•𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝟕•

Bordel.

Merde.

Putain.

Fichtre.

C'est dégueulasse.

- Allez, mange !

Je plaquai les mains contre ma bouche pour ne pas tout recracher, et encore moins reprendre une bouchée de... ça.

- Lhea, ton bus ne va pas tarder à passer. Alors soit tu finis ton assiette sans broncher, soit tu vas repasser la nuit dehors !

Cette fois, je n'en pouvais plus. J'avalai le contenue de ma cavité buccale avec une grimace, ignorant comme possible le spasme qui pourrait bien tout me faire vomir, et m'enfuis rapidement de la cuisine. Papyrus hurla contre moi.

Je ne veux plus manger de raviolis en conserve le matin.

J'aperçus Sans dans le salon, affalé sur le canapé, et avant-même que je n'ai eu le temps de le supplier de ne pas m'approcher, il me montra la porte, avec un air las. Comme s'il ne voulait pas me rattraper. Sans un remerciement, trop occupée à fuir le grand squelette, j'enfilai mes nouvelles baskets et attrapai le vieux truc qui servait de sac de Sans pour y ranger mes livres. Prête, et affamée mais sans regret, je sortis de l'appartement en prenant soin de ne pas regarder derrière moi. J'imagine qu'il a fait exprès de me laisser filer, avec ses jambes de géant rouge il aurait pu, non, aurait DU me rattraper !

Je pris l'ascenseur et rejoignis au plus vite l'arrêt de bus, de l'autre côté de la route. Ce n'est que lorsque le car de ramassage scolaire arrivait que je me rendis compte avoir oublié le sert-tête chez les deux crétins.

Bah. Tant mieux.

[...]

Après avoir laborieusement ignoré la totalité des élèves dans le bus, tous plus monstrueux les uns que les autres, je me rendis dans la cours. L'EPM n'était pas très grande, avec ses deux étages qui comprenaient salles de classe, cafétéria et salle de sport. Pas de bibliothèque. Pas de piscine. Pas de laboratoire de chimie.

L'École Pour Monstres portait bien son nom. À peine arrivée, tout le monde m'avait déjà remarquée. La seule humaine. La seule qui n'a rien à voir avec eux. Tête basse, j'entrai et pris la direction du secrétariat. Là, une lézarde s'y tenait, derrière un large clavier d'ordinateur. Elle avait l'air en colère, mais ses grosses lunettes rondes ne me laissaient pas voir ses yeux. Lorsqu'ils croisèrent les miens, j'imagine, vue qu'elle s'arrêta nette de frapper sur les touches pour regarder dans ma direction, un sifflement lui échappa. Je détournai le regard pour échapper à cet air mécontant, et remarquai les nombreux livres de science dans un coin de la pièce.

- Tu es la petite nouvelle, je présume ?

Et elle me tutoyait, en plus, cette bonne femme.

- Lhea.

- Lhea le Squelette ? demanda-t-elle, perplexe et arrogante.

- Ouais, Papyrus et Sans sont mes deux tuteurs, donc j'imagine que je prends leur nom de famille.

- Ce n'est pas leur nom de famille. Sinon je m'appellerais Alphys le lézard, et toi Lhea l'humaine.

Je soupirai d'exaspération en enfonçant les mains dans les poches de ma jupe. Elle en fit de même avec une certaine irritation, mais sans effectuer la seconde partie de mon action, se contentant, à la place, de me tendre une feuille.

- Bien sûr que c'est leur nom de famille, ignorante. Écris ton nom ou signe en bas sur la ligne, et sors de ma vue.

Je fis ce qu'elle me dit de faire, de peur de m'attirer encore des foudres de sa part, avant de m'éclipser rapidement.

Mon casier n'était pas loin, juste à côté des escaliers. Comme je n'ai pas encore reçu mon matériel, je traçai directement direction l'étage supérieur, cherchant la salle E, la boule au ventre.

C'était une pièce tout ce qu'il y avait de plus normal, à l'exception des monstres qui me servaient de camarades et de prof. Je m'assis et attendis le début du cours avec un mauvais présentiment.

- Un peu d'attention tout le monde, nous avons une nouvelle élève dans notre établissement, annonça notre titulaire, une espèce d'ombre sans visage avec les pieds dégoulinants sur la moquette grisâtre. Peux-tu te présenter s'il te plait ?

Je ravalai mon inquiétude et me levai, observai rapidement les deux, trois, quatre, une ou zéro paire d'yeux de chacun, avant de prendre une profonde inspiration.

- Je m'appelle Lhea. J'ai quatorze ans.

Long silence.

- J'étais dans une autre école avant. J'aime les cours d'art plastique et manger de la confiture de fraise.

Nouveau silence.

