Chapitre 9 : Gare au loup !

Pendant ce temps, à l'aéroport de Dublin.

En arrivant ici, Charlie avait le pressentiment que Sebastian se trouvait ici, quelque part. Mais où pouvait-il être ? C'était une bonne question ! Mais maintenant qu'il était là, autant commencer à chercher !

Une fois arrivé à son hôtel, le jeune homme installa son ordinateur et commença sa petite enquête. Il était certain que le patron ne l'avait pas envoyé ici par hasard : l'Irlande semblait compter beaucoup pour lui... Mais bien sûr ! Comment avait-il pu oublier ?

Plusieurs fois, il avait entendu des employés de Moriarty se plaindre du caractère de leur boss : il le trouvait difficile à suivre, trop exigeant et psychopathe. Heureusement que Jim ne les entendait pas, sinon il aurait de quoi se faire plusieurs paires de chaussures en cuir humain...

Et Jeff s'était chargé de les rabrouer en leur disant qu'au moins ils étaient bien payés et que, de toute façon « Les Irlandais ont le pire caractère de tout le Royaume-Uni - encore plus terrible que celui des Écossais - et le patron ne renie pas ses racines ! »

Donc, puisque le patron venait d'Irlande, il avait sans doute un domicile ici, peut être la maison familiale... Aussitôt, Charlie pirata les archives de l'État Civil Irlandais et chercha le nom de Moriarty. Il trouva une réponse : Mr et Mme Moriarty étaient décédés dans un accident de voiture en juin 1993. Apparemment, monsieur avait bu avant de prendre le volant : erreur qui lui fut fatale. Consultant les coupures de presse parlant de cette tragédie, Charlie vit un élément qui le surprit : apparemment leur fils, un certain Ciaran, avait survécu à l'accident, non sans mal car il avait pris un sérieux traumatisme crânien.

Le patron avait un jeune frère ? Il ne l'avait jamais entendu parler de ce frère jusque là. En même temps, Moriarty avait pris soin d'effacer toute trace de son passé, histoire de ne pas avoir de point faible... même si son actuel point faible mesurait 1m83, était taillé comme un athlète et s'appelait Sebastian Moran.

Reprenant ses recherches, le jeune homme découvrit l'adresse de la demeure familiale des Moriarty, pas loin de la ville de Nenagh. Il irait faire un tour demain : là, il était trop fatigué pour reprendre la route. Et puis, la nuit porte conseil, autant en profiter... En s'installant dans son lit, le jeune homme se sentit étrange : il avait une impression de déjà vu en venant ici. Pourtant, il n'était jamais venu en Irlande de sa vie... Vu tous les voyages qu'il effectuait en accompagnant son patron, pas étonnant qu'il finisse par s'en mêler les pinceaux !

Ce que Charlie ignorait était qu'il n'avait pas voyagé seul. En effet, dans l'immeuble d'en face, deux hommes étaient en train d'espionner le jeune homme pour leur compte de leur employeur. Ils avaient ordre de le suivre et de rendre compte de ses moindres faits et gestes, afin qu'ils les mènent jusqu'à Sebastian Moran.


Le lendemain matin...

Après avoir avalé son déjeuner et emballé ses affaires, Charlie s'installa derrière le volant de la voiture qu'il a loué et prit la direction de Nenagh. Dès qu'il partit, ses mystérieux suiveurs prirent le même itinéraire que lui, tout en gardant une certaine distance pour ne pas se faire repérer.

Durant la traversée du pays irlandais, Charlie se posait beaucoup de questions : où pouvait être Sebastian en ce moment ? Est-ce qu'il était maltraité ? Qui le détenait ? Des interrogations qui restaient sans réponse pour le moment... et qui ne rassuraient pas le secrétaire de Moriarty.

Il avait toujours considéré Sebastian comme un grand frère : il était plus fort, plus grand, plus confiant que lui.

