Chapitre 11 Sur la chemin de la montagne partie 2

Luna prit une pause pour s'habituer à l'odeur nauséabonde d'œuf pourri. Puis, elle continua son chemin en cherchant la petite tribu. Cependant, l'immensité de la chaîne de montagnes rendit la tâche plus compliquée qu'espérée. L'aventurière chercha et chercha de nouveau, mais elle ne trouva rien parmi les centaines de pics montagneux.

― Nous sommes perdus, angoissa Arbol.

― C'est impossible. Je suis sûr d'avoir déjà vu ce pic.

― Cela peut paraître surprenant, mais il est facile de se perdre en montagne.

― Tu parles comme si tu étais un fin connaisseur. Tu n'as pas plus voyagé que moi.

― Je fais seulement un constat selon mon expérience. Nous sommes perdus.

― Non, non. Ne dis pas cela. Nous ne sommes pas perdus. Nous allons nous retrouver.

― Crie, peut-être quelqu'un va nous entendre.

― Je ne vais pas crier.

― Tu ne veux pas retrouver ton chemin? Tu as la faculté de crier? Fais-le!

― Non! Je ne veux pas crier.

―Qu'est-ce que tu as à perdre ? Nous sommes perdus dans ces montagnes nauséabondes.

― C'est bon. Si je crie, tu arrêteras de pleurnicher?

― Seulement pendant un court temps.

― Bon, j'y vais. Hey! Il y a quelqu'un! Ohé! Est-ce que quelqu'un m'entend? Nous avons besoin d'aide!

Il n'y eut aucune réaction. Le paysage resta sinistre et Luna ne pouvait rien faire pour y remédier outre que de marcher en espérant trouver quelqu'un. Mais, il n'y avait plus personne. Elle ne croisa ni humain ni arbre. Elle rôdait dans un désert puant. Sans joie ni espoir. Elle était simplement là, à se demander quand pourrait-elle sortir de cet enfer sordide.

Puis, après avoir longuement marché, Arbol attira son attention avec un air un peu anxieux.

― As-tu remarqué ça? demanda l'esprit.

L'exploratrice regarda autour d'elle en espérant que son ami n'ait pas distingué la trace de la grande bouche ou même d'un fantôme. Cependant, c'était loin d'être cela que l'esprit avait aperçu. Intrigué par ce qu'il voyait, l'esprit s'approcha d'un arrangement en forme de hutte de pierre.

― Ce n'est qu'une structure dans la montagne, lui dit sa compagne.

― Ceci n'est pas un agencement usuel. Je ne pense sincèrement pas que ce soit naturel. Tu pourrais entrer à l'intérieur et t'allonger.

― Crois-tu vraiment que des humains ont fabriqué ces huttes? Nous avons vu les constructions humaines, elles sont bien plus splendides et grandes.

― Cependant, la nature ne recrée pas aussi souvent des structures identiques. Regarde!

Derrière une crevasse se trouvaient des dizaines de ces agencements. Cela intrigua Luna qui ne savait pas quoi penser de ces étranges installations. Pourtant, des humains vivaient toujours dans ces montagnes et aucun n'avait fait mention d'un autre clan. La jeune femme s'approcha de ces étranges structures et elle s'amusa à regarder un à un l'intérieur. À chaque fois, elle remarqua qu'il y avait assez d'espace pour coucher un humain, voire même plusieurs. Cela pouvait réellement être d'anciennes maisons.

C'est alors qu'en inspectant l'une des demeures, Luna se rendit compte de quelque chose d'inusuel. Une structure prisonnière à même le sol. La jeune femme s'y approcha et aperçut des courbes qui lui rappelèrent la position d'un bébé. Dès ce moment elle se leva et ses pupilles s'agrandirent.

― Qu'est-ce qui se passe, Luna? demanda Arbol qui avait senti une peur subite.

La jeune femme se calma rapidement et se pencha de nouveau sur l'étrange structure.

― Ceci, Arbol, est probablement le corps d'un humain.

― Je ne crois pas, j'en ai aperçu plusieurs depuis que nous avons mis les pieds ici.

