Confrontation lors d'un escape game (2/2)
Je suis à l'intérieur d'une espèce de grotte artificielle. Le trou par lequel je suis rentré s'est écroulé dès que je suis passé...
Il y a pleins de choses étranges ici, une porte semblant être faite en or, il y a d'innombrables verrous, lettres, chiffres et dessins étranges sur les murs. Et pire que tout ! Un abominable homme-lynx ! Ciel. Quoi ? C'est vrai. Ciel... Ok, il semble mignon, il a un pelage doux, c'est amusant de voir ses oreilles et sa queue bouger. Mais, c'est juste un connard orgueilleux...
Et ne me sors pas que c'est parce qu'il a vécu des choses horribles et tout le bordel, je m'en fiche royalement...
J'allais te dire te trouver comment sortir d'ici et que ça n'a pas l'air bien dur, pour moi... Mais, c'est vrai aussi.
— "Ciel... exactement celui sur qui je ne voulais pas tomber..." L'autre gamin à fourrure vient de me remarquer.
— "Parce que tu crois que ça me fait plaisir ? Vraiment quel manque de pot qu'on soit tombés... ensembles... Le conteur ! Bordel ! C'est sa faute !"
Bien sûr que c'est lui. rire Qui veux-tu que ça soit d'autre ?
L'autre bête semble avoir, lui aussi, compris ce qu'il se passait. Sûrement parce que je viens de presque tout expliquer en criant... Ce n'est parce qu'il est plus jeune qu'il est forcément stupide... Je ne dis pas ça pour... je ne dis pas ça que parce qu'il est plus jeune...
Je commence à farfouiller dans la masse d'objets éparpillés un peu partout à la recherche de quoi ce soit d'utile. Mais comment savoir ce qui l'est réellement ? Une cuillère en argent, une toupie en cuivre, une dent en or, un cadenas... qui flotte dans le vide et sans clé... On est censé trouver quoi enfin ?
Besoin d'aide mon amour ? Évidemment que oui ! Eh bien... demande à Lins... Jamais ! Tu ne pourras pas sortir sans son aide et il ne sortira pas sans la tienne...
...
Bordel !
— "Lins." Je crache. "On doit s'entraider... à priori on ne peut pas y arriver en solitaire..."
Il se retourne vers moi assez étonné.
— "C'est l'autre parasite qui t'as dit ça ?" demande-t-il inquiet avant de continuer sur un ton bien plus arrogant. "Ou alors tu as enfin compris que tu ne pouvais rien faire tout seul..."
— "Il a un nom et ce n'est pas un parasite !" En fait, si, c'est le cas...
— "Et toi, si tu ne veux pas m'aider alors tais-toi !"
D'accord, mon amour, je me tais, jusqu'à ce qu'on soit sortis. Par contre... j'ai quelques informations que je me dois de te donner avant...
Je sens son sourire légèrement carnassier résonner le long de mon corps.
— "Et quoi donc ?" Ma voix n'est qu'un murmure inaudible, ce qui n'est pas grave, vu qu'il est dans mon corps...
Le temps total est de deux heures, le sablier montre le temps restant. Lorsque le compte à rebours est terminé, toute la grotte s'effondra et on mourra. Je frissonne à ces mots prononcés sur le même ton qu'une banalité. Puis, on ressuscitera et ça recommencera... jusqu'à ce que vous nous sortiez de là. Bonne chance à vous deux !
— "Attends ! Oublie ce que j'ai dit ! J'ai... on a besoin de toi !" Ma voix est tellement paniquée que même Lins tremble en me voyant comme ça. Mais, c'est trop tard. Il a dit qu'il ne parlerait pas jusqu'à notre sortie et comme il ne peut pas mentir... on est dans la merde jusqu'au cou...
— "Il se passe quoi Ciel ? Il a dit quoi ?" Plus une trace d'arrogance dans sa voix ni une seule insulte... il a compris dans quelle situation on est...
— "En résumé, on est dans une espèce de boucle temporelle de deux heures et si on ne sort pas à temps, on va mourir écrasés, puis ressusciter, et ce, jusqu'à ce qu'on arrive à sortir... et on ne pourra pas y arriver sans s'entraider..."
Je me serais très certainement moqué de la tête qu'il fait, si on n'était pas dans ce pétrin sans nom... Je lâche quand-même le coup de grâce à sa morale dans un souffle :
— "Et, il va nous laisser nous débrouiller tout seul. Il a dit qu'il ne prononcera plus un seul mot tant qu'on ne sera pas sortis de cette grotte."