Il se rappelait les premiers jours où il avait commencé à travailler en tant que secrétaire et interprète pour le criminel consultant : il était devenu la cible des moqueries de certains hommes de main qui lançaient des sous-entendus salaces sur son passage... jusqu'à ce que Moran les envoyaient paître d'un regard meurtrier en leur déclarant que le gamin était sous sa protection et que le premier qui lui ferait la moindre remarque avait intérêt à compter ses abattis. Et là, personne ne la ramenait !

Pas étonnant : à part Moriarty, tout le monde avait peur de Sebastian Moran, un des meilleurs tueurs d'élite au monde. Et Charlie Smith s'était demandé comment lui, le petit secrétaire, avait pu attirer la sympathie d'un tel personnage du réseau de Moriarty.

Le temps aidant, il avait découvert un type droit dans ses bottes qui donnait sa confiance à qui la méritait. Les deux avaient fini par sympathiser et devenir proches ; assez pour que Seb lui apprenne quelques techniques de défense, histoire qu'il sache se faire respecter...

Charlie se mit à sourire en se remémorant la fois où il avait surpris Jim et Seb en train de dormir dans le même lit... sans doute après avoir passé une nuit agitée ! Son petit cri de surprise avait réveillé les deux amants qui furent tout aussi stupéfaits de trouver leur camarade dans la même pièce qu'eux. Le premier à réagir fut Moriarty qui lui demanda de sortir pour lui laisser le temps de changer, tandis que Moran le chambrait en lui disant qu'il était adorable quand il rougissait.

Ces moments sympas étaient contre-balancés par des événements beaucoup moins sympathiques, que ce soient les nombreuses fois où Seb était revenu blessé d'une mission ou le jour où il s'était fait passer à tabac par le frère de Gareth Philby.

En y repensant, le jeune homme se sentit un peu coupable : c'était en allant le venger que Seb s'était fait pincer par Scotland Yard ! Même si son patron lui répétait qu'il n'y était pour rien, Charlie se disait qu'il avait une part de responsabilité dans cette histoire....

Soudain, quelque chose l'alerta et il braqua violemment son volant pour s'éloigner du bord de la route. Pourquoi ? Il ne savait pas ! En regardant dans le rétroviseur, il s'infligea une baffe mentale : il n'y avait aucun danger. Quelle mouche l'avait piqué pour qu'il réagisse de cette façon ?

Il jurerait presque qu'il y avait une raison de se montrer prudent par ici...

Après quelques heures de route, il arriva devant la maison en question. Intéressant, la baraque : le patron devait sans doute venir d'une famille aisée...

Prenant ses jumelles, il jeta un coup d'œil à l'intérieur de la maison qui avait l'air inhabité. Quoique, il crut voir des silhouettes à travers la fenêtre. Réajustant la vue, Charlie crut que sa mâchoire allait se décrocher : ce n'était pas possible ! Pour qu'un tel événement se produise, il fallait que toutes les planètes soient alignées à la perfection...


Pendant ce temps, à l'intérieur de la maison Moriarty...

« J'ai contacté l'État Civil de Nenagh. Les parents de Moriarty sont morts dans la nuit du 3 au 4 juin 1993, dans un accident de voiture... »

« Et Ciaran ? Qu'est-il devenu ? » demanda Sherlock.

« Il s'en est sorti avec un sacré traumatisme crânien. Si ça n'a pas eu de répercussions sur sa santé physique, ça lui aurait provoqué des troubles de la mémoire. Après quelques jours à l'hosto, il a été placé en orphelinat pendant quelques mois avant d'être adopté. Malheureusement, je n'ai pas pu aller plus loin dans mes recherches : pour consulter les archives des services d'adoption, il faut une autorisation spéciale que je n'ai pas ! »

« Dommage : j'aurais aimé savoir où était passé ce fameux frangin... » soupira Moran.

