Partie 7 : Petits secrets et grand tracas...
A Nenagh, le matin...
Certains matins, Serena repensait à ce que lui avait dit sa tante Carol : elle n'avait pas arrêté de la mettre en garde sur une relation de couple avec Sherlock Holmes.
« Tu verras : il ne va pas arrêter de te faire des misères, ma pauvre fille ! Ce genre d'homme ne pense qu'à lui ! Crois en mon expérience ! »
La jeune femme était contente de démontrer à sa parente qu'elle avait tort : certes, Sherlock ne faisait absolument rien comme tout le monde, mais elle l'aimait comme il était, et lui aussi lui prouvait - à sa façon - qu'il était fou d'elle. Et puis, venant d'une femme qui en était à son 5ème divorce et à sa 25ème rupture avec un goujat, elle n'avait pas de leçon à recevoir...
Ses pensées furent interrompues par le bruit de la porte de la chambre qu'elle partageait avec son petit ami, laissant apparaître l'intéressé. Il vint s'asseoir auprès d'elle.
« Tu es encore au lit à cette heure là ? »
« Sherlock, il est huit heures du matin. Et puis, je ne dormais pas, je pensais... »
« A moi ? »
« Égocentrique, va ! Pour être honnête, je repensais à ce que me disait Tante Carol au sujet de notre couple... »
« Pitié, ne ramène pas cette mégère dans la conversation ! Rien que le fait de mentionner son nom me donne la nausée... » soupira Sherlock d'une manière comique.
Serena éclata de rire : cette remarque la ramena quelques mois en arrière, alors que ses parents avaient organisé un repas de famille où elle et Sherlock avaient été conviés... en même temps que la fameuse Carol Thomas, tante maternelle de Serena. Et dès le départ, elle avait pris en grippe le détective et décrété qu'il fallait qu'il sorte de la vie de sa nièce. Pas de chance pour elle : non seulement Sherlock avait envie de passer une relation longue durée avec Serena, mais il avait également détesté Carol et depuis, c'était la guerre entre eux, à coups de répliques assassines. Et bien sûr, le sociopathe remportait souvent leurs duels verbaux...
« Et sinon, que me vaut cette visite ? »
« De prime abord, il s'agit de ma chambre, donc je pense avoir le droit d'y entrer. Ensuite, je voulais voir si tu étais réveillée car je vais avoir besoin de toi... »
« Laisse-moi deviner : tu vas me demander de t'aider à enquêter sur cette maison... »
Le détective en resta bouche bée.
« Comment as-tu su ? »
« Depuis qu'on est arrivés, cette maison occupe la majeure partie de ton cerveau. Tu veux à tout prix connaître son histoire, ainsi que l'identité de ses anciens propriétaires. Mais ce qui m'étonne, c'est que tu viennes me demander de l'aide. »
« Disons qu'à deux, on réfléchit plus vite... »
« A plusieurs, on irait encore plus vite dans ta mini enquête ! »
« Oui, si tu veux... Allez, viens : on va rejoindre les autres et leur expliquer le programme ! »
La jeune femme se leva et alla s'habiller dans la salle de bains attenant à leur chambre avant de se diriger vers le salon où l'attendait Lestrade, John et Sebastian.
« Bonjour, messieurs ! »
« Bonjour, Serena. Bien dormi ? »
« Très bien, je vous remercie, John ! »
Au même instant, Sherlock fit irruption dans la pièce.
« Votre attention, tout le monde ! J'ai trouvé de quoi nous occuper aujourd'hui ! »
« Devrais-je m'en inquiéter, Holmes ? » ironisa Greg.
« Mais non, Greg. Je vous assure qu'il n'y a rien de dangereux dans cette histoire : ce que je vous propose tout simplement... c'est de m'assister dans mon enquête ! »
« Mais quelle enquête ? » demanda Watson.
« Je crois qu'il parle de la baraque ! » lui répondit Sebastian.
Cela énerva l'inspecteur Lestrade qui se frappa le front de dépit.
