•𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝟖•
Heya ~ 3450 mots le chapitre du jour ^^ Il y a plusieurs éléments que je voulais poser, et je suis contente parce que j'ai mis tout ce que je voulais pour cette partie.
Et au passage, j'ai fait un dessin couleur de Lhea, visible en média. Je n'ai pas ma tablette à proximité, mais j'ai des nouveaux feutres. Je n'ai juste pas de noir, j'ai donc dû improviser ęuę...
Anoway
En espérant que ce chapitre vous plaise ^^ n'hésitez pas à voter et laisser des commentaires, ça me fait toujours plaisir !
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Mon réveil, quatre heures plus tard, fut des plus pénibles. Mon réveille-matin était le portable de Papyrus qu'il posait près de ma tête quelques minutes avant qu'elle ne crie. Et il a fait un choix spéciale d'alarme ; celui de l'incendie ! Quelle douce mélodie pour me réveiller de bonne heure, me disais-je en me roulant en boule dans mes draps.
- Allez, debout là-dedans ! hurla la voix de Sir Papyrus du royaume de ses morts...
J'ignorai la voix agressante et sifflante de celui-ci pour me concentrer sur un rêve devenu lointain. En vain... Et cette déception me mit encore plus en rogne que je ne l'étais.
Je finis par rouler hors du canapé, m'emparant du téléphone portable qui continuait de me manger la bonne humeur jusqu'à ne laisser qu'un tas de ruines, dite, ma colère. Comme si mes doigts étaient devenus des griffes qui déchireraient la plus solides des pierres, comme si mes yeux reflétaient la mort, comme si je bouillonnais de rage au point de sentir la friteuse. Comme si je pensais en être capable, je tenais ce très cher téléphone entre mes mains en brûlant d'une envie affreuse de le jeter par-dessus bord. Le balcon ne demandait qu'à être ouvrir... La porte cogna le mur si fort que je pouvais alerter tous les voisins de cet immeuble. Et lorsque je prenais mon élan pour le balancer jusqu'à l'étoile la plus proche, je me sentis lourde. Lourde au point de me faire désarmer du peu de muscle que j'avais. Au point de me faire tomber contre le béton. Je serrai les dents et risquais un coup d'œil vers mon assaillant qui se tenait pile au-dessus de ma tête, les pieds vissés près de mes oreilles. Papyrus avait un regard dur. Ce même regard qui disait « Toi, t'es dans la merde. »
- Mon téléphone. Maintenant, ordonna-t-il en serrant les dents si fort qu'il aurait pu les briser.
- Encore faut-il me libérer gros con !
Il baissa son indexe et l'aura rouge qui m'avait cloué au sol s'évapora, et par la même occasion, mon âme aussi. J'ai à peine eu le temps de le regarder, trop occupée à foudroyer mon tuteur du regard. C'était donc ça, sa magie ?
Lorsque je fus libre de mes mouvements, je me levai et, sous son air insistant, je tendis son téléphone.
Avant de faire volte-face à la ville et jeter l'outil de communication dans le vide.
Le silence.
Puis le bruit d'un petit caillou technologique qui brisa le parebrise d'une voiture.
Je m'attendais à ce que Papyrus me jette à mon tour, mais il resta droit comme un piquet, brûlant tellement de rage que je voyais ses pommettes chauffer. Il serra les poings et l'espace d'une seconde qui me parut une éternité, j'avais sincèrement cru qu'il allait me claquer si fort que j'en serais tombée dans le coma.
Et je mentirais si je disais ne pas avoir eu peur.
Il finit par tourner les talons et enfila sa veste.
- Bah alors, vous ne me punissez pas ? Je suis si bas dans votre estime que je n'en vaux pas la peine ?! aboyai-je, m'attendant à le faire sortir de ses gongues. Je vous préviens, je ferais de votre vie une telle enfer que vous aurez envie de m'exploser contre un mur jusqu'à ce que je ne m'en relève pas !
Il reposa ses orbites sur moi et il avait l'air si fatigué de mon comportement qu'il n'avait même plus l'air en rogne.
- Je te garderai en vie jusqu'à ce que tu vailles la peine d'être tuée.
Et il referma la porte. Comme ça. Sans rien ajouter.
[...]
- Tu... commença la voix de Sans, quelques minutes plus tard, qui manquait de recracher ses céréales sur moi. Mais qu'est-ce qui t'es passé par la tête ?! Tu tiens si peu à ta vie que tu es prête à pousser Boss à bout ?!! Tu le provoques pour quoi, au juste ??