« Puisque tu en parles, Jim ne t'a jamais fait mention d'un frère ? » demanda Serena.

« Une seule fois. On parlait de nos familles respectives : je disais que j'étais fils unique. C'est là où il m'a dit qu'il avait un petit frère, point. Après, il s'est fermé comme une huître et on n'en a plus parlé par la suite... »

« Ce sont sans doute des souvenirs désagréables pour lui... » supposa Watson.

« On dirait bien : dans le carnet, il dresse un portrait très positif de son cadet. Les deux semblent très proches... et ce lien semble s'être cassé après le départ de Jim pour l'Université et l'accident de voiture mortel. »

« Ce qui semblerait être la réponse la plus logique... Mais du coup, Ciaran doit être un jeune homme aujourd'hui. Il approcherait la trentaine, non ? » pensa Lestrade.

« Logiquement, oui ! » répondit Sherlock.

Alors que John commençait à ranger les indices posés sur la table, il fit tomber une feuille pliée en quatre de la pochette en carton.

« Tiens, quelque chose nous a échappé, on dirait ! » déclara le médecin en prenant la feuille.

« Qu'est-ce donc ? » demanda Moran.

« On va le savoir tout de suite ! » répondit Serena alors que Watson dépliait la feuille pour révéler une lettre, datant du jour du départ du jeune Jim Moriarty pour l'Université d'Oxford.


Nenagh, 7 novembre 1992.

Ciaran,

Je sais que tu m'en veux de partir pour l'Université, et je suis désolé de t'infliger ça.

Mais tu comprends que je ne peux pas rester dans la même maison que Lui : ce serait la guerre en permanence et ce genre de choses ne se font pas devant un enfant.

Si je pars, ce n'est pas dans l'idée de t'abandonner. Jamais je ne te ferais une chose pareille. Si j'ai pris la décision de partir, c'est parce que il s'agit de la première étape vers ma réussite. Quand j'aurais fini mes études et que je serais riche, puissant et respecté, je reviendrais à Nenagh pour te chercher. Je t'emmènerai à Londres : il y a des bibliothèques à tous les coins de rues et certaines proposent des livres non traduits. Tu pourras utiliser ton don à volonté.

Toi et moi, on redonnera de la dignité à notre nom de famille.

En attendant, petit frère, sois patient et ne m'oublie pas : je viendrais te chercher, je te le promets.

A bientôt petit frère adoré et n'oublie pas : tu es la seule personne que j'ai vraiment aimé.

Ton grand frère

James Aodhan Sawney Moriarty.


« C'est bien la première fois de ma vie que j'entends Jim demander des excuses à quelqu'un ! » s'exclama Sebastian.

« Quoi ? Même à vous, il ne le fait pas ? »

« Si, mais à demi-mot. Idem pour Charlie. Par contre, il n'en a rien à faire des autres ! »

« Tout à fait le personnage... Bon, on apprend une nouvelle chose : il avait l'intention de prendre son frère avec lui ! Malheureusement, ça ne s'est pas fait ! »

« Je crois bien que c'est la seule fois où j'ai vu un peu d'humanité chez Jim Moriarty ! » marmonna Lestrade.

Soudain, on entendit la porte s'ouvrir dans le vestibule.

« On n'attendait pas de visite ? » demanda Serena.

« Non, mais on ne va pas tarder à savoir à qui on a affaire ! » déclara Sherlock tandis que Greg et John braquaient leur arme en direction de l'entrée du salon. Quelques secondes plus tard, ils virent arriver un jeune homme qui pointait une arme sur eux.

« Charlie ?! » s'écria Sebastian, stupéfait.

« Bon, maintenant on sait à qui on a affaire... Le fameux Charlie Smith ! »

« Que veux-tu, Smith ? »

« Je suis venu récupérer Sebastian. Si vous me laissez faire, tout se passera bien et personne ne sera blessé ! »

« C'est un faux ! » décréta Sherlock.

