Chapitre X - Celui où je passe deux nuits avec une fille ...



Je m'étais confié et cela m'avait fait du bien. J'avais deux mois de vacances devant moi, un voyage dans le monde extérieur qui approchait et j'avais fini à jamais de servir Christian, puisque je passais en quatrième année, même si en contrepartie, j'aurais cours les après-midi. Et puis, mes examens ne furent pas totalement catastrophiques, et à part faire sauter un toit, je n'ai pas fait trop d'éclat.

Seul ombre au tableau, si l'on pouvait appeler cela ainsi, c'était que mes relations avec Camille étaient toujours aussi électriques. Je prétendais que cela ne me faisait rien, que c'était mieux ainsi. Je n'avais plus à supporter ses caprices, ses jérémiades et son égoïsme. J'arrivais en plus à me convaincre moi-même que son absence était la meilleure des choses. Bien que, maintenant qu'elle fut seule, elle passait son temps avec Baptiste, que je n'aimais définitivement pas.

L'ambiance à la maison ne pâtissait pas vraiment du statu quo entre ma sœur et moi. Mon oncle ayant attrapé la grippe, au mois de juin tout de même, il a fait fort, Olivia était venue à la maison s'occuper de lui et de nous. Elle s'était installé une semaine, avec Edwige, sa fille, du même age que Camille mais qui allait à l'internat. Nous avions donc à la maison, une maman qui cuisinait, préparait nos vêtements, avec l'aide de la magie mais c'était déjà ça, nous amenait à l'école et nous soutenait. Quant à Edwige, du peu que je l'avais côtoyé, elle m'apparut affreusement timide. Mais elle faisait d'excellentes pâtisseries et me soutenait également bien que maladroitement quand j'avais l'impression de tout rater.

Nicolas, lui, avait réussi l'exploit de glaner quelques informations auprès de ses parents.

Nina lui avait confié qu'à son arrivée personne ne connaissait mon père et personne ne l'avait vu passer la frontière. Cela et le fait qu'il était arrivée dans un état de faiblesse extrême fit attirer l'attention sur lui.

Il avait alors un étrange accent, beaucoup d'argent et connaissait quelques détails croustillants qui firent qu'on le laissa mener sa vie ici comme il l'entendait. Il s'était, par la suite, toujours montré très discret, même avec le voisinage. On voyait bien plus ma mère que lui. On entendait même rarement sa voix. Il semblait assez timide et renfermé d'après Nina.

Christophe, qui était à Tins au moment de sa conversation avec son fils, connaissait bien la pierre. Il en avait souvent entendu parler à Barcelia. Elle était bleue et ressemblait à un joyau, quand elle n'était pas invisible. Il ne savait pas comment elle prenait sa couleur, mais cela devait avoir un rapport avec la famille royale. En mai, cela ferait dix-sept ans qu'elle avait été déclarés volés, quelques semaines avant qu'Hélène soit couronnée provisoirement Grande Reine suite à la disparition de son frère. On ignorait comment on avait pu dérober un tel objet car il était entouré de nombreuses protections installées autour d'elle et d'autres étaient directement posées sur la pierre. Cela ne m'était pas d'un grand secours, à part pour savoir que j'aurais un mal fou à la trouver, mais c'était mieux que rien.

Une fois les examens finis, nous nous préparâmes pour partir à la forêt de Broceliande.

Tous les ans avec l'école on partait une semaine dans le monde extérieur. On avait une période de six semaines, incluant les deux semaines qui précédaient les examens, pendant lesquelles, les écoles de chaque cités pouvaient partir. Chaque année, on tombait sur une semaine différente et une cité différente pour nous accompagner.

Cette année c'était Tins, la deuxième semaine après les examens. Je pensais que j'allais passer une semaine de délire avec Nicolas et Kaïa. Les choses seraient bien différentes, évidement. Mais on y reviendra plus tard.

L'euphorie me fit oublier la pierre, qui allait revenir à mon esprit d'une manière tragique. Mais encore une fois, je m'avance.

Toujours est-il qu'Olivia étant rentrée chez elle, je fus presque peiné que mon oncle ailles mieux, d'accord, j'étais peiné. On dut se préparer tout seul, ou plutôt sous les commentaires de mon oncle.