« Encore cette histoire ! Sherlock, vous en avez fait votre obsession depuis qu'on y a mis les pieds. Et au cas où ça vous aurait échappé, on a déjà une mission... »
« Oui, je sais : cette mission consiste à jouer l'autruche en attendant que mon frère capture Moriarty - si bien sûr, il y arrive, mais j'en doute très fortement, au vu des derniers événements. Et j'ai horreur de rester inactif ! Par conséquent, j'ai pris la liberté de vous convier à m'aider... En fait, vous n'avez pas vraiment le choix : vous allez tous y participer ! »
« Plaît-il ? Hors de question ! »
« Lestrade, ne faites pas l'enfant, et allons-y ! »
« Allez, Lestrade, ne faites pas la tronche ! Dites vous qu'au moins, vous ne servirez pas de cobaye pour une de ses expériences chelous ! » ricana Moran.
« Mais bouclez-la, vous aussi ! Je ne vous ai rien demandé ! »
Sherlock mit un terme à la tension naissante.
« Bien ! Lady and Gentlemen, merci de votre participation volontaire ! On va se séparer en deux groupes, et on va fouiller la propriété de fond en comble pour connaître le nom des propriétaires ! »
Serena s'approcha de son petit ami et chuchota
« Sherlock, j'aimerais être en binôme avec Sebastian Moran ! »
« Pourquoi donc ? »
« D'abord, comme ça, tu travailleras avec John et Greg, comme d'habitude. Ensuite, je ne serais pas tranquille si on laissait Lestrade seul avec Moran : je te signale qu'il était prêt à le rouer de coups la dernière fois ! Et puis, je crois qu'il commence à avoir confiance en moi... »
Le détective comprenait la stratégie de sa petite amie : garder la confiance du mercenaire pour avoir des informations supplémentaires sur Moriarty.
« D'accord, mais fais attention à toi ! »
« Ne t'en fais pas pour moi : ça va aller ! » le rassura Serena.
Confiant envers sa compagne, Sherlock se tourna vers les trois autres occupants de la maison.
« Bien ! Voici comment on va s'organiser : Lestrade, vous allez venir avec Watson et moi ! Moran, vous irez avec Serena ! »
« Holmes, avez-vous perdu la tête ? Vous n'allez pas laisser votre petite amie avec ce taré ! Il va lui tordre le cou quand on aura le dos tourné ! » protesta Lestrade.
« Hé, minute, coco : pour ta gouverne, je ne lève pas la main sur les femmes ! Et puis, je préfère cent fois sa compagnie que la tienne. Elle au moins n'essaye pas de me refaire le portrait ! » lui répondit l'ex-colonel.
« S'il vous plaît, est-ce qu'on peut continuer, merci ? » soupira Watson, fatigué de supporter ces deux-là depuis près d'une semaine.
« Bon, maintenant que les groupes sont faits, voilà comment on va procéder : le groupe de 3 va aller fouiller le jardin, la cuisine, le salon et la cave ; quant au duo, il s'occupera des chambres, de la salle à manger, des salles de bain et du grenier ! Allez, on y va ! Ne perdons pas de temps ! » ordonna Sherlock qui se précipita dehors.
« Attends nous ! » s'exclama John qui courut à sa suite, talonné par Lestrade. Une fois le trio dehors, Serena se tourna vers Sebastian.
« Bon, c'est parti ! Vous êtes prêt ? »
« Toujours. Après vous, Miss ! » lui répondit l'ex-colonel en lui désignant de la main la sortie.
Tous les deux se dirigèrent en premier lieu dans la salle à manger et commencèrent à rechercher des indices : Serena inspectait l'intérieur du buffet tandis que Seb farfouillait le bar à alcools, ainsi que les autres meubles de la pièce.
« Je suis bredouille. Et vous, Moran ? »
« Rien non plus. Prochaine étape ! »
« Allons à l'étage : peut-être qu'on trouvera quelque chose dans les chambres ou dans les salles de bain ! »
« Je serais partant pour fouiller dans le grenier : c'est souvent dans ce genre d'endroits qu'on trouve un truc ! »
« Va pour le grenier ! »
Aussitôt dit, aussitôt fait ! Le binôme se retrouva dans le grenier, en train de fouiller dans les cartons et les coffres qui reposaient sagement sous leurs draps de poussière, en attendant le jour où quelqu'un vint troubler leur sommeil.