« Quoi ? Qu'est-ce qui est faux ? » demanda Lestrade.

« Son revolver. Quand bien même il serait très ressemblant à un vrai, je peux vous garantir qu'il n'a pas une vraie arme dans les mains. Voyez par vous même : les reflets sur le dessus indiquent clairement qu'il s'agit d'un revolver factice. »

« N'importe quoi ! » protesta Charlie.

« Charlie, ce n'est pas la peine d'insister. Pour ton info, c'est Sherlock Holmes qui est en face de toi et le détail, il connaît. Puis moi aussi j'ai compris que ce n'est pas un vrai flingue : alors, range ce truc avant que Lestrade ne te descende ! »

« Hey, je ne suis pas un malade de la gâchette ! » contesta l'inspecteur.

Maugréant, le jeune homme rangea son arme en plastique dans sa poche avant de se diriger vers Sebastian qu'il prit dans ses bras.

« Dieu Merci : tu es en un seul morceau ! »

« Il y a pire comme compagnie ! » plaisanta l'ex-colonel.

« Alors, c'est pour ça qu'on ne te voyait plus : on t'a expédié en Irlande... et pas avec n'importe qui ! Si le patron venait à l'apprendre... »

« Si tu pouvais ne pas le lui dire, ça me ferait des vacances ! » soupira Lestrade.

« Désolé, inspecteur, mais mon patron devient ingérable depuis que vous lui avez pris son petit ami ! Alors, il faut que je le ramène au bercail au plus vite... »

« Ça ne doit pas être facile tous les jours de vivre avec Moriarty ! » sourit Watson.

« En effet... Ah, tant que j'y repense ! Seb, c'est la cata : apparemment, Philby te cherche aussi ! »

« Et merde ! J'en étais sûr ! » jura l'ex-colonel.

« Du moment qu'il ne vient pas ici, ça me va ! » répondit Serena.

« Je crains que ça ne soit qu'une question de temps... »

« Quoi, comment ça ? Qu'est-ce que vous racontez, Holmes ? »

« Je crains que votre jeune ami n'ait été suivi, Moran : je viens de voir une Mercedes de couleur noire qui est posté là depuis un bon petit moment. »

« UNE MERCEDES NOIRE ?! » s'écrièrent Charlie et Sebastian qui se précipitèrent vers la fenêtre pour constater que Sherlock avait raison.

« Tu t'es fait suivre par Mikey et Carl ! Maintenant, Philby va être au courant qu'on est là ! Tu aurais dû être plus vigilant, tête de nœud ! »

« Qui sont Carl et Mikey ? Je ne les connais pas, ceux-là ! » demanda Greg.

« Mikey Jenkins et Mikey Dwight sont des hommes de main de Philby. Ce sont des hommes de confiance pour lui : cela fait plusieurs années qu'ils bossent ensemble et ils étaient les premiers membres de son réseau aux Etats-Unis ! » répondit Moran.

« Et c'est quoi leur boulot principalement ? »

« Espionnage et assassinat ! »

« Bon, ça répond à la question. Qu'est-ce qu'on fait ? » demanda Serena.

« Prenez vos affaires et quittons cet endroit immédiatement : il n'est pas question qu'on traîne dans les parages avec Philby qui va se lancer à nos trousses ! Si il nous tombe dessus, on est tous morts ! » ordonna Lestrade.

« Pour une fois, je suis d'accord avec lui : il faut qu'on se casse ! Et on n'aura pas beaucoup de temps devant nous ! » déclara Moran.

« Et bien, au boulot ! » répondit Sherlock qui se précipita vers sa chambre.

Tandis que la petite équipe se préparait à quitter les lieux, Mikey et Carl surveillaient la maison Moriarty.

« Appelle le patron : je crois qu'on a trouvé Moran ! » ordonna Mikey

« Je fais ça tout de suite ! » répondit Carl qui contacta son employeur.


