•𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝟑•
- ...Tu veux ma photo ? demanda Papyrus à l'entrée de l'appartement, de manière agressive qui ne me plaisait pas du tout.
Malgré son grognement, mes yeux, cachés derrières ma frange, refusaient catégoriquement de quitter le grand squelette en costume de travail, le même costume qu'il portait la veille.
- Bon, p'tite morveuse... Habille-toi.
J'arquai un sourcil, lui faisant ainsi comprendre que je n'avais pas vraiment de quoi me vêtir en plus de mes vieux vêtements, propres maintenant, et de mes petites bottines. Aurait-il oublié que je ne possédais aucun manteau ? Aucune veste ? Aucun bien matériel ? Sans chercher à s'attarder davantage sur mon style vestimentaire, le grand squelette m'empoigna le bras et me fit descendre de l'immeuble, laissant un Sans paresseux roupiller dans leur appartement.
Bien entendu, je me débattais ; je ne voulais pas aller voir les officiers de polices, je voulais être libre. Je n'ai pas fuis pendant des semaines pour revenir à la case départ !
- On est bientôt arrivé, cesse tes enfantillages... murmura aggressivement le grand squelette à mon intention, tournant dans la rue de gauche, s'éloignant encore et toujours de son appartement.
J'aperçus finalement la bâtisse blanche et bleue que je fuyais et redoutais tant.
- Lâchez-moi, vous n'avez pas le droit de me faire ça ! hurlai-je en tirant mon bras pour me dégager de son emprise douloureuse, ce qui ne le fit pas me libérer pour autant.
M'ignorant totalement, le monstre poussa la porte du commissariat et me souleva, de manière grotesque et honteuse comme si je n'étais qu'un vulgaire sac à patates, pour me mettre assise sur le bureau à l'accueil, dans le hall d'entrée.
- J'ai trouvé cette gamine hier soir dans la rue en face du bistrot chez Grillby's.
L'agent de police soupira, déposa sa pile de dossier et s'approcha de moi pour mieux me dévisager derrière ses grosses lunettes en fond de bouteille.
- Ouais, on la connait. Lhea, fugitive de quatorze ans, disparue depuis le décès de son tuteur par adoption le mois dernier.
Il connaissait mon dossier par cœur ou quoi ? Comment pouvait-il en connaître autant sur ma petite personne ? Aurait-il mangé mon dossier pour le petit-déjeuner par hasard ?
- Peu importe qui elle est à présent, la gamine est à vous. J'ai déjà un animal à la maison, pas besoin d'une autre bouche à nourrir si en plus elle vole les parapluies des autres, ricana méchamment Papyrus tandis que je le regardais s'éloigner, comme si je n'étais qu'un vulgaire colis qu'on envoyait par la poste.
Lorsqu'il eut fermé la porte, le policier s'intéressa à nouveau sur ma personne.
- Bon, cette fois tu ne t'échapperas pas, parce que là où tu vas aller, tu n'en auras plus la possibilité.
Je roulai des yeux.
- Quoi, vous m'avez déjà trouvé une famille ? demandai-je sur un ton exaspéré en croisant les bras, cachant mon air terrorisé.
L'homme moustachu enchaîna avec malice.
- Oh non ma jolie, ce n'est pas une famille d'accueil. Il s'agit d'une maison de correction pour mineurs, et tu as un billet pour un aller simple.
Le ton moqueur qu'il avait employé ne me plaisait pas du tout. J'avais juste envie d'hurler et de lui faire avaler ses stupides dossiers jusqu'à ce que mort s'en suive, de le frapper de toute mes forces, mais j'étais vulnérable.
J'étais vulnérable dans ce monde de brutes.
Pourtant je n'allais pas les laisser faire. En deux temps, trois mouvements, me voilà qui bondis hors du bureau et pris la fuite. Malheureusement, un des policiers présents dans le hall se lança à ma poursuite puis, rapidement, il se positionna sur mon chemin, piégeant ainsi la sortie. MA sortie. Je cherchai une fenêtre mais à peine eu-je le temps de m'y approcher qu'un des hommes brandit un teaser hors de sa veste et l'utilisa contre moi. C'était avec brutalité que je me retrouvai au sol, dans un état inconscient.
[. . .]