Le matin du départ, c'était rendez-vous au palais.

Je fus tout excité de revoir mes amis. Kaïa était très belle, dans un pantalon brun qui disparaissait dans des bottines blanches de cow-boy et un chemisier blanc rentré dans son pantalon en dessous d'un gilet à motif écossais. Elle avait un béret bleu nuit sur la tête. Sur quelqu'un d'autre j'aurais trouvé cela ridicule, mais à elle, cela lui allait comme un gant.

Nicolas et moi, on était habillé un peu plus normalement. Il portait un polo, moi une chemise vert d'eau et un jeans. Evidemment, notre amie vampire détailla nos tenues, en pensant à tout ce qu'elle ajouterait ou enlèverait.

Trois bus à super puissance étaient prêts pour l'occasion. On monta dans le deuxième. Kaïa invita gentiment Camille, qui déclina. Elle s'installa avec Baptiste, pas très loin de Clément et ses amis parmi eux Alexis et Arthur.

Christine était là aussi avec sa bande de filles superficielles. Un groupe d'élèves de premières année et un autre de quatrième et cinquième année étaient également présent. La directrice s'installa également dans le bus, avec certains professeurs, dont Nadège Martin, la professeure de Nicolas.

Une fois que tout le monde eu mis sa ceinture, le chauffeur entra les coordonnées spatiales de notre lieu d'arrivée. En cinq minutes, notre bus fut sur l'autoroute la plus proche. On « roula » (je n'ai pas d'autres mots, le bus étant en suspension au-dessus du sol) un petit quart d'heure et on arriva à l'auberge de jeunesse, où les élèves de Tins nous attendaient.

Tout d'abord, on devait faire des groupes entre quatre et huit pour les chambres. Non mixte évidemment. Nicolas et moi, on s'installa avec Nathan, Tom et Lucas. Kaïa se mit avec Camille et deux filles de Tins.

On passa la matinée à s'installer dans nos chambres. Évidemment mon amie vampire vint passer nous voir un nombre incalculable de fois.

L'après-midi, on eut le droit de se promener en ville. Kaïa, avec son appareil photo qu'elle venait d'acheter, mitraillait tout et tout le monde. Les touristes, les habitants, ceux qui faisaient leurs courses, des enfants aux aires de jeux et nous.

On entra dans un centre commercial, où chaque détail nous fascinait. Kaïa nous entraîna dans une boutique où il y avait des tas de tours de « magie » et mon amie tenta de les apprendre. Nicolas et moi on se moquait joyeusement, jusqu'à que je vis ma sœur riant à gorge déployée avec Baptiste qui fixait son décolleté, pourtant il n'y a pas grand-chose dedans. En colère, je lâchai ma magie et le rendis aveugle, temporairement malheureusement. Si tous ses amis, ma sœur y compris, se moquèrent de lui, la directrice me fusilla du regard et me menaça de me laisser une semaine, enfermé dans ma chambre.

Ce soir-là, dans la chambre de mon amie, on la regardait nous faire des tours, elle s'était acheté un kit, sous l'œil inquiet de leurs deux colocataires. Nicolas et moi on eut du mal à se retenir de rire. C'était ridicule ! Elle avait déjà de vrais pouvoirs magiques. Mais on se contenta de la regarder, dubitatifs. Surtout qu'elle n'y arrivait pas et repassait à la magie normale pour faire ses tours. Quand Camille revint dans la chambre pour se coucher, elle gloussa, vexant mon amie, qui nous mit à la porte.

Je dormais profondément. Jusqu'à mon réveil mouvementé en pleine nuit. Quelque me secouait. Je grognai mais finit par ouvrir les yeux, puisque la personne continuait d'agiter mon bras.

C'était Kaïa bien sûr. Qui d'autre aurait pu faire quelque chose comme cela ? Quand j'ouvris mes yeux et vit une vampire aux cheveux violet, vêtue d'une robe de chambre rose transparente sur un pantalon à carreau en flanelle avec un haut à bretelle avec des chatons dessiné dessus se pencher vers moi avec un sourire, je crus rêver. J'allais parler, quand elle mit son index devant mes lèvres. Je lui fis un sourire ravi. À ce moment-là mon imagination s'emporta. Puis, elle me fit signe de la suivre. Je descendis de mon lit, et vit Camille dans sa robe de chambre en laine par-dessus son large short et son maillot bien trop grand. Elle était assise sur le lit de Nicolas qui enfilait sa robe de chambre. Ce n'était visiblement pas ce que j'avais espéré. On avait tous l'air fatigué, sauf mon amie vampire qui semblait terriblement s'amuser.

