CHAPITRE 2: Lundi 3 mai /2

Les yeux fixés sur l'aiguille de l'horloge,  je désespérais de ne pas la voir prendre plus de vitesse. Il était maintenant 17H, mal assis sur un coin de chaise, le coude sur la table et la tête dans la main, j'étais fatigué.

16H49. 16H53. 16H55. Soudain ce fut un immense vacarme de raclements de chaises et de trousses qui se ferment. La sonnerie annonçant la fin des cours n'avait pas retentit depuis plus de trente secondes que la moitié de la classe avait déjà entièrement désertée. On aurait annoncé qu'un virus mortel allait toucher l'établissement, personne n'aurait fait plus vite.

J'avais à peine fais trois pas en direction du couloir que deux mains s'abattaient avec force sur mes épaules me forçant dans un geste de défense à faire volte face.

_ Qu'est ce qu'il y a Dupont? ai je marmonné en découvrant mon meilleur ami avec un grand sourire idiot.

_ Tu ne devineras jamais! s'est il exclamé en me poussant vers le couloir.

J'avançais à grands pas parmi la foule l'obligeant à marcher plus vite pour rester à ma hauteur.

_ Quoi? ai-je-fini par demander parce que je savais que c'était la seule façon de m'en débarrasser.

_ Allez devine!

Sans répondre directement, j'ai jeté un coup d'œil au ciel menaçant qui semblait de nouveau vouloir déverser sur la terre toute sa tristesse.

_ Je ne sais pas... J'en ai rien à foutre.

Sans se laisser démonter par la méchanceté de ma réponse, il a continué à s'agiter autour de moi comme un enfant impatient.

_ Devine qui a une nouvelle voisine ? m 'a t'il annoncé fière comme un coq.

Pour souligner l'importance de cette information, s'arrêtant un quart de seconde, il a ouvert grand les bras dans un geste théâtrale.

En pressant le pas dans les escaliers je n'ai pu m'empêcher de laisser échapper un rire nerveux en levant les yeux au ciel.

_ Pauvre d'elle ! Tu penses déjà à lui mettre le grappin dessus?

Faussement vexé il a trottiné pour me rejoindre en marmonnant.

_ Et alors, on peut encore rêver, c'est peut être la femme de ma vie...

En se tournant vers moi, il a brusquement changé de sujet.

_ Tu viens chez moi demain ?

Distraitement j'ai hoché la tête et Dupont m'a regardé de l'espoir plein les yeux.

_ Yes ! Tu crois que je l'invite ?

_ Qui ?

_ Bah ma nouvelle voisine !

C'était reparti.

_ Sûrement pas, ai je tranché. Je vais pas tenir la chandelle.

Il continuait de parler mais je n'écoutais plus. J'étais parti dans la douce folie de mes pensées que la fatigue de la journée rendait insupportable.

Imagine Matteo si sa nouvelle voisine c'est la fille du bus? Imagine ce qui pourrait se passer. Imagine si tu te mets à pleurer devant elle. C'est le pollen ! T'inquiète pas on te croira. Imagine, qu'elle te déteste.... Tu ferais quoi ?

Mais bien sur que non ! A quoi tu penses ? Elle va juste dire « salut je suis la nouvelle voisine » et toi, tu lui diras, « salut, sympa tes chaussures ».

Mais imagine si elle le prend mal ?

De toute façon, cette fille, c'était sûrement pas sa voisine... Peut être que oui mais peut être que non. C'était aussi improbable que probable. Aussi certain qu'incertain. Imagine Mattéo...

Je voulais que ça s'arrête. Ce serait tellement plus simple si je pouvais contrôler. La vie serait bien moins compliquée ainsi.

J'ai gardé le silence, opinant la tête pour répondre à Dupont qui parlait tout seul.

_ Faut que j'y aille, je vais à la boxe ce soir. Salut à demain !

_ Attend ! m'a t'il retenu. Du coup c'est oui ou c'est non ?

Je n'avais plus aucune idée de ce dont il voulait parler.

_ Bah.. c'est oui ! ai je répondu à l'aveuglette.

Me tapant l'épaule de son poing Dupont s'est exclamé :

_ Je savais que t'allais dire oui ! J'ai trop hâte ! A demain !

Soudain tout m'est revenu. La soirée, la voisine...je me mordis les doigts d'avoir réfléchi trop tard. Maintenant j'allais devoir passer mon mardi soir assis au bout du canapé à les regarder, elle et lui avec leurs sourires idiots. Quelle soirée !

  Suite du chapitre 2: A suivre...

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