- Ouais bah ton Boss à la con n'a pas cillé...
Le squelette à la dent en or me lorgna avec insistance avant de soupirer de lassitude.
- En fait, tu voulais juste qu'il te frappe. Comme ça ne fait pas longtemps que tu vies ici, nous sommes encore sous contrôle, et si la police apprenaient que tu te faisais battre, on perdrait ta garde. N'est-ce pas ?
Je renvoyais son regard avec intérêt. Un rictus m'échappa.
- T'es pas si bête que ce que tu montres.
- Heh. T'as encore plein de choses à apprendre. Mais Papyrus non plus n'est pas dupe. Je mettrais ma main à couper qu'il a compris ton petit manège, et qu'il est parti avant de perdre son sang-froid.
Il me rendit mon sourire. Mais le sien était effrayant et plein de sous-entendu.
- Tu as déjà appliqué cette méthode.
- Hm ? fit-il, sans comprendre.
- Ce n'est pas une question. Mais une affirmation. Pourquoi en saurais-tu autant ? Ça ne t'était pas venu à l'idée que je faisais cela par pur plaisir ?
Son rire gras résonna dans mes oreilles. Je repris une bouchée de céréales.
- Tu poses trop de questions Gamine. Tu devrais te préparer pour aller à l'école.
- Tu pourrais m'y téléporter en deux temps trois mouvements, fis-je remarquer. Je veux connaître la vérité, Sans.
- Quelle vérité ? me demanda-t-il tout innocent.
- Tu sais.
- Je sais quoi ?
- Bordel mais tu le fais exprès ?! Je sais que tu me caches des choses. Tu as ignoré ma question à propos d'Alphys, et maintenant sur ça.
Je me penchai par-dessus la table pour m'approcher de son visage afin d'y discerner un quelconque signe de défaillance, n'importe quoi pour le percer. Lui, semblant ne pas comprendre, me fixa simplement avec son sourire arrogant.
- Qu'est-ce que tu me caches, Sans le Squelette ?
Notre jeu de regard dura un long instant, puis finalement, Sans se leva.
- Habille-toi.
Je me levai à mon tour.
- Non.
- Ne joue pas à ça avec moi. Tu peux peut-être berner Papyrus, mais comme tu l'as dit tout à l'heure, je ne suis pas bête. Je sais pas ce que tu cherches exactement, mais je sais que ta curiosité n'est pas la bienvenue parmi nous.
Et il n'avait pas tort. J'étais curieuse, je ne le cachais pas, mais qu'il me le dise en face avait un tout autre impacte. Parce que c'était bien réel. Et ce trait de caractère le dérangeait.
Mais pourquoi ? Que cherchait-il à me cacher ?
[...]
Le premier cours se déroula bien. Le deuxième aussi. Le troisième... j'avais décroché. J'observais le périmètre extérieur par la fenêtre, et ma prof de français, Madame Cree, ferma le store quand je ne m'y attendais pas, ce qui me fit sursauter comme un ressort sur ma chaise.
- Comme je le disais, reprit le petit tas de chaire à la robe à rayures en faisant demi-tour pour poursuivre ses explications grammaticales, cette règle s'applique pour toutes les phrases...
Je soupirai et m'accoudai à mon bureau, le regard dans le vague, incapable de me concentrer.
Puis sonna dix heures et demie. Quelques élèves sortirent de la salle, moi sur leurs talons. Mais contrairement à eux, j'avais attrapé mon sac à dos et ma veste, et au lieu de me diriger vers la cours où se déroulaient des jeux de billes, je prenais la direction de la sortie.
Dehors, l'air était sec. Les feuilles aux multiples couleurs chaudes virevoltaient dans le ciel bleu-gris, et quelques fois, l'une d'elles venait se poser dans mes cheveux. Je marchais durant quelques secondes, une minute peut-être, et lorsque je pensais pouvoir franchir le portail sans accroc, une voix m'interpela dans mon dos. C'était Lancer, et il avait l'air inquiet de ma fuite indiscrète.
- Va-t'en, crachai-je en jetant un regard haineux par-dessus mon épaule.
- Lhea, tu ne peux pas partir comme ça ! C-c'est pas bien... Tu as des problèmes ? Tu veux en parler ?
