Chapitre 25 La fin est arrivée partie 2
Le coeur battant de peur et d'anxiété, Luna monta un long escalier et arriva enfin à une porte renforcée. Elle remarqua immédiatement la forme d'une paume sur le mur, alors elle combattit ses craintes et elle posa sa main dessus.
D'un coup, l'énorme porte s'ouvrit sur une grande pièce circulaire. À droite, une table avec des chaises longeant un long mur. Du côté gauche, plusieurs interfaces surplombés par une grande baie vitrée qui permettait de voir le chantier ainsi qu'une grande rivière de liquide or.
Il n'y avait aucune trace de fantômes dans les parages ni d'autres parasites de ce monde, seulement un squelette couché sur le bord de la baie vitrée. Luna s'approcha et se rendit compte que lui non plus n'avait pas de signe de combat. Il avait probablement été tué par un fantôme.
― Mais, comment un fantôme aurait pu mettre les pieds jusqu'ici? La rivière d'or les éloigne. Qu'est-ce que tu en penses, Arbol?
Puis il y eut un silence et Luna sentit une grande douleur dans sa poitrine. Elle aurait voulu crier et se tordre de douleur. Mais aucun mouvement, aucune position ne pouvait lui redonner le réconfort dont elle avait besoin. Le supplice qu'elle ressentait s'intensifia jusqu'à devenir insupportable. Les yeux fermés, Luna laissa couler une larme. Puis, après un certain temps, l'émotion s'estompa légèrement lui permettant d'inspecter cet endroit insolite.
Il y avait plusieurs interfaces toujours ouvertes et prêtes à être utilisées. Sans réfléchir, Luna tapota les boutons sans comprendre ce qu'elle pouvait bien faire.
D'un coup, un mécanisme s'activa faisant un grand bruit, ce qui effraya l'aventurière. Subitement, un dispositif sur la portion droite du mur leva des panneaux les uns après les autres laissant découvrir des fenêtres qui faisaient face à la cité. Luna s'approcha lentement et y regarda en espérant y voir quelque chose.
Malheureusement, elle ne voyait rien, c'était le noir total, alors elle rebaissa les murs à l'aide du même bouton de l'interface et d'un coup, des lumières au plafond s'ouvrirent, laissant voir à Luna des écriteaux fixés aux murs. Ceux-ci avaient été peinturés et non gravés. Cependant, sans l'influence humaine ou de n'importe quelle origine, les graffitis n'avaient pas perdu de leur splendeur. Intrigué par ces inscriptions Luna se mit à lire ces symboles:
Je tiens à m'excuser pour ce que j'ai fait. Si un jour quelqu'un voit cela, je veux qu'il connaisse mon crime, mais aussi qu'il comprenne que tout ceci n'a jamais été mon intention. Après une centaine de jours prisonnier de cet endroit, je me suis fait à l'évidence que je n'allais pas survivre. J'ai balancé mes collègues par la porte après qu'ils soient morts de chaleur. Je ne pouvais plus sentir leur odeur, alors au péril d'écourter ma vie, je les ai balancés dans l'escalier. Chaque fois que j'ouvre cette maudite porte, la chaleur pénètre dans la salle. Une chaleur intense qui a décimé le Pantéon en entier. Je ne peux plus ouvrir les fenêtres, car il fait trop chaud et je ne suis plus capable de regarder. Je ne peux pas observer en face ce que j'ai fait. Je suis vraiment navré. Je ne sais pas quand le prochain humain mettra les pieds ici. Dans cinquante ans ou même cent ans. Le monde aura changé d'ici là et j'espère qu'il aura changé pour le mieux.
Je sais que ce que j'ai fait est mal. Mais la fin justifiait les moyens. Je me nomme Pueblo. Je suis un représentant de Bosquexuberante. Depuis longtemps j'ai remarqué que le Pantéon servait toujours son peuple avant celui des autres. Cet endroit est corrompu et mon peuple doit savoir qu'ils sont libres de faire leurs propres choix. Chaque monde devrait avoir plus de pouvoir. Ainsi, ils seront mieux servis que s'ils suivent les indications votées au Pantéon. Pour retirer le pouvoir au Pantéon et le redonner aux dirigeants de chaque monde, mes collègues et moi avons décidé de montrer la voie à chacun. Pour cela, il fallait que chaque peuple voit la vraie nature du Pantéon en vivant des difficultés qui leurs sont propres. Ils auraient vu comment le Pantéon les aurait rejetés. Comment il aurait fait profiter son peuple avant les autres. Ils auraient vu la corruption et la lenteur du système avant qu'il ne vienne à leur aide.
Alors, nous avons modifié le paramétrage des sphères. Aucune d'entre nous ne connaissait l'ingénierie derrière celles-ci et nous pensions que leur fonctionnement serait facile à comprendre. Nous avons pris la décision de trafiquer chacune d'entre elles à l'exception de la sphère destinée au Mundovida, à cause du sarcofagovida qui doit être disponible pour tous et à cause du peu de gens qui vivent dans ces montagnes sacrées. Alors, nous avons changé les paramètres de chacun des soleils sans savoir ce qu'elle faisait. Malheureusement, nous sommes prisonniers de cet endroit depuis la permutation. Nous savions que le temple de la création nous protégerait contre toute éventualité.
