Chapitre XV - ... les joies de la prison


Kamélia passa peu de temps après Yves. Elle semblait assez inquiète, je lui sortis mon mensonge irréaliste.

- Théophile, je suis là pour t'aider ! Peux-tu en douter ?

- Non.

Au plus grand regret de la pierre d'ailleurs.

- Alors dis-moi la vérité que j'arrange tout cela.

- Si on n'est surveillé ?

- Je suis une fée. Qui oserait m'écouter ?

Je souris, rassuré.

- Ne lui dis pas ! implora la pierre.

Je sentais sa panique. Cela me fit hésiter. Je ne devrais peut-être que raconter qu'une partie de l'histoire.

- Je l'ai trouvé dans un meuble, dans le grenier, alors que je cherchais quelque chose. Je ne comprends pas ce qu'il y a de mal ?

- Si, tu le sais très bien, insinua la fée.

- J'ai fini par réussir à m'en servir et à communiquer avec elle, révélais-je comme si de rien n'était. Je n'ai rien fait de plus.

Une lueur inquiète passa dans son regard.

- Communiquer ? Que t'a-t-elle dit ?

- Rien d'important. Elle me donne surtout des conseils sur ma magie, ou me dit ce qu'elle pense de telle ou telle personne.

- Pourquoi l'as-tu utilisée tout à l'heure ?

- Ce Corentin Kerr, c'est un sans-visage ! Il allait tuer Hélène.

- Tu crois qu'il l'aurait fait devant des témoins ?

- Mais la pierre....

- La pierre a senti qu'il avait l'intention de la tuer. Mais pas à quel moment. De plus, jamais un sans-visage n'oserait se dévoiler devant des témoins. S'il avait vraiment eu l'intention de la tuer à ce moment-là c'est qu'il y était poussé par un sort.

Je la regardai, effaré. Elle avait raison, sans doute. Pourquoi n'y avais-je pas pensé ?

- Je vais essayer de protéger Hélène. On va trouver une solution. En attendant, dis en le moins possible à ceux qui t'interrogent.

- Je vais pouvoir voir Nicolas et Kaïa bientôt ?

- Peut-être.

Je commençais à m'ennuyer, quand La Grande Reine en personne vint. Contrairement à son cousin, elle se contenta de m'observer longuement de l'extérieur, affichant un visage fermé et revêche.

Son charme impressionnant suffit à me mettre mal à l'aise. Je me demandais si Camille lui ressemblerait quand elle serait plus grande. Car j'avais beau contempler Hélène, je nous voyais très peu de points communs avec elle, à part le nez et le croissant dissimulé son un voile. Ce qui n'était pas surprenant étant donné que j'étais le portrait de ma mère. Mais Camille avait le même menton, les mêmes pommettes, la même posture que notre tante.

Cette dernière me jaugea longuement de l'autre côté. Elle ne dit rien et ne fit rien d'autre pendant dix bonnes minutes.

- On sait tous que ce n'est pas toi qui l'a volé. Tu n'étais pas né.

- Je l'ai trouvée ! Dans mon jardin !

- Non. Ce n'est pas ce qu'il s'est passé, dit-elle avec certitude. Tu ne veux pas sortir d'ici ?

- Si, bien sur !

- Alors dis-nous la vérité.

- C'est ce que je dis depuis le début.

- Si tu continues, tu ne reverras jamais ta famille. As-tu pensés à eux ? Comme ils doivent te mépriser ! Et à ta cité toute entière, que tu ridiculises aux yeux du monde entier ?

Je baissai la tête, honteux. Elle avait un ton posé qui me faisait bien plus culpabiliser que les menaces de son cousin.

- Si tu ne dis rien, on va devoir fouiller auprès de tes proches. On les harcèlera de questions, les journalistes en feront de même, et on les suivra jour et nuit jusqu'à qu'on sache la vérité. Ils te haïront alors et tu resteras seul à jamais. Car on finira par découvrir la vérité. Mais eux ils ne finiront pas par oublier. Leur bonheur n'est-il pas plus important que tout ?

Je ne m'étais jamais senti aussi fautif. Je pensai au Cadowell. Ils m'avaient tout donné, pour n'avoir que des ennuis en retour. Et Xavier à qui tout retombait sur la tête à chaque fois. Je ne pouvais leur faire cela. Je ne sus quoi répondre. Hélène eut un regard victorieux que je n'aimais pas. Cela et le fait que Kamélia s'occupait de moi, m'incita à ne pas tout lui révéler.