- Des problèmes ? Ouais, peut-être bien que j'en ai. Je hais cet endroit, je hais chacun de vous tous. Parce que le Créateur a eu l'idée stupide de marquer nos différences jusqu'à notre regard, et qu'à cause de lui, nous savons que nous ne sommes pas pareils. Vous me dégoûtez parce que vous êtes tous différents. Tu me dégoûtes parce que tu es l'un d'eux. On ne sera jamais ami. Parce que je ne suis pas comme toi.
L'espace d'un instant, l'adolescent semblait blessé. Il me fixait avec la bouche entrouverte, sans savoir que faire. Que dire. Lentement, son visage se décomposa. Il serra des dents et des poings. Je n'avais pas le temps de comprendre ce qu'il se passait, car avant même que je ne puisse ajouter quelque chose, il m'avait attrapé par le devant de ma veste et m'avait placardé contre portail. Couinant de stupeur, peut-être de douleur, je ne pus que me retenir à ses avant-bras en espérant qu'il ne me fasse pas traverser le métal par la seule force de ses petits muscles.
- Hé, moi qui te pensais faible et naïf... tentai-je de dire, appréciant le côté fellien que je venais de percer chez lui.
Dans un silence qui en disait long, Lancer finit par me lâcher. J'étais certaine qu'il voulait me frapper, mais je fus bien surprise, au contraire, de le voir partir tranquillement, la tête basse cependant. Durant quelques secondes, c'était Papyrus que je semblais voir. Et la rage me remonta au nez.
- T'as pas les couilles, hein ??! Tu es un lâche, Lancer !
Il ne se retourna pas. Mais quelqu'un m'avait répondu, et sa voix était si proche de moi que j'en eus la chair de poule.
- Tu viens de crier sur le gars le plus gentil de l'école. Félicitation ?
Je tournai brusquement la tête. C'était une des filles de ma classe, discrète mais méprisante, avec un air qui disait « ne fais pas trop le malin ». Un genre de dinosaure dont le nom m'échappait.
- Honnêtement, je ne te pensais pas capable de rester ami avec lui. Lancer n'a certes pas une très bonne réputation à cause de ses... étranges manies à vouloir prendre le rôle du gentil p'tit gars. Il a toujours voulu être ami avec tout le monde, tu savais ? C'est vraiment un phénomène. L'instant d'avant il est le parfait petit citoyen avec des principes de végans et de bisounours, et celui d'après, ses pulsions de colère te mettent en danger.
- Rien à battre.
- Ça, je le sais bien, que t'en a rien à battre.
Elle sortit, comme s'il s'agissait d'une vulgaire cigarette, la craie qu'elle avait coincé entre ses crocs pointus.
- Qu'est-ce que tu m'veux ? crachai-je en remontant la bandoulière de mon sac.
- Juste effectuer une petite prévention.
Sur ces dernières paroles, elle croqua la craie de manière à en éparpiller partout sur le sol, et m'envoya un coup de poing dans le ventre d'une force dont même moi n'y croyais pas.
Peu importe qui elle était, elle avait l'air de tenir à Lancer.
Et elle était en colère.
Je me pliai et tombai sur les genoux, le souffle coupé. Le dinosaure violet renchérie son coup avec son pied enfoncé dans les côtes, m'attrapa les cheveux pour relever la tête, et approcha son museau de mon visage transpirant d'anxiété.
- La prochaine fois que tu t'approches de lui, tu ne t'en relèveras pas. Compris ?
Elle me lâcha et s'en alla, les mains dans les poches, comme si de rien n'était. La sonnerie retentit. Les élèves ne s'attardèrent pas sur mon sort, habitués à ce genre de violence dans leur quotidien, et retournèrent dans l'établissement pour donner suite à la récréation à présent terminée.
Je me levai tant bien que mal, mais retombai bien trop vite sur les rotules. Je sortis mon téléphone à clapet, celui qu'on m'avait refilé en cas d'urgence, et cherchai Sans dans mes contacts. Il fallut sept putains de sonneries pour qu'il se décide à décrocher.
- Quoi encore ? Pourquoi t'es pas en cours ?
-V-viens me chercher... Andouille... grognai-je en ravalant mes sanglots.
Quelques secondes s'écoulèrent. Sans s'était téléporté derrière le portail, le téléphone encore dans la main. Il raccrocha, la fourra dans sa poche et entrouvrit la porte en métal pour me rejoindre.
- Qu'est-ce que t'as fichu ?
- J'veux rentrer...
