***
Euridice hocha la tête en signe de respect. Elle se souvenait de leur dernière rencontre et de la reine, aussi implacable que juste qui s'était tenue devant elle, alors. Dans les yeux sans fond qui la fixaient aujourd'hui, elle y lisait, en plus, une ardente détermination. De celles qui ne souffrent d'aucune défaite. Mais elle percevait également de l'épuisement dans les rides creusent au coin de sa bouche, dans la teinte grisée de ses cernes, dans son teint pâle et éteint. Louve Elanora Roy'Quin était diminuée et un œil aiguisé ne pouvait louper l'épuisement qui affaissait légèrement ses épaules toujours droites.
Malgré cela, le visage de la reine était aussi calme que la surface d'un lac, juste avant qu'une tempête soulève des gerbes entières d'eau déchaînée.
— Heureuse de vous revoir, l'accueillit Euridice en redressant la tête, même si j'aurais voulu que ce soit avec de meilleures nouvelles.
— Ne vous fustigez pas, mon enfant. Silla n'est pas le plus aisé des adversaires.
Euridice hocha la tête.
— Et s'il y a quelqu'un à blâmer, reprit la reine, c'est moi. Je ne sais que trop bien ce qui l'a poussé à agir de la sorte.
Ils ne la contredirent pas. Ils savaient qu'elle avait en partie raison, même si elle n'était que la graine qui avait fait pousser un arbre de haine et de folie bien plus démesuré qu'il n'aurait dû être.
Euridice se tourna vers Vania et posa une main sur son épaule.
— Si vous êtes là, tous les deux, c'est qu'Aram a réussi à faire passer le message, n'est-ce pas ? Il est ici ? Avec vous ?
— En pleine forme et sur ses deux... sur sa jambe.
Deux paires d'yeux roulèrent vers le plafond, mais aucune des deux femmes ne fit de commentaire.
— Bien, reprit Euridice. Vous avez un plan ?
— Est-ce que, foncer dans le tas et tout dégommer en est un ?
— Si tu pèses deux tonnes et que tu es fait de roche, oui. Sinon, il va falloir quelque chose de plus, hum, fin...
Vania haussa les épaules, faussement déçu.
— Je récupère mes fils, en un seul morceau. Pour le moment, c'est ma priorité. Silla peut bien se retrancher derrière ses gardes en attendant. Je veux qu'il se pisse dessus à l'idée que je viendrais bientôt le débusquer dans son trou à rat.
— Eh bien, siffla Vania, impressionné. Ma chère tantine ! Ce voyage aura enrichi de quelques envolées des bas-fonds, votre vocabulaire aristocratique.
Euridice échangea un regard avec l'Algaël. « Tantine ? », demandèrent ses yeux.
— Une petite blague entre nous, lui souffla-t-il à se penchant légèrement à son oreille.
Elle plissa les yeux, mais n'émit pas d'autres commentaires.
— Nous devons retrouver chacun nos compagnons. Unis, nous serons bien plus efficaces. Et nous devons trouver des armes. En dehors du commandant, qui d'autre est avec vous ?
— Un mercenaire, une ogresse et un fantôme, en plus du vieux bougon et de nous deux.
Euridice s'autorisa une courte pause, perplexe.
— Mhmmm. Moi qui pensais que ma propre troupe était le summum de l'hétéroclisme...
— Tu sais bien, que je fais toujours mieux que toi, ma fleur, la taquina Vania en lui agrippant gentiment le menton.
— Dans tes rêves.
— Avez-vous fini, maîtres Algaëls ?
Tous deux se tournèrent vers Louve qui les fixait d'un air réprobateur. En usant de leur titre, elle venait en finesse de leur rappeler qu'ils avaient d'autres priorités que de se taquiner l'un l'autre. Qu'ils étaient adultes et porteurs de responsabilités. Ils hochèrent docilement la tête comme deux enfants brimés et la reine prit en main le reste.
— Où sont Tillian et Geltamoz ?
