Histoire basée sur une photo (2/2)
Auteur : MysterioShaanmed
Un ancien skatepark :
Je m'appelle ▓▓▓▓ ▓▓▓▓.
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cri étouffé Je suis désolée, pleure j'avais oublié que je n'ai pas le droit de le dire, je ne le referais plus, pleure laisser moi une chance de me rattraper, je vous en supplie. pleure
Paroles inaudibles.
Merci, je vous assure que vous ne le regretterez pas, je vous le promets !
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Je disais donc, je suis un simple adolescent avec quasiment aucune différence par rapport aux autres. Du moins, jusqu'à une certaine date en novembre dernier.
Avec un groupe d'amis, nous avions entendu parler d'un ancien skatepark, aujourd'hui abandonné, quelques légendes circulaient sur celui-ci, certains auraient vu des fantômes sans visages et sans traits distinctifs, d'autres disaient que c'était un lieu de culte, mais la plus répandue, était la plus "banale", le skatepark, semblait se "réinitialiser" chaque nuit, tous les tags, graffitis, objets, animaux, voire personne qui étaient rajoutés au, déjà trop nombreux, tags existants, disparaissaient, comme par magie.
Comme nous étions jeunes, adolescent, curieux, et surtout, très, très con, nous avons décidé de faire le mur tous ensemble et de rester une nuit dans cet endroit. Vous l'avez certainement déjà fait, aller dans un endroit effrayant, entraînés, par vos amis, afin de montrer que vous n'avez absolument pas peur, n'est-ce pas ?
Le jour J, alors que la nuit était déjà totalement tombée, il était aux alentours de 23h, je suis arrivé à l'endroit convenu, juste devant l'espèce d'énorme bouche dénudée de dents qui servait, autrefois, d'entrée au skatepark. Voir ce trou béant qui semblait attendre mon entrée à l'intérieur pour se refermer sur moi me créa des sueurs froides, plus je la regardais, et plus je sentais mon courage s'émietter, je commençais à remettre en question mon choix d'être venue ici, alors que même la Lune elle-même, ne semblait pas pouvoir éclairer, ne serait-ce qu'un peu, les ténèbres envahissant les lieux. Je commençais à envisager de partir, de rentrer chez moi avant que quelqu'un n'arrive, et à réfléchir à ce que je pourrais inventer comme excuse pour expliquer mon absence. "Mes parents m'ont vue faire le mur et ils m'ont enfermé dans ma chambre. Je n'ai donc pas pu venir." Ça aurait certainement pu être une excuse suffisante, vous ne trouvez pas ?
Malheureusement, au moment où j'allais partir, le premier de mes amis est arrivé, très rapidement suivis des deux autres. Tant pis, je ne pourrais pas prendre la tangente. De toute façon, je dois stresser pour rien, ce n'est qu'un skatepark, fermé depuis des dizaines d'années, un soir de nouvelle lune, à l'approche de minuit, je m'inquiète pour rien, c'est sûr...
Une fois tous réunis, et après avoir allumé nos lampes torches, bien trop faibles à mon goût, nous sommes courageusement entrés dans ce sinistre skatepark. Je ne pensais pas devoir un jour associer ces deux mots...
Une fois passé l'espèce de tunnel qui servait d'entrée, l'endroit semblait... normal, des néons, dont au moins la moitié étaient éteints, étaient visible sur le plafond de la pièce, des graffitis et tags en tout genre tapissaient la quasi-totalité des murs, seuls quelque rares espaces vides demeurés visibles dans la partie éclairée de la pièce.
En voyant, cette simple salle, tout ce qui a de plus banale, sans fantômes, sans, ne serait-ce qu'une seule, trace montrant qu'une secte sanguinaire aurait pû s'installer en ce lieu abandonné, et en plus avec un éclairage plus puissant que nos ridicules lampes, nous avons poussés un soupir de soulagement, voyant notre réaction unanime, nous nous sommes mis à rire nerveusement, afin de finir de se rassurer, c'est à ce moment là que je me suis rendit compte que, à cause du stress, j'avais coupé ma respiration...
Nous avons éteint nos lampes torches, actuellement inutiles. Nous avons chacun sorti un drap, une couette, un sac de couchage et autres choses que nous avons réussi à piquer à nos parents afin de dormir dans cet endroit effrayant...
