Prologue ; sens de la Plénitude
Sentir l'osmose avec son âme. Comme apprécier la simple sensation que procure le simple moment, survenu au milieu d'une vie tourmentée. Aucune douleur dans la chair, la sérénité permet aux yeux d'avoir leur parfaite ouverture. Et la respiration... La respiration est douce, à chaque inspiration, la prochaine est espérée et profonde. Onctueuse comme une pommade appliquée sur les cicatrices de l'esprit. Une sensibilité accrue et c'est dans ces moments que l'art est le plus justifié. On écoute une chanson, accro aux basses et aux aiguës, essayant de dénicher jusqu'au plus petit beat, au plus petit sample au fond de ces harmonies. Même un triangle, le doux clinquement du métal froid, est perçu et compris dans sa grande utilité. Mots, phrases, de style ou pour la rime, c'est ça d'apprécier le bonheur de l'opération millimétrée et réfléchie. Ces sonorités psychotropes, l'âme s'élève et il n'y a pas lieu de parler d'illicite. C'est le pays des merveilles. La dope de l'âme en mal de sensibilité.
Le visage seulement illuminé par la froide lumière de l'écran, on tente de créer la simplicité et le choix des mots peut être épineux. Mais il faut choisir au plus juste, se concentrer seulement sur le résultat. L'excitation de la création. Il est beau de croire que c'est la première fois que des mots se sont agencés de cette manière, dans ce but et avec cette signification. Et puis, cette synergie soudaine qui se crée entre les briques de ce mur, cette toile complexe, c'est... unique. C'est reposant. Simple, olympien, doux, limpide, paisible, sain, impavide. Plaisant.
C'est souvent dans l'obscurité que beaucoup de choses se dévoilent. Par la fenêtre, la grande tranquillité du ciel uni, au premier abord, fait son apparition. Soudain, se détache une petite étoile, minuscule d'ici bas, boule de gaz magnifique et mortelle dans les nues, tragiquement temporelle. A quoi serviront les éléments qui partiront de son noyau au quatre coins de l'univers? A une autre forme de vie. Et d'où viennent les nôtres? Poussières d'étoiles contemplant les étoiles.
Elle a disparu du champ de vision, c'était simplement un avion. Comme quoi, de loin, il est difficile de différencier des objets pourtant aux antipodes. Des nouvelles questions nocturnes s'ajoute à une liste bien chargée. Mais jamais trop.
Enfin, lâcher le clavier, se lever, quitter le cocon, la chrysalide qu'on avait construit autour de la bulle de sérénité. Agripper le rebord de la fenêtre. Le regard tourné vers le ciel, des questions et des sons qui tournent dans la tête, perfection infinie du moment, une ultime chanson planante dans le Marshall. Le frisson slalome entre les poils, les dressant de surprise les uns après les autres, ensemble. Ce sentiment de globalité.
C'est donc ça La Plénitude au final?
Ou marcher dans des rues sombres, dénuées de la lueur jaune des lampadaires à cette heure avancée de la nuit. Sentir au fond de son crâne le tourbillon des pensées sans fil qui coulent ensuite en paroles, sans distinction. Les pieds s'avancent l'un après l'autre de manière purement mécanique : c'est la dernière préoccupation, à ce moment là. Pourquoi ce soir est-il si fructueux en profondeur alors que l'esprit est si peu contrôlé ? Peut être que le partage de l'instant a quelque chose à voir. Peut être que ce sont certains liquides qui diluent la perception. Tout ce qui était tût, tout ce qui était ignoré volontairement, ou pas, est exprimé. C'est si simple, de le dire. Une osmose presque parfaite entre les âmes qui permet la libération de ce qui était prêt à sortir, au bord des yeux. Alors la poitrine se gonfle d'émotions, les larmes ont besoin de s'échapper pour beaucoup de raisons et aucunes à la fois mais la peur de briser l'aparté est forte. Ce qui importe ici ce n'est pas la pureté des sensations, des mots, des pensées, des sentiments. C'est l'intensité dans laquelle ils s'expriment. Ces instants de discussion à la belle étoile ne sont pas censés être parfaits. La plénitude n'est pas censée est synonyme du bonheur.
La plénitude, c'est la force, c'est l'ivresse de l'esprit et c'est la pommade qui apaise ensuite.
La plénitude, ce sont des fragments de vie qui comptent et qui revêtent un caractère presque sacré dans les souvenirs.
Est-ce qu'il faut donner une définition de la plénitude ? Pas nécessairement, elle est expérimentée par tous les Hommes. Certains l'appelait l'Idéal, d'autres, peut être, l'Utopie. Ici ça sera la plénitude et elle adopte le sens qu'on lui donne.
Oyasumi
お休みなさい
:)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top