Son visage est blafard et ses yeux semblent déjà vides de vie, je dois sûrement être dans le même état d'ailleurs... On sait tous que le mensonge est une des rares choses que mon parasite ne sache pas faire, même quand il a un corps humain, alors sans...
— "Bon, déjà, il faut voir combien de temps il nous reste et trouver des clés et trouver lequel ou lesquels de ces milliers de trucs servent à quelque chose..." Il semble essayer de se motiver, de nous motiver ? en cherchant un peu partout quelque chose d'utile. Même si vu tout ce qu'il y a, à moins qu'il y ait écrit "indice important" dessus ou quelque chose dans le genre, on va avoir beaucoup de difficultés...
— "Au moins, pour le temps restant, je sais comment le savoir. Il me l'a dit, c'est le sablier là-haut." Je pointe un sablier en cristal qui semble flotter à quelques centimètres du plafond et dont le sable est rouge vif. Plus de la moitié du temps est déjà passé...
— "J'ai une idée !" Crie soudainement l'imbécile en sautant en direction du sablier... Il monte via JeNeSaisQuoi que je ne peux pas voir, une espèce d'échelle j'imagine ? Au moins, ses yeux servent vraiment à quelque chose, c'est sûr...
Il le tape avec une de ses griffes, voulant sûrement le retourner.
Le sablier se brise en mille morceaux et le plafond de la grotte nous tombe dessus...
— "Je sens que ça va être très long..." Je murmure avant que la roche transforme mon corps en une espèce de crêpe...
Mayarahnee (Avec les héroïnes des tomes 1 et 2 de sa trilogie)
— Holden ! Ouvre cette porte !
Nouveau soupir quand l'écran de mon portable se fige, pile au moment où j'allais remporter la partie. Foutue connexion ! C'est pire qu'un tunnel, cet endroit !
— Vous l'ouvrirez vous-mêmes, quand vous aurez trouvé la clé. Enseeeemble ! clame l'intéressé.
Énième soupir alors que l'asperge vocifère des insultes à travers la porte. Je n'imaginais pas son vocabulaire aussi fleuri, et retiens distraitement quelques idées dont je pourrais m'inspirer, à l'occasion.
J'aurais dû m'attendre à un traquenard du genre. Les jumeaux ne proposent plus de sorties à quatre depuis que j'ai accepté de causer hobbies avec Liv – paraît que les autopsies ne font pas partie des sujets préconisés pour nouer des liens entre nanas. Mais si Tobias a toujours eu l'air de s'en tamponner, Holden en revanche m'a souvent affirmé que les choses changeraient. En l'occurrence, qu'il s'arrangerait pour nous enfermer, elle et moi, dans le bureau factice du faux manoir d'un défunt général bidon.
— Raah, je crois qu'on obtiendra pas gain de cause... ronchonne la brune en se décollant enfin de la porte.
Peu concernée, je hausse les épaules en relançant une partie de solitaire.
— Le mieux, c'est qu'on trouve la solution de l'énigme, ajoute-t-elle, soudain happée par le tableau représentant les trois îles imaginaires prétendument découvertes par le maître des lieux.
— Ouais.
Le silence s'abat dans la pièce. Avec une méticulosité navrante, Liv scrute un à un chaque objet de la pièce, revient sur ses pas, fait des « mmh », des « ah ! » et des « pfff », balance ses bras d'avant en arrière, colle son pif sur la vraie statue du faux général.
Et merde, ma partie plante encore !
— Tu m'aiderais à chercher, Meghan ?
Agacée, je lève les yeux. Ne peut m'empêcher de noter le rictus tordu qu'elle affiche toujours quand elle lutte pour rester polie.
— Pas la peine, je sais où est la clé.
— Pardon ? hoquète-t-elle, visiblement estomaquée face à mes talents de détective. Où ?!
Réprimant l'envie furieuse de loucher sur le tiroir du socle de la statue, je me concentre avec force sur la cascade de cheveux sombres encadrant son visage.
— Si je te le dis, ton mec trouvera qu'on a pas passé assez de temps ensemble. Épargne tes méninges et détends-toi, ok ? Je gère.
J'ajouterais bien « Fais une sieste » mais je doute que la politesse soit appréciée.
Dépitée, l'asperge s'affale sur le fauteuil en incendiant du regard la porte close.
— « On va passer un super moment ! » fulmine-t-elle à voix basse. Bordel, Holden, je vais tellement te défoncer...
— Hum. Loin de moi l'idée de juger votre vie sexuelle, mais si tu pouvais m'épargner les détails...