« J'ai l'impression d'être en train de fouiller dans la vie de quelqu'un. Pas vous, Miss Huxley ? »
« Absolument. Mais si on veut connaître la vérité, il faut malheureusement passer par là ! Et puis, la maison étant inhabitée depuis un bon moment, on peut pas nous accuser de commettre un crime ! »
« Bien vu ! » répondit Moran qui continuait à chercher quand il ouvrit un coffre rempli de poupées en porcelaine... qu'il referma aussitôt.
Ces saletés de petites bonnes femmes lui fichaient les jetons avec leurs yeux inexpressifs et leurs têtes pas si innocentes. Il se demandait bien comment des parents avaient pu laisser leurs gamins jouer avec ces trucs : quelle bande d'inconscients !
Pendant ce temps, Serena explorait le grenier et fouillait dans des cartons quand elle trouva des photos éparpillées au fond d'un coffre. Curieuse, elle en prit une et l'observa avec attention : la photo représentait deux garçons vêtus d'un petit costume, le plus grand tenant le plus petit sur ses genoux, installés sur un petit banc, près d'un parterre de fleurs.
Le plus âgé semblait avoir dix ans, au vu des traces des rondeurs enfantines qui dessinaient encore les traits de son visage, mais son regard noir démontrait une certaine maturité. Quand à son cadet, il devait avoir entre trois et quatre ans et était un bambin un peu joufflu aux yeux bleus brillants d'innocence. Au vu de certains traits en commun, la jeune femme conclut qu'il s'agissait de deux frères. Elle retourna la photo et y vit une inscription : James et Ciaran, 12 mai 1989.
« Un truc intéressant, Miss ? » demanda Sebastian.
« Oui, regardez. La photo est assez récente : je pense qu'il s'agit des enfants des derniers propriétaires ! » répondit Serena en lui tendant l'image.
L'ex-colonel prit la photo et la regarda attentivement. Il fronça légèrement les sourcils.
« C'est bizarre : le plus âgé des deux me dit un truc... Mais je ne sais pas quoi ! »
« Amusant, tout ça... »
« Quoi donc ? »
« Tout vous semble familier : ce gosse, moi... Mais vous n'arrivez pas à mettre un nom sur un visage ! »
Elle cessa de plaisanter quand elle vit l'expression du mercenaire devenir neutre.
« Si, maintenant, je sais qui vous êtes, et pourquoi je vous connais ! »
« C-Comment ça ? »
Sans répondre, l'ex-mercenaire fouilla dans ses poches et sortit un collier au bout duquel pendait un bijou qui ressemblait à une pleine lune. La jeune profiler reconnût aussitôt l'objet.
« Mais c'est mon collier pierre de lune ! Où l'avez vous eu ? » s'exclama t'elle en le reprenant.
« Je ne te l'ai pas volé, Serena. Tu me l'avais offert, quand tu étais plus jeune. Tu avais quel âge ? 10 ans, à peu près, et moi, j'avais 14-15 ans... »
La jeune femme haussa un sourcil : tout cela devenait intriguant...
« Depuis quand on se tutoie ? Non pas que ça me dérange, mais c'est assez étonnant ! »
« Rappelle-toi : avant que tu ne déménages à Manchester, tu vivais à Bristol, dans un beau quartier. Ta maison portait le n°12 et elle avait des rosiers rouges près du portillon... »
« Oui, ça je m'en rappelle... »
« Et tu ne te souviens pas d'avoir sympathisé avec un garçon du même quartier ? Un gamin un peu solitaire, qui était plus grand et plus fort que les autres. Tu étais la seule qui voulait bien aller lui parler, alors que les autres te disaient de rester loin de lui... Même tes frères ne me faisaient pas confiance ! »
« Moui, ça commence à revenir... »
« On allait faire du vélo dans le terrain vague. Je me rappelle : c'est moi qui t'ai appris à faire du VTT. Et toi, tu venais toujours avec un bonbon ou une babiole chaque fois qu'on allait quelque part pour me l'offrir. Et puis, un jour, tu es venu me voir pour me dire que tu déménageais. Et c'est là que tu m'as donné ton collier parce que tu ne voulais pas que je t'oublie... »
Serena resta silencieuse : tout cela lui était familier, mais elle n'arrivait pas à remettre le doigt dessus...