Mes amis, tombèrent, l'un après l'autre, telle des mouches, dans les bras de Morphée, je finis par m'endormir, moi aussi, quelques minutes plus tard, calmé par la vision de mes amis dormant tranquillement.
Le lendemain, au réveil, nous étions tous étonnés, nous ne nous attendions absolument pas à ça que nous voyons, rien n'avait changé... Enfin, presque rien, on n'aurait dit qu'on était revenu à l'époque où le skatepark était encore ouvert, des skateurs faisaient des figures sur les différents obstacles et rampes prévues à cet effet, les néons étaient tous fonctionnels et allumés et les murs étaient bien moins tagger que normalement.
En regardant d'un plus proche les skateurs, je remarquai qu'ils étaient assez étranges, comment expliquer ça ? Ils étaient... hum... ah oui, DES PUNAISES DE FANTÔMES !!! Euh, pardon, d'avoir crié, les skateurs étaient donc en fait, des fantômes, ou du moins, des êtres humanoïdes, transparents et nous traversant comme si nous n'existons pas.
Nous étions totalement effrayés en voyant la véritable espèce des occupants du skatepark. Nous avons couru vers la sortie, les fantômes ne semblaient même pas nous voir et ne firent donc aucun mouvement pour tenter de nous arrêter.
Arrivés à la sortie, nous avons remarqué qu'un être humanoïde nous bloquait le passage, il se mit à nous parler, il nous dit s'appeler "Le marionnettiste", et que nous allons bientôt rejoindre sa collection...
N'écoutant pas ce fou, nous avons continué notre fuite, mais, dès que nous sommes arrivés à l'air libre, nous avons été renvoyés à notre point de départ, sauf que cette fois, notre peau et nos habits étaient bien moins opaques... Mais nous avons continué d'essayer, jusqu'à la fin...
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Un dernier mot ? D'accord, comme je suis obligé, j'informe tous ceux qui entendrons cette histoire, qu'un nouveau spectacle de marionnettes a était créé par "Le marionnettiste", je vous invite donc à entrer vers 23h, dans l'endroit hanté le plus proche de chez vous, pour voir ce magnifique spectacle, extrêmement réel... Et mes derniers mots, seraient, "Vivez votre vie comme vous le souhaitais, mais, faites attention à ce que vous faites, vous pourrez avoir un sort bien pire que juste mourir..."
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Auteure : mangeur_de_livre
Extrait nouvellement écrit grâce aux images qui s'insère dans mon histoire en cours :
Orage
Plic... Ploc... Scraaatch ! Le ciel était noir, le brouillard avait envahi les ruelles de la ville côtière de Çeşme. Les seules lumières étaient celles, déchirantes, des éclairs, qui parsemaient les cieux. Le vent violent et déchaîné engloutissait tout sur son passage : les tables et les chaises des bars, les parasols et les tonnelles, les vêtements mis à sécher sur des cordes à linge. Tout. Même la malheureuse cabane qu'avait réussi à se construire Mikail à l'orée d'un champ. Pour parfaire cette scène de tempête, une pluie diluvienne s'abattit sur la presqu'île.
Dès la première goutte, le garçon était parti s'abriter dans sa cahute. Il avait essayé de boucher les trous pour que l'eau envahisse le moins possible son territoire, mais c'était sans compter sur les bourrasques qui avaient emporté la bâche qui lui servait de toit.
Le plus rapidement possible, il avait alors rassemblé ses affaires et les avait fourrées dans son sac. Il s'était ensuite dirigé en direction de la ville. Malmené, par le vent qui le déséquilibrait, il avançait péniblement entre les gouttes d'eau glacées, grelottant de froid.
Quand il arriva dans le quartier des bars, près du port, il trouva la petite place vidée de toute vie et les commerces fermés. Cherchant désespérément un abri, il finit par échouer sous le porche d'une villa. Il se recueillit dans le coin entre la porte et le mur. Les genoux repliés, son sac au-dessus et ses bras entourant le tout, le garçon se protégeait du froid et de la pluie.
Mikail resta dans cette position un long moment, il finit par s'endormir, en boule. Alors qu'il était dans les bras de morphée depuis une bonne heure, la porte sur laquelle il était appuyé s'ouvrit. Le dormeur s'écrasa à l'intérieur, sur les pieds d'un homme habillé d'un costume élégant et les clés d'une voiture de luxe en main. Alors que le jeune garçon tentait de reprendre ses esprits, le propriétaire le toisa avec méchanceté et haine, avant de l'insulter et de le menacer.
