FIN •𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝟑𝟓• FIN

J'ai été adoptée à l'âge de cinq ans. À sept, ma tutrice est décédée. Mon tuteur m'a battue sous l'alcoolisme et a lâché prise sur la vie losque j'ai réussi à atteidre mes quatorze ans.

J'ai vécu dans la rue quelques semaines avant de me faire attraper. J'ai été mise sous la tutelle de Papyrus et Sans le Squelette, puis envoyée dans une école publique pour monstres car mon ancienne école ne voulait pas me reprendre et travaillé au Muschroom Dance, un bar à putes, avec Sans.

À défaut de ne pas pouvoir me donner un nom pour remplacer celui de mes anciens tuteurs, Sans m'a surnommée Strawberry ; douceur de fraisier et rouge comme la mort. Il est au courant de toute ma vie grâce au dossier de l'orphelina qu'il a intégralement lu. J'ai demandé à le brûler. Jamais je ne saurais qui j'étais, aujourd'hui, je suis une personne nouvelle et ça me convient.

J'ai pu faire plusieurs rencontres depuis que je vie avec mes deux tuteurs ; la bande de mafia de Temmie et de Bob, Grillby qui ne communique qu'avec le silence et ses coups de torchons (il a d'ailleurs essayé de violer Red, ce connard de merde), mon idole Chara la chocolatière qui est trop trop belle et tellement badasse pour une femme pas du tout musclée, Alphys la secrétaire de vieille pute à écailles avec un diplôme de scientifique, la joviale et talentueuse Muffet, Mettaton le grille-pain qui a rendu mon tuteur totalement zinzin d'amour avant de le quitter, Toriel la mère de Chara et la directrice de l'orphelina où j'ai vécu pendant deux ans (elle veut butter Sans car il a accidentellement tué son fils en propageant un virus dangereux - le virus F. - dans le laboratoire où il travaillait pour mettre un terme à ces conneries), Suzie, Lancer, Noelle, Mel, Dey, Ziamsta, des camarades de classe, Purplefire, Undyne, qui a...

Elle...

A tué Edge. Tué, oui, enfin, c'était ce que j'ai cru, juste avant de m'évanouir et entrer en contact onirique avec Framberry (ma version d'un univers parallèle) et notre Créatrice.

Les choses semblent tourner autour de la mort. Je rencontre de nouvelles personnes sans avoir la fiabilité qu'elles soient bonnes.

Je m'appelle Lhea. Lhea le Squelette. J'avais quinze ans à une époque. Descendante lointaine de Constantin Bush, un homme tombé fou amoureux d'un monstre, m'offrant un héritage lourd à porter. Mon âme. Un cœur hyalin, transparant, sans trait de caractère dominant et un pouvoir végétal qui semble s'être activé après que j'aie été en contact avec le virus F. du sous-sol du laboratoire où travaillait Sans. Je le gère. Mais j'aime pas mon pouvoir. D'ailleurs, je sais qu'un homme du nom de W.D. (il se faisait appeler comme ça) a essayé de m'adopter quand j'étais petite, mais Toriel a refusé car ils avaient peur qu'il ne m'utilise comme sujet d'expérience en raison de ma particularité.

...

Ça ne se voit pas mais je suis en train de réfléchir, dans la baignoire, à ma vie. J'ai l'impression que c'était le bordel et que j'avais touché le fond. L'eau est tiède et le plafond en crépis est pourri. Et je viens de comprendre un truc.

C'est que je ne peux pas tout contrôler.

Je ne veux pas. Je n'en ai pas la force.

Les amourettes de l'école ? Très bien, débrouillez-vous, vos histoires ne m'intéressent pas. Un type dangeureux a essayé d'utiliser mon pouvoir à mauvais usage ? Fais ce que tu veux de moi, je m'en fous. Papyrus est... Bon, qu'importe, on a saisi l'idée. Ainsi va la vie. Ce n'est pas la première fois que je fais face à la mort après tout. Mais étrangement, cette perte était la plus lourde à digérer... mais qu'importe. Il n'a été qu'un soupir dans ma vie, le mal est fait. Maintenant et comme depuis toujours je suis seule. Seule avec mes pensées, mes idées, mes désirs. C'est définitif. J'avais décidé de quitter ce monde. Pas vraiment, pas tout à fait, métaphoriquement... mais les choses sont trop lourdes à supporter quelques fois. Ces quêtes, je n'en voulais pas. Ma Créatrice, qui m'a laissé seule face à la misère, n'est qu'une grosse pute qui ne mérite pas d'avoir mon existence entre ses mains.

