Chapitre 15 Les peaux grises partie 2
Les activités de Luna ne prirent pas beaucoup de temps pour attirer l'attention de Lamentar qui demanda:
― Qu'est-ce que tu fais?
― Mourir dévorée par ces monstres est vraiment un triste destin que je compte éviter à tout prix. Je ne veux pas mourir. Alors, je me bats. C'est ce que je fais.
― C'est inutile.
― Comment peux-tu dire ça? demanda Luna en continuant de travailler. Tu te fais peut-être à l'idée que tu vas te faire manger, mais moi je compte que ça n'arrive pas. Je vais sortir d'ici. Je veux partir. Ma vie avant était bien mieux. Je préfère être seule que de vivre dans cet enfer. Je veux partir et pour cela, je dois m'enfuir. Je dois travailler fort. Je vais sortir d'ici. Si tu veux vivre aussi. Tu devrais m'aider à délier ces liens.
― Cela ne sert à rien, reprit Lamentar.
― Ils ne m'attraperont pas cette fois-ci. Je vais courir plus vite et je vais me cacher. Il le faut. Je dois réussir.
― Ne comprends-tu pas? Je croyais que tu ferais le lien plus rapidement. Avec tes connaissances. Maintenant, cela fait tellement de sens. Tu n'iras pas loin. Tu n'auras pas le temps de sortir de cet endroit que l'événement aura lieu.
― Quel événement?
― Je ne peux pas le dire. C'est trop tragique pour les plus petits.
― Le festin dans lequel ils seront le repas? Je crois qu'ils en savent bien assez.
― Non, pas cela.
― Bien quoi?
Luna réussit finalement à défaire une maille et en poussant assez fort sur la porte, elle fut en mesure de se glisser entre les deux morceaux de bois.
― Tu sais, reprit Luna. Je m'en moque. Je quitte ce monde sordide.
― Non, reste. Tu vas faire plus de mal que de bien.
Luna n'écouta pas l'avertissement de Lamentar. Tout ce qui comptait, c'était elle et Arbol. Le déni qui opérait dans sa tête la persuada de prendre la fuite et de laisser les pauvres jeunes à leur triste destin. Alors, l'exploratrice se faufila entre deux interstices et réussi à s'enfuir. Cependant, elle n'avait pas remarqué que ses activités avaient attiré l'attention de l'un des mangeurs de chair qui poussa un cri en la voyant fuir. La majorité des peaux grises se levèrent et se lancèrent à sa poursuite. Luna courut le plus rapidement possible. Elle espérait se rendre à la lisière de l'autre monde avant que les abominations ne l'attrapent. Cependant, elle avait négligé la vitesse de ces monstres. En peu de temps, de longs doigts attrapèrent son bras, puis un autre attrapa sa jambe.
― Non! Non!
Les monstres se mirent à plusieurs pour l'immobiliser. Rapidement, la fugitive fut mise au sol. Aussitôt, elle s'écria:
― Arbol! Aide-moi!
Son compagnon la regarda se débattre, puis il se tourna vers ses congénères en criant:
― Aidez-nous! Je vous en prie! Aidez-nous! Faites quelque chose. Sauvez-la! Vous devez faire quelque chose! Vous devez avoir entendu la malédiction! Le soleil doit être réparé pour arrêter la fin des temps. Pour arrêter ce carnage. Seule Luna peut réparer le soleil. Seule elle peut nous sauver. Faites quelque chose!
L'esprit s'adressait aux arbres, mais ceux-ci ne répondirent pas. Ils restèrent de marbre.
― Je vous en prie, réitéra l'être spectral.
Mais rien ne se produisit. À l'exception d'un esprit qui apparut pour regarder. Le torse bombé, il observa Luna se faire trainer par les peaux grises. Il ne dit rien, puis son regard croisa celui d'Arbol. Il resta de marbre, même si l'entité spectrale lui demanda de nouveau:
―Je... vous en prie.
Sous les cris déroutants de son hôte, Arbol suivit les peaux grises qui retournèrent au campement. Ils immobilisèrent leur victime près d'un grand feu. Luna, avait-elle précipité sa fin? La jeune femme comprenait que sa tentative de fuite avait signé son arrêt de mort. C'était la fin de sa quête. Une longue péripétie qui, malgré elle, laissait plus de questions que de réponses.
― Non! Je ne veux pas mourir. Lâchez-moi! Lâchez-moi! se plaina l'aventurière.
Mais, les monstres la tinrent bon. Elle resta au sol un bon moment, jusqu'à ce qu'elle arrête de se débattre. Puis, une peau grise ouvrit une cage et sortit un enfant. Celui-ci fut tiré d'un côté, puis d'un autre. Violemment, le jeune fut trainé jusqu'au feu lui aussi. Il pleurait, car il savait ce qui allait se produire par la suite. Luna, elle resta au sol, immobilisée sur le dos, une larme à l'oeil, puis elle chuchota:
― Non. Pourquoi?