Quant à Sebastian, il réfléchissait : qu'est-ce qui pourrait bien aider Serena à retrouver la mémoire ? Une idée de génie lui traversa l'esprit !
« Hé, tu te rappelles de la vieille McLeod ? Cette peau de vache qu'on allait enquiquiner des fois parce qu'elle était certaine qu'on commettait des péchés ! Elle nous avait inspiré un mot de passe : ça faisait un truc du genre "Foi de Cochise..." »
« "Elle n'aura pas ma peau, la vieille bique !" »
Cette phrase fit ressurgir les souvenirs dans l'esprit de Serena qui s'exclama
« Mais alors... C'est toi, Sebastian Douglas ? "Grand Tigré ?" »
« Ravi de te revoir, "P'tite Mésange !" »
Laissant éclater sa joie, la jeune femme se jeta dans les bras de celui qui fut son ami d'enfance.
« Mais bien sûr, comment ai-je pu oublier tout ça ? Cela faisait si longtemps ! »
« C'est sûr : depuis le temps que je ne t'ai pas vu... Je suppose que la distance a fait son œuvre ! »
Serena leva les yeux vers lui.
« Mais alors, c'est quoi ton vrai nom de famille ? Douglas ou Moran ? »
« Mon véritable nom est Sebastian Moran. Quand on m'a inscrit dans l'école de Bristol, ma mère avait voulu que j'aille dans un établissement public, alors que mon vieux voulait absolument que j'aille dans une école privée. Résultat : je suis allé à l'école publique. Et pour être sur qu'on ne m'embête pas, mes parents m'ont inscrit en utilisant le nom de jeune fille de ma mère. »
« Je comprends : si on avait appris que tu étais le fils d'un Lord, les autres n'auraient pas été sympas avec toi ! »
« Comme si ils l'étaient à la base... »
« Pas faux... » murmura la jeune femme, encore sous le coup de la révélation. En venant en Irlande, elle était certaine qu'il allait se passer des choses pas banales. Mais de là à retrouver son meilleur ami d'enfance, la probabilité était quasi-nulle !
Tout à coup, elle se rappela qu'ils avaient une mission : l'exploration de la maison n'était pas encore achevée et il y avait certainement d'autres indices quelque part...
« Allez, viens : on doit finir de tout fouiller ! Sinon, Sherlock risque de se fâcher ! »
« Alors, allons-y ! »
lls redescendirent les marches, Serena emportant les photos avec elle. Le duo fit le tour des chambres à coucher. D'abord, ils visitèrent celle qu'occupait Sebastian qui était la moins garnie, étant donné qu'il avait amené peu d'affaires avec lui, mais qui restait impeccablement rangée : le réflexe d'un ancien soldat. Mais rien.
La suivante fut celle de Lestrade. A la grande surprise de Serena, la pièce était un peu bordélique, bien loin de la rigueur exigée de Scotland Yard, ce qui ne manqua pas d'amuser Sebastian qui se promit d'enquiquiner le policier sur ce sujet. Après une fouille minutieuse, le binôme resta bredouille : ce n'est pas là qu'ils trouveront quelque chose d'intéressant...
Ils allèrent ensuite dans la chambre de Watson, où tout était impeccablement rangé également.
« On voit que je ne suis pas le seul ex-militaire dans la maison ! » sourit Moran qui cherchait des indices, tout en prenant soin de ne pas foutre en l'air le rangement de la pièce. Mais là non plus, ils ne trouvèrent rien d'intéressant.
« Bon, il reste la chambre que j'occupe avec Sherlock. Espérons qu'on y trouvera quelque chose d'intéressant ! » soupira Huxley.
Tous deux allèrent dans la dernière chambre et reprirent leurs recherches. Alors que Sebastian fouillait dans l'armoire, il tomba sur la pile de sous-vêtements de Serena. Il émit un petit sifflement admiratif.
