Partie 4 : Une visite inattendue...
Trois jours plus tard, à Londres.
Mycroft Holmes se demandait comment pouvait-il réussir à ne pas mourir d'une attaque cardiaque avec la panique qui régnait autour de lui au sein des Affaires Internes. Alors que la BBC faisait l'état de deux attaques mortelles à la bombe dans le quartier d'affaires de la City et dans une caserne militaire, l'éminence grise du gouvernement essayait de trouver une solution pour sortir de la crise qui était en train de contaminer la capitale britannique.
Ce qu'il craignait le plus était en train de se produire : Moriarty était vraiment contrarié et il lui faisait chèrement payer sa provocation. Certes, l'aîné des frères Holmes savait pertinemment que capturer Sebastian Moran allait faire sortir le psychopathe de ses gonds, mais il avait sous-estimé le niveau de fureur que pouvait atteindre le criminel consultant.
Tandis qu'il réfléchissait à toute vitesse, on frappa à la porte.
« Revenez plus tard, je suis occupé ! »
« C'est moi, monsieur ! »
« Anthea ? Que se passe t'il ? »
« On a une urgence, monsieur ! Et quand je parle d'urgence, ce n'est pas un hasard... »
Mycroft sentit que quelque chose n'allait pas : la voix de son assistante semblait légèrement tremblante. Or, pour effrayer Anthea, il fallait vraiment que ce soit le summum de la terreur...
« Bon, très bien. Entrez donc ! »
La porte s'ouvrit et sa fidèle secrétaire apparut, les mains en l'air. L'éminence grise comprit ce qui se passa quand il vit le canon noir d'un revolver entre les omoplates de la jeune femme.
« Anthea, pourriez-vous me dire la nature de cette urgence ? »
« C'est moi, l'urgence ! » répondit une voix qui fit pâlir l'aîné des Holmes. Et aussitôt, apparut Jim Moriarty qui tenait l'arme pointé sur Anthea.
« Bonjour, Mycroft ! »
« Je suis surpris que vous ne soyez pas menotté dès votre arrivée ! »
« Oh, disons que votre personnel a eu le bon réflexe de se carapater quand ils m'ont vu arriver. Mais pour être sûr que vous allez me recevoir, je me suis adjoint les services de votre sympathique assistante... »
« Charmant ! » soupira la jeune femme en levant les yeux au ciel.
« Veuillez laisser Anthea en dehors de ça. Il me semble que ce soit moi, l'objet de votre visite ! » répondit l'éminence grise sans se départir de son calme légendaire.
Un sourire carnassier se dessina sur le visage de Moriarty.
« D'accord, puisque vous voulez bien m'écouter... »
Il s'éloigna d'Anthea et lui fit signe de déguerpir, ce qu'elle s'empressa de faire.
Une fois les deux hommes seuls, Mycroft invita Moriarty à s'asseoir face à lui.
« Bien. Maintenant que le calme est revenu, et si nous discutions de la raison de votre présence, Mr Moriarty ? »
« Ai-je besoin de préciser pour qui je suis venu ? Rendez-moi Sebastian immédiatement ! »
« C'est bien ce qui me semblait : vous tenez beaucoup à votre garde du corps... Mon Dieu,quand j'y pense : avec Moran, cette fonction n'aura jamais été aussi littérale ! »
« C'est bon, vous vous êtes bien marré ? Au cas où ça vous aurait échappé, Holmes, on n'est pas dans votre petit Club Diogène, entre gens de la bonne société. Non, non, non : vous êtes dans votre bureau, seul, avec moi en face qui peut vous loger une balle dans le crâne à n'importe quel moment. Sauf si bien sûr, vous me dites où est Sebastian... »
Mycroft se pinça les lèvres : il était dans une situation délicate, et face à un Jim Moriarty bien remonté, son flegme légendaire n'allait pas forcément jouer à son avantage.
« Alors ? Où est-il ? »
« Comment vous expliquez cela, Mr Moriarty... J'ai le regret de vous dire que Mr Moran ne se trouve plus ici ! »
« PARDON ? » explosa Moriarty.