- Merci de votre attention.

Je me rassois en me donnant une gifle mentale. Pendant ce temps, quelques élèves ricanaient de ma piètre représentation. Le prof demanda un peu de silence.

- Merci beaucoup Lhea. Je suis monsieur Fluidshade, ton nouveau titulaire.

C'est ainsi que débuta ma magnifique journée, ou pire, ma magnifique année scolaire.

[...]

Une silhouette s'approcha du banc sur lequel j'étais assise, dehors. C'était un monstre, sans grande surprise. Petit, sa peau visiblement blanche et sensible au soleil se servait d'un gros pull violet à capuchon pour se protéger, si bien que l'ombre de celui-ci cachait avec brio ses yeux. Mon attention se concentra quelques secondes sur l'as de pique brodé sur le buste, juste avant qu'il ne prenne la parole d'une voix peux rassurée. Deux petites dents pointues accueillirent ses paroles dans un sifflement si léger qu'on le distinguait à peine, mais qui existait belle et bien.

- Tu es une humaine ? Pourquoi venir dans une école pour monstres ?

Il avait l'air plutôt gentil.

- Parce que j'ai fui celle pour les humains.

- Oh, et donc, ça te plait ici ? enchaina-t-il avec un sourire.

Trop gentil.

- Bah. Je sais pas. Disons que ce repas de midi se passait pas trop mal.

-Je peux manger avec toi ?

Bordel.

- Ouais, pourquoi pas...

Bordel de...

- Merci !

C'est trop louche, un monstre trop gentil !

- Je m'appelle Lancer, et toi, tu dois être Lhea ? Je suis dans la même classe que toi, en dernière rangée côté fenêtre. Tu n'as pas dû me remarquer.

- Ouais. Sûrement. Dis, tu as envie d'être mon ami ?

- C'est une proposition ?

- Non, une question. J'ai l'impression que tu veux le devenir. Je te demande si c'est vrai.

- C'est juste... Ouais, j'aimerais bien que tu t'intègres et puis, tu as l'air sympa...

Il me tirait la langue. Ou alors il avait juste oublié de la ranger dans sa bouche. Urg. Il était pénible. On ne venait pas du même monde, c'en était certain. Il avait la tête de quelqu'un de bonne famille, pas trop raciste, et vu comme il interagissait avec moi, il devait faire partie des dix pourcents de tolérants.

Soudain, un groupe d'élèves s'approcha de nous.

- Lancer, tu ne devrais pas rester avec une humaine.

Il me lança un dernier regard, un dernier sourire, avant de partir à cloche-pied.

Wow. Qu'est-ce que c'était que ça ?

[...]

La porte se referma derrière moi. Je laissai tomber mon sac au pied du canapé, et me laissa choir sur celui-ci, comme un vulgaire sac d'école m'appartenant.

- Comment ta journée, Gamine ?

- Je t'ai dit de ne plus m'appeler... Urg. Laisse tomber. Ouais, franchement ça va.

Sans se décala un peu et reposa ses pupilles sur l'écran de la télévision. Je me mis plus confortablement assise, et essayai de suivre l'émission sur... Non, c'était un film. Un très mauvais film de Mafia, je crois. Avec une chèvre poilue qui tirait sur un petit squelette. Ah, ce que j'aimerais que ce soit Sans ou Papyrus à sa place, recevant les coups de feu mortel... Pataugeant dans leur propre sang...

- Où est Papyrus ? demandai-je soudainement, chassant toutes pensées meurtrières de mon esprit.

- Au travail.

- Et toi, tu n'y es pas ?

- Je bosse de nuit.

Ça explique pourquoi il dormait en journée, la plupart du temps...

- Tu ne travaillais pas l'autre nuit, quand tu m'as fait rentrer du balcon ?

Il soupira, visiblement lassé de mes questions.

- Je venais de rentrer.

- Dis, tu te prostitues ?

Il s'étouffa avec sa salive. Puis tourna la tête dans ma direction, surpris, mais devant mon air plus que sérieux, un rire gras l'étrangla à nouveau. Il va finir par crever et j'vais rien comprendre... Ça m'arrangerait, tiens.

- Ouais, voilà. Je me prostitue.

Silence.

- Y'a un type à l'école qui veut devenir mon ami.

- Tu devrais compter sur personne, murmura-t-il sans détourner les pupilles de l'écran.

- Même pas sur vous ?

Nouvel éclat de rire.

- Surtout pas sur nous.

- Donc rien ne me retient de partir ? je demandai avec un haussement de sourcil.

Il parut réfléchir un instant, comme si ma question le prenait au dépourvue. Songeait-il vraiment à une réponse ? Ou se moquait-il de moi ?