Je ne voulais et ne veux plus rien. Rien de la ville, rien de l'Underfell. Que Papyrus crève en enfer. Que les profs me notent absentent. Que je réduise mon peu de sociabilité à néant. Ça me va.

"Gamine, t'en as pour long encore ?"

J'entends la voix de Red à travers la porte. Les clapotis du robinet répondent pour moi.

"Ça fait deux heures que tu patauges dans la baignoire."

Sa remarque s'envole par le conduit d'aération.

"Straw..."

Et sa voix meurt. D'une triste lassitude. Et moi, sans un mot, j'attrape la bouteille de shampoing et la jette contre la porte.

"Oups, j'ai glissé. Oui oui je sors, deux minutes."

Je devine le sursaut de Sans. Il ne renchérit pas. Il s'en va, ses pas grincent jusqu'à la cuisine où je l'entends ouvrir la porte du frigo. Je soupire. La buée s'échappe. Je transpire. Lentement, je me lève et enroule une seviette autour de mes hanches. J'enfile un sous-vêtement propre. Parfois, je regarde au fond de ma culotte pour voir si j'ai des pertes de sang. C'est un réflexe, je me dis que, sûrement, mon gène d'Alexandria (celui qui rend mes yeux si violets et ma pilosité inexistante) n'est qu'un prétexte pour excuser ma différence. Parfois, j'espère être normale et avoir mes règles comme toutes les jeunes filles de mon âge. Mais ce ne sera jamais possible. Je suis une descendante hybride avec un gène mutant. Je refuse de croire que je suis la seule dans ce cas, mais j'ignore à ce jour qui d'autre pourrait partager le même cas que moi.

Je sors de la salle de bain. Je suis habillée d'un jeans et d'un top. Mes cheveux humides sont tirés en arrière, ils tombent jusqu'à mes épaules, un peu plus bas. Je passe devant un miroir. Je vois une adolescente de dix-sept ans, le regard las, les petits seins, une taille réduite. Je suppose que c'est à cause de la malnutrition. Ce n'est pas la faute de Sans. Ces deux dernières années suivant l'incident de son frère, il s'est acharné pour nous trouver un logement loin de cette ville. Il a enchaîné les boulots et moi, j'ai suivi les cours à distance. Pas l'école des monstres, mais dans un lycée bien plus loin. Je ne vois plus personne. Mais parfois, j'aime bien m'allonger dans le bain, et songer à tout ce que j'ai laissé derrière moi... Je ne saurais dire si je le regrette ou non. La Lhea de quinze ans n'aurait jamais dû connaître tout ce qu'elle a connu, et maintenant, avec le recul, je ne peux m'empêcher de m'imaginer ce qui ce serait passé si j'étais restée... Peut-être que tout aurait été différent. J'ai tout abandonné sans l'espoir d'un retour envisageable, aux côtés de mon père que je ne chérie que trop fort.

J'arrive dans ma chambre, un neuf mètres carrés qui ne comprend rien de plus qu'un matelas, une ampoule plafonière, une table basse qui me sert de bureau et un coussin qui me sert de chaise, des livres et d'autres babioles que j'accumule lorsque je peux pour augmenter mes biens matériaux. J'entends Sans qui s'enferme à son tour dans la salle de bain. Je sors mon portable à clapet, je regarde l'heure. Dehors, je ne vois rien d'autre que la campagne. Le Mont Ebott se trouve de l'autre côté du pays maintenant. Je me demande si j'aurais pu naître si jamais les monstres y avaient été enfermés.

Le jour s'endort. Mon cœur s'emballe. Je vois une arraignée sur le parquet. Je la laisse filer, songeuse.