À peine j'ouvris les yeux que je me relevai, non sans peine, avant de foncer dans la porte qui me retenait. Je lui donnai quelque coups de pieds, mais rien n'y faisait. J'étais sellée. Où ça ? Il s'agissait d'une petite cellule, avec quatre mur gris et un sol noir. Il y avait un matelas gisant à même le sol, et la porte semblait être renforcée pour ne pas qu'on puisse la casser aussi facilement. Il n'y avait pas de fenêtre, c'était de la torture pour respirer et la seule source de lumière était un LED en mauvais état au plafond. Je pouvais également remarquer quelques crochets au-dessus de moi, et une corde près du matelas. Je pense pouvoir deviner l'utilité de cet objet, mais je n'allais pas jouer à leur jeu. Je vais trouver un moyen de quitter cette endroit et partir loin d'ici.
Finalement... C'était plus facile à dire qu'à faire ! Cela ne faisait même pas une journée que j'étais coincée ici que j'étais déjà à cours d'idée pour m'échapper. Mes ravisseurs - alias les gardes de merde de maison de correction pour mineurs - nous faisaient travailler dehors. Il faisait froid, normal pour un mois de novembre... Et j'en avais marre de creuser des trous ! Pour y planter quoi ? Rien, juste pour nous forger le caractère, nous disaient-ils...
Le lendemain, je me réveillai à nouveau dans cette cellule. Vide, comme mon âme. Vide. Lorsque j'avais ouvert les yeux, je ne m'étais pas encore faite à l'idée de devoir me réveiller ici chaque matin, chaque jour de ma putain de misérable vie d'humaine orpheline. La veille, j'avais fait connaissance des (trop) nombreux jeunes admis ici. Certains depuis peu, d'autres depuis de nombreux mois. Comment faisaient-ils pour survivre ?
Il y avait deux groupes, vous vous en doutez bien ; les humains et les monstres. On se faisait la guerre, même ici. Mais le pire, c'était à la cantine... Tout le monde voulait la meilleure table, bien évidemment, au point de se taper dessus jusqu'à être renvoyé dans notre piaule le ventre vide, et cela se passait pour presque chaque repas, m'avait expliqué ma voisine de cellule. Malheureusement elle dormait encore, impossible de lui parler actuellement.
J'étais toujours allongée sur ce vieux matelas, lorsqu'un gardien ouvrit la porte avec brutalité.
- Chambre 109, numéro 16, veuillez me suivre.
Docilement, je suivis cette voix frissonnante en lui emboitant de très près le pas. Qu'avais-je fait de mal ? Il me guida jusqu'à une petite pièce peu éclairée où seuls un téléphone, une table et une chaise étaient présents. Le gardien, un grand homme avec une légère barbe et de gros muscles m'invita à répondre à l'appelle. M'invita ? Cela sonna plus comme un ordre, mais je le fis tout de même. Je soulevai le combiné et le portai jusqu'à mon oreille, tandis que la présence de Monsieur muscle me faisait frissoner d'effroie.
- Allô... ? laissais-je entendre d'une toute petite voix.
- Tu en as pour combien de temps ?
Cette voix grave, je la reconnaîtrais entre mille. Je me raclai la gogre et lui répondis sur un ton plus ou moins rassuré.
- Bonjour déjà, Sans. Ensuite, de quoi tu parles l'pervers ?
Monsieur muscle me jeta un regard mauvais que j'ignorai. J'entendais le squelette ronchonner dans le combiné avant de reprendre. On dirait que quelqu'un lui parlait à l'autre bout de la pièce.
- Tu en as pour combien de temps d'enfermement ?
C'était une bonne question, et j'en connaissais la réponse. Deux ans. Deux ans de prison pour mineurs.
- Vingt quatre mois, faut croire que c'est mal vu les orphelins voleurs de nourriture qui vivent clandestinement dans des boîtes en cartons. Sans oublier que j'ai fuit la police comme la peste et que j'ai agressé un jeune monstre sans bras juste parce qu'il m'avait doublé dans une fils d'attente devant un cinéma.
Je l'entendis hoqueter de surprise, ce qui m'arracha un sourire.
- Tu as fais quoi ?
Je soupirai.
- Le dernier truc c'est faux, crétin. Tu crois vraiment que j'ai assez d'argent pour aller au cinéma ? Et puis c'est vous les monstres, hein, je frappe pas les handicapés, ils ont déjà assez de problèmes pour se couper les ongles d'orteils sans les bras...
J'entendis le squelette couvrir le combiné, quelques secondes, peut-être une minute, avant de conclure notre appelle téléphonique.
- À ce soir sale gosse.
Ce fut ces derniers mots avant de raccrocher.
À ce soir ? Pourquoi, qu'y a-t-il ce soir qui mérite l'honneur de voir la face de ces deux squelettes ?
Je regardai le vieux type qui me reprit le téléphone des mains.
Urg.
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