Au même moment, à Londres.

« Boss, un appel de Carl ! »

« Merci. Allô, Carl ? »

« **Patron, j'ai une bonne nouvelle : on sait où est planqué Moran !** »

« Enfin : ce n'est pas trop tôt ! Où est-il ? »

« **Il est planqué dans une ancienne baraque. Et tenez vous bien : cette maison est au nom de la famille Moriarty !** »

« Ah, la blague ! J'avais raison de faire suivre Smith ! »

« **Et ce n'est pas tout : il voyage accompagné... de l'inspecteur Lestrade, du Dr Watson, de Miss Huxley et de Sherlock Holmes !** »

« Sherlock Holmes, tu dis ?! Qu'est-ce qu'il fiche là ? »

« **J'en sais rien, patron, je vous jure. Ce qui est sûr, c'est qu'il n'est pas là par hasard !** »

« Bon, peu importe : vous continuez à les surveiller. Et si jamais il y a du mouvement, vous me prévenez. Je prends le jet et je vous rejoins ! »

« **A vos ordres, monsieur. Terminé !** »

Alors qu'il venait de couper la conversation, Gareth Philby entendit frapper à la porte de son bureau.

« Entrez ! »

Aussitôt apparut son secrétaire, un dossier à la main.

« C'est moi, monsieur. J'ai trouvé ce que vous m'avez demandé au sujet du frère Moriarty ! »

« Alors ? Qu'est-ce que ça a donné ? » demanda le mafieux en prenant le dossier.

« Je sais pourquoi il a disparu après ses huit ans : il a été adopté quelques mois après l'accident de voiture qui a coûté la vie à ses parents. Et la famille qui l'a adopté lui a carrément donné un autre nom... pour une nouvelle vie ! »

« Éclaire ma lanterne ! »

« Bah, disons que son accident lui a laissé une empreinte durable : le choc lui a causé une amnésie partielle. Et du coup, pour lui éviter un traumatisme supplémentaire, on lui a redonné une nouvelle identité afin qu'il recommence sa vie sur un bon pied ! »

« Ce qui explique sa soudaine disparition... » murmura Philby en tournant les pages.

« J'ai trouvé son nouveau nom, et je crois que ça va vous plaire ! »

« Je me demande bien pourquoi... » marmonna le mafieux qui continuait à feuilleter le dossier quand un élément intéressant attira son regard. Vérifiant l'information deux fois pour être sûr qu'il ne rêvait pas, il se tourna vers son secrétaire.

« Non, ce n'est pas possible ! »

« Mais si, monsieur, c'est le cas : j'ai vérifié à trois reprises ! »

A ces mots, Gareth Philby partit dans un éclat de rire incontrôlable.

« Alors ça, c'est vraiment la meilleure de l'année ! On tient notre point de pression ! »

Il se retourna vers son secrétaire.

« Mon jet est-il prêt ? »

« Oui, monsieur : tout est réglé ! Vous pouvez vous installer à bord n'importe quand ! »

« Impeccable ! Je le prends tout de suite ! »

Et alors que Philby faisait route vers l'Irlande, à Nenagh, c'était la course pour la survie...


Pendant ce temps, dans la maison Moriarty...

Le soir tombait sur la campagne irlandaise. Si pour beaucoup, la nuit était le moment de repos et d'apaisement, pour Sherlock et Cie, c'était plutôt synonyme d'inquiétude et de stress.

« Bon, les lumières sont éteintes : il doivent penser qu'on est en train de dormir. C'est le moment parfait pour s'en aller ! Allez, suivez-moi ! » déclara Lestrade qui se dirigea vers la porte d'entrée... avant de se rendre compte que personne ne le suivait !

« Bah, qu'est-ce que vous attendez ? Ce n'est pas le moment de bayer aux corneilles ! »

« Lestrade, essayez de connecter vos neurones : qu'est-ce qui risque de se passer, selon vous, si nous passons par l'entrée principale pour sortir d'ici ? » lui demanda Sherlock, légèrement agacé.