— La dernière fois que j'ai vu Tillian, il était dans la salle de bal. Je l'ai perdu des yeux lorsque j'ai décidé de suite Marga. Quant à Gelt, vous avez dû croiser quelques-uns des cadavres qu'il a semés partout dans la forteresse...
— Le loup-garou ? s'étonna sincèrement la reine. C'est lui ?
— En réalité, Gelt et Tillian sont tous deux des Lycans.
— Tillian aussi ? Que les Dieux me pardonnent ! Ils portent ma malédiction.
— Une malédiction qui a créé la diversion idéale, si je peux me permettre, remarqua Vania en personnification vivante de l'optimisme.
— Pourquoi Tillian n'est-il pas transformé ? C'est la pleine lune, ce soir.
— Parce qu'il porte un dispositif qui bride sa magie et...
— Un hörr ? s'horrifia la reine. Silla a réussi à en fabriquer un ?
Les sourcils d'Euridice s'abattirent sur ses yeux verts hésitants.
— Plus d'un. Il nous en a à tous fait cadeau lorsqu'il nous a emprisonnés. Vous connaissez cette machine de malheur ?
Les épaules de Louve s'affaissèrent.
— Je l'ai aidé à la mettre au point. En vérité, c'était mon idée. Elle avait pour but de pouvoir enfermer les porteurs de magie sans qu'ils risquent de blesser qui que ce soit avec leurs pouvoirs lorsqu'ils étaient coupables de crimes. Mais nous étions jeunes, stupides. Le prototype n'était pas fiable. Nous avons laissé tomber.
— Apparemment, il a continué votre grand projet d'un monde meilleur, sans vous, rajouta Vania.
— J'espère que c'est la pire invention que vous lui ayez soufflée à l'oreille...
— Je crains que non...
Euridice ouvrit la bouche.
Sur le sol à quelques pas d'eux, un gémissement retentit.
Ils tournèrent tous la tête d'un même mouvement.
Marga, réveillée, mais sonnée, porta une main à sa mâchoire.
Euridice se tourna vers son compagnon.
— Attache-là au lit, Vania. Et n'ai pas peur de serrer bien fort...
Lorsque, quelques minutes plus tard, Marga fut finalement ligotée et bâillonnée, Louve posa sur la jeune femme des yeux tristes.
— Je vous ai vu naître et grandir Lady Dell'Garh. Vous avez joué avec mon fils, une grande partie de son enfance. Je ne peux pas croire que vous nous ayez trahis.
Le regard froid que lança la jeune femme à la reine replaçait tous les longs discours. De toute façon, Louve n'aurait pas voulu l'entendre.
— Lorsque toute cette folie aura pris fin, vous serez rapatriée chez vous pour y être jugée. Et ne pensez pas que la situation de votre père en tant que premier conseiller royal changera quoi que ce soit à la sentence.
Des larmes parlèrent aux coins des yeux de la jeune brune, mais elle les ravala, trop fière, et trop en colère pour laisser qui que ce soit la voir pleurer.
À côté d'elle, le grand moustachu se pencha et ramassa un lourd ouvrage à la couverture enluminée. Reconnaissant le symbole, Louve le lui prit vigoureusement des mains et l'ouvrit. À mesure que sa lecture progressait, son visage se liquéfiait. Relevant les yeux, elle claqua le livre en le refermant et le fourra dans le sac qu'elle portait en bandoulière sous sa cape de voyage.
— Oserais-je demander de quoi il s'agissait, se risqua Vania.
Les iris noirs de la reine, assombries encore par une furieuse colère s'abattirent sur Marga.
— D'un ouvrage qui ne devrait jamais se trouver entre les mains d'une enfant sans cervelle. (Elle s'adressa ensuite à ses compagnons, évitant une autre question plus directe.) Allons trouver mes fils.