Sous les hurlements de l'habitant, le tchétchène s'enfuit, effrayé. Des flashs de souvenir ressurgirent. Il y vit son père et ses frères. Il revécut son agression, il entendit à nouveau les insultes et ressenti les coups. Alors que les images et les cris envahissaient son esprit, l'éphèbe paniqua. Ce n'était pas la première fois depuis qu'il était parti, que les événements l'angoissaient au point de faire des crises. Cependant, c'était la première fois que cela arrivait sous la pluie, dans le froid, sans musique. Ignora du mieux qu'il pouvait, l'angoisse qui pointait dans son ventre, il continua sa route.
Le cœur au bord des lèvres, la tête remplie de morceaux du passé, ses habits collant contre sa peau - hâlée par le voyage -, il courait. Glissant dans les flaques d'eau, sursautant à chaque éclair, il fuyait. Perdu.
A chaque pas, à chaque chute, l'angoisse grandissait. Son ventre se tordait un peu plus et les souvenirs se faisaient de plus en plus récurrents. A l'image d'un traître, son cerveau lui montrait en boucle les images oubliées, blessantes. Le rejet, les insultes et les coups.
Après une ultime chute, l'angoisse ne fut plus éludable. Elle avait à présent le contrôle de ses membres. Alors au milieu d'une zone industrielle désaffectée, dans un lieu inconnu, sous la pluie, dans le froid, ses quelques biens à peine en sécurité dans son sac, Mikail hurla, pour la première fois. Les larmes se mêlant aux gouttelettes de pluie, il laissa sortir un peu l'angoisse. Le jeune homme, habituellement si calme, si silencieux, se déchargeait d'un poids. Il criait des phrases sans trop de sens en tchétchène, il suppliait un dieu en qui il ne croyait plus, déversait sa haine et sa rancœur envers son père, envers son gouvernement, envers ses hommes qui l'avaient frappé. Il s'égosilla à en avoir mal à la gorge, à n'en plus pouvoir.
Quand tout le venin qui le hantait, fut éjecté, Mikail arriva, enfin, à se calmer. L'angoisse était toujours là, mais une partie de lui se sentait apaisée. Avant de reprendre son chemin, il observa l'endroit où il avait atterri. De vieux hangars l'entouraient, certains semblaient abandonnés. Alors qu'au fond de lui, la peur commençait à tenir compagnie à l'anxiété, il décida d'aller explorer l'intérieur d'un bâtiment à la recherche d'un peu de chaleur et de sec.
Dans un premier temps, il examina le bâtiment. La porte de service étant toujours ouverte, le jeune homme s'y glissa. Des bruits de roulettes se firent entendre, et il se colla au mur. Avançant doucement, il atterrit dans une grande pièce peu éclairée. Seuls quelques néons brillaient d'une lumière blafarde. Sur les murs bétonnés, des tags s'enchevêtraient. Alors que la peur et l'angoisse lui intimaient de partir, ses yeux lurent "Hope". Espoir. Épuisé, par les émotions qui le submergeaient, Mikail voulut y croire.
Au milieu du bâtiment, sur des rampes improvisées, trois jeunes skateurs s'amusaient. A la vue de ces personnes, le tchétchène, s'arrêta. Un dilemme faisait rage en lui, alimentant son angoisse. Celle-ci s'amusait à lui montrer des images de son agression, tout en changeant le décor pour qu'il ressemble au hangar. Alors qu'il allait repartir, l'un des sportifs l'aperçut et lui fit un signe amical de la main, l'invitant à venir se joindre à eux.
Hésitant et méfiant, le jeune homme les rejoint lentement. Des sourires et des checks l'accueillirent. Les trois skateurs échangèrent un regard inquiet puis dans une langue - qui lui étaient à nouveau inconnue - le plus grand donna des ordres aux deux autres. Ceux-ci s'enfuirent vers la zone non éclairée de la salle. Mikail se recroquevilla sur lui-même et commença à reculer. Le chef de la bande le regarda surpris, avant de comprendre. Avec des gestes lents, il essaya de l'apaiser. Ils ne lui voulaient pas de mal. Comme pour acquiescer ses dires, les deux autres arrivèrent avec une serviette et des habits qu'ils lui tendirent. Sous le regard médusé de Mikail, les trois frères lui dirent d'une même voix :
— Welcome to your new home, brother !