« Cela fait trois jours maintenant que Mr Moran a quitté nos locaux... voire même le pays ! »
A ces mots, le criminel consultant sentit son sang battre dans ses tempes : Seb n'était plus dans le Royaume-Uni ! Où est-ce qu'il a bien pu être expédié ? Si jamais il lui arrivait quelque chose, le génie psychopathe ne se le pardonnerait jamais !
« OU. EST. IL ? » éructa Jim en braquant son flingue sur Mycroft.
« Je vous l'ai dit, Mr Moriarty : il n'est plus ici. Mais ce que je peux vous dire, c'est que cette décision ne vient pas de moi, mais du gouvernement ! »
« Allons bon ! Je croyais que c'était vous, le gouvernement ! »
« Disons plutôt que je suis un conseiller de l'ombre. Et pour en revenir à notre petite discussion au sujet de Mr Moran, le gouvernement a décidé de l'envoyer hors des frontières britanniques. Bien sûr, les services secrets de pays peu regardants des droits de l'Homme sont venus nous le réclamer...»
« Qui donc ? »
« Secret défense. Et si j'ai bien compris, vous l'avez envoyé dans ces mêmes États pour y régler le compte de certains de vos associés. Pas étonnant qu'il soit aussi sollicité... »
« Et vous leur avez livré Sebastian, c'est ça ? »
« Non. Nous avons exprimé un refus net et nous avons confié l'ex-colonel Sebastian Moran à un partenaire européen, ce qui semblait la meilleure solution pour tout le monde... »
Jim se sentit un peu plus tranquille : au moins, son tigre n'était pas entre les mains de polices corrompues.
« C'est bien gentil tout ça, mais je ne sais toujours pas où est Seb... »
« Malheureusement, je ne sais pas non plus où il se trouve. Cette information est restée secrète... »
« Vous me prenez vraiment pour un abruti ? Vous avez des yeux et des oreilles partout ! »
« Mr Moriarty, je vous assure que je ne sais absolument pas où mes supérieurs ont extradé votre compagnon. Je sais seulement qu'il est dans la zone européenne, point. »
Le génie psychopathe était indécis : il n'avait jamais eu confiance envers l'aîné des Holmes. Mais là, l'éminence grise semblait sincèrement pris au dépourvu... Que décider ?
« Et si je vous tuais là, maintenant ? Je crois que ça me ferait gagner du temps... »
« Déjà, vous pourrez apprécier l'air surpris sur mon visage, mais je crains que votre plaisir ne soit de courte durée. Vous voyez cette caméra dans le coin ? Elle est en train de nous filmer actuellement... et d'envoyer les images à mes supérieurs. Je leur ai demandé, si jamais je venais à me faire tuer par vous ou un de vos sbires, de supprimer toutes les information sur Sebastian Moran et sa localisation actuelle. »
« C'est une plaisanterie ?! »
« Monsieur Moriarty, je ne suis pas homme à souvent plaisanter, croyez-moi ! »
« Très bien. Alors, on fait quoi ? »
« A vous de me le dire ! »
Moriarty se passa une main dans les cheveux : il se rendait compte que sa visite ne le mènerait nulle part. Et qu'il était en train de perdre un temps précieux, alors qu'il devrait continuer à chercher Sebastian.
Se massant la nuque, il finit par dire
« Bon, j'ai assez gaspillé mon temps ici, je vais voir ailleurs ! Mais ce n'est pas fini, Holmes ! Vous allez entendre encore parler de moi ! »
Et de ce fait, il quitta le bureau, laissant Mycroft pantois : de toute sa carrière, c'était bien la première fois qu'un criminel de niveau international faisait une entrée fracassante dans son bureau.
Essayant de reprendre doucement un rythme cardiaque correct, l'éminence grise vit soudain la porte s'ouvrir pour laisser entrer Anthea.
« Monsieur, vous allez bien ? »
« J'allais vous poser la question, très chère. Ce n'est pas toujours qu'on vous braque avec une arme... »
La jeune femme sourit
« Oh, vous savez : depuis que je travaille avec vous, je m'attends à beaucoup de choses... »
Mycroft esquissa un petit sourire : du Anthea tout craché ! Elle n'était pas son meilleur allié pour rien - à part son frère bien sûr...
