Arrivés devant le bureau du chef des sans-visages, nos cœurs battaient la chamade. J'allais enfin être confronté au meurtrier de mon père.

On ouvrit la porte et dans la pièce je vis un sans-visage, ou plutôt sa projection, assis derrière son bureau, discuter avec un autre. Les deux étaient le portrait même de Joseph le Furieux.

- Voilà donc les deux jeunes Gironnant ! m'accueillit la projection qui devait être Voroï. Joseph va s'occuper de vous !

Et il disparut. Son sosie se retourna alors vers nous. Il afficha un sourire satisfait. Je n'identifiai pas le sort qu'il nous jetait, mais mes pouvoirs, mariés à ceux de ma sœur, le contrarièrent facilement.

- Donnez-moi la pierre ! ordonna-t-il.

- Vous n'êtes pas en posture pour exiger ! affirma ma sœur.

- Bien sûr que si. Vous êtes encore mes captifs. Vos proches sont aux mains de mes alliés. J'ai de quoi faire pression sur vous.

- On trouvera bien un moyen de vous atteindre, déclarais-je.

- Et lequel ? Je n'ai aucune attache ici. J'ai déjà connu mille douleurs. Je ne connais pas la peur. Quoi que vous m'infligiez, j'en sortirais grandi. Mais qu'en est-il de vous ? Moi, je peux vous briser, faire de votre vie un enfer. Car je vous connais. Vous, vous ne savez rien de nous. Pas même nos noms.

Nous le regardâmes, ne sachant pas quoi répliquer à cela.

Un bruit se fit entendre dans l'escalier.

- Réfléchissez bien à cela les enfants ! Qui de vous ou moi a le pouvoir ? Maintenant, laissez-moi cette pierre ! Je ne voudrais pas détruire deux magiciens aussi puissants.

Avant même que je puisse refuser, la porte s'ouvrit. On se retourna vers Kamélia pendant quelques secondes. Notre adversaire en avait profité pour fuir.

Les murs commencèrent à vaciller ainsi que le sol. Des débris tombaient.

- Ça s'effondre ! Il faut sortir ! ordonna Kamélia.

On fit de notre mieux pour ne pas tomber dans les escaliers, tout en protégeant nos têtes. Heureusement que la magie était là. Kamélia nous transporta dans la cour. Ma mère, en compagnie de Kaïa et Nicolas, nous rejoignit.

- Enfin vous voilà ! s'exclama celle qui nous avait engendré.

- Maman on était tellement inquiets !

- Il y avait de quoi. C'est nous qui avons été repéré. Romuald m'a aidé pour me libérer et on a été séparé dans la bataille.

- Pourquoi le bâtiment s'effondre ? interrogeais-je.

Pour une fois je n'y étais pour rien.

- On l'ignore. Une stratégie de l'ennemi sans doute.

Par respect pour moi, Camille et Nicolas se contentèrent de s'enlacer quelques secondes. Kaïa se jeta à mon cou, ce qui me provoqua une grande surprise, bien inférieure à ma joie.

- Il faut aller chercher Romuald ! me dit Kaïa.

- Trop tard ! déclara Camille.

Elle nous indiqua Voroï, en compagnie de Joseph le furieux, un peu plus loin dans la cour tenant fermement Romuald par le bras. Kamélia nous retint de partir à leur poursuite et ils disparurent en quelques secondes.

- On doit l'aider ! intervint mon amie.

- Non ! On doit rentrer ! affirma Kamélia.

- Mais...

- Et de toute façon, sais-tu où les chercher ? Ils ont quitté le bâtiment sans doute. Ils peuvent être n'importe où dans le monde. Ne t'en fais pas, on les retrouvera bien assez tôt.

D'une démarche impériale elle s'avança jusqu'aux grilles. On l'y suivit. Elle ordonna ensuite aux démons de nous laisser passer et de rentrer immédiatement. C'était une fée, ils ne se risquèrent pas à lui désobéir. Le portail fut ouvert. Elle le passa la première, nous la suivîmes avec soulagement dans la neige des alpes. Elle nous déclara alors avec un sourire bienveillant :

- Vous êtes libres !

Ma mère pleurait de joie, Nicolas et Camille s'étreignirent de nouveau, j'eus un sourire qui se fana devant l'expression déprimé de Kaïa. Romuald, qui nous avait aidés et avait sauvé ma mère quelques minutes plus tôt, n'était pas libre lui. Malgré ma promesse.

Et voilà !! J'avoue que je suis assez mitigée sur ce chapitre. Je trouve l'affrontement trop vite expédié, mais en même temps je voulais pas qu'il rencontre Voroï en chair et en os dans ce tome. Sinon le dernier chapitre (oui puisque la semaine prochaine vous aurez le dernier chapitre) sera assez calme mais pas dénué d'intérêt (et a une fin assez ouverte).