« Oh, oh : apparemment, il y en a une qui aime la dentelle et la soie. Et bien, le moins qu'on puisse dire est que tu as bon goût, niveau lingerie ! Il a de la veine, le Sherlock : il doit être aux anges quand il te voit là-dedans ! »
Cette remarque surprit la jeune femme qui lui répliqua avec malice.
« Et moi, que devrais-je dire au sujet de tes caleçons ? Je suis sûre qu'ils épousent parfaitement la forme de tes fesses et de ton appareil. A mon avis, Jim devient tout chose quand il te voit dans cette tenue ! Et comme tu es bien fait de ta personne, il doit admirer le spectacle ! »
Sebastian afficha un air faussement outré avant d'éclater de rire, imité par Serena. Une fois la crise de fou rire passé, ils reprirent leur investigation.
Tandis que Seb inspectait la commode, Serena tenta sa chance avec le plancher et commença à tâter les planches une par une... jusqu'à ce qu'une, près de sa table de nuit, sonna creux.
Elle essaya de soulever la latte, mais sans succès... jusqu'à ce que la cavalerie arrive !
« Attends, je viens t'aider ! » lui dit Sebastian qui souleva la planche sans difficulté. Puis il passa sa main dans le trou et ressortit un coffret, une pochette cartonnée et un carnet noir.
« On dirait que je viens de tomber sur la cachette d'un trésor ! »
« C'est ce que j'allais dire... Allons dans le salon : on regardera tout ça avec attention ! »
Les deux inspecteurs amateurs redescendirent l'escalier et s'installèrent dans le salon. Là, ils disposèrent sur la table les indices récoltés.
« Bon, récapitulons : on a dix photos, un coffret, une pochette en carton et un carnet ! Je suis sûre et certaine qu'on va avoir la réponse à tout ça grâce à ces objets ! »
« Espérons, espérons... Est ce qu'on attend les autres ou on commence à regarder ? »
« Oh, on peut les attendre encore un peu. Ils ne vont pas tarder... »
Effectivement, quelques instants plus tard, Sherlock, Greg et John remontèrent de la cave.
« Franchement Lestrade, vous auriez pu faire attention. Maintenant, cette bouteille de vin est en morceaux ! » soupira Holmes.
« Je n'y peux rien si une araignée m'a sauté dessus ! » répondit le policier
« Comme vous y allez ! Ce n'était pas une tarentule, non plus ! » ajouta Watson.
« Il n'empêche qu'elle était énorme ! J'aurais bien aimé vous y voir ! »
« Ouais, bon. En tout cas, on n'a rien trouvé et cela m'agace ! » fulminait le détective.
Sebastian et Serena s'échangèrent un regard complice avant de se tourner vers les trois nouveaux arrivants.
« Alors ? Vous avez trouvé des choses intéressantes ? » demanda la jeune femme
« Non, rien du tout. Et c'est très frustrant, surtout pour Sherlock ! »
« N'en rajoutez pas, Watson : il m'a l'air énervé ! » lui répond Lestrade.
« Ne vous en faites pas Holmes. Nous, on a de quoi vous faire travailler les méninges ! » déclara Sebastian en désignant de la main les objets présents sur la table.
« Ce n'est pas juste... » murmura Sherlock, dépité, faisant rire ses comparses.
« Allez, Sherlock, ne fais pas la tête ! Pour te remonter le moral, je te laisse regarder les indices le premier ! »
Bizarrement, le détective se sentit beaucoup mieux et alla s'installer dans le premier fauteuil qui se présenta. Puis il prit une des photos et la regarda attentivement.
« Bon, on a affaire à deux garçons, visiblement de la même famille. La forme des yeux est à peu près la même et la couleur des cheveux aussi, bien qu'un peu plus clair pour le plus jeune... »
« Et qu'est-ce que vous en concluez ? »
« Ce sont des frères, avec un certain écart d'âge. 10 ans ou plus, je ne sais pas... »
« Regarde les autres photos ! Tu vas peut-être en savoir plus ! » suggéra John en lui tendant le reste du paquet.
Sherlock prit les clichés en main et les observa un par un : entre les portraits d'un homme et d'une femme - probablement les parents des enfants -, la photo d'un repas de famille en été, et quelques clichés de paysages, rien de bien intéressant pour le détective.