« Ne lui en demandez pas trop, Monsieur Holmes : il risque de frôler la surchauffe ! » ricana Sebastian.

Greg soupira avant de répondre.

« J'ai compris : on va se faire repérer ! Mais alors, si vous avez une autre alternative, je vous en prie, Sherlock : dites la nous ! »

« Quand on a enquêté sur la maison, on a visité le jardin qui se trouvait derrière la maison... et je me souviens que, sur le mur du fond, il y avait une porte qui donnait sur l'extérieur. On peut essayer de partir par là ! »

« Excellent, John ! Partons par là ! » déclara Serena.

« Dans ce cas, je peux me révéler utile : j'ai emmené une lampe-torche ! » ajouta Charlie qui sortit l'objet évoqué de sa poche.

« Bien vu, gamin. Watson, montrez-lui le chemin ! »

Et en deux temps trois mouvements, la petite équipe sortit discrètement de la maison et s'avança dans le jardin, éclairé par la lampe de Charlie.

« C'est là ! Pourvue que la porte ne soit pas condamnée ! »

Watson tourna doucement la poignée et, comme si elle avait entendu l'urgence de la situation, la porte s'ouvrit dans un grincement un peu sinistre.

« Pourquoi est-ce qu'au moment où il faut être discret, il y a toujours un truc qui fait un boucan pas possible ? » s'énerva Greg.

« Doucement la stéréo, Lestrade ! Ce n'est pas le moment de se faire pincer ! » le sermonna John.

« Vous venez ou quoi ? » demanda Serena qui était pressée de quitter les lieux.

Une fois que tout le monde passa dans l'ouverture, Sherlock ferma derrière lui.

« Bon, c'est bien joli d'être dehors, mais là, on n'a aucune planque ! On ne peut pas rester dehors indéfiniment ! »

Pendant que les autres débattaient, Charlie promena le faisceau de sa lampe qui éclaira un petit chemin de terre. Qui semblait mener quelque part...

« Euh, dites : et si on suivait ce chemin ? Si ça se trouve, ça va déboucher sur un abri... »

« Tu en es sûr ? »

« On peut toujours essayer... De toute façon, on n'a pas beaucoup d'options ! »


Pendant ce temps, dans un avion privé...

Jim était dans un état second : le SMS de Charlie lui avait fait l'effet d'un coup de marteau sur la tête. Alors comme ça, non seulement Seb était en Irlande, mais en plus, il était installé dans sa maison d'enfance, en compagnie de Lestrade, Huxley, Watson... et ce satané détective !

Alors que l'appareil amorçait son atterrissage à l'aéroport de Cork, au sud du pays, le criminel consultant faisait marcher ses méninges à toute vitesse. Pourvu que Philby ne soit pas déjà arrivé avant lui, sinon il ne donnait pas cher de la peau de Charlie...

Une fois arrivé sur le plancher des vaches, Moriarty s'installa dans une voiture qui l'attendait et il prit la direction de Nenagh, en espérant ne pas arriver trop tard...


Dans la campagne irlandaise...

« Mais où est-ce qu'on va, à la fin ? » s'énerva Greg.

« Patience, Lestrade : ce chemin aboutit forcément quelque part ! Alors, mettez la en veilleuse ou je laisse Moran vous clouer le bec ! » menaça Sherlock.

« A votre service, Mr Holmes ! » ricana Moran.

« Dès qu'on parle de meurtre, il est tout content ! » sourit malicieusement Charlie en levant les yeux au ciel.

« En même temps, c'est son gagne-pain ! » fit remarquer Serena.

« Ah, je crois que ça va vous plaire, Lestrade : je vois une maison au bout du chemin ! » déclara Watson.