***
Dans le tunnel poussiéreux et tendu de toiles d'araignées, Eleon avait fait demi-tour. Elle avait trop souvent fait de mauvais choix et elle aurait tout le temps de retrouver son père par la suite. S'il y avait bien une personne, en ce monde, qui saurait se débrouiller par elle-même, c'était bien le roi du Royaume d'Ombria.
Déboulant par le pan de mur pivotant du passage secret, elle posa ses yeux sur un carnage comme elle en avait rarement vu. Une demi-douzaine de vampires gisait aux quatre coins du salon privé, leurs membres souvent à quelques bons mètres de leur tronc. Et au centre de ce bain de sang, un énorme loup au pelage noir couinait doucement, sa truffe fourrée dans le cou d'une humaine inconsciente.
Cette idiote d'Annabelle n'avait-elle donc pas saisi l'opportunité qu'elle lui avait offerte en désactivant son hörr ? Fallait-elle qu'elle fasse tout, elle-même ? Faudrait-il après ça qu'elle lui donne une clef de la porte principale et qu'elle demande aux gardes de tourner le dos ?!
— Merde, jura Eleon juste avant que le lycan de bondisse sur ses pattes, évitant son membre blessé, et ne menace l'intruse d'un grognement sourd.
La princesse leva ses paumes devant elle, en signe universel de non-agression.
— Laisse-moi l'aider, Gelt.
Les crocs de la bête claquèrent. Si elle avançait d'un pas de plus, elle perdrait une main. Dans son esprit, l'humain tenta d'apaiser son loup, mais ce dernier n'était pas aussi crédule que lui. Il n'était pas amoureux de l'humaine. Tout ce qu'il humait en face de lui, c'était le sang épais et sirupeux qui coulait dans ses veines et qu'il voyait battre plus vite sur la veine à son cou. Tout ce qu'il voulait, c'est planter ses crocs. Une morsure. Et il se gaverait de sa vie. Il voulait tuer. Mais son humain serait accablé. Il le savait. Il le sentait. Car son humain, c'était lui.
Il grogna pour s'amuser. La fille sursauta avant de froncer le nez de cette façon si adorable qui faisait fondre le cœur de l'humain derrière le loup.
— Ne m'oblige pas à te neutraliser.
Eleon savait que sa magie était presque inefficace sur les changes-peaux. Elle y allait donc au bluff. Sans magie, le seul moyen d'approcher Annabelle était de persuader le loup-garou de la laisser faire.
— Je sais que tu as mille raisons de ne pas me faire confiance. Je sais que j'ai été la plus odieuse des garces. Mais je suis comme ça. J'ai été élevée, forgée comme ça. J'ai pris conscience que vous ne méritiez pas de souffrir autant. Et que ceux que j'ai décidé de voir comme des ennemis seront toujours bien plus humains, quoi qu'ils fassent, que l'homme qui m'a mise au monde. Laisse-moi me rattraper, Gelt.
Tout en parlant et regardant un contact visuel avec le loup, elle lança un mince filet de magie sur la jeune femme inconsciente. Lorsqu'il se rétracta, ayant fait son œuvre, elle grimaça, sincèrement inquiète.
— L'une de ses côtes flottantes a perforé sa rate. Si je n'arrête pas le saignement, ta sœur va mourir d'une hémorragie interne, espèce d'abruti congénital ! Laisse-moi passer !
Les yeux du lycan se posèrent sur Annabelle, il couina, sentant la mort rôder autour de son corps, et se rallongea près d'elle, lui léchant doucement le visage. Eleon le prit comme le signe qu'il la laisserait faire, mais prudente, avança lentement, contournant la mâchoire puissante du loup pour venir s'agenouiller de l'autre côté du corps de l'apprentie Algaël. Sur son flanc gauche, on ne pouvait pas rater le large hématome noirâtre au niveau de la dixième et de la onzième côte. Eleon, qui avait lu tous les livres traitant d'anatomie dans la bibliothèque royale n'aurait pas eu besoin de magie pour savoir que la rate était l'organe touché. Un des plus délicats, car le plus richement vascularisé et donc facilement sujet aux hémorragies après traumas. Il fallait qu'elle pose une « atèle magique » à l'aide de son pouvoir sur les côtes endommagées afin de dégager l'organe et cautériser la plaie avant que trop de sang ne se repende dans le corps d'Annabelle. Tout serait une question de minutes. La température du corps d'Annabelle avait déjà monté de quelques degrés alarmants, malgré sa nudité et le froid qui régnait dans la pièce. Sa peau était d'une pâleur cadavérique et son pouls trop rapide. L'hémorragie gagnait du terrain.