« Non, je ne vois rien de plus sur ces photos. Tout ce que je peux dire déjà est que les deux garçons sur la première photo sont sans doute les occupants les plus récents... »
« C'est déjà un bon début. Bon, qu'est-ce qu'on inspecte ensuite ? » demanda Lestrade qui était en train de fouiner dans le bar à alcools.
« Greg ! Vous ne manquez pas de souffle pour vous servir comme ça, sans demander ! » s'exclama John, outré.
« Oh, ça va ! Personne n'habite là dedans depuis des lustres. Ce n'est pas comme si je commettais un crime, non plus... » lui répondit le policier qui jeta son dévolu sur un flacon de whisky. Il prit la bouteille, ainsi que cinq verres, qu'il disposa sur un coin de table.
« Très bien. Alors, et si on ouvrait le coffret ? » demanda Serena.
« Entendu, va pour le coffret ! » déclara Sebastian qui prit l'objet en question et souleva le couvercle.
A l'intérieur, ils découvrirent différents objets : un stylo plume noir avec des liserés d'or, une statuette d'oiseau en porcelaine, une petite loupe et une hélice d'ADN faite avec des allumettes et des fils. Bien que ça soit l'œuvre d'un enfant, les cinq personnes devaient admettre que cela était très bien fait : presque le travail d'un professionnel...
En regardant le fond du couvercle, on pouvait y voir une étiquette sur laquelle était écrit au stylo rouge « Ce coffret appartient à James. Propriété privée. »
« Donc, ce coffret appartenait au plus grand des deux enfants... » murmura Serena.
« Serena, je vais faire appel à la profiler qui sommeille en toi. Peux tu me dire si ce objets reflètent la personnalité de leur propriétaire ? » demanda Sherlock à sa petite amie.
La jeune femme passa un regard observateur sur les objets avant de répondre.
« A en juger par le contenu, il m'a l'air d'être un esthète de première heure : pour preuve la statuette. La porcelaine utilisée est de très bonne qualité, ce qui dénote aussi un certain train de vie de la famille. Le stylo-plume m'a l'air d'être un cadeau, fait par un des parents, je suppose. Il est quasi intact, ce qui montre qu'il n'a pas été beaucoup utilisé. La petite loupe et la maquette d'ADN montrent que c'était un enfant curieux et très cultivé. Il m'a l'air d'être très intéressé par les sciences. Autre chose : je crois qu'il était déjà très méticuleux. Il n'y a qu'à voir les détails de la maquette pour le dire. »
« C'est fou ce que les objets peuvent en apprendre sur nous ! » murmura Lestrade, impressionné.
« Merci beaucoup Serena... John, qu'est-ce que tu fais ? »
« Je prends des notes. On ne sait jamais, ça peut toujours être utile... »
« Bonne initiative ! Bon, à qui le tour ? »
« Et si on regardait la pochette en carton ? » proposa John qui se pencha pour prendre la pochette, quand il remarqua le pendentif lunaire autour du cou de Serena.
« Tiens, tu as un nouveau bijou, Serena ? »
« Je l'avais vu depuis qu'on est arrivés ! » lui fit remarquer Sherlock.
« Oui, je sais : tu as des yeux de lynx, Sherlock. Mais ce que je voulais dire, c'est que je n'avais jamais vu ce collier sur elle... du moins, jusqu'à aujourd'hui ! »
« La qualité peu coûteuse indique que c'est le genre de bijou fantaisie qu'on offre à des enfants. J'en conclus que c'est un cadeau qu'elle a eu quand elle était petite... N'est-ce pas Serena ? »
« Oui, en effet. Et si vous ne l'aviez jamais vu avant, John, c'est parce que je l'avais offert à un ami avant que je ne déménage... Et ce même ami me l'a rapporté ! »
« Et qui est-ce ? » demanda Lestrade.
« Moi ! » répondit Moran.
« QUOI ? » s'écrièrent John et Greg sous le choc. Même Holmes ouvrit des yeux ronds : pour une surprise, c'était une sacrée surprise !