Coupée dans ses promesses tordues, la brune me lorgne avec sidération pendant que je range mon portable. Puisque la connexion est pourrie, autant trouver un nouveau jeu... Et avec ses jambes ridiculement longues et son petit nez en trompette, Liv elle-même ne pourrait nier qu'elle incarne une cible de choix.
— Tu te goures, on en est pas encore là, lui et moi..., articule-t-elle avec aigreur avant de tenter : la clé est derrière un tableau, c'est ça ?
Euh... quoi ?!
— Comment ça, vous en êtes pas encore là ?! je m'écrie, indifférente à la tonalité suraigüe qui s'échappe d'entre mes lèvres.
— Enfin, si..., corrige Liv en roulant des yeux, inconsciente du cataclysme qu'elle vient de provoquer. Mais pas dans la réécriture, quoi.
— Mais qu'est-ce que vous glandez ?! Il vous faut un mode d'emploi ou quoi ?
Surprise par l'expression catastrophée que je ne cherche même pas à dissimuler, la prude a au moins la décence de paraître gênée.
— Ben c'est la patronne qui décide, nous on suit juste le scénario...
— Attends, t'es en train de me dire qu'au niveau actuel de réécriture de vos niaiseries, là, vous avez toujours pas tiré votre coup ? Et c'est censé arriver quand, au juste ?
— J'ai... signé une clause de confidentialité là-des..., balbutie l'autre, de plus en plus rouge.
— Dis-moi au moins qu'on s'en approche !
— Euh...
— Sans déconner ?! Maya procrastine encore, putain ! Mais elle compte le terminer avant la ménopause, son "projet" ? Elle sait que je m'emmerde, toute seule dans le placard, en attendant qu'elle revienne enfin sur un truc plus intéressant ?! Quelle foutue égoïste, tiens !
Ulcérée, j'en profite pour déverser mon fiel sur les clones Rivera, et particulièrement celui que je m'envoie, qui ne m'a rien dit alors qu'en bon squatteur du premier tome, il est forcément au courant que je vais encore rester dans l'ombre un moment !
— Qu'est-ce que j'y peux, moi ? me coupe soudain Liv avec une moue plaintive.
— Déjà, arrête d'être aussi pénible, ça fera des vacances à plein de gens. Ensuite, va falloir prendre le pouvoir, ma vieille. On s'en fout, du scénario, t'es l'héroïne, merde ! Invoque la puissance du personnage, les turpitudes du hasard, n'importe quoi ! j'assène avant d'affirmer, sans aucune preuve tangible : Maya s'adaptera !
— Je ne peux pas faire ça ! riposte-t-elle, agaçante de raison et de frousse.
— C'est toi qui vois. Tu veux ton débile dans le prochain chapitre ou dans le vingt-huitième ?
L'asperge marque une pause, piquée par la provocation. Elle a beau me sortir par les yeux, j'admets que cette facilité à la mener est vachement pratique. Pour peu qu'Holden soit du même acabit, on peut envisager un coït avant que la coincée n'ait les nibards qui tombent.
Argh, les images, merde...
— Le prochain..., souffle enfin Liv, autant vaincue par sa libido frustrée que mes arguments imparables.
— Bieeeen ! je m'exclame en m'avançant vers la statue, avant d'ouvrir le tiroir et récupérer la clé planquée dedans. On va commencer par sortir de ce trou et se prendre une bonne bière, et ensuite je t'expliquerai un ou deux concepts fondamentaux sur l'inconséquence des personnages de roman. Tu verras, c'est pas dif... Non mais arrête avec ton petit sourire, là, on est pas potes, hein !
Cette fois, c'en était trop : elle s'était à nouveau fait avoir ! Elle n'aurait même dû être là, avec ce type. Un dimanche, en plus ! Les dernières heures du week-end, avant une semaine bien chargée. C'était trop injuste !
Le type en question ; c'est Damien. Enquiquineur de première persuadé de tout savoir mieux que les autres.
Les voilà maintenant, enfermés, tous les deux, dans une pièce bien trop petite – et bordélique par-dessus le marché – à son goût.
Cela faisait de longues minutes qu'ils tournaient en rond, chacun de leur côté, à la recherche du moindre indice qui leur permettrait de sortir d'ici.
Sarah avait finit par comprendre qu'elle n'allait pas pouvoir s'en sortir seule. Ils étaient obligés de coopérer. Pour cela, elle allait devoir commencer par lui adresser la parole. Elle jeta un regard par dessus son épaule, remarqua qu'il était en train de fouiller une poubelle pleine de pages de journal déchirées, avant de revenir avec un soupir à peine réprimé sur cette lettre codée qu'elle tentait de déchiffrer depuis bien trop longtemps.
