SIMON : QUATRE

Quelques jours plus tard, Simon se rendit à un rendez-vous de l'équipe, espérant de tout cœur que ses coéquipiers se seraient réconciliés. Il arriva au point de ralliement, devant le bistro des parents de Thommy, et vit qu'ils étaient tous déjà là en pleine discussion. « OK, c'est bon signe, au moins ils ne se font pas la tête. » De là où il était, il pouvait les voir et les entendre sans être vu.

— Ce n'est plus possible, dit Marge.

— Ouais, il faut vraiment qu'on arrive à le virer !, renchérit Jackson. Simon se figea. « De qui parle-t-il ? »

— Je ne le supporte plus, je suis désolée, reprit la jeune fille.

— Je te comprends, il est tellement rabat-joie !, annonça le serveur.
Le rouquin sentit son sang se glacer. Il n'y avait pas énormément de personnes qu'ils connaissaient tous les cinq.« Ils parlent de moi ? »

— Je ne pas aimer ça. Il être toujours là, il toujours tout regarder, mais il ne jamais rien dire...

Les paroles d'Yvan lui firent l'effet d'un coup de poing dans le ventre. Cette fois-ci il n'y avait plus de doute.« Ils parlent de moi. » Pourtant, il ne comprenait pas pourquoi ils agissaient ainsi. Lui qui croyait être leur ami !

— Mais il faut le comprendre, il est tellement seul !, tenta de le défendre Bakari.

— Ce n'est pas une excuse valable !, trancha Marge d'autres vivent aussi tout seuls et ne se plaignent pas...

Simon serra les poings. Alors toute cette compassion, c'était du pipeau ? Ses yeux le brûlèrent. Une fois de plus il avait fait confiance, une fois de plus on l'avait berné. De plus, il ne comprenait pas pourquoi ils voulaient le vider maintenant. C'était illogique. Son esprit tentait de trouver une raison valable, mais il ne la trouvait pas. Il n'y avait pas de réponse possible, son cerveau tournait à plein régime, mais le mécanisme était défaillant. Et cela le terrifiait.

 « Pourquoi ? Pourquoi ? POURQUOI ? »

— Je pense qu'il faut le lui dire le plus vite possible...

Il ne savait même plus qui avait dit ces mots, il était complètement déconnecté. Le semblant de bien-être qu'il avait recueilli avec eux au compte-gouttes venait de s'envoler en fumée. Il ne pouvait plus rester là, il devait fuir. Fuir ces gens qu'il avait cru être ses amis. Des gens qui se retourneraient contre lui. Des gens qui le laisseraient seul. Il fut pris de panique. 

Fuir.

 « Fuir loin d'ici ! » Alors il tourna les talons sans l'avoir prémédité, en mode pilote automatique, et partit en courant.

Il entendit une voix qu'il ne reconnaissait plus lui crier :

— Simon ? Tu étais là ? Simon ?! Où vas-tu ?!

« Loin. » 

Il prit de la vitesse.

 « Plus loin. »

 Il s'agrippa à un balcon et se hissa vers les toits.

 « Toujours plus loin. »

C'est le cœur brisé qu'il bondit sur les toits ce soir-là. Il avait loupé l'heure du dîner de Fred, il n'avait donc plus le droit de rentrer chez lui. De toute façon, il n'en aurait pas eu envie. Il ne savait plus de quoi il avait envie. Il ne savait plus rien. Il était seul. Il avait peur. Il était si fatigué d'avoir peur. Simon finit par s'asseoir sur le toit où il avait rencontré Bakari pour la première fois en grelottant. L'air était froid et la neige commençait à tomber. Le jeune homme se recroquevilla sur lui-même et regarda les flocons tomber, l'esprit embrouillé.

 Avait-il ou non envie qu'on le cherche et qu'on le retrouve, il ne savait même plus.

 Même la solitude et la peur c'étaient faites illusoires.

 Il était vidé de toute émotion.

 Il avait envie de disparaître, de tout oublier.

 « Je suis devenu aussi inutile que ma voix. »

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