Et en effet, devant eux, se dessina la silhouette d'une maison qui ressemblait presque à un manoir. Ce qui rassura nos marcheurs...

« Allons-y, entrons ! »

« Et si jamais elle était encore habitée ? » demanda Moran.

« Quelque chose me dit que non... » murmura Charlie qui crocheta la serrure de la porte extérieure, permettant l'accès des lieux au reste du groupe.

Une fois en sécurité, ils s'installèrent dans la maison qu'ils éclairèrent avec la lampe de Charlie.

« J'ai ma petite idée où nous sommes... Nous sommes dans la maison de la grand-mère ! » déclara Sherlock.

« Quelle grand-mère ? » demanda le plus jeune du groupe.

« Celle du patron... Je t'expliquerai tout ça, plus tard ! » lui répondit l'ex-colonel.

« Et qu'est-ce qui vous fait dire ça ? » demanda Greg.

« Regardez sur les étagères, vous comprendrez ! » répondit le sociopathe en lui désignant les bocaux qui trônaient sur les étagères et présentaient des charmantes plantes telles que la belladone, la digitaline et autres poisons ambulants...

« Alors là, plus de doute possible ! » murmura Serena qui s'assit sur un fauteuil, imité par les autres.

« Bien, maintenant que nous sommes tous là, il faut absolument qu'on trouve une solution de sortie ! Quelqu'un a une suggestion ? » demanda Lestrade.

« On devrait contacter Mycroft : il faut absolument qu'on sorte d'ici ou on va se faire zigouiller ! » répondit Watson.

« Pas sûr que ça soit une bonne idée, John : si ça se trouve, on va être sur écoute et on risque de donner notre position à Philby ! » déclara le détective.

« Alors... Qu'est-ce qu'on fait ? » demanda Charlie.

« Je propose qu'on se repose un peu : ces dernières heures ont été éprouvantes pour beaucoup de monde, je pense. » suggéra la profiler.

« Ce n'est pas de refus : j'ai besoin de sommeil ! » répondit Moran en s'étirant.

« Dans ce cas, on va dormir dans le salon : on ne sait jamais... Fouillons les chambres et prenons les matelas ! » ordonna Lestrade qui alla dans une chambre du rez de chaussé et revint avec un matelas et des draps. Les autres firent de même et c'est ainsi qu'ils se retrouvèrent à camper dans le salon de feue Kathleen Moriarty.

Et sans plus de cérémonie, ils se laissèrent plonger dans les bras de Morphée... sauf Sherlock qui resta encore un peu éveillé : il n'a jamais vraiment eu le même rythme de sommeil que les autres. Il se tourna pour faire face à Serena qui dormait paisiblement.

Le détective se surprit à sourire : oui, il avait déjà vu Serena endormie, mais c'était une vue dont il ne se lasserait jamais. Têtu comme il était, il ne l'admettrait pas en public, mais il se sentait chanceux et honoré que Serena l'ait choisi, lui, parmi la pléthore de prétendants...

Un bruit troubla ses douces pensées : il y avait de grandes chances que quelqu'un se soit invité dans la demeure. Se levant doucement, il prit l'arme de Lestrade et se cacha derrière le mur pour guetter le mystérieux intrus. Sans un bruit, il se glissa dans le couloir, tendant l'oreille pour connaître la localisation de leur visiteur du soir...

Voyant une silhouette dans la cuisine, il bloqua le passage en braquant le revolver.

« Ne bougez pas ou je vous troue la cervelle ! »

« T'es malade ? »

Le détective reconnut la voix et lâcha un long soupir d'exaspération en baissant son arme.

« Moriarty ? Comment as-tu su où on se trouvait ? »

« Deux choses : premièrement, j'ai suivi le traceur GPS du portable de Charlie. Et deuxièmement, je tiens à te rappeler que tu es sur les terres de mon enfance : même dans le noir, je sais où se trouve la maison de ma grand-mère ! »

« Une grand-mère qui t'a donné un sacré bagage pour tes activités criminelles ! »

« Comment le sais-tu ? »

« Disons qu'on est tombé sur ton carnet et qu'on y a découvert des choses intéressantes ! Comme notamment ta confession sur le meurtre de Carl Powers ! »

Le criminel consultant se frappa le front : et il ne manquait plus que ça !

