CHAPITRE 7: Mercredi 12 mai/1
J'étais allongé dans mon lit, les yeux grands ouverts. Dans le noir, je m'amusais à fixer l'écran aveuglant de mon téléphone jusqu'à ce que l'article devienne flou puis, je clignais des paupières et quand ma vision redevenait claire, je relisais la page web une nouvelle fois.
_ Faire des cauchemars de façon répétée peut être le signal que quelque chose ne va pas dans votre vie, dans votre tête. Bien qu'indispensable à la santé psychique, des cauchemars à répétition peuvent être le signe d'un déséquilibre.
Il serait possible que les cauchemars servent à simuler des menaces afin de nous aider à nous y préparer ou encore de nous aider à évacuer des menaces passées.
Le rêve revient encore et toujours parce qu'il faut agir._
De nouveau j'ai attendu que ma vision se brouille mais cette fois j'ai pressé le bouton et l'écran s'est éteint.
J'ai posé le téléphone sur la table de nuit et dans un froissement de drap je me suis tourné vers la fenêtre.
Pensif, j'ai observé l'éclat blanc de la lune traverser le fin voile de mes rideaux
et projeter l'ombre de la fenêtre sur le mur.
Le matin même j'étais retombé sur cet article. Il m'avait paru plus clair qu'un mois auparavant, je rêvais de noyade, c'était peu être la conséquence d'un traumatisme d'enfance.
Au petit déjeuner j'avais donc interrogé Jinette pour lui demander si je n'avais pas un jour manqué de me noyer.
Elle m'avait ri au nez :
_ Toi ? Sûrement pas, je ne t'ai jamais vu dans l'eau.
Contrit par mon résonnement qui s'avérait faux, j'avais décidé de reporter mes réflexions sur le sujet à plus tard afin de me pencher sur ma seconde problématique.
Ce n'étais pas anodin, cette lettre que je recevais. C'était même carrément flippant.
Quelqu'un m'écrivait cette lettre d'adieu à la suite de ma mort et je la recevais aujourd'hui alors que j'étais vivant. Si on écartait l'idée d'un simple canular, il y avait deux possibilités qui se dessinaient, cette lettre parlait de mon futur ou bien de mon passé.
J'ai écarté la première option parce que que rien que d'y penser elle me glaçait le sang.
J'ai donc préféré imaginer que c'était l'histoire d'une autre vie.
A force de retourne cette lettre dans tous les sens j'avais eu une illumination. Et si depuis le début tout était lié ?
Je me souvenais de la vison que j'avais eu chez Dupont ou je me voyais épicier, amoureux d'une fille qui s'appelait Samantha et qui travaillait comme serveuse dans un bar. Malheureusement notre relation se trouvais bien vite fragilisée par le tourment que nous causaient nos secrets respectifs alors nous avions fait le pari d'être le premier à découvrir le secret de l'autre. Les éléments que j'avais eu dans la lettre ne faisaient que renforcer l'idée que tout était relié puisque que la femme qui écrivait portait le même prénom et parlait d'un pacte de secret.
Parallèlement dans le cauchemar j'avais mal, je tombais, je me noyais dans la mer, je me sentais incapable d'appeler à l'aide. J'écoutais mon cœur ralentir doucement. Puis même en me réveillant les symptômes de noyade me poursuivaient encore, comme pour me monter l'importance de ce cauchemar, pour me forcer à le comprendre.
Il était là pour me pousser à réagir, à comprendre le véritable enjeu de ce qui se tramait. Les non-dis de ces secrets me pourrissaient toujours de l'intérieur.
Personne n'avait gagné et maintenant le pari des secrets courait toujours.
Dans le silence de la chambre, je me suis frotté les yeux avec le dos de ma main.
Avec cette fille, Samantha on se rencontrait de nouveau sans savoir qu'on se connaissait déjà. Seul son parfum de Lilas subsistait, le Lilas, Syringa vulgaris, le souvenir d'un amour ancien. Ce n'était pas anodin.
J'ai repoussé la couette jusqu'au bout du lit et en me recroquevillant j'ai fais glisser mon coussin au sol. Puis roulant sur le dos, les yeux grands ouvert j'ai observé le plafond.
Mes pensées se portèrent sur la relation étrange que j'avais avec cette fille, Samantha.