- Oui, d'accord, mais pourquoi dois-je te retrouver dans cet état-là le deuxième jours de cours ?
- J'avais dit que je ne voulais pas aller dans une école de monstres ! Racistes ! J'vous déteste !!
Il me fit taire en deux mots.
- Ta gueule.
Je grinçais des dents.
- Juste, ferme ta gueule. Je ne suis pas responsable de toutes les merdes qui t'arrivent, et si t'es même pas foutue de rester un minimum correcte pour ne pas te faire tabasser par les autres, je n'y peux rien. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Tiens, d'ailleurs, ton nouvel ami ne t'a pas protégé ?
- Je n'ai aucun ami ici.
- ... Je sais. Viens, j'te ramène à la maison.
Il me fit dos, mais constatant que je ne me relevais pas, il prit l'initiative de me prendre sous l'aisselle avec brutalité.
- Aller Lhea, ne fais pas la faible.
- C-c'est peut-être ce que je suis, au fond !
Il me fixa intensément, sourcils froncés.
- Peut-être. Mais ne le montre pas, alors. Tu as prévenu quelqu'un que tu partais ?
- Quelqu'un est au courant, oui, répondis-je en reniflant. On peut y aller maintenant ?
[...]
- Tu as fait QUOI ?
- B-Boss, elle était blessée et suppliait de rentrer, je devais faire quoi, la laisser là-bas ?!
- Exactement ! T'es vraiment borné, Sans ! Tu n'apprends donc jamais de tes erreurs ??
Un coup. Je ramenai mes jambes contre moi.
- T-tu ne vas pas remettre ça sur le tapis..!
- Je viens de le faire ! Je pensais que tu auras un minimum de jugeote pour agir en conséquence ! Non mais ! Faire louper presque une journée entière d'école et ne pas aller au boulot ! Ni elle, ni toi !
- J-je la surveillais...
Nouveau coup. Cette fois, j'entendis le corps de Sans rencontrer un mur ou une porte.
- Tu ne la surveillais pas. Tu en PROFITAIS ! Tu profites comme le parasite que tu es. C'est ce que tu sais faire de mieux. Profiter des autres. Profiter de l'humaine. Profiter de...
Nouveau coup. Je ne voyais rien, assise derrière la porte de la salle de bain, mais j'imaginais bien la scène entre les deux squelettes. C'est donc ça, ce que me disait Sans... Mais Papyrus ne se contentait pas de se défouler sur lui.
Il le torturait...
- Relève-toi. Il est vingt-trois heures, tu as encore le tems de compléter quelques misérables heures dans ce piteux bar à putes.
Bruit d'une porte qui claque. Je ne savais pas lequel des deux étaient partis, ainsi décidai-je de risquer un regard à l'extérieur de ma cachette. J'aperçus, une fois dans le salon, Papyrus, qui fixait le plafond, affalé sur le canapé.
- Comment tu te sens ?
Sa question me prit au dépourvue. Il répéta, plus durement, ce qui me fit sursauter.
- M-mieux.
- Alors va au travail.
Pensant à une blague, je le fixais. Mais ce n'en était pas une, vue le regard sévère qu'il me renvoya. Je m'activai donc, et sortis de l'appartement.
Le bar n'était qu'à quelques rues, aussi, seulement guidée par la lumière des lampadaires, je trouvai facilement le chemin. Seulement voilà, lorsque je pensais atteindre ma destination, j'entendis un bruit. Un son. Une voix. Un sanglot. Surprise, et curieuse, je m'approchai de la silhouette en boule contre le mur, à gauche du bar, près d'un cul de sac où séjournaient des bennes à ordure. Il s'agissait de Sans. Son capuchon rabattu sur la tête, il pleurait. Il pleurait comme je n'avais jamais vu personne pleurer. Et puis, je réalisai l'ampleur du secret qu'il tentait de dissimuler. Ça, c'était juste ce qu'on voyait. Mais il y avait quelque chose en dessous. Le pourquoi. Le comment. Le depuis combien de temps. Et merde, j'avais essayé de découvrir l'ombre qui possédait le visage de l'équilibre. L'équilibre entre la vie, et ce qui s'y cachait en dessous. La face noire de sa vie.
- S-Sans ? Tout va bien ?
Question idiote. Le squelette ne prit pas la peine de regarder dans ma direction, mais semblait reconnaître le son de ma voix, car celui-ci me murmura :
- Pars...
Je ne bougeai pas.