« Ne vous emballez pas, les mecs : il n'y a jamais rien eu autre chose que de l'amitié entre elle et moi. De toute façon, si ça peut vous rassurer, elle aime Sherlock Holmes à la folie... Moi, disons que j'ai déjà quelqu'un et que cette personne n'est pas du tout partageuse ! »
« Jamais je n'ai remis en doute la fidélité de ma petite amie envers moi. C'est eux qui se font des idées ! » déclara le détective tout de go.
« HÉ ! » s'offusquèrent les deux hommes.
« Et si on en revenait à notre enquête ? John allait regarder le contenu de la pochette ! » fit remarquer la profiler, qui essayait de changer de sujet.
« Oui, bonne idée ! » lui répondit le médecin qui défit les élastiques de la chemise cartonnée qu'il ouvrit en grand. Là, il vit des dessins divers et variés qui allaient du simple croquis paysager à la reproduction détaillée d'un schéma du corps humain.
« Impressionnant ! On retrouve une nouvelle fois le souci du détail chez ce garçon ! Apparemment, le dessin est sa grande passion, avec les sciences : ça doit stimuler son côté méticuleux ! »
« A son âge, c'est rare d'être aussi précis : je pense que c'était un surdoué ! » avança Lestrade.
« Il n'a pas tort ! » renchérit Watson.
« Récapitulons : nous avons un jeune garçon qui, de toute évidence, semble être un génie précoce avec un certain attrait pour les belles choses, le dessin et les sciences. Jusqu'ici, j'ai bien suivi ? »
« Rien ne vous a échappé, mon cher inspecteur ! » lui répondit Serena.
« Bien, et maintenant, le meilleur pour la fin : le fameux carnet ! » déclara Moran qui se saisit du livret pour en lire le contenu.
Mais à peine eu t'il ouvert la première page que son visage se figea dans une expression de stupeur et d'effroi.
« Ce... Ce n'est pas vrai ! Dites moi que j'hallucine ! »
« Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? » demanda John.
Pas de réponse. Intrigués, les autres personnes se penchèrent par dessus et virent alors la raison de la panique de l'ex-colonel : sur la première page du carnet, il était écrit à l'encre noire « Pensées et souvenirs, par James Moriarty. »
Cela leur fit l'effet d'un coup de marteau sur la tête : alors, cela voudrait dire qu'il était dans la maison d'enfance de Jim Moriarty ?
« Oh... Mon... DIEU ! » hurla Lestrade qui tomba à la renverse.
« De tous les endroits en Irlande où Mycroft pouvait nous expédier, il a fallu qu'il nous catapulte chez Moriarty... » grommela Watson qui se passa une main sur le visage.
« Comme tu dis... Si je le tenais tout de suite, je crois bien que je l'étranglerais ! » fulminait le sociopathe qui maudissait son frère pour le pétrin dans lequel il les avait précipité.
« Maintenant qu'on le sait, ça me paraît presque logique : après tout, Jim est irlandais, non ? » soupira Serena qui leva les épaules de dépit.
Essayant de digérer la nouvelle, nos cinq protagonistes restèrent silencieux pendant un long moment. Silence qui fut coupé par le bruit du whisky que Greg était en train de verser dans les verres, avant d'en tendre un à chacun.
« Prenez ça : c'est toujours efficace comme remontant dans ces moments là ! » répondit le policier qui en prit une grand rasade.
« Greg, ce n'est pas le moment de devenir alcoolique ! » répondit Sherlock qui avala une gorgée.
Après avoir bu, tous reportèrent leur attention sur le carnet.
« Je suis curieux de connaître l'enfance de Moriarty. Qui sait : on va peut être savoir comment il est devenu l'ennemi de Sherlock ? » suggéra Moran.
« Bonne idée : Serena, peux tu nous en lire certains passages ? » demanda John.
« Entendu ! C'est parti pour un retour dans le temps ! » répondit la jeune femme qui prit le carnet et tourna la page avant de commencer la lecture, sous le regard attentif de son public...
Prêts pour les prochaines révélations ? Qu'est-ce que Jim a bien pu vivre dans son enfance ? Pour le savoir, rendez-vous au prochain chapitre !
A la prochaine 😘
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