― Vraiment?

― Oui, regarde ici et là. Ce serait étrange que des êtres qui pouvaient se mouvoir aussi vite soient tous morts en même temps.

― Tu as raison, Arbol. C'est étrange, mais ce sont bels et biens des corps humains. Tous morts ici. Pourquoi les cadavres ont-ils été laissés au milieu même de ce village?

― Sauf si cela n'est pas un village, mais plutôt un cimetière.

― Si cela avait été le cas. Pourquoi n'ont-ils pas tous été posés dans les petites maisons? Pourquoi en déposer au centre de ce que je crois être un village?

Luna se mit elle-même au centre et aperçut dans cette crevasse un pan de montagne absent qui permettait bien de voir le soleil et toute la splendeur qu'il pouvait amener.

― Si c'est vraiment un village. C'est un peu déroutant. Je ne me sens pas complètement à l'aise.

― Tu as raison, Arbol. Ne nous attardons pas ici.

Le duo reprit la route à travers la montagne verte en laissant derrière eux ces mystérieux cadavres qu'ils avaient découverts. Une portion de la jeune femme espérait ne pas partager le destin de ces individus d'une autre époque.

L'adolescente vagabonda pendant une journée entière. La faim et la soif commencèrent à la tenailler, la poussant à chercher des vivres. Heureusement, une mare d'eau se présenta sur son chemin. Assoiffée, l'exploratrice se jeta sur le liquide qu'elle porta à sa bouche immédiatement. Cependant, l'odeur nauséabonde et le goût du soufre la firent régurgiter tout ce qu'elle avait mené à ses lèvres. Elle détestait cet endroit et n'éprouva qu'un sentiment lorsqu'elle marchait entre les vallons de ces montagnes, de la haine. De la haine pour cette odeur, de la haine pour ces roches qui lui écorchaient les pieds et de la haine devant cette assurance que la fin du monde existait bel et bien. Après avoir marché et marché entre les pics, Luna se mit à crier de nouveau, puis de nouveau. La panique s'empara de son être à mesure qu'elle comprenait qu'elle s'était perdue dans ce vaste monde sans aucune chance de sortir de là. C'est alors qu'Arbol eut une idée.

― Ne perdons pas de temps à chercher la tribu. Nous devrions nous concentrer sur le temple.

L'adolescente hocha la tête et leva les yeux vers le ciel. Le soir approchait et le soleil indiquait une direction. Luna s'y approcha le plus qu'elle le put. Avec très peu d'information, elle essaya de se positionner sur le chemin que l'astre parcourait. Elle l'observa ensuite devenir une lune. Les rayons étaient à peine visibles derrière les grands pics des montagnes. Alors, l'exploratrice se coucha pour prendre un somme. Les lèvres sèches, le ventre vide, l'aventurière ne put réellement prendre du repos. Tout son corps la faisait souffrir et chaque respiration lui semblait être une lutte. Elle ferma ses yeux en espérant tout de même qu'elle arriverait à s'endormir. Le temps se mit soudainement à prendre de la vitesse, signe qu'elle réussissait à s'endormir pendant des cours moments. D'un coup, la lune fit un long trajet et Arbol s'approcha d'elle en lui disant calmement:

― Nous devons nous remettre en route.

― Oui, répondit Luna en se frottant les yeux.

La jeune fille, fatiguée, plaça ses mains devant son visage pour arrêter la lumière perçante de la lune qui passait au-dessus de sa tête.

― Dépêche-toi, Luna. Nous devons trouver le zénith, lui dit Arbol.

L'exploratrice suivit la lune, mais le déplacement dans la montagne la nuit était difficile. Les roches glissaient sous ses pas et la lumière manquait pour trouver les points d'appui. Cependant, l'adolescente n'abandonna pas. Elle monta une montagne et descendit une deuxième. C'est à ce moment qu'elle réalisa que la lune avait passé le point de son zénith. La jeune femme baissa alors les bras. Elle regarda autour d'elle, puis elle avoua à Arbol.