- Je n'ai rien à rajouter ! J'ai déjà tout dit ! déclarais-je.

Elle me laissa, en disant qu'on reprendrait plus tard.

Je sortis la pierre, la laissa glisser entre mes doigts pensivement. Je n'avais que quinze ans. Je ne pouvais pas passer le reste de ma vie en prison. Mais la pierre, en plus de me sortir mes problèmes de la tête, avait réussi à contrôler mes pouvoirs et à m'aider. Elle était une véritable amie, quelque chose de très précieux pour moi. Et je savais qu'elle était une monnaie d'échange contre ma famille au cas où. L'abandonner ne me plaisait pas. Cependant, cela allait sans doute arriver. Il suffisait qu'un Carignan fouille mes poches pour qu'elle apparaisse. Et j'étais certain qu'ils ne tarderaient pas à le faire. C'était même surprenant qu'ils ne l'aient pas déjà fait.

- Tu vas peut-être retourner chez toi, dis-je à la pierre.

- Non ! protesta-t-elle. Garde moi !

- Tu ne veux pas rentrer ?

- Ici je m'ennuie, enfermer tout le temps !

- Mais je croyais qu'Hélène...

- Elle aime trop le pouvoir, elle !

- Et Thibault ?

- Lui, pas assez !

- Tu n'es jamais contente !

- Si, avec toi !

Je souris. La pierre était ma seule compagnie quand j'étais seul. Je l'aimais tellement ! Je ne voulais pas m'en séparer. Mais c'était égoïste.

Plus tard dans la journée, allongé sur mon lit, je frissonnais encore en pensant à ce qu'Hélène ou Yves allait me faire, ainsi qu'à mes proches. Je tentais également de trouver le sommeil, mais je suppose qu'il était trop tôt.

- Salut ! Fit la voix de Kaïa.

Mon cœur fit un bon. Je me levai. Je la regardai. Jamais je ne fus si heureux de la voir.

- Salut ! soufflais-je.

- Ça va ? me demanda-t-elle.

- Ça va. Tu m'as manqué, avouais-je.

Elle sourit.

- Maintenant je suis là. Nicolas ne devrait pas tarder. Il est mort d'inquiétude.

Je le connaissais suffisamment pour bien me l'imaginer.

- Ils vous ont laissés venir alors, finalement ?

- J'ai bien insisté, je me suis servie de mon titre. Nicolas doit se faire fouiller par contre. C'est pour cela qu'il est en retard.

Je souris, tellement heureux de ce qu'elle avait fait pour moi. Et puis je vis arriver mon frère de cœur. Un grand plaisir m'envahit en le voyant arriver et tenter de dégager sa mèche insupportable de son visage parfait. J'avais jamais eu autant envie de le prendre dans mes bras.

- Salut mec ! Toujours dans le pétrin ? me dit-il alors.

J'aurais presque pleuré de joie. J'étais si heureux de le voir et d'entendre sa voix. Plus encore que Kaïa. C'était mon meilleur ami de toujours, celui avec qui j'avais grandi.

- Pourquoi changer les bonnes habitudes ? déclarais-je.

Derrière leur sourire, je sentais leur fébrilité. Eux sentaient-ils mon angoisse ? Je leur expliquai toute la situation.

- Ne leur donne surtout pas la pierre ! intervint Kaïa. Cela ne ferait que prouver ta culpabilité.

- Ils n'ont aucune preuve. C'est pour cela qu'ils te menacent, approuva mon voisin.

- On va te sortir d'ici !

- Kaïa c'est la prison, pas le bureau de la directrice !

- Et alors ?

Je l'ignorai, me tournant vers mon meilleur ami.

- Papa va venir d'une minute à l'autre, m'expliqua-t-il. Il va régler tout cela.

Malheureusement, mon meilleur ami avait tendance à prendre son père pour superman. Je doute qu'il vienne pour autre chose qu'arranger les relations entre cités.

Il me raconta néanmoins que la directrice, Kamélia et leurs professeurs les avaient interrogés. Ils avaient affirmé ne rien savoir.

- Ils savent qu'on ment.

- On va sans doute te rejoindre bientôt, plaisanta Kaïa.

