Chapitre III ... avec une fée

Et voilà, suite et fin du chapitre 3. Théophile avait eu la visite de Kamélia, une fée très haut placée, elle avait fait des mystères autour de son père et a demander à notre héros de lui rendre une petite visite le lendemain, avec sa sœur. Maintenant place à la suite !!!!

Ce soir-là, j'étais allongé sur mon lit, fixant mon plafond, avec la faim au ventre. J'avais entendu mon oncle monter dans sa chambre. Mais, pouvais-je risquer un pas dehors sans que l'orage me tombe dessus ? Ma porte avait tendance à grincer. Et mon oncle allait sans doute partir d'un moment à l'autre chez sa copine. À moins qu'ils soient fâchés en ce moment, ce qui expliquerait sa présence. J'avais abandonné l'idée d'utiliser la magie. Déjà qu'en temps normal elle faisait des dégâts, mais en ayant faim, c'était un cataclysme que je risquais de provoquer. Mais je ne pouvais plus tenir. Et en plus, j'avais oublié de refaire ma réserve de douceur.

Mon comuniqueur, que j'avais glissé sous les couvertures pour qu'il soit silencieux, sonna. C'était Nicolas, à qui j'avais parlé de la visite de la fée. Mais avant que je puisse lire son message, ma porte s'entrouvrit.

Je cachais rapidement mon communiqueur, prit mon air le plus contrit, quand Camille apparut, un plateau dans les mains. Elle m'apportait une carbonée, des dragées, du lait d'amande et de la pâte de fruit pour elle.

Je lui fis un sourire de reconnaissance. Elle me tendit un bol d'eau pour que je me lave les mains puis j'attaquai la carbonée qui fut un délice pour mon ventre se tordant de faim. Pendant ce temps, ma sœur mangeait sa pâte de fruit. Je croquais les dragées, quand elle eut fini ses confiseries et m'interrogea sur ce qu'il s'était passé. Je lui racontai. À la fin de mon récit, je bus mon lait quand elle me demanda :

- Et elle veut que tu ailles la voir demain ?

- Oui et toi aussi.

- Pourquoi ? demanda-t-elle subitement.

- Je n'en sais rien.

Elle réfléchit, posant son index sur sa lèvre inférieur et commença à la caresser.

- Que peut-elle nous vouloir ?

- Tester nos pouvoirs, supposais-je.

- Ce serait logique pour toi. Mais pas pour moi.

- Si, pour comparer.

Ma sœur fit une grimace dubitative.

- Peut-être qu'elle veut nous parler de notre père.

J'avais essayé de prendre un ton neutre. Mais le résultat ne fut pas fameux. Pourtant, ma sœur, en pleine réflexion, n'y avait pas pris garde.

- On verra bien demain, déclara-t-elle brusquement. Au lit ! Demain il ne faudra pas être en retard.

Je me rinçais la bouche avec le bol d'eau, puis ma sœur sortit, emportant le plateau. Je grimaçai de ne pas avoir pu la remettre à sa place. Mais après tout, elle m'avait apporté à manger.

Je mâchonnai un bâtonnet de saule, préférant ne pas me risquer dans la salle de bain, en songeant à Kamélia. Que savait-elle sur mon père ? Je n'avais pas oublié son expression en découvrant le patronyme de celui-ci. Ils étaient liés d'une manière ou d'une autre. D'ailleurs, avec ma mère et mon oncle aussi. Pourquoi ? Mon oncle n'avait pas de problème à évoquer son enfance avec ma mère. Mais jamais il n'avait parlé de Kamélia. Ni même de ses parents, si ce n'est pour nous dire qu'ils travaillaient tout le temps. Au fond, c'était plutôt étrange.

Et que se passerait-il demain ? La fée allait-elle me faire des révélations importantes ?

Puis, en me mettant au lit, mes pensées se tournèrent vers Kaïa. Comment avait réagi ses parents ? Je m'endormis, avec en tête, le beau visage de ma nouvelle amie.



Je n'eus pas à faire de grosses excuses à la Générale.

Le père de Kaïa s'était chargé de déblayer le terrain. Il s'était présenté chez Prisca Nibray, avec un immense bouquet de corbeille d'argent. Et il s'était excusé en mon nom et en celui de sa fille. On se présenta quand même, en personne, et on s'engagea à l'aider si besoin est. Mais, apparemment, monsieur Blanktest avait déjà offert une belle somme d'argent à la Générale pour ses réparations.

Christian ne me fit aucune remontrances pour mes histoire de la veille. Grâce à moi, il avait pu parler à la Générale. Et il me venta les qualités de son idole, avant de me demander de le laisser.

Camille avait été, comme d'habitude, libérée par son maître, et je ne fus pas surpris que Kaïa ait aussi été lâchée par la Générale. Par contre, que Nicolas soit là, c'était un miracle.