― Nous ne trouverons jamais le temple. C'est si grand ici. Le zénith est si large et la montagne si énorme. L'entrée, elle, est si petite. Nous cherchons une porte dans une chaine de montagnes. Elle peut se trouver n'importe où. Nous pourrions mettre une vie à la chercher.

― La fin du monde n'arrivera pas demain. Nous avons le temps.

― Je ne suis pas un arbre, Arbol. Je dois activement manger et boire. Il n'y a rien ici. J'ai mal à la tête et je me sens si épuisée. Nous n'y arriverons jamais. Je déteste cet endroit, Arbol. Tu m'entends? Je déteste cet endroit!

Les mots de Luna frappèrent les montagnes et rebondirent dans un écho. En entendant sa voix lui revenir à elle, l'adolescente put s'empêcher de crier sa haine. L'écho de sa colère se fit entendre à travers la montagne. Puis, l'exploratrice s'effondra au sol. Elle n'en pouvait plus. Arbol la regarda tristement et mit sa main sur son épaule en lui chuchotant:

― Repose toi, mon amie. Tu dois reprendre des forces. Je crois en toi, Luna.

L'aventurière resta impassible jusqu'à ce que le sommeil vînt la capturer. Elle ne se réveilla que le lendemain en poussant des éternuements. Dès qu'elle ouvrit les yeux, elle maudit immédiatement cet endroit de malheur. Toutefois, sa colère avait momentanément passé. Elle s'apprêtait alors à repartir à la recherche du temple. Calme et paisible, Luna se mit en marche. Toutefois, cette fois-ci, elle entendit un bruit étrange. Un bruit venant directement des montagnes. C'était une voix. Une voix qui l'appelait. Une voix qui disait son nom. La jeune femme regarda la montagne pendant un moment, puis elle regarda Arbol qui haussa les épaules.

― Je n'ai pas entendu cela pendant la nuit, avoua son compagnon.

― Est-ce un piège?

― Je ne sais pas.

L'aventurière haussa les épaules et regarda de nouveau la montagne. Puis elle avoua:

― Cet écho peut venir de n'importe où. Je ne trouverais jamais son origine.

― Peut-être vaut-il mieux ne pas y répondre.

― Ou au contraire, il serait peut-être mieux.

Luna mit ses mains pour former un cône et cria:

― Hey!

Puis, la montagne appela de nouveau:

― Luna.

― Hey! Je suis là! cria de nouveau l'aventurière.

La montagne continua de l'appeler. Alors, la jeune femme s'approcha de la source de l'écho. Elle marcha et marcha en direction de ce son qui l'appelait.

― Est-ce que tu crois, Arbol, que c'est la montagne qui me parle?

―Je ne sais pas, Luna. Tout me semble possible en ce moment.

Pris d'une lueur d'espoir, Luna avança plus vite en direction de l'un des flancs. Toutefois, même si elle avait beaucoup marché, la montagne semblait rester toujours aussi loin. Pourtant, elle continua:

― Luna... Luna...

Intriguée, la jeune fille continua de marcher. Malgré la douleur et le désir de s'arrêter, elle continua. Elle espérait y trouver des réponses à ses questions et à ses problèmes. Cependant, la faim et la soif eurent raison d'elle. Luna fut obligé de s'arrêter et au même moment, son nom arrêta d'être appelé par la montagne. Assoiffée, l'aventurière s'arrêta devant une source d'eau chaude. Il y émanait une vapeur nauséabonde. Obliger par la force des choses, la randonneuse s'abreuva à cette source dégoutante. Cependant, l'eau était si mauvaise que l'exploratrice ne put en boire qu'une seule gorgée qu'elle fit entrer de force. Presque immédiatement, les maux de ventre se firent sentir. Était-ce une bonne idée de goûter à cette eau malgré les circonstances extrêmes? C'est alors que d'un coin de l'oeil, Luna aperçut un mouvement. Elle s'approcha tranquillement, puis elle remarqua un petit être qui marchait dans sa direction.

― Luna! cria la silhouette.

L'aventurière n'était pas certaine de ce qu'elle voyait, mais c'était bien lui. Enfermo l'avait retrouvé!

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