Il est 17h.
Enroulée dans ma serviette, je parcours les pièces de cette maison devenue trop grande pour moi. Je relève un à un les cadres que j'avais renversé pour ne plus voir ton visage d'ange. J'ai mal. Mais je suis soulagée. J'avais besoin de cette acceptation. D'accepter le fait que tu ne reviendrais pas. Que tes rêves d'avenir étaient terminés. Tu ne seras jamais pompier. Tu n'auras jamais trois enfants et un chien. Tu ne vieilliras pas à mes côtés. C'était à toi de m'enterrer. Pas l'inverse. Pas comme ça. Mon amour. Mon enfant. Comment une vie peut elle si brusquement cesser alors qu'elle avait à peine commencée ? Neuf ans. Voilà tout ce que tu as pu connaître de la vie. Mon fils, tu ne me présentera jamais la femme de ta vie. Je ne viendrais pas garder tes enfants lorsque tu auras besoin de vacances. Tu étais le troisième homme de ma vie. Mon père est décédé sans que je puisse apprendre à le connaitre. L'amour de ma vie est parti sans laisser de traces lorsqu'il a apprit que tu vivais au fond de mon ventre. Et toi tu as été emporté sans que je puisse te dire au revoir. Suis-je destinée à perdre un à un tous les hommes qui comptent pour moi ? Toi, mon cœur. Surtout toi. Tu avais la vie devant toi.
J'arrive dans ma chambre. Je m'affale sur mon lit encore défait de ce matin.
Il est 18h.