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Auteure :
Cher Journal,
Ça fait bien longtemps que je t'ai délaissé. Je n'avais plus besoin de t'écrire.
Pourtant, aujourd'hui, alors que tout va bien, il m'arrive de regarder dans le rétroviseur. Ai-je des regrets ? J'aimerais dire que non. Seulement, je me mentirais. Mon passé n'est pourtant pas si noir, si on y fouille bien. Mais je n'y vois que la pluie diluvienne et la grisaille. Je sais que l'avenir est radieux. Face à moi, le soleil brille sur mon chemin, me plaindre serait ahurissant.
Alors, pourquoi mes remords me rattrapent, parfois ?
Quand je te lis, je retrouve tous mes délires avec mes amis, mes sorties, nos moments de franche rigolade, les garçons sur qui je craquais – mon Dieu, qu'il y en avait. Ma vie semblait plutôt belle, si on se fie à tes pages noircies d'encre. Néanmoins, il reste ce que je ne t'écrivais pas. Je me demande encore pour quelle raison je te cachais ça. Certainement pour oublier. Mais la mémoire, elle n'efface rien. Elle range tout dans de petites cases de ton âme pour te ressortir des stigmates du passé quand tu t'y attends le moins. J'aimerais tellement pouvoir faire reset et tout recommencer.
Je me sentais si invisible. Oh, pas dans le sens où on ne me voyait pas. Ça, j'aurais préféré, qu'on me laisse tranquille, qu'on ne me brise pas. Ne pas te l'avoir raconté m'effraie, je masquais la vérité pour avoir moins mal. J'en viens même à me demander si mes souvenirs sont réels, puisqu'ils ne sont pas couchés sur ton papier. Ai-je imaginé tout ça ? Ou ai-je dramatisé ?
Mais si j'ai amplifié ce qu'ils m'ont fait, pourquoi ai-je si mal ?
Si l'amitié était présente, l'amour manquait toujours au rendez-vous. Entre ceux qui ne me regardaient pas et que je scrutais dans l'ombre, ceux qui ne me choisissaient pas pour diverses raisons, ceux qui mettaient un terme à une courte relation sans nous laisser une chance et sans donner d'explication.
Être sans cesse la bonne copine, c'est épuisant. J'en ai versé des torrents de larmes silencieux, en bâillonnant mon cœur qui hurlait. Faire semblant d'aller bien épuisait mon âme.
Que pouvais-je faire d'autres ? Ah oui, je sais. Oser. Oser aller vers les autres, mais, surtout, vers eux.
Pourquoi ne l'ai-je pas fait ? Je n'ai jamais été assez bien dans ma peau, tu devrais le savoir, quoi que. Des années à me formater pour me faire croire que je ne valais rien. Bravo, ça a fonctionné à merveille. Il leur fallait une tête de turc qui se laisse faire, ils l'ont bien trouvée.
Telle une intruse dans ma propre vie, j'ai avancé tête baissée pour me cacher. De toute façon, leur regard glissait sur moi pour s'arrêter sur d'autres. La pluie n'a cessé pendant des années, m'inondant sans que je ne puisse sortir le corps de l'eau. Penser qu'on ne vaut pas le coup vous écrase jusqu'à vous ensevelir.
Même lui, il n'a pas voulu de moi. J'espérais, j'en rêvais. Il y avait quelque chose, pourtant cela ne restait qu'illusion. Et moi, j'ai laissé le temps filer, sans rien tenter. La bonne copine, encore et toujours.
Et lui, aussi, que je suivais n'importe où. La pote, la rigolote, sans jamais l'envisager, je suis restée sur le carreau. En même temps, je n'ai jamais rien dit. Foutu confiance absente.
Puis, un beau jour, tes yeux se sont illuminés à mon passage. Tu t'es dit "pourquoi pas" et tu m'as conquise, me faisant oublier ma peine. Prudente, je tentais de ne pas m'attacher, des fois que tu prennes tes cliques et tes claques rapidement, comme les autres. Pourtant, tu t'es accroché, me laissant entrevoir la lumière au bout du tunnel.