- J'imagine que rien ne t'empêche de partir. C'est ce dont tu as envie ?

Il me regarda étrangement.

- Je ne sais pas.

À ce moment-là, la porte d'entrée bascula sur le côté et la silhouette de Papyrus apparut. Il abandonna son sac et sa cravate.

- Habille-toi, tu vas travailler.

[...]

Je m'attendais à faire la plonge, à surveiller un musée maudit ou que sais-je...

Mais certainement pas à rester derrière un bar dans une boîte de nuit.

Genre.

Avec du pole dance et beaucoup d'alcool.

Merde, je suis trop jeune pour ça.

- Un shot de Vodka.

Je notai qu'il n'a pas employé la formule de politesse.

- Tenez.

La silhouette difforme s'en alla à travers la pénombre.
Je me demande ce qu'a bien pu dire Papyrus pour qu'on m'accepte de travailler ici jusqu'à... Je ne savais même plus. Tout ce que je sais, c'est que demain, le réveil sera rude.

Alors que je commençais à tourner de l'œil, peu habituée à ce genre d'endroit surtout aussi tardivement, une personne apparut dans mon dos. Je me retournai en couinant de stupeur, avant de voir...

- Sans ! Merde ! T'es chiant à te te téléport...

- Tu fous quoi ici ?! s'étrangla-il en plaquant une main sur ma bouche, me tirant dans une petite pièce à l'arrière.

Prise au dépourvue, je ne pus que le fixer avec de grands yeux. Un autre client s'approcha du bar. Sans se pencha sur le côté pour voir à travers la porte entrouverte, embarrassé et agacé.

- Yo, Sans, content d'te voir. Comme d'hab', allez ! ironisa le client avec un sourire mauvais qui fit suer le squelette qui me tenait.

D'ailleurs, celui-ci me lâcha et sortit de la pièce. Je profitai de cet instant de répit pour reprendre mon souffle, et observai la salle tapie dans l'ombre. Rassurée de ne plus être toute seule ici, je me mis assise sur une boite en carton, contenant très certainement des bouteilles, en soupirant. Je pouvais voir, à travers l'entrebâillement de la porte, mon tuteur prendre commande. Machinalement, Sans fit léviter une bouteille et versa un peu de son contenu dans un verre avant de le tendre à l'une des tentacules de la chose, puis me lança un regard dur par-dessus son épaule.

-Tu ne devrais pas être ici, me sermonna-t-il en revenant discrètement.

- C'est Papyrus qui m'a dit que je devrais travailler ici... Faut croire qu'il a eu un marché avec ton patron, ou quelque chose comme ça.

Il soupira, visiblement en accord avec mes propos.

- C'est donc ça qu'il a essayé de me dire ce matin...

- Donc, quoi, tu bosses dans un bar à prostitués ? C'est tout ? Tu n'y participes pas ?

- Oui, c'est tout ! T'es chiante, tu devrais être au lit. C'est pas un endroit pour les mômes.

- Hé ! Ramène ton cul, je m'assèche !!

Il me laissa dans mon coin en jurant dans sa barbe. Puis, lorsqu'il fut enfin libéré, il me rejoint une troisième fois dans la pièce.

- Je vais en parler à Boss. Je refuse de devoir te gérer ici en plus d'à la maison.

- Hé, barman ! Qu'est-ce que tu branles ? Viens, j'ai soif !

- J'arrive ! rugie-t-il par-dessus son épaule, avant de me chuchoter. Toi, tu sors. Je te rejoins dans quelques minutes.

- Tu comptes faire quoi ?

- Te ramener à la maison.

Je le regardai reprendre du service. Mais cette fois, il sortait un hot-dog d'une genre de boîte à glaçons. Je ruminais dans mon coin, vaincue.

[...]

Il faisait si sombre que je pouvais à peine voir trois mètres devant moi. Pendant que Sans faisait je ne savais pas quoi, je grelottais, les mains près de ma bouche, appréciant la chaleur de mon souffle maladroit. Le trottoir était humide, comme après le passage de la pluie. Je réfléchissais au meilleur moyen pour me sortir de cette galère. Je ne compte pas rester chez les deux squelettes, si c'est pour me faire bosser et dormir dehors, je préférais quitter la ville. Peut-être qu'une petite province serait fort sympathique ?

Soudain, la porte du bar s'ouvrit et laissa sortir une silhouette que je reconnus ne pas être celle de Sans. Je restais contre mon mur afin de ne pas me faire repérer, mais les deux pupilles jaunes brillant dans la nuit arrivèrent bien trop vite sur moi. C'était un chat bipède, d'une couleur orange grisâtre à m'en faire gerber, qui déambulait dans ma direction.

- Hé, c'est toi l'humaine qui tenait le bar ?

