I
Pénéloppe ouvrit les yeux. La douce mélodie de la pluie contre son pâle visage l'avait réveillée. Ce n'était que quelques gouttes d'eau, celles qui tombent alors que le ciel est dégagé. Pénéloppe disait que c'était les larmes des fées qui étaient guidées par le vent, mais personne ne l'a jamais cru.
Elle redressa son dos et étira ses bras au-dessus de sa tête, avant de les croiser de nouveau sur le radiateur. Elle regardait par la fenêtre, récoltant sur sa figure tendre les gouttelettes. Ses longs cheveux, soufflés par une lourde brise d'automne, formaient un océan roux derrière elle, élégant et étincelant.
Pénéloppe regardait les pics des monts qui se dressaient devant elle. Elle aimerait tant traverser cette épaisse forêt rouge et or qui la séparait de ces pointes du paradis. La neige ne disparaissait jamais là-bas, les rayons du Soleil y allait en premier chaque jour pour essayer de faire fondre cette éternelle poudre blanche, en vain.
Pénéloppe aimait beaucoup cette grande maison de pierre, car elle pouvait voir ce paysage merveilleux depuis sa fenêtre. Certaines nuits, lorsque Morphée la refusait, elle regardait les montagnes et sa frontière boisée. Ça l'apaisait, et ce décor finissait toujours par lui donner son précieux sommeil.
La rouquine regardait le Soleil se faire avaler par les géants pointus. Bientôt, ses parents l’appelleraient pour souper, et elle devra se passer de cette vue. Cependant, elle sentait quelque chose d'étrange en elle. Elle cligna des yeux en recevant une goutte sur un cil.
Derrière les montagnes, le Soleil avait disparu, et pourtant, une lueur demeurait. Pénéloppe plissa les yeux. Une étoile ! Il y avait une étoile sur la plus haute pointe ! Elle en était certaine, jamais elle n'avait rien vu d'aussi scintillant, cela ne pouvait être que ça.
- Pénéloppe ! Le dîner est prêt ! cria sa mère depuis la cuisine.
La rouquine ne l'avait pas entendue, ses yeux étaient aveuglés par cette lumière. Elle ne pouvait plus s'en décrocher, ses iris verts brillaient avec elle.
- L'étoile. . . Elle m'appelle.
Une bourrasque fit s'envoler des feuilles mortes à l'intérieur de sa chambre, balayant ses cheveux en arrière et séchant les larmes de fées collées sur son visage. Rouges, jaunes, brunes, les feuilles virevoltèrent dans la pièce en une danse féerique. Pénéloppe poussa un cri en basculant par terre lorsque les danseuses filèrent. Elle se releva précipitamment pour les regarder s'envoler à travers la forêt, tout droit vers la montagne à l'étoile.
- Péneloppe ! Ta soupe va refroidir !
La jeune fille avait fermé la porte à clef et vidait son sac à dos de ses jouets sur son lit. Elle le remplit de sa veilleuse, de sa gourde pour les randonnées, ainsi que d'un paquet de biscuits qu'elle avait piqué dans la cuisine. Plusieurs fois, Pénéloppe balaya la chambre du regard, puis son sac. Que fallait-il prendre pour rejoindre une étoile dans une montagne ?
Elle rajouta son plaid, puis fixa Cassis. Longuement.
- Pénéloppe, qu'est ce que tu fais ?
Sa mère montait les marches, ses chaussons faisaient grincer le bois. Pénéloppe attrapa son chat en peluche bleu, ferma son sac, et arracha rapidement une feuille de son journal intime. Elle écrivit un petit mot à ses parents, pour ne pas qu'ils s'inquiètent, et enfila son ciré bleu.
La rouquine s'assied sur le rebord de la fenêtre, la tête penchée vers le sol qui se dressait à un peu moins de trois mètres sous ses pieds.
- Tu es prêt Cassis ? On va chercher une étoile !
Pénéloppe s'élança dans le vide, les yeux pétillants, un grand sourire illuminant son visage pâle.
Cher papa et maman ;
Ne me cherchez pas ce soir, je suis partie chercher l'étoile sur la grande montagne. Je ne sais pas quand est-ce que je vais revenir, alors ne m'attendez pas. Ne vous inquiétez pas, j'ai pas peur.
Je vous aime très fort.
Pénéloppe
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top