Grâce à toi, j'ai abandonné la grisaille pour aller de l'avant, laissant mes tourments au loin. Tu m'as offert l'espoir, effaçant tout le noir.
Oh, tu sais, journal, les démons ne sont jamais bien loin. Ils se terrent bien au fond de toi, et resurgissent parfois des tréfonds. Faits l'un pour l'autre ou pas, nous nous sommes fait l'un à l'autre pour vivre quelque chose, même si cela ne m'empêche pas de me demander ce qui se serait passé si j'avais osé.
Quand je regarde le mauvais temps derrière moi, j'ai parfois le cœur qui se serre. Je me dis : et si ? Mais avec des si, vous connaissez la chanson. Ce qu'il faut retenir de tout ça, c'est que cette route que j'ai suivie m'a menée jusqu'à toi, je ne regrette aucun choix.
Quoi que...
Toi, tais-toi.
*
Faire fi du passé
N'est pas toujours chose aisée.
Il est si simple de se complaire
Dans une tristesse qui va de pair
Avec ce qu'on aurait pu réaliser,
Si, seulement, on avait osé.
Alors aux âmes blessées,
N'oubliez jamais d'exister.
Vous avez le droit d'avoir le cafard,
Mais prenez garde à ce qu'il ne vous accapare.
Si vous pensez replonger,
Pensez aux bons côtés.
Vous ne seriez pas ici,
Si le chemin tracé, vous aviez fui.
La question à se poser
Est "l'ailleurs aurait-il pu être meilleur ?"
Vous ne le saurez jamais
Car on ne revient pas en arrière.
Ce qui est fait est fait,
Pas la peine de rentrer dans cette galère.
Vivez l'instant présent,
Sans oublier l'avant,
Parce qu'il vous a construit,
Et fait de vous cet être accompli.
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Auteure : derenwriter
Mains dans les poches d'un blouson kaki et cheveux relevés en une queue de cheval abritée sous une casquette orange, une silhouette s'avançait dans la nuit tombante d'un pas assuré vers deux garçons.
— Vise-moi un peu la dégaine du nouveau ! ricana l'un d'eux.
— Hé ! Y a pas d'catégorie poids plumes ici, persifla l'autre.
— J'viens voir Arès.
— Et tu lui veux quoi exactement ? demanda un troisième qui venait tout juste d'arriver. C'est moi, Arès.
— J'veux m'battre.
À ces mots, les deux garçons éclatèrent d'un rire goguenard, mais se turent bien vite au geste de main de leur chef.
— Comment tu t'appelles, gamin ?
— Camille.
— D'accord, Camille, fit-il avant de dévisager froidement son interlocuteur. Tu sais qu'ici c'est pas pour les fillettes ? On cogne pour de vrai. Si t'es mis K.O., ça s'ra pas notre faute.
— Je sais.
— O.K., l'nouveau. Suis-moi.
Camille accompagna Arès jusqu'à un vieil hangar désaffecté, tandis que les deux garçons reprenaient leur poste de garde. À l'intérieur, une odeur rance de transpiration leur vint au nez, mais bien loin d'être incommodé, « le nouveau » n'eut aucun tic de désagrément. Cette odeur, il la connaissait. C'était celle qu'il retrouvait presque tous les soirs lors de ses entraînements clandestins. Où qu'il tourna son regard, il pouvait voir des garçons – plus ou moins âgés, mais tous ayant dépassé l'adolescence – en train de se battre ; tantôt à un contre un, tantôt à un contre plusieurs. Leurs cris d'effort et de douleur ricochaient en échos sur les murs tagués du hangar.
— Stamata !
La voix d'Arès claqua soudain, imposant à tous un silence quasi-religieux. Dès lors, un cercle se forma autour des nouveaux arrivants.
— Les gars... reprit Arès, on a un nouveau-
— Challenger, coupa Camille.
Tous les regards se braquèrent d'un coup sur ce dernier et une rumeur diffuse monta de la foule de jeunes.
Arès, – qui incarnait pourtant la figure absolue de l'autorité en ces lieux – ne fit même pas mention de l'affront qu'avait eu ce « nouveau » de lui couper la parole, trop stupéfait par ce qu'il venait d'entendre.