Je décidai de l'ignorer, mais sa patte posée sur ma tête en une pression incontrôlée m'obligea à couiner de douleur. Je voulus m'éloigner mais sa seconde patte rejoignit ma gorge et il me colla contre le mur du bâtiment.

- Je n'aime pas qu'un humain se mêle aux monstres. C'est dégoûtant.

Je plissai des yeux en retenant ma respiration pour ne pas sentir son haleine fétide de liqueur, mais sa prise m'empêchait de récupérer l'air pour ce faire. Ne sachant comme sortir de là, je me forçais à lui donner des coups de pieds mais il ne broncha pas devant ma faiblesse.

- Dis-moi, pourquoi crois-tu pouvoir attirer la sympathie des monstres, Humaine ?

- J-je... suis... obligée... haletai-je en griffant sa fourrure.

- Alors je serais obligé de te dévorer. ~

Ne sachant départager ses propos entre la blague ou la menace, je ne pus que le regarder avec une certaine frayeur.

- Qu'est-ce qu'il s'passe ?

Sans laissa la porte se refermer d'elle-même, tandis que sa pupilles sanguine, brillant d'une magie pure, s'activa dans notre direction. Le félin ricana et me lâcha, profitant d'être devant moi pour que le squelette ne puisse pas me voir. Je retombai sur mes pieds, les mains sur mon cou.

- Hé, du calme Sansy, je restais juste avec cette humaine pour que personne ne lui fasse du mal.

L'œil de mon tuteur se désactiva. J'y crois pas, il le croyait vraiment ?? Je tentai un pas sur ma gauche pour lui faire face mais le chat m'en empêcha pour le faire soi-même, me prenant par les épaules pour me brusquer jusqu'à Sans et me couper toute possibilité de parler.

- Tu vois ? Elle va bien. Elle est avec toi ? C'est ta gamine ? Heh heh, je rigole ! Je t'embête.

Il me lorgna d'un œil mauvais avec de ricaner.

- Heh, j'la connais pas. Je lui ai juste demandé ce qu'elle foutait dans le bar de mon patron.

- Espèce de sal... commençai-je avant de me faire jeter parterre par le chat.

- Ces humains, même pas foutu de gérer leurs mômes ! s'exclama l'inconnu. Je vais m'en occuper, dans ce cas... ~

- Euh, ouais, mais non... Euh... Je pense que mon frère se fera une joie de la torturer. Tu ne crois pas ? Ça serait bête qu'on lui retire un potentiel jouet... Tu le connais, Karl, il est très joueur...

- ... Ouais, j'ai pas trop envie qu'il me fasse chier si je garde la gamine pour moi. Elle est à vous.

[...]

Je ne disais pas un mot à Sans, trop en colère. Une fois la téléportation effectuée, je me laissai retomber sur le canapé sans un regard au squelette.

- Rho, ça va, je plaisantais ! Mais tu crois qu'ils réagiraient comment, les monstres, s'ils savent que je traîne une humaine chez moi ?

- À l'école ils sont bien au courant, non ?! Je ne vois pas pourquoi vous avez honte de moi !

- Tu te trompes. Seule cette taré d'Alphys sait pour not' situation. Boss lui a demandé à ce que cela reste secret. Elle a trafiqué ton dossier pour qu'on ne sache pas que tu vies chez nous.

- Tu connais la secrétaire de l'EPM ?

Je me tournai pour lui faire face, soudainement intéressée. Sans rangea les mains dans ses poches en détournant le regard.

- Ouais... Longue histoire.

- Raconte.

- Je suis fatigué. Et je dois terminer mes heures de boulot.

Il se téléporta sous mes yeux. D'un geste rageur, je jetai un coussin contre le mur, avant d'essayer de dormir.

Pour une raison que j'ignorais, Sans ne voulais pas me parler de comment il connaissait Alphys. Bon, je savais quoi faire avant d'aller en cours... Combien de temps me restait-il à dormir ?

- Quatre heures seulement ?!! Urg... C'est bien ma veine...

-------

Yoooooooo nouveau chapitre, un peu plus long que les autres ^^ J'ai pris un peu plus de temps pour l'écrire parce que ce que j'avais fait la première fois ne m'allait pas, j'ai dû réfléchir à une suite qui me convenait mieux. J'ai déjà ma petite idée sur la suite de l'histoire... ~
En tout cas, la relation de Lhea avec ses nouveaux parents n'est pas prêt de s'arranger xD

Aller, kiss sur vos épaules~

Au passage, j'ai décidé de changer la cover. Je crois que c'est plus joli avec Red en couverture ^^ Et j'en ai profité pour ranger l'histoire sous Adulte. Inutile de préciser pourquoi, n'est-ce pas ? =v=

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top