18. Mauvaise nouvelle
Des bruits désagréables et incessants broient mon crâne meurtri. Un gémissement plaintif passe la barrière de mes lèvres lorsque j'essaie de bouger. Tous mes membres me font souffrir le martyr à chaque mouvement. Je tente d'ouvrir les yeux et dès que j'y parviens, je pousse un soupir de soulagement.
(Bon, je peux au moins bouger mes yeux !)
J'attends que mes iris s'habituent à la clarté de la pièce avant de balayer celle-ci du regard. Je suis dans un hôpital ? Je n'arrive pas à me rappeler du pourquoi du comment que je suis arrivée ici. Je tourne tant bien que mal la tête pour repérer le bouton d'urgence. J'appuie dessus et seulement quelques secondes plus tard une médecin accompagnée d'un infirmier. La jeune docteur me toise de ses yeux bleus et me sourit chaleureusement.
— Ah, vous êtes réveillée ! Je suis la docteure en charge de votre cas. Comment vous sentez-vous ?
Alors que l'infirmier s'affaire à prendre ma pression, je réponds :
— J'ai... Mal partout et je me sens vaseuse, perdue. Pour je suis ici ?
— Vous avez eu un accident de voiture avec le jeune homme ici présent. Pour ce qui est de vos symptômes, c'est tout à fait normal. Vous prendrez des anti-douleur. Vous avez eu beaucoup de chance, vous et votre ami. C'est un miracle que vous vous en soyez sorti.
Je tourne lentement la tête vers la gauche. En effet, Emett est couché sur un lit non loin du mien. Je panique aussitôt.
— Il va bien ?! Je vous en supplie, dites moi qu'il va bien !!
— Ne vous inquiéter pas, Mlle. La santé et le rythme cardiaque de M. Suarez est stable. Pour l'instant, il est plongé dans un semi-coma et devrait se réveiller bientôt. Maintenant, je dois vous faire passer quelques examens.
La docteure s'approche de moi et prend ma température, note ma pression, vérifie ma vue et écoute les battements de mon coeur. Pour l'instant, plus rien est important autre qu'Emett. Mes yeux sont fixés sur son corps étendu sur le lit d'hôpital. Une fois les examens terminés, la docteure me fait prendre des médicaments avant de s'éclipser avec l'infirmier. À peine est-elle partie que la porte s'ouvre de nouveau sur Eve et Mathias, le visage rongé par l'inquiétude. Eve pousse un soupir de soulagement en se jetant sur moi. Elle me sert de toutes ses forces et je geins de douleur.
— Eve, moi aussi je suis contente de te revoir mais j'ai mal là.
Ma meilleure amie s'acarte aussitôt de moi.
— Désolée, je suis juste tellement soulagée que tu sois réveillée. Alors, comment tu te sens ?
— Un peu vaseuse mais sinon tout va bien. La docteure m'a donné des médicaments...
Je jette un coup d'oeil à Mathias qui est devant le lit de son frère. Il s'assoit sur une chaise qui fait face à ce dernier et dit, l'air préoccupé :
— Bon, hermano, réveille toi. S'il te plaît. Je vais pas te faire un pavé pour te dire que je t'aime et que j'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose de plus. En plus, je... Putain... Je voulais te présenter quelqu'un que j'ai rencontré il y a peu. Donc, aller ! Debout la marmotte ! Te amo, hermano.
Sur ces paroles, il passe à côté de moi pour m'offrir un bisou sur le crâne et quitte la chambre. Je tente de me lever pour voir Emett mais une vive douleur me rappelle immédiatement à l'ordre. Je soupire et décide de m'étendre pour me calmer.
— Alors ?
— Quoi alors ?
— Ce Frankie là, tu en fais quoi ?
Eve lâche un rire avant de me répondre :
— Bah... Je sais pas. Ça fait un moment que nous ne nous sommes pas vus.
J'acquiesce d'un hochement de tête.
— J'espère vraiment qu'Emett se réveillera bientôt...
— Bien sûr que si ma belle. C'est un battant...
• • •
Déjà une semaine que je suis enfermée entre ces quatres murs. Les médecins ont voulu me garder plus longtemps pour s'assurer qu'il n'y aurait pas de séquelles. Pour ce qui est d'Emett, il n'est toujours pas sorti de son coma. Mathias et Eve passent régulièrement pour prendre de nos nouvelles et me tenir compagnie. Noah est passé également. Le temps est si long et plus les jours passent, plus je désespère. J'ai l'impression qu'il ne se réveillera jamais. Sans m'en rendre compte, une larme solitaire roule sur ma joue.
Une voix que je croyais ne plus jamais entendre résonne dans la chambre :
— Pourquoi tu pleures, beauté ?
Je sursaute et tourne la tête vers Emett. Je cligne plusieurs fois des paupières comme pour m'assurer que je ne rêve pas. Eh non ! Emett est bel et bien réveillé et un petit sourire orne son visage. Étant donné mon état stable, je me lève de mon lit pour aller le prendre dans mes bras. Il me rend faiblement mon étreinte. Je me recule pour le regarder dans les yeux.
Cet éclat dans ses prunelles noisettes m'avait manqué. Sans réfléchir, je pose mes lèvres sur les siennes. Nous avons frôlé la mort alors pour l'instant, les problèmes du passé m'importent peu. Emett me rend avidement mon baiser avant que je ne rassemble toutes la volonté du monde pour me détacher de lui. J'appuie sur le bouton d'urgence et des médecins accourent directement dans la chambre.
Tandis qu'ils examinent Emett, j'en profite pour prévenir tout le monde qu'il est réveillé. Mathias me répond instantanément :
— J'arrive.
Je rigole un peu avant de fermer mon téléphone lorsque les médecins s'adressent à moi :
— Nous devons lui faire passer quelques radiographies. Ce ne sera pas long.
Je hoche la tête et souris à Emett qui ne tarde pas à me sourire en retour. J'espère que tout ira bien pour lui également. Mathias arrive dans la chambre, essoufflé. Il regarde le lit d'Emett et me dit :
— Putain, il est où ?!
— Seulement parti avec des médecins pour une radio.
Mathias lâche un grognement et se laisse tomber sur une chaise. Je dois avouer que j'attends avec impatience moi aussi son retour. Quelques minutes plus tard, Emett revient avec un médecin qui tire une tête très peu rassurante. Mathias offre une accolade fraternelle à son frère et lui chuchote quelque chose à l'oreille. Voyant la mine inquiète du docteur, je demande :
— Il y a un problème, docteur ?
— Euh.. Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins, nous faisons face à un problème. Un caillot sanguin s'est développé au niveau du cerveau. Cela nécessite en urgence une chirurgie. Le problème, c'est que l'opération est très délicate et le patient doit être conscient pour des raisons médicales. Cette chirurgie est très délicate et pourrait causer de sérieuses séquelles telle une perte de mémoire, le disfonctionnement d'un sens ou une perte de motricité.
Je vois le visage d'Emett se décomposer.
— Mais je vous rassure, vous serez placé entre les mains de professionnels. Il est extrêmement rare que ces chirurgies tournent mal. Ne vous en faite pas.
Je déglutis difficilement. La peur de perdre Emett me prend les tripes. Je ne le supporterais pas...
***
Voilà ! J'espère que ce chapitre vous a plu ! ♥️😍
Luv
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