Le mardi, il avait habituellement son entraînement de crosse. Il débarqua d'ailleurs en tenue, deux de ses camarades s'étaient blessés, leur entraîneur les accompagnait à l'hôpital. Ses explications de comment ils avaient pu se blesser aussi gravement furent assez floues. Sans doute une bagarre ou un incident magique. Ou mon ami n'a rien vu parce qu'il regardait l'une des rouquines de l'équipe féminine. Du coup, il était libre et nous nous rendîmes tous ensemble chez la fée, légèrement inquiets (en tout cas pour ma sœur et moi).

Elle nous accueillit en souriant et ferma bien la porte derrière nous. Inutile de vous préciser que mon imagination s'emballa. Les fées ne se nourrissaient pas d'humains, si ?

On s'assit, pendant qu'elle examina Nicolas, avec une légère surprise. Puis elle s'attarda sur ma sœur avec satisfaction. Ensuite, elle nous compara, elle et moi. Puis, elle fixa notre nez et notre tempe, caché par nos cheveux.

- Tu as des amis plutôt surprenants, affirma-t-elle.

Je me demandais ce qu'elle voulait dire par là, quand elle ajouta :

- C'est une bonne chose.

Elle approuvait mes amis, comme si elle était ma mère. Cela me mit mal à l'aise.

Ensuite, elle testa mes pouvoirs. Elle me demanda d'abord de m'habiller de son chapeau qui était posé derrière elle. C'était facile, sauf que je ne me contentai pas que du chapeau. Je finis par porter tous les vêtements derrière elle. Elle ne fit aucun commentaire, elle voulut juste que je me rhabille. Cette fois ce fut fait sans fausse note. Le pot de fleur que je devais transformer en souris devient un lapin, mais toujours aucun commentaire, c'était très frustrant.

Elle voulut alors que je la paralyse. Je me concentrai. Ma première tentative échoua. Je redoublai de concentration et je sentis une double protection autour d'elle. Un sort, que je contrai facilement et un enchantement. Je luttai avec sa nature quelques minutes. J'étais sur le point de gagner la bataille quand elle me remercia. C'était cela le plus frustrant.

J'étais renfrogné. Je fis donc à peine attention à ce qui se passait. Jusqu'à ce qu'elle m'immobilise. Le défaire me prit quelques secondes. Elle me fixa alors intriguée.

Elle m'envoya un sort et par réflexe je créai un bouclier le lui renvoyant. Elle put stopper son sort avant qu'il ne la touche. Puis elle passa à ma sœur.

Elle lui demanda des sorts plus compliqués, qu'elle exécuta avec brio. Elle lui demanda de la paralyser, comme pour moi, sauf qu'elle n'arrivait pas à lutter contre l'enchantement. Et, comme pour moi, elle lui envoya un sort et elle aussi se créa un bouclier facilement.

- Théophile, il faut que tu te concentres plus. Tu feras beaucoup moins de dégâts, me conseilla-t-elle.

- D'accord.

Comme si je n'avais jamais essayé. Mais c'était la représentante des fées. Je m'abstins de tout commentaire.

- Maintenant, est-ce que vous êtes déjà allé à Barcelia ?

Mes deux amis y avaient déjà été, mais ni ma sœur, ni moi.

- Pourquoi ? interrogea Camille.

- Je voulais savoir, si vous aviez déjà vu la Grande Reine Hélène.

- Oui, on a vu des photos. Elle est très belle, me défendis-je.

- Je voulais dire en vrai. Expliqua Kamélia. Mais tu as peut-être vue d'autres dirigeants ?

- La Reine Claire et le Roi Serge, bien sûr ! lui apprit ma cadette

- Et comment se sont-ils comportés avec toi ?

- On ne leur a pas parlé, on les a juste croisés au palais.

Elle nous fixa d'un air pensif, avant de nous laisser partir.

- À quoi ça rimait, tout cela ? s'emporta Camille.

On était chez Nicolas, dans sa chambre, loin des oreilles de Nina. Si mon ami et moi, on ignorait de quoi cela retournait, Kaïa avait sa petite idée.

- Tu n'as pas vu la Grande Reine ? demanda-t-elle à Nicolas.

- De loin, si.

- Et elle ne t'a rien rappelé ?

- Non.

On la regardait avec insistance.

- Elle est d'une beauté exceptionnelle vous savez.

On la regarda avec impatience. Tout le monde le savait. Elle était considérée comme une des plus belles femmes du monde.

- Hélène a le même effet que Camille sur les garçons d'après ce que vous m'avez dit. Kamélia a dû le sentir.

Nicolas et moi, on dévisagea ma sœur, comme si on ne l'avait jamais vue. Elle baissait la tête. Elle avait toujours été consciente de provoquer un étrange effet sur la gent masculine, mais elle avait appris à faire avec.