J'ai l'impression que mon histoire a été mise sur pause. Sans fin. Que je suis bloquée à la dernière page écrite, incapable de la tourner. Peut-être que ma Créatrice a tout abandonné, qu'elle a eu pitié de moi, de mes cauchemars sur les trains, qu'elle me laisse du répis sans dénouement final à mes problèmes de jeunesse. Je crois que c'est mieux comme ça. Ce genre d'histoires finissent rarement bien. Et en échange du silence, j'ai le droit à une vie simple, sans possibilité de faire de grandes choses, de nouvelles rencontres. On se cache par sécurité. Mais ça me convient parfaitement. Enfin j'ai une vie calme... Silencieuse... J'ai changé définitivement d'identité. Je m'appelle Lhea. Lhea, Strawberry, le Squelette. Demain, je fête mes dix-huit ans. J'habite dans une vieille cabane qu'on a rénové avec Sans, Red, qui a lui aussi accepté de faire un trait sur sa vie d'avant. Parfois, son frère lui manque trop. Alors il vient me prendre dans ses bras. On fait la même taille, lui et moi.

Je quitte ma chambre et vais dans la cuisine. Je vois qu'il reste de quoi faire de la purée et des haricots. Je me mets au fourneau. Sans apparaît enfin.

"Il n'y avait plus d'eau chaude !

- On s'en fout, viens, le repas est presque prêt."

Il ne relève pas mon je-m'en-foutisme et s'assoit sans un mot. Ses cernes rampent sous ses orbites, lui donnant l'air plus âgé que ce qu'il ne l'est en réalité. Vêtu d'une chemise et d'un jogging, lui donnant l'air délabré et classe, il s'empare d'une fourchette et trempe sa langue carmin dans l'amas de pommes de terre. Il hausse des épaules, l'air satisfait, et entame son dîner. Moi, je m'assois en face de lui, n'osant toucher à mon assiette.

"Tu sais, gamine, tu devrais avaler quelque chose.

- Je le ferai. Raconte-moi un peu ta journée."

Il lève le regard, hésite.

"Je n'ai pas envie de parler de ce truc qu'infame qu'est... la... la prostitution. Je te l'ai déjà dit, j'passe mon tour.

- Je voulais dire, dis-moi quelque chose qui t'est arrivé de bien."

Il réfléchit plus longuement.

"On m'a enfin confirmé l'heure pour demain."

Je souris. Il m'a promis, pour mon anniversaire, de m'emmener chez son copain. J'ai déjà eu l'occasion de le rencontrer par téléphone mais c'est la première fois que je vais le voir en vrai. Au début, je me suis dit que ça serait compliqué de le voir depuis qu'on habite à l'autre bout du pays, mais l'année passée Red et lui m'ont assuré que cela n'avait aucune importance, et aujourd'hui je comprends pourquoi. J'ai vraiment hâte d'être demain.

"Parfait.

- Et toi, Straw, comment tes cours ?

- Pas aussi bien que tu l'espères mais j'ai enfin compris une règle en math."

Il force un sourire. Je me penche un peu en avant pour le regarder droit dans les yeux, il recule légèrement, intimidé.

"Tout ira bien pour nous, papa. Tout ira mieux pour notre famille, elle est tout ce que j'ai de plus précieux."

.
.
.

Red ne peut s'empêcher de songer, le soir, que son frère n'était peut-être pas vraiment mort. Il aurait préféré que cela soit le cas... Il n'aurait pas à y penser autant. Il en aura bavé toute sa jeunesse, avec W.D., Alphys, Toriel et le fils qu'il a tué, tous ces gens à qui il a hôté la vie... Ouais. C'était une vie mouvementée. Aujourd'hui, il a tout quitté pour vivre avec sa fille. Il en est heureux et terrifié.

Soudain, son téléphone vibre à côté de sa tête.

22:32
Voυѕ αvez 1 ɴoυveαυ мeѕѕαɢe

De : PυrpleFιre
- Hey mon Amour <3

De : Voυѕ
- Heya, je te croyais en soirée avec tes colloques ?

-De : PυrpleFιre
- On regarde un film avec les gars, mais c'est chiant à en mourir et y'a plus de Pop Corn

- Et puis je suis trop excité pour demain ! Enfin je vais pouvoir te reprendre dans mes bras et t'embrasser avec cette même fougue des premiers temps, au Diable cette tristesse et silencieuse distance !

- Et la petite, enfin je vais pouvoir la voir en vraie !