Je regardai mon meilleur ami, l'interrogeant du regard. Il haussa les épaules, signe d'ignorance.

Dans le couloir je regardai mon astrolabe, il était une heure du matin. Il fallait vraiment être dérangé pour réveiller des gens à cette heure.

- Si on allait espionner les profs ! suggéra mon amie vampire.

- Je crois que je rêve, déclarais-je.

- Pas du tout ! Ce serait marrant !

- Tu nous as réveillé pour ça ! s'exclama Camille.

- Allez ! Vous n'avez jamais voulu savoir dans quelle tenue dorment les profs. Et la directrice vous croyez qu'elle dort sous forme de dragon ?

Pour seule réponse, mon meilleur ami s'étira.

- Je suppose que s'ils ne dorment pas on pourrait entendre parler de nous, dis-je.

Mon meilleur ami me fusilla du regard. Je l'ignorai royalement. S'il n'était pas content, il n'avait qu'à partir. Maintenant que j'avais été réveillé, autant qu'il y ait une raison.

On colla l'oreille contre la porte des professeurs. Aucun son n'en venait.

- Peut-être qu'ils dorment, supposa Camille.

- Ou ils ont créé une bulle de silence, prédit Nicolas.

- On devrait d'ailleurs faire pareil pour nous, ordonna ma sœur.

La ravissante princesse s'en chargea.

- Peut-être qu'on devrait passer dans l'invisible aussi, suggéra mon meilleur ami.

Je me proposai de le faire. Sauf que j'étais fatigué et que je ne contrôlais toujours pas mes pouvoirs. Alors, effectivement, on passa dans le monde invisible. Mais les murs autour de nous subirent le même sort. On put donc voir nos professeurs, assis dans leur chambre entrain de discuter. Mais également tous nos camarades endormis.

Quelques secondes après, tout repassa dans notre dimension, sauf nous. Ma sœur ayant réparé mon erreur.

Malheureusement la directrice sortit, alertée. Elle s'approcha dangereusement de nous. Mais Camille et moi, on unit nos forces pour nous maintenir dans la dimension. On eut bien fait, car on sentait qu'elle essayait de faire une brèche dans la barrière puis tenta un sort d'attraction pour vérifier qu'il n'y avait personne.

Elle repartit dans la chambre. Kaïa nous proposa alors de casser la bulle de silence de nos professeurs. Mais prudente, elle demanda à Nicolas de s'en charger.

- Il n'y avait personne. Ils ont dû partir. Mais j'ai senti un vampire. Cela ne doit pourtant pas être la petite Blanktest. Elle n'est pas assez puissante pour faire ça.

Notre amie grimaça devant la remarque de la dragonne.

- C'était une magie humaine de toute manière, dit la professeure de dernière année.

- J'ai dû sentir son odeur parce qu'elle n'est pas loin et elle ressort sur la masse humaine.

- Alors qui cela peut être ? interrogea Madame Martin.

- J'aurais pu penser à Théophile, mais il ne se contrôle pas assez pour tout faire revenir à la normale aussi aisément.

- Allons faire un tour dans les dortoirs, proposa une professeure de Tins.

- Non, cela les réveillerait. Rendons les murs transparents on verra qui manquent, proposa une autre de Tins.

Ils acceptèrent et commencèrent à se lever pendant qu'on se regardait, préoccupé.

- Ne paniquez pas ! conseilla mon amie. Transportons-nous jusqu'à nos chambres.

Nicolas nous ramena à notre chambre lui et moi, pendant que Camille s'occupait d'elle et de celle qui avait eu la brillante idée de nous réveiller.

Une fois dans notre chambre, on disparut sous nos couvertures et on fit semblant de dormir. J'espérais que cela ne se verrait pas qu'on dormait en robe de chambre.


Et voilà pour la partie 1, ce chapitre sera un chapitre très léger avant que l'intrigue fasse ujn grand bond en avant. Donc amusez vous bien en le lisant.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top