Au pire, elle se savait aussi capable de patienter une heure. Elle pouvait tout aussi bien décider de ne rien faire, attendant qu'on leur ouvre au bout du temps réglementaire.
Par contre, Damien risquait de devenir encore plus insupportable après ça. Elle le connaissait : il n'hésiterait pas à se moquer : répétant qu'elle était incapable de résoudre le moindre petit problème.
Le pire dans toute cette histoire, c'est qu'elle était persuadée que comprendre de quoi parlait cette lettre leur permettrait de trouver tous les autres indices nécessaires ; mais la clé pour déchiffrer ce code se trouvait probablement dans cette pile de journaux déchirés.
Combien de temps leur restait-il ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Ce n'est qu'un instant plus tard, qu'elle entendit la voix du game master, à travers le talkie-walkie qu'ils avaient posé sur une table au centre de la pièce, les prévenir qu'ils ne leur restait plus qu'une demi-heure.
Elle allait encore devoir le supporter trente minutes ! C'était trop long. Il était hors de question de rester là, sans ne rien tenter.
Elle rit intérieurement à son propre énervement, elle qui pensait pouvoir patienter ! Tu parles !
Sarah quitta finalement le coin qu'elle avait occupé, avant de se diriger vers la pile pages déchirées que Damien avait jeté de côté. Elle en ramassa autant qu'elle le pouvait, avant de retourner à son poste de déchiffrage.
— Hé ! s'exclama-t-il. Qu'est-ce que tu fais ?
— Je nous sors d'ici, lui répondit-elle. J'ai besoin de ces journaux pour déchiffrer ce truc, ajouta-t-elle en agitant le bout de papier en l'air.
Damien marmonna quelques paroles incompréhensibles avant de lui tendre le reste du contenu de la poubelle.
— Tiens, si t'as rien d'autre à faire, je te passe le reste ; il y a des mots qui sont surlignés sur certaines pages.
Si elle n'avait rien d'autre à faire ! Mais lui aussi n'avait rien d'autre à faire ! D'ailleurs, elle n'aurait pas été aussi inoccupée ailleurs : elle avait toute une saison d'une nouvelle série à visionner, du linge à accrocher (la machine à sécher était cassée), le repas du lendemain à préparer , et un minimum de ménage à faire : pour un dimanche après-midi, ce n'était pas si mal.
Au bout de quelques minutes, ils parvinrent finalement à comprendre de quoi parlait cette lettre ; ce qui leur apporta aussi de nouveaux indices, et les mena vers un coffre cadenassé. En fouillant le reste de la pièce, ils purent mettre la main sur plusieurs clés ; il leur suffisait de toutes les essayer avant de trouver la bonne.
D'indices en indices, en mettant leur trouvailles en commun ; ils décelèrent de plus en plus clairement, la façon dont le scénario s'était construit. Ils jouaient le rôle de deux enquêteurs s'étant fait piégés par un dangereux criminel, qui les aurait enfermé dans une pièce avant de, probablement, se débarrasser d'eux. Ils découvrirent que cet individu avait à nouveau l'intention de frapper ; ils devaient, à tout prix, l'empêcher d'agir !
Mais pour cela, ils devaient trouver l'identité de la future nouvelle victime, et tenter de la prévenir. Il y avait un ordinateur portable dans cette pièce ; il pouvait leur être utile. Pour cela, il fallait d'abord trouver le mot de passe.
Cette histoire était si prenante que Sarah finit par ressentir une forte dose d'adrénaline ; elle était prise dans l'urgence de la situation. La mise en scène était parfaite. C'était presque mieux que le visionnage de la série qu'elle avait prévu de voir.
La dernière victime fut sauvée in extremis, le coupable fut arrêté. Enfin Damien et Sarah, parvinrent à trouver le moyen de s'échapper de cette fausse cave, quelques secondes à peine avant la fin du temps réglementaire.
Ils furent accueillis par une salve d'applaudissement de la part de leurs amis qui les attendaient à l'extérieur.
Sarah et Damien échangèrent un coup d'œil : ce n'était pas si mal finalement. Ils ne purent retenir le premier sourire qu'ils échangèrent. Le premier depuis de longs mois.
Au fond, Sarah ressentait aussi un énorme soulagement ; elle n'en pouvait plus de leurs disputes.
C'est à la fin de la soirée, après avoir partagé un repas dans leur pizzeria favorite, que Damien vint voir Sarah en lui tendant une main.
— On enterre la hache de guerre ?
— C'est pas de refus, lui répondit-elle en acceptant la poignet, scellant la promesse d'une amitié renouvelée, et plus solide.
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