III
Cela faisait trois jours et une nuit désormais que Pénéloppe avait quitter la maison sur la colline. Trois jours et une nuit qu'elle n'avait pas vu ses parents, trois jours et une nuit qu'elle n'avait pas dormi dans son lit si douillet, mais trois jours et une nuit qu'elle vivait dans un somptueux décor.
Ce matin, elle avait mangé le dernier biscuit du paquet, bu la dernière goutte de sa gourde, et elle essayait d'oublier son ventre qui criait famine. Ses pieds étaient couverts d'ampoules, ses doigts frigorifiés. Mais Pénéloppe n'abandonnait pas, elle devait aller rencontrer cette étoile sur la montagne.
Elle avait quitté la forêt dés le matin du lendemain de sa première nuit, et en ce début d'après-midi du troisième jour, elle gravissait la Pointe à l’Étoile avec peine et force. Ses bottes en caoutchouc ne la protégeaient pas des rudes pierres, et malgré l'étiage, les cours d'eau étaient assez profond pour la geler jusqu'aux hanches.
Pénéloppe s'arrêta en pleine ascension, et elle s'effondra d'épuisement sur une roche lisse. Elle haletait, ses pieds lui faisaient si mal qu'elle ne sentait plus rien. Elle souffla entre le creux de ses mains, les yeux dirigés vers l'horizon.
Elle avait traverser la forêt rouge et or pour rejoindre sa destination de rêve, les monts aux neiges éternelles. Elle n'avait pas encore franchi la barre des mille mètres, mais la vue y était déjà merveilleuse.
La frontière boisée lui semblait si bas, si elle sautait cela servirait de gros coussins. Les ravins lui faisaient peur, mais toutes les fleurs des neiges qui y poussaient la rassurait. Elle plissa les yeux pour regarder l'horizon.
Sa maison sur la colline n'était plus qu'un point flou, engloutie par le ciel. Ses parents lui manquaient, mais elle avait un devoir à accomplir : retrouver l'étoile qui faisait cette incroyable lumière.
La rouquine marcha toute l'après-midi sans s'arrêter, vivant au plus près la descente lente du Soleil derrière les géants de pierre. Dés qu'elle avait un peu trop mal, un peu trop faim, elle pointait du doigt le sommet enneigé et disait à Cassis :
- Regarde Cassis ! L'étoile nous attend !
Mais le petit chat voyait sa laine se givrer et ses coutures se défaire. Pourtant, de ses boutons noirs, il admirait la force de Pénéloppe qui s'arrachait la peau des mains en grimpant les parois abruptes.
Pénéloppe sentit le premier flocon se poser sur son nez lorsque le Soleil cacha ses derniers rayons. Son visage bleuissait un peu plus à chaque pas alors qu'elle tentait de se réchauffer par tous les moyens. Elle ne sentait plus ses jambes, ses mains avaient pris une teinte rouge et violette.
Pénéloppe voulait rentrer chez elle, retrouver ses parents et son lit. Une larme roula lentement le long de sa joue, tandis que ses jambes se figèrent dans la fine poudreuse. Elle tourna ses yeux verts pour regarder l'horizon.
Sa maison de pierre avait disparue, la frontière boisées était minuscule. Elle était partie très loin, trop loin.
Pénéloppe se mit à pleurer, son visage se trempa de ses larmes qui se faisaient emportées par le vent par la suite. Elle était perdue, seule, dans le froid et dans un monde qui lui était inconnu. Elle voulait rentrer.
Une brise glaciale souleva la patte de Cassis qui se posa sur la main tremblante de la rouquine. Elle se figea et baissa les yeux. La peluche avait la tête basculée en arrière et ses boutons larmoyants reflétaient un étrange éclat. Lentement, elle tourna la tête et elle la vit.
L'étoile. L'étoile qui l'avait appelée depuis sa fenêtre, celle qui lui avait fait faire tout ce chemin. Elle brillait toujours, au sommet de la Pointe à l'Etoile.
-Regarde Cassis. . . L'étoile nous attend.
Pénéloppe attrapa le chaton bleu et le serra contre sa poitrine. Elle délogea ses pieds de la poudreuse et se remit en route, les yeux brillants.
Elle ne pouvait plus faire le moindre pas dans cette furieuse tempête, la neige lui montait jusqu'aux cuisses. Elle ne voyait ni l'horizon, ni devant elle. Tout ce qu'elle pouvait faire était de serrer Cassis contre elle pour le protéger. Il y avait tellement de vent et de neige qu'elle ne voyait plus l'étoile.
Pourtant, elle le savait, elle était toute proche.
Pénéloppe s'effondra dans l'épaisse neige, son visage virant du bleu au blanc. Cassis s'envola quelques mètres plus loin, la laissant seule et perdue.
Elle tendit désespérément son bras vers le petit chat bleu, le suppliant du regard de revenir. Sauf que les flocons le recouvrirent rapidement, l'empêchant de bouger. Sur ses boutons, des flocons s'étaient posés pour qu'il puisse pleurer.
Pénéloppe laissa son bras retomber brutalement, libérant des milliers de flocons. C'était terminé.
Une lumière apparue dans la tempête. Floue, elle s'approchait de la jeune fille piégée dans la neige. Petit à petit, elle se dessinait en une douce et élégante silhouette. Pénéloppe leva les yeux, et ils se réanimèrent une dernière fois. Ses prunelles vertes pétillaient, comme une forêt vierge qui abriteraient des étoiles par millier. Elle sourit :
- Regarde Cassis. . . L'étoile nous as attendu.
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