Je lui avait proposé ce café hier et je ne pouvais pas m'empêcher d'y repenser. Qu'est ce que j'allais bien pouvoir lui dire si elle acceptait? Je me retrouvais à me poser les même questions que la première fois ou j'avais invité une fille au cinéma.
La relation confuse entre nous me mettait mal à l'aise, on ne se connaissait pas et pourtant il y avait une part de moi qui associait toujours nos interactions à un possible jeu de séduction. Ça me dérangeais.
Il y avait aussi cette histoire de brosse à dent que je devais régler. Ce matin j'avais encore été forcé de me brosser les dents avec une brosse à dents rouge. Je ne comprenais pas d'ou me venait ce toc, depuis quand la couleur d'une brosse à dent me mettait-elle dans tous mes états ?
Je commençais à avoir froid alors j'ai remis ma couette, j'ai récupéré le coussin au sol et je me suis roulé en boule dans mon lit.
C'était bizarre ce silence, je ne m'habituais toujours pas à cette absence de cauchemar.
Je n'entendais rien.
Pourtant il y avait bien le petit ronflement du chat qui dormait sur un pull sous l'armoire, les bruits rassurant des nuits d'été et le vrombissement d'une voiture qui passait de temps en temps dans la rue. Finalement quand c'était trop calme, j'entendais tout les sons qui m'entouraient.
_ Tic !
Je me suis brusquement redressé, tout mes sens en alertes.
Le bruit qui m'avait fait sursauter s'est répété une nouvelle fois. Un bruit léger, discret comme quelque chose qui aurait frappé contre le carreau de la fenêtre.
Dans l'attente, j'ai écouté le cœur battant mais je n'ai plus rien entendu.
C'était sans doute une mouche qui s'était prise la vitre.
Dans un soupire lasse, j'ai reposé ma tête sur l'oreiller, j'avais les épaules tendus, le cœur serré et les yeux secs. Peut être qu'un verre d'eau me ferait du bien.
_ Tic !
De nouveau le même bruit. Ce n'était pas une deuxième mouche, c'était plutôt le bruit d'un gravier lancé contre la vitre. Cette fois je suis resté un quart de seconde assis au bord de mon lit à me demander si il n'était pas préférable de faire le mort.
Puis finalement, avec curiosité, j'ai fini par me lever. J'ai tiré les rideaux et ouvert la fenêtre pour me pencher à l'extérieur.
_Y'a quelqu'un ?
Personne ne me répondis et sentant l'inquiétude monter en moi je frissonnais.
_Dupont ? ai je de nouveau appelé.
Est ce que c'étais quelqu'un qui s'amusait à me faire peur ? Me suis je demandé.
Les lampadaires de ma rue s'éteignant à minuit, dans le noir je ne voyais rien. Je ne voyais personne. Soulagé j'ai reculé pour fermer les battants de la fenêtre.
_ Aïe ! me suis je soudain exclamé à mis voix.
Je venais de recevoir un gravier sur le front.
_Qui est là ! ai je demandé de nouveau penché à la fenêtre.
J'étais prêt à parier que c'était Dupont qui voulait juste m'énerver.
_ Mattéo? a t' on soudain demandé.
Je connaissais cette voix, c'était celle de Samantha.
_ Mais qu'est ce que tu fais chez moi? ai je chuchoté.
_ Je suis venu pour discuter, m'a t' elle répondu d'un ton sec qui traduisait l'évidence.
Je tombais des nues.
_ Là, comme ça... au milieu de la nuit? Tu t'es crue dans un film ? Et puis t'es folle, tu veux me casser la fenêtre avec tes petits cailloux ? Tu pouvais pas attendre demain, les gens dorment la nuit ! ai je dis à demi voix.
Un silence est passé.
_ Pas tous, tu vois nous on est là à se parler, a t' elle répliqué.
_ Je dormais avant que tu me réveille.
Même si c'était faux, son audace me laissait un curieux sentiment dans le cœur. Elle se prenait pour qui?
_ Menteur, t'as pas la voix de quelqu'un qui dormait.
J'avais envie de rire jaune. Ah bon ?
_ Je t'avais dis un café, ai je continué.
Ma remarque n'a pas eu l'air de lui plaire parce que son ton est brusquement devenu agressif.
_ Je peux repartir si tu veux.
J'ai soupiré puis j'ai finalement répondu :
_ Non, c'est bon j'arrive.
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