- Pars... Laisse-moi tranquille...
Un peu inquiète, je pris place devant lui, me sentant concernée par la raison pour laquelle Papyrus l'avait corrigé. Il était évidemment que c'est parce qu'il avait participé à ma fuite après une bagarre, et qu'en voulant aider, il ne s'était attiré que des ennuis.
- Il fait ça souvent, je me trompe..?
Il leva les yeux et je vis que sa joue était d'un rouge vif inquiétant, signe qu'on l'avait giflé à plusieurs reprises.
- Je ne pensais pas que c'était si grave...
- Tu n'as rien de constructif à me dire alors va-t'en.
- Tu as déjà tenté d'appeler la police ?
Il ricana. C'était ironique, et il recacha son visage pour que je ne le vois plus pleurer.
- On parle du grand Papyrus. Il siège si haut dans le système de protection de l'état que même le maire garde son précieux toutou sous son aile. Il tient une armée entière du bout de ses phalanges. Une parole, un ordre. Autrement dit, c'est le Boss. Au sens littérale. Et tu penses que je suis capable de me monter contre lui ? Il est la seule famille qu'il me reste, j'ai foutu notre relation en l'air, mais au moins, nous sommes tous les deux en vie et en bonne santé. Enfin... Surtout lui...
Il essuya ses larmes d'un revers de manche. Il semblait se rendre compte qu'il s'était ouvert à moi, et bien que j'en sois touchée, je n'étais pas prête à en rester là.
- Sans, je veux bien comprendre que nous vivons dans une société de brutes sanguinaires, et même après avoir supporté les pulsions violentes de l'ancien crétin qui s'est occupé de moi... Je suis persuadée que ça, cette relation que tu tiens avec ton frère, elle est poison. Elle te détruit, Sans. Je ne t'aime pas assez pour te le cacher et noyer la vérité dans un amas d'amour et de câlins. Mais je ne te hais pas au point de ne pas te le dire en face. Tu m'as aidé. Un peu plus d'une fois. Et même si tu restes un con fini, je te le dis en face. Ton frère est un putain de rat. Et je n'aime pas qu'il se moque de sa famille.
- Tu dis ça... Parce que tu n'en as pas, huh ?
- Peut-être. Peut-être, mais avoue, ce n'est pas stupide. Il se fout de l'unique chose que je n'avais pas.
- Un cerveau ? se moqua-t-il en me regardant dans le blanc de l'œil.
- Il se fout de sa famille, idiot.
Passa un long instant sans que personne ne parle. Il finit par renifler, méprisant.
- Et donc, quoi, tu attends que je me rebelle ? Je n'ai que ce que je mérite...
- Je ne vois pas ce que tu as pu faire de si horrible pour que tu mérites un châtiment aussi inhumain vis-à-vis ton petit frère !
Et il éclata de rire.
Un rire mélangé à ses propres larmes.
- Tout s'explique. Nous ne sommes pas humains, alors, tout est normal, n'est-ce pas ?
Je me tus, mes propos remontés contre moi. Comme je n'avais aucune autre réponse à lui donner, il profita de son moment de lucidité pour sourire tristement. Un véritable sourire. Celui qu'on ne voyait que sur le visage des plus faibles de notre monde.
Urg... J'ai envie de disparaître, là.
- Je t'ai aidé, parce que tu me rappelles moi plus jeune. Je t'ai aidé parce que quand je te regarde, c'est moi que j'ai l'impression de voir. Se battant pour sa survie, allant à l'encontre de ses principes, fuyant, s'accrochant dans ce monde... Parfois, je voudrais ne pas savoir que ce monde est comme celui que tu vois chaque jour, en te réveillant. Qu'il n'est pas ce que je crois qu'il est. Et parfois, j'ai juste envie de crever.
- Sans...
- Je suis sérieux. Parfois, j'en ai tellement marre de ce monde, de cet univers, de cette vie... De MA vie, que j'ai juste envie d'arrêter de me battre et me laisser porter par les flots des coups qu'on me donne. Qu'un jour, celui qui m'abattra dise : Enfin ! J'ai réussi, j'ai tué ce minable qui a pourri la vie à ma famille. Et quand ce jour arrivera, ça sera une libération. Pour moi. Pour Lui. Pour toi aussi, je suppose. Votre vie ne changera pas, ou alors elle sera meilleure. La vie continue, Gamine. Mais la mort aussi. C'est juste qu'elle dure plus longtemps...
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