De : Voυѕ
- Lhea aussi a très hâte de te rencontrer

- Elle a beaucoup grandi, si tu l'avais vue il y a deux ans, demain tu l'as reconnaîtrais à peine

-De : PυrpleFιre
- J'ai une vague idée grâce aux photos

- Et toi, tu as hâte de me voir ? <3

De : Voυѕ
- Oui...

-De : PυrpleFιre
- ... Qu'est-ce qui se passe ? Tu n'as pas l'air

De : Voυѕ
- Je me sens

- Je me sens juste triste

-De : PυrpleFιre
- Que tu l'admettes de ton gré est très surprenant

- Ça m'inquiète

- Tu ne veux pas me voir ?

De : Voυѕ
- J'appréhende les aurevoirs

- On vie une relation à distance depuis des années, on ne s'est vus que deux fois en vrai

- Demain est un grand jour mais qui sait dans combien de temps nous nous reverrons ?

- ...

- J'ai envie de te voir plus que tout, mais je ne suis pas sûr de vouloir revivre des adieux

-De : PυrpleFιre
- Alors reste.

- Reste vivre avec nous

- Tu n'es pas obligé de continuer à vivre là-bas, il n'y a plus rien qui te retient, ton frère est parti, tu as eu deux ans pour faire le deuil, et tu me dis si souvent que tu es satisfait d'avoir tout quitté. Je t'ai laissé ce temps pour t'y faire, pour digérer, entamer une nouvelle vie, mais j'ai envie de passer la mienne avec toi

- On formera tous une grande famille, mes camarades, toi, moi, Lhea

- On sera heureux toi et moi

...

Sans dévisage l'écran de son téléphone avec de grands orbites, humides. Ému.

[...]

"Yo, mec, tu veux pas poser ton téléphone deux minutes ?"

Un sourire se dessine, alors qu'il lit la réponse de Red. Cela n'échappe pas à son voisin de canapé.

"Pourquoi tu souris comme ça, Dust ? Tu lui as fait ta demande en mariage ou quoi ?

- Non Horror... Je lui ai proposé de vivre avec nous.

- Chauuud ! Va falloir t'expliquer au Boss, maintenant ! ajouta Cross en ricanant.

- Il comprendra."

Il rangea son téléphone et reposa son attention sur l'écran.
Mon Fell à moi... Nous allons former une belle famille. Et Lhea n'aura plus de souci à se faire... (Son rictus s'agrandit.) Notre grande Dhalia... J'espère que tu lui as au moins dit comment elle s'appelait de naissance, c'est un si joli prénom.

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La Créatrice, silhouette immaculée, acheva son œuvre inachevée et la rangea avec toutes les autres. Le livre paraissait si léger contrairement à ce qu'elle avait espéré, mais il y avait des centaines de pages blanches qui demeuraient innexplorée à la fin de celui-ci, la laissant perplexe, songeuse, hésitante. Finalement, l'être de lumière retira sa main de la couverture et s'empara de deux autres livres qui voisinaient celui qu'elle venait de faire glisser dans sa bibliothèque.

"Adieu, les filles..."

Et, cachée dans l'ombre d'une certitude mensongère, la Créatrice jeta l'histoire des deux versions alternatives dans le feu de sa cheminée. Comme n'ayant jamais existé.

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Fin.

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Je m'excuse platement d'avoir tenu une pause de deux longues années ! 🙏🏻😂 Bon, vous vous doutez bien que la fanbase Undertale ne m'intéresse plus du tout. Aujourd'hui j'ai vingt ans, et Lhea en a maintenant dix-sept (bon, dix-huit). J'ai pas vraiment modifié la fin initiale, mais j'ai été contrainte d'incérer une énorme facilité scénaristique pour boucler définitivement cette fanfiction... Je tenais tout de même à révéler l'identité de Purplefire après tout, même si grand nombre de lecteurs l'auront oublié.

M'enfin. Je vais pouvoir classet cette histoire de façon définitive, dommage qu'elle n'a pas été plus détaillée que cela (ça ne me correspond pas mais on va faire avec).

J'espère que tout va bien pour vous, je vous souhaite de bons examens et une bonne prochaine lecture !

Des bisous

Ano, immature qui paye maintenant des impôts (il faut bien faire marcher l'empire sucrière, vous ne trouvez pas ?)

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