Nous ne pensions pas voir la ville prendre feu. Rapidement le système s'est mis en alerte et la porte du temple de la création s'est verrouillée jusqu'à ce que la température revienne à la normale. Les gens se sont rués vers le temple, en espérant y trouver un abri. On espérait qu'ils y arrivent avant la fermeture finale de la porte. Aucun ne s'est rendu, ils ont tous brûlé vifs devant nos yeux. Un spectacle que je ne souhaite à personne de voir. Nous n'avons pas eu le choix de fermer les fenêtres et de rester dans cette salle climatisée. Lentement, la température du temple en entier s'est élevée laissant juste cette salle à l'abri. Je sais que je ne reverrai personne vivant. J'espère juste que les autres mondes ont su surmonter les difficultés. J'espère qu'ils ont monté des gouvernements séparés les uns des autres qui s'occupent seulement de leurs affaires. J'espère que j'ai réussi la révolution.
Luna serra les dents, puis elle accourut vers le corps inerte sur le bord de la fenêtre avant de lui donner un coup de pied dans le torse.
― Non, pauvre idiot! Tu n'es qu'un abruti qui a détruit les mondes dans tes modestes ambitions. Il n'y a plus de gouvernement. La seule chose que tu as réussie, c'est de séparer ce qui était uni. C'est de ta faute! Tout est de ta faute!
La jeune femme donna un autre coup de pied au mort et elle se mit à crier de toutes ses forces. Une rage intense avait pris possession de son corps. Comment se contrôler en sachant ce que cet homme avait fait aux générations qui le suivirent? La montagne empoisonnée, la grande bouche, les mangeurs de chair et les fantômes. Tout était la faute d'une poignée de séparatistes qui avait joué avec quelque chose qui les dépassait. Cela enrageait Luna qui sentit une haine si intense qu'elle en pleura de colère. Cet assassin avait tué Arbol! Cela lui semblait inadmissible!
Cet homme méritait le plus grand châtiment pour ces actes. L'émotion de l'exploratrice devint si intense qu'elle frappa le sol de ses mains à plusieurs reprises. Puis, elle se mit à crier de rage jusqu'au moment où elle n'eut plus de voix. C'est alors qu'elle commença à reprendre son calme. Après plusieurs grandes respirations saccadées adossées à l'interface, Luna regarda le pauvre cadavre et avoua après avoir longuement réfléchi:
― Même si je te défais en morceaux, tu ne sauras jamais ce que tu as fait. Tu ne sauras jamais le mal que tu as occasionné. Tu n'auras jamais aucune idée de l'étendue de la souffrance que tu as infligée. M'acharner sur toi ne changera rien, car ce que tu as fait est fait. Il n'y a pas de retour en arrière. Il n'y a pas de rédemption pour toi. Même si je m'acharnais, je ne peux pas changer ce passé lointain. Mais cela ne fait pas diminuer ma haine. Sans toi, Arbol serait toujours vivant!
Sur ces mots, Luna pensa un instant que sans cet homme, elle n'aurait jamais fait la connaissance d'Arbol, car elle aurait été sortie du sarcofagovida bien avant la naissance de son meilleur ami. De plus, sans la présence de Luna, Arbol serait mort suite à un éclair.
Toutefois, toute ces pensées ne pardonnaient en rien les actions de cet individu et de ses collègues insouciants.
L'aventurière inspecta alors les interfaces qui s'affichaient devant elle. D'un coup, elle vit une sphère holographique apparaitre devant ses yeux. Plusieurs chiffres apparurent en même temps qu'une icône importante. L'icône d'une substance noire clignotait en rouge. Luna la diminua jusqu'à ce qu'elle devienne verte.
Puis, elle réduisit l'intensité de la chaleur des sphères. Le paramètre antitoxique se trouvait aussi en alerte, elle l'abaissa dans le vert. Elle fit de même pour tous les paramètres jusqu'à ce qu'un pourcentage en haut à gauche approche le cent pourcent. Toujours en suivant les recommandations suggérés, Luna termina sa séquence en apposant sa paume sur l'une des interfaces. D'un coup, une sphère trempée se leva devant elle. Des mécanismes firent apparaitre des éclairs qui frappèrent l'étoile frénétiquement.
Un jeu de lumière surgit et la sphère tourna sur elle-même. Sur l'interface, il était écrit "Préparation en cours. Veuillez patienter". Luna attendit longuement, près d'une journée entière pendant laquelle elle resta complètement inerte à regarder l'étoile en préparation. Les douleurs infligées par les fantômes la faisaient énormément souffrir. Son corps était engourdi et ses genoux pleins de sang brûlaient à chaque mouvement. Sans eau ni nourriture, l'attente fut des plus pénible. Mais, rien de cela n'égala la douleur de la perte que l'aventurière venait de vivre. La douleur, au début intense au moment de la mort d'Arbol, ne perdit point de vigueur. Elle resta presque invivable jusqu'à la fin.
Après une attente interminable, les éclairs s'arrêtèrent. La sphère était prête et un mécanisme la descendit sur un chariot volant. Luna resta immobile pendant un instant, trop blessée pour bouger. Cependant, l'inaction ne lui rendait pas le bonheur. Elle savait qu'elle devait continuer. Péniblement, elle descendit les escaliers et trouva l'étoile neuve sur le chariot. Celle-ci fut plus resplendissante et plus apaisante que n'importe quelle sphère qu'elle avait vue. Alors, la jeune femme poussa le chariot qui déplaça le soleil à travers les couloirs de l'immense temple jusqu'à atteindre la grande porte d'entrée. D'un coup, Luna s'arrêta. Elle regarda l'ouverture où elle avait tant pleuré, puis elle dit:
― C'est le moment de vérité...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top