- Et puis, ajouta notre amie, vous avez le nez des Carignan.

Je caressais mon nez pensivement. Les Carignan étaient les membres de la famille royale de Barcelia. C'était vrai que certains d'entre eux avait un nez qui déviait comme le nôtre. Mais j'en avais vu à Firento avec le même problème.

- Et alors ? Ce n'est qu'un nez ! protesta ma sœur. Combien de personne ont le même nez ?

- Elle a raison. Rien qu'à la cour combien de gens ont le même nez que nous ? approuvais-je. Souviens-toi, hier, Juliette Douglass aussi avait mon nez. Et elle ne m'a pas eu l'air de penser qu'on était de la même famille.

- Je sais. Mais en plus de ton... Don. Elle doit penser que vous êtes des descendants de Camilo le Grand.

Camilo le Grand était le fondateur de Barcelia. L'ancêtre des Carignan. Un héros dont on chantait les exploits. Nous nous observâmes ma sœur et moi. Pouvions-nous être de sang royal et l'ignorer ? Le pseudonyme de mon père cachait-il un célèbre patronyme ? On ignorait tout de lui après tout. Mais j'étais certain que ce n'était pas le cas de Kamélia.

- Ne vous faites pas de film non plus ! précisa la jolie vampire. Mon père est très ami avec le cousin d'Hélène, vous savez, et donc je connais assez bien les Carignan. Je peux vous dire que c'est la mode chez eux d'avoir des enfants illégitimes. Ton père ou un de tes ancêtres doit être le fils d'un Carignan qui a profité d'un voyage officiel pour faire un bâtard. Il a donné un peu d'argent à la mère pour l'élever et pour qu'elle se taise. C'est tout.

Son hypothèse était probable. J'échangeais un regard avec ma sœur pour voir ce qu'elle en pensait. Elle semblait aussi hésitante que moi. Elle caressait sa lèvre de l'index, comme à son habitude, mais avait un regard confus.

- C'est bien un truc de noble de faire des enfants et de ne pas les assumer, déclara-t-elle avec mépris.

De toute façon, cela ne changeait rien. Si notre père était vraiment le fils d'un Carignan, cela ne nous apporterait rien. Il n'était pas légitime. Et comme nous ne pouvions le prouver maintenant qu'il était mort, nous n'avions même aucune raison de s'y attarder.

- Si tu veux, proposa Kaïa, je peux en demander plus à mon père. Peut-être qu'il sait qui pourrait être ton ancêtre. D'ailleurs je me demande bien qui ? Peut-être le prince Claude, tout le monde sait que sa femme et lui se détestaient. Ou alors le prince Jourdain, mon père dit qu'il doit avoir une cinquantaine de Bâtard rien qu'à Barcelia.

Elle semblait très enthousiaste. Un peu trop même. Elle devait adorer les ragots. Ma sœur, qui détestait cela, lui coupa la parole.

- Peu importe ! C'est un noble comme tous les autres. Il s'est cru tout permis !

On approuva. Kaïa aussi, mais d'un sourire un peu faible.

Ce soir-là, on était seul au souper. On mangea en silence, gardant pour soi ses pensées. On aurait pu les partager. Et, parler de ce que nous ressentions nous aurait soulagés sans doute. Nous aurions même pu nous soutenir. Mais nous restâmes silencieux.

Une nuit d'interrogation m'attendait.

En fixant le plafond de ma chambre, je pensais à ma mère. Que savait-elle de mon père ? Mon oncle, disait qu'elle en savait bien trop peu sur lui pour lui faire des enfants. Néanmoins, était-ce vrai ou cachait-elle un secret ? Je pensais à passer la voir le lendemain, mais renonçai rapidement. Elle avait perdu la tête. Inutile de chercher d'elle la moindre information. Et qu'elle ne me reconnaisse toujours pas me blesserait.

Je pensais rarement à mes parents, pour ne pas remuer le couteau dans la plaie. Il m'arrivait, à de rares occasions, de m'imaginer ce qu'aurait été ma vie auprès d'eux. Et puis, je revenais très vite à la réalité. Ce n'était pas en rêvassant que les choses s'arrangerait. Mais ce jour-là, ce n'était pas à un présent hypothétique auquel je pensais, mais à un passé.

Je savais qu'à quelques pas de là, ma sœur se posait les mêmes questions. Nous n'échangeâmes pas le moindre mot pourtant, nous ne nous rendîmes pas non plus visite. Cependant, je me sentis plus proche d'elle que jamais.

Et voilà !Sinon à partir de la semaine prochaine je pense publier la partie 1 du chapitre le lundi et la partie 2 le jeudi-vendredi. Comme ça vous aurez un chapitre par semaine et vous ne saurez pas trop perdu entre les deux parties. Quand à cette semaine, vous devriez voir arriver un nouveau chapitre de la caste des enchanteurs. Bisous à tous !

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