Prenant une longue et profonde goulée d'air, Eleon vida son esprit. Puis ses deux mains palpèrent le flanc d'Annabelle à la recherche des bonnes côtes. Une fois trouvée, elle chercha autour d'elle et ses yeux tombèrent sur une dague. La chauffant au rouge d'une pensée, elle reposa sa main libre sur l'hématome. Guidée par son don qui sondait l'intérieur du corps de sa patiente, elle souleva l'os et le maintint en place à l'aide d'un champ de force.
Une goutte de sueur coula sur la tempe de la princesse. Elle devait utiliser différents sorts en même temps, les maintenant actifs, tout en en créant de nouveaux. Taisant la petite voix qui lui disait qu'elle s'était lancée dans une tâche bien plus complexe que ce que ses compétences en la matière ne pouvaient en supporter, elle planta, d'un coup sec et précis, sa lame sous l'abdomen d'Annabelle qui se réveilla en sursaut, en hurlant. Désorientée et paniquée, tout ce qu'elle put voir, c'est le couteau que venait de lui planter Eleon dans le ventre. Elle tenta de la repousser, mais cette dernière l'assomma d'un poing de magie. En nage, la princesse lâcha son scalpel de fortune et écarta la plaie avec ses doigts. Si elle n'avait pas accès à la rate, elle ne pourrait pas cautériser la plaie à temps et Annabelle s'étoufferait dans son propre sang. Déjà, la cavité se gorgeait de liquide vermeil.
À côté d'elle, le loup couinait et grondait, visiblement inquiet.
Les doigts poisseux d'Eleon glissaient sans réussir à suffisamment ouvrir l'entaille pour y voir clair. Son cœur accéléré, elle sentit la panique lui comprimer la poitrine.
Non, elle n'échouerait pas ! Annabelle ne serait pas celle qui lui fournirait son premier échec ! Oh, non !
Replaçant ses doigts dans la cavité, elle écarta les bords de la plaie, trouvant enfin ce qu'elle cherchait. L'un de ses doigts s'illumina et cautérisa méticuleusement la rate. Une fois fait, elle enveloppa la poche de sang créée par l'hémorragie interne d'un champ de magie et le souleva. Une bulle presque brune s'éleva lentement au-dessus du corps d'Annabelle, flotta un instant, comme suspendue dans l'air, puis éclata sur le sol près du loup et des deux femmes. Une nouvelle étincelle de pouvoir referma la plaie qu'Eleon avait dû faire pour atteindre la rate, laissant une fine cicatrice rosée et une peau saine, dépourvue d'hématome. Épuisée, livide et en nage, la princesse récupéra la cape d'un des vampires et en couvrit le corps nu d'Annabelle.
— Si tu ne survis pas, après tous mes efforts, je jure que je laisse les chiens dévorer ton cadavre.
Eleon redressa les yeux, et croisa ceux du lycan. Elle grimaça.
— Maintenant, à ton tour. Même grâce au formidable pouvoir de régénération des loups-garous, tu resteras immobilisé de longues heures. Ici, tu es une cible facile pour la garde, je dois te soigner, mais pas sous cette forme.
Sentant une entourloupe, le loup redressa soudain la tête et grogna. Il n'avait pas besoin de l'humaine, il se soignerait de lui-même. Et que les gardes viennent, il avait encore un petit creux. Non, il n'avait pas attendu en tournant en rond dans le corps de son humain pour y retourner si tôt.
