Chapitre 1
Chapitre 1
Assise sur l'un des bancs présents dans le jardin, je suivais les formes de la petite pierre verte qui était accrochée à mon cou sur une fine chaîne en argent. Je regardais le soleil qui envoyait des reflets orangés un peu partout, en réfléchissant sur qui j'étais. En me creusant la tête, je réalisai que je ne savais absolument rien à mon propos. Ce que je savais désormais, c'était que j'avais vécu pendant 18 ans avec des personnes que je pensais connaître. Il y avait de cela quelques jours, mon père et ma mère m'avaient révélé qu'ils n'étaient pas mes vrais parents et, qu'ils m'avaient trouvé alors que je n'étais encore qu'un bébé. Évidemment, la date que je croyais être celle de ma naissance s'avérait aussi être fausse, ainsi que mon âge... Avais-je vraiment 18 ans ou allais-je avoir 18 ans dans 2 semaines, 1 semaine ou 2 jours ? Sur le coup de la nouvelle, j'avais été déboussolée, mais je remerciais maintenant mes "faux-parents" intérieurement de ne pas m'avoir caché cela pour le reste de mes jours...
- Charlotte !
Je levai les yeux vers ma chère sœur. Bien que je n'étais pas génétiquement reliée à elle, nous avions toujours été attachées. D'ailleurs, ce sentiment était réciproque avec chaque membre de ma famille.
-Charlotte ! répéta ma sœur en ramassant ses jupes pour marcher d'un pas plus élancé.
Elle m'atteignit finalement et se mit à me lorgner de la tête aux pieds. Ses cheveux noir corbeau étaient bouclés à la perfection, telle la bourgeoise parfaite, et ses joues étaient légèrement rouges. Elle devait les avoir pincées quelques temps plus tôt, puisqu'habituellement, Sophie était d'une couleur pâle, presque cadavérique. Ses yeux d'un brun si profond paraissaient toujours noirs, comme un long tunel sans fin. De ces faits, ma sœur était d'une beauté fragile et douce, qui ne laissait aucun homme indifférent. Elle tenait toujours ses jupes dans ses mains, de peur de salir sa toute nouvelle robe pourpre sur l'herbe fraichement coupée.
-Charlotte, répéta pour la troisième fois ma sœur aînée, des invités viennent prendre le thé dans deux heures. Et regarde dans quel état tu es !
Je m'empourprai légèrement à la manière dont ma sœur me fixait. Mes cheveux brun-roux n'étaient pas peignés, pas une touche de poudre sur mon visage, et je devais avoir une mine horrible après une nuit blanche. Sophie secoua la tête et me tendit la main.
-Allez, viens. Peut-être qu'Evelyne pourra t'aider à avoir une allure présentable.
Je fixai ma sœur dans les yeux en soupirant. Je n'étais pas du tout prête pour tout cela. Je n'avais en aucun cas envie d'aller prendre le thé avec un parfait inconnu qui deviendrait pourtant l'homme de ma vie. À contrecœur, je pénétrais avec ma sœur dans notre immense demeure. Des tapisseries de couleur rouge et or ornaient les couloirs de notre maison, et quelques armures étaient positionnées au coin des murs. Sophie m'entraîna vers la chambre de nos parents et y interpella une des bonnes.
- Evelyne ?
De loin, Evy devait être ma domestique favorite. Elle n'était pas le genre de bonne qui ne faisait que le ménage, mais aussi une amie chère à tout le monde dans la maison.
- Miss ?
Evelyne émergea de la chambre des maîtres avec un sourire aimable au visage. Abordant sa tenue de travail, elle avait un linge dans les mains, signe que nous venions d'interrompre une tâche ménagère. Il y avait une petite tache de poussière sur le bout de son nez. Evelyne était assez menue, pourvue d'une chevelure blonde très pâle, et les yeux d'un bleu profond.
- Faites couler un bain pour Charlotte dans ses appartements, nous allons la préparer pour le thé avec les Hamilton.
Evelyne effectua une petite courbette maladroite en hochant la tête.
- Miss, répéta la domestique en souriant.
-Oh, Evelyne ! l'interpellais-je. Vous avez quelque chose au bout du nez.
Evelyne porta son index à son doigt et en époussetant la poussière timidement.
- Merci, miss Grey.
Elle s'éloigna en rougissant. Sophie lâcha un soupir de soulagement et mis son bras sous le mien.
- Cela t'effraie, Charlotte ? lança ma soeur. Ne t'en fais donc pas. Les Hamilton sont si aimables.
Je grimaçai à la deuxième mention du nom que je redoutais le plus ces temps-ci.
-cMais je ne les connais point... répondis-je.
- Tu vas voir, Thomas est un garçon si bien élevé ! Et il est très élégant, si je ne puis me permettre. Nous nous amusions ensemble lorsque Mère allait prendre le thé avec Mrs Hamilton lors de mon enfance.
Sophie avait toujours la mauvaise manie de parler comme si nous avions plus de dix années de différence, alors que nous n'en avions que deux.
- Pourquoi Père et Mère ne t'ont pas promise à un prétendant ?
Sophie haussa les épaules.
- Ils jugent que je n'ai pas besoin d'un homme pour le moment. Que je n'ai pas besoin d'un mari pour me montrer... Comment me comporter.
Je compris aussitôt que la remarque s'adressait directement à moi. J'avais beau être la fille de nobles, je n'avais pas ces habitudes à... Prendre le thé, à rester au foyer ou encore à passer mon temps à papoter de corsages ou de crinolines. Pour une raison que je n'avais pas toujours trouvé, j'étais attirée par l'équitation, le combat à l'épée, et les corsets, je détestais. Il fallait dire que je n'avais pas les manières d'une femme : j'avais deux frères avec qui j'étais très proche, et cela m'avait beaucoup influencé. Mes parents étaient souvent dérangés par mon comportement, mais je ne pouvais rien y faire.
- Oui, entendu... soufflais-je. Mais tu ne pourras pas rester seule pour l'éternité, lui rappelais-je.
- Père est du même avis. Il m'a même annoncé qu'il était à la recherche de mon futur prétendant. Depuis qu'il t'a dégoté Thomas, il a l'air plus tranquille. Allez, vas-y, chuchota Sophie.
Je réalisai alors que nous étions devant la porte de mes appartements, et que Sophie m'incitait à y entrer.
- Je demanderais à Margret de venir déposer ta robe dès qu'elle en aura le temps. Crois-moi, cette teinte jurera avec ton émeraude, Charlotte. La même couleur, je te jure !
Je portai la main à mon médaillon à sa mention. Ma sœur mentait pertinemment. Aucune couleur n'était identique à celle de ma pierre. D'un vert si pur et si sombre à la fois, il était impossible qu'il s'agisse d'une émeraude même si c'était ce que tout le monde affirmait.
- Allez, nous nous reverrons au