— Non, mais... tu dérailles ‽Est-ce que tu sais vraiment c'que ça signifie ‽
— Parfaitement.
Un silence de stupéfaction s'installa avant d'être brisé par un soupir contrit d'Arès.
— Comme tu voudras... Thanatos, challenger !
À ces mots, un jeune homme bâti comme une armoire à glace s'avança, perçant une allée dans le cercle de spectateurs. Lorsqu'il se trouva face à son « challenger », tout le monde put constater la nette différence de taille qui les opposait.
Comme Camille s'en était douté, les choses ne traînèrent pas. Une fois qu'Arès se fut éclipsé du cercle de combat, un premier gong retentit, et le dénommé Thanatos adopta aussitôt une position de garde, très vite imité par son jeune adversaire. Tous deux se jaugèrent du regard durant d'interminables secondes, déterminant quelle stratégie ils devraient employer pour venir à bout de l'autre. Un sourire carnassier fendant bientôt sa face, Thanatos passa la langue sur ses lèvres, faisant comprendre à Camille qu'il ne doutait nullement de l'issu du combat.
Enfin, le deuxième gong tant attendu résonna, déchirant l'air en même temps que le poing de Thanatos, prêt à fracasser la mâchoire de son adversaire. Camille se baissa au dernier moment et lui plaça un rude crochet au foie, soutirant des cris impressionnés aux spectateurs mi-fascinés, mi-effrayés. Touché au ventre, le jeune homme recula de quelques pas, grognant de douleur. Une main sur l'endroit endolori, il baissa la tête, ses paupières plissées et ses dents serrées.
Tandis que le jeune « challenger » reprenait place, son rival releva d'un coup la tête. Ses traits perdirent subitement toute apparence humaine. Se redressant de toute sa hauteur, Thanatos lança une nouvelle frappe.
D'un mouvement fluide de la tête vers la gauche, Camille eut juste le temps d'esquiver la droite qu'il lui envoyait, qu'un second coup venant d'un angle mort se logea en plein milieu de son visage, lui arrachant sa casquette. « Le nouveau » quitta le sol pendant une seconde avant de venir s'y écraser violemment.
Thanatos savoura l'éclat de défaite qui traversa les yeux noisette de Camille qui se relevait avec difficulté, à moitié sonné. Ses jambes tremblaient et ses mâchoires se contractaient douloureusement. Une pellicule de sueur couvrait son front alors que du sang coulait de son nez et de sa lèvre fendue.
L'esprit brumeux, Camille ne réagit pas lorsque son adversaire disparut de son champ de vision. Soudain, ses pieds décollèrent du sol et il sentit comme une énorme chaîne lui enserrer la poitrine. Thanatos le soulevait par derrière, entourant avec force tout son torse de ses énormes bras. Camille ne parvint bientôt plus à respirer. Baissant alors sa tête d'un air vaincu, il la releva brutalement, heurtant de plein fouet le visage de Thanatos qui, sonné par le coup, le libéra malgré lui de son emprise.
« Le nouveau » s'éloigna. À peine eut-il repris son souffle que déjà son rival lui envoya un puissant crochet dans un cri de rage. Alors, avec une vitesse fulgurante, Camille le para d'un coup de pied retourné tel que le grotesque poing vint s'abattre au beau milieu du visage de son auteur. Sous le choc, Thanatos partit en arrière pour venir lourdement s'étaler au sol, assommé.
En dépit de sa cheville endolorie, Camille se releva, essoufflé, sous un tonnerre d'applaudissements et de cris de joie.
— Bien joué, gamin ! T'as bien mérité ta place dans l'club ! Comment tu veux qu'on t'appelle maintenant ?
— Athéna.
Un silence d'incompréhension s'abattit soudain.
Tous les yeux étaient bloqués sur le vainqueur.
— Euh... Athéna... ? répéta Arès, incertain.
« Athéna », un sourire narquois au coin des lèvres, ôta son blouson pour venir le nouer à sa taille, dévoilant ainsi un débardeur noir. Elle retira ensuite l'élastique qui maintenait ses cheveux avant de secouer nonchalamment la tête de gauche à droite. Une abondante chevelure châtain vint se déposer en cascade sur ses épaules dénudées.
— Ça t'va comme réponse ? lança la jeune fille dans un sourire triomphant.
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