« Et à part ça, il s'est passé des choses pendant votre escapade ? »

« A part qu'on a appris que Serena et Moran étaient ami d'enfance, non... Ah si : on est au courant pour ton frère, Ciaran. Le frère bien aimé qui a disparu ! »

« Je te déconseille de me parler sur ce ton, Sherlock ! »

« Je ne me moquais pas ! »

Un silence s'installa entre les deux génies avant que Jim ne reprit la parole.

« Et sinon, tu veux bien me laisser passer ? »

Après quelques secondes de réflexion, le détective s'écarta du passage et lui fit signe de passer. Moriarty s'avança et arriva dans le salon où il vit le reste de la bande en train de dormir. Sherlock arriva à sa suite et se mit à parler.

« Debout tout le monde ! On a de la visite ! »

« Sherlock, vous êtes malade ou quoi ? Vous pourriez nous laisser... AAAAAH ! MORIARTY ! » hurla Lestrade, parfaitement réveillé.

« Patron ? Mais qu'est-ce que vous faites là ? » demanda Charlie.

« Il a suivi tes coordonnées GPS ! » lui répondit le détective.

« Pour une surprise, c'est une sacrée surprise ! » balbutia Serena qui se redressa.

« C'est toujours mieux que d'avoir affaire à Philby ! » avança Watson.

Moriarty se tourna vers Sebastian qui était assis sur le canapé et le fixait d'un air surpris. Le criminel consultant se précipita vers son amant avant de le serrer dans ses bras - geste qui surprit beaucoup de monde, sauf Charlie.

« Tu vas bien ? Ils ne t'ont pas fait de mal ? »

« T'inquiète, je suis en un seul morceau ! »

« Pour l'instant ! » déclara une voix venant du vestibule qui fit retourner l'assistance vers Gareth Philby qui se tenait contre le chambranle de la porte, entouré de Mikey et de Carl.

« Oh non : pas lui ! » gémit Charlie.

« Salut, Jim. Miss me ? »

« Que je sache, on n'a pas élevé les cochons ensemble, Philby ! »

« Oh, pourquoi tant d'agressivité ? N'es tu pas content de revenir sur tes terres d'origine. Le retour aux sources, etc. Moi, je vois comme l'image exacte de l'expression "La boucle est bouclée" : tu es né ici et tu vas y crever ! Tout comme tes charmants petits camarades... »

« Charmant programme ! » ironisa Serena.

« Miss Huxley, ce n'est pas contre vous, mais la majeure partie des personnes présentes dans cette pièce sont susceptibles de me mettre des bâtons dans les roues. Alors, j'applique la politique de ne laisser aucun témoin ! »

Le mafieux se tourna vers Charlie.

« Mais qui vois-je ? Notre fameux secrétaire, Charlie Smith. L'homme qui parle plusieurs langues... Tu dois être quelqu'un d'important pour Jim, et à plusieurs titres ! »

« Où voulez vous en venir ? » demanda Watson.

Philby ignora le médecin et continua sa conversation avec le jeune homme...

« A ce que je vois, vous vous êtes retrouvés, c'est bien... Allons, ne sois pas timide, va le prendre dans tes bras. Après tout, n'est-ce pas ce qu'on fait dans une famille, Charlie ? Ou devrais-je dire Ciaran Moriarty ? »



Pour une surprise, c'est une sacrée surprise ! Comment nos héros vont se sortir de ce mauvais pas ? Gareth Philby va t'il accomplir sa vengeance ?

RDV au prochain épisode et à bientôt !

Bisous ! 😘

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