Je ne pus qu'esquisser un sourire.

La prison était très froide, y dormir avec tous ces bruits et le lit qui grinçait relevait de l'exploit. Quant à la nourriture, elle était franchement à revoir. On ne me laissa pas non plus faire ne serait-ce qu'une toilette sommaire. Je sentais que je ne tiendrais pas longtemps ici.

Nicolas et Kaïa vinrent vers midi. Je vis tout de suite qu'ils avaient une idée derrière la tête. Et que la vampire avait dû faire des folies en ville. Elle était vêtue d'un tissu moulant argenté qui lui donnait l'air assez futuriste, en plus séduisante. Parce qu'elle avait un dos nu et une mini-jupe sur des collants noirs. Aux mains elle avait des mitaines, et aux pieds des bottines rouges de boxeuses.

- Il faut t'évader ! lança-t-elle.

- Tu es folle !

- Jamais ils ne te laisseront sortir ! intervint Nicolas.

- Tu es d'accord toi ?

Lui, qui tenait le règlement pour sacré, ne pouvait approuver cette entreprise criminelle. Pourtant il hocha la tête.

- De toute façon c'est impossible, affirmais-je.

- Demande à la pierre.

Je regardai longuement Kaïa avec hésitation, avant de demander :

- Tu peux nous sortir d'ici ?

- Faisable. Avec papa à toi une fois...

- Ça ne te fatiguera pas de trop ?

Elle était déjà si faible.

- Vide pendant quelque temps. Pourra plus m'utiliser alors.

- Combien de temps ?

- Dépend où tu vas !

Je regardai mes amis. Où aller ? Il n'y avait nulle part où je pourrais être en sécurité.

- Où tu avais emmené mon père ?

- Un autre monde.

- Chez les fées ! m'étonnais-je.

- Non. Les... Démons. La pierre avait hésité avant d'utiliser le mot. Pas difficile à faire. Pas besoin de beaucoup d'énergie.

J'en parlai à mes amis.

- C'est trop dangereux ! s'emporta la vampire.

- Parce que s'évader ça ne l'est pas ?

- Justement, je ne veux pas avoir à m'inquiéter encore plus.

Je lui souris, flatté.

- Allons dans les Alpes ! proposa Nicolas.

On se tourna vers mon ami, ébahis. C'était la fille qui me faisait craquer qui devait faire des suppositions stupides, pas lui.

- Quoi ? fis-je.

Notre amie le fixa étrangement.

- Je crois qu'il a perdu la tête, lui précisais-je.

Mais elle regarda le vide d'un air calculateur.

- Non ! Avec la pierre tu sauves ta sœur et ta mère. Comme t'as fait une bonne action tu es gracié, expliqua mon meilleur ami.

- Sauf qu'on aura plus la pierre !

- Mais on aura l'effet de surprise, déclara Kaïa. Et on est très puissants.

J'hésitais. Les informations de Kamélia nous donnaient une bonne idée d'où chercher ma sœur. Mais étions-nous préparés à affronter les sans-visages ? J'en doutais. Mais l'aurions-nous été un jour ? Je me tournai vers la pierre, sachant que je devais y aller de toute façon un jour ou l'autre et que je ne pouvais pas non plus rester ici.

- Tu peux aller dans les Alpes ?

- Brr ! Fait froid ! Mais oui, possible.

- C'est bon j'irais dans les Alpes, déclarais-je.

- Non ! On ira ! protesta mon amie.

- Oui. On aura des ennuis si tu pars sans nous ! soutint mon meilleur ami.

- Et nous aussi on a le droit de devenir des héros !

- En plus, on sera plus nombreux que ce qu'ils pensaient.

- Tu ne voudrais quand même pas nous attirer des ennuis.

Kaïa battit des cils. Mon ventre en fit des bonds. Je n'arriverais pas à m'opposer à eux. Et si je le faisais, ils utiliseraient je ne sais quel moyen pour me rejoindre.

- Ok ! Vous pouvez venir !

- Alors le mieux c'est...

- Youpi ! C'est parti ! cria la pierre.

Et on disparut.


Comme vous le voyez ça avance, ça avance !! Et si je vous disais que dans le prochain chapitre on aura de la neige, on verra des sans-visage, on aura quelques révélations et quelqu'un fera une théorie sur l'identité du grand méchant !!!

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