« Et sinon, quel est l'état de la situation ? »
« A part quelques blessés légers, nous n'avons aucune perte à déplorer dans nos rangs... »
« Parfait, parfait. Puisque vous êtes là, quel est l'objet de votre venue ? »
« J'ai des rapports, monsieur. Je viens de les recevoir à l'instant... »
« Ah ? Qui est l'auteur ? »
« L'agent Baker, monsieur. Celui que vous avez chargé de surveiller les différents gangs de la capitale ! »
« Ah oui, je me souviens ! Et qu'est-ce qu'il raconte de nouveau ? »
« Pas de bonnes nouvelles, hélas ! Il m'a écrit que ça bougeait pas mal du côté de l'East End : il semblerait que Gareth Philby soit aussi à la recherche de Sebastian Moran, mais certainement pas pour les mêmes raisons que Jim Moriarty... »
Mycroft s'affaissa dans son fauteuil en cuir : il ne manquait plus qu'un mafieux de la trempe de Gareth Philby pour mettre la pagaille. Comme si avoir déjà un fou dangereux dans la nature ne suffisait pas...
« Et est-ce qu'il sait pourquoi Philby veut mettre le grappin sur Moran ? »
« Oui, il le sait et c'est lié à notre affaire... »
« Comment ça ? »
S'asseyant face à son patron, la jeune femme tendit un dossier avec le label TOP SECRET tamponné à l'encre rouge.
« Voici tout ce qu'on a sur les liens entre Jim Moriarty et les différents réseaux criminels présents sur le territoire. Et on a une belle double page sur les relations entre Jim Moriarty et Gareth Philby. »
« Je vous écoute... »
« Et bien, quand Philby a débarqué des Etats-Unis pour faire son business chez nous, il s'est associé avec Moriarty pour poser les bases de son nouveau réseau. Mais les choses se sont vite envenimés et depuis, ils se sont déclarés une guerre ouverte ! »
« Je ne le sais que trop bien : l'année dernière, une usine appartenant à Philby a explosé, faisant une cinquantaine de morts. On est sûrs que c'est un coup de Moriarty, mais on n'avait pas de preuves suffisamment concrètes pour lui coller ça ! »
« Mais là, on a atteint un autre degré dans le conflit, il y a 5 jours de cela. Vous vous souvenez quand Moran a été arrêté ? »
« Bien sûr ! »
« Et bien, il avait exécuté un contrat mis sur la tête du chef d'une bande de voyous. Et bien, figurez-vous qu'il a fait 20 morts, dont sa cible... »
« Et quel rapport avec Philby ? »
« J'y viens : ce gang travaillait pour Philby. Et là où ça devient encore plus intéressant est l'identité du chef de ces voyous : il s'appelait Justin Philby. Et c'est le jeune frère de Gareth Philby ! »
A ces mots, l'aîné des Holmes se frappa le front. Et il ne manquait plus que ça : en capturant le tueur à gages de Moriarty, lui et ses hommes avaient mis les pieds dans un sacré pétrin. Soudain, une idée funeste lui traverse l'esprit, le faisant bondir de son siège.
« Anthea, essayez de joindre Sherlock et les autres au plus vite ! Il faut qu'ils sachent que la situation a évolué de manière drastique ! »
« Dois-je lui préciser que vous avez reçu la visite de Moriarty ? »
« Oui. De toute façon, même si j'essayais de le lui cacher, il finirait par le savoir ! Alors, au point où nous en sommes... »
« Bien, monsieur. Ce sera fait dans la seconde ! »
« Merci Anthea ! »
Tandis que la jeune femme essayait de contacter Sherlock et compagnie, l'éminence grise faisait marcher ses méninges à toute vapeur : si par malheur Philby venait à apprendre que Moran se trouvait en Irlande, il y avait fort à parier qu'il irait y faire un tour...
En pensant à ce que ce sadique pourrait faire subir à son frère et ses amis, Mycroft commença à suer à grosses gouttes. D'accord, son petit frère était horripilant et têtu comme une mule, mais c'était son frère, malgré tout. Et personne ne poserait la main sur lui tant qu'il serait là !
Pourvu qu'Anthea réussisse à les avoir. Car personne n'était capable de savoir comment les choses allaient évoluer dans les prochaines heures...
Alors, à votre avis ? Comment les choses vont se passer pour nos héros ? N'hésitez pas à donner votre avis et à bientôt pour le prochain épisode !
Bisous 😘
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