Les monstres immobilisèrent le petit garçon qui cria:
―Ne me mangez pas! Ne me mangez pas vivant!
Cependant, ses plaintes n'affectèrent pas les mangeurs de chair qui se préparèrent à se garnir l'estomac de membres humain. Arbol tourna le regard, puis il remarqua plusieurs esprits d'arbre qui regardaient, peinés par la scène qui allait se dérouler. Est-ce qu'ils regardaient à chaque fois ce triste rituel? Ceux-ci disparurent d'un coup, juste avant que le premier mangeur de chair ne prenne sa première morsure sur la cuisse du petit garçon. Toutefois, cette première morsure n'eut pas lieu, car une peau grise s'éloigna des arbres et se mit à crier. Aussitôt, toutes les créatures se tournèrent vers la forêt et pour la première fois, Luna aperçut la peur dans leurs yeux. Quelque chose de plus terrifiant qu'eux venait d'arriver. Les fantômes...
Apeurés par ces monstres sans chair, les peaux grises ne purent faire autrement que de prendre la fuite. D'un coup, Luna fut libéré de ses liens. Elle leva la tête et aperçut quelques mangeurs d'âmes marchant lentement dans leur direction, déterminés à enlever la vie à toute chose qui croisait leur chemin. Immédiatement, les yeux de Luna se tournèrent vers les jeunes prisonniers dans leur cage. Elle ne pouvait pas les laisser là. Elle ne pouvait pas les laisser se faire enlever la vie sans avoir la chance de courir.
― J'ai le temps! dit Luna.
― Non, lui avisa Arbol.
Il était trop tard, l'héroïne se leva debout et elle accourut vers la première cage en criant aussitôt:
― Lamentar! Viens m'aider.
Le jeune homme la regarda faire. Il hésita un moment, puis il prit une décision. Il sortit de la même façon que Luna l'avait fait précédemment, puis il ouvrit la porte de la cage de Gritas. Ensuite, il accourut à la prochaine cage.
― Vous êtes libre, cria Luna en ouvrant une première prison.
Puis elle alla à une deuxième, puis une troisième. En peu de temps elle réussit à ouvrir la dernière cage. L'enfant à l'intérieur sauta dans ses bras en la serrant de toute ses forces tandis que les larmes coulaient le long de ses joues. À cet instant, l'exploratrice se tourna pour voir la scène. Les fantômes dominaient ce lieu sordide par leur présence. La plupart des enfants avaient réussi à prendre la fuite, mais d'autres n'avaient pas eu cette chance. Quelque corps de jeunes enfants se trouvait sans vie au sol. Puis, Luna aperçut Lamentar, immobile au centre du campement.
― On s'en va! cria Luna.
― Allez-y sans moi! dit étrangement Lamentar.
― Non! Qu'est-ce que tu fais?
― Je suis désolé!
Sur ces mots, Lamentar prit la fuite en direction des mangeurs de chair. Pendant ce temps, le petit garçon tira sur les vêtements de Luna pour prendre la fuite en direction des fantômes.
Luna n'aimait pas cette situation, mais elle avait plus de chance avec les mangeurs d'âmes. Ils étaient un mal qui sévissait moins rapidement que les peaux grises. Alors, après avoir vu Lamentar se sauver en direction des mangeurs de chair, l'héroïne prit la fuite en direction des agents de la mort.
Une lune rouge sang se leva dans le ciel, éclairant d'une faible lueur la grande forêt qui baignait dans la noirceur. Luna courut dans l'obscurité, en espérant au plus profond d'elle de ne pas croiser de fantômes. Elle suivit le petit garçon qui semblait savoir où il allait. Il courait à toute allure et après un long moment, il finit par ralentir la cadence.
― Où m'amènes-tu? demanda Luna.
― Je retourne à la maison.
― La communauté?
― Oui. La communauté nous protégera.
Luna arqua le sourcil, apparemment, la communauté n'avait jamais su sauver des prisonniers. Alors, elle douta qu'elle puisse vraiment les protéger. L'aventurière passa une rivière, puis les hautes herbes et enfin à sa grande surprise, elle vit des flammes. Elle s'approcha, puis elle remarqua un grand espace aménagé. Elle y était enfin arrivée. C'était sans nul doute, la communauté. Une communauté d'enfants qui avaient construit des tentes très rudimentaires. Elle y était enfin arrivée... À la communauté.
Cependant, les idées de Luna se tournèrent rapidement vers Lamentar. Elle se demanda pourquoi il avait pris la fuite du mauvais côté. Pourquoi n'était-il pas retourné vers la communauté? Qu'est-ce qui lui était passé par la tête? Elle ne put y réfléchir longtemps, car une marée d'enfants criant "C'est la sauveuse" se rua sur elle.
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