose, elle se nomme Emett...
***
Voilàa ! J'espère que l'histoire vous plais toujours !
Luv
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