Mains dans le dos, Eleon tenta de lui faire entendre raison :
— Tu vois bien que mes intentions ne sont pas mauvaises ; j'ai soigné ta sœur. Laisse-moi te soigner, toi.
Lorsque le loup se redressa brusquement afin d'intimider l'ennuyeuse humaine qui semblait aussi entêtée qu'un ogre, celle dernière se baissa, puis plaqua sa main sur sa poitrine. Et avant que le loup ne puisse lui arracher la tête pour ce qu'elle venait de faire, sa fourrure sombre et ses crocs se rétractèrent. Quand Gelt réapparut à sa place, un hörr était de nouveau fiché dans sa poitrine. Mais ce n'est pas le dispositif et ses petites griffes de métal enfoncées dans sa chair, qui le firent alors hurler de douleur, mais bien son avant-bras droit dont l'angle n'avait plus rien de naturel. Il roula sur le dos, des larmes aux coins des yeux. La plaie était assez sale et profonde pour laisser voir l'os et les tendons et ne semblait plus communiquer avec le reste de son corps via ses nerfs. Eux aussi étaient sans aucun doute sectionnés.
Eleon rampa près de lui, l'enveloppa d'un pan de tissu abandonné, et immobilisa de ses deux mains le bras blessé du jeune homme. Le visage livide et en sueur, il serra les dents lorsqu'elle le toucha.
— Eleon, commença-t-il en siffla douloureusement, si... si je meurs...
— Tu ne vas pas mourir, grand imbécile !
— Ah... Chouette.
Un rire bref secoua les épaules de la jeune princesse, puis ses mains s'illuminèrent et son expression se fit concentrée. Elle avait consommé trop de magie et le savait. Mais pousser ses limites au-delà avait toujours été l'un de ses plus grands défauts.
— Je veux quand même que tu saches que je t'ai toujours admirée. Tu es la femme la plus forte que je connaisse. La plus belle. La plus cruelle aussi. J'aurais voulu que tes sentiments à mon égard soient à la hauteur des miens, mais sache que je n'ai qu'un seul regret. Celui de...
— Gelt ! lâcha-t-elle brusquement en lui prenant la tête entre ses deux petites paumes maculées de fluides humains.
Les yeux agrandis par une interminable attente, le jeune homme sentit son cœur s'accélérer.
— Ferme-la ! Je dois me concentrer, d'accord ?
Les lèvres pincées, il hocha le menton et elle le lâcha, se concentrant sur son bras.
Cette chirurgie-là ne demandait pas un don puissant. Il n'était question que de la reconstruction de tissus. En moins d'une minute, les chairs, les tendons et l'os s'étaient ressoudés.
Eleon, au bord de l'évanouissement, sourit faiblement à Gelt.
— Tu vois ? Ce n'était pas si c...
Les yeux exorbités, et sans réussir à finir sa phrase, Eleon ne put qu'admirer, impuissante, la large tache cramoisie qui grandissait sur le devant de sa robe jaune déjà fleurie du sang d'Annabelle et de Gelt.
Derrière elle, un bruit métallique lui apprit que son assaillant venait de faire tomber sa lame. Une lame qui venait de se planter dans son flanc droit. Se redressant brusquement, animée par la peur et son instant de survie, elle courut en trébuchant vers la porte du passage secret et y disparut.
Gelt, une grimace de pure horreur sur les traits, se retrouva face à sa sœur dont les bras tremblants pendaient le long de son corps.
— Anna... Qu'est-ce que tu as fait ? demanda son frère d'une voix à la fois horrifiée et absente.
Annabelle tomba à genoux. Il la rattrapa de justesse.
— Elle... elle a tenté de m'assassiner. Elle voulait te faire... du mal.
Et sans laisser le temps à Gelt de lui expliquer l'affreux quiproquo dont Eleon venait d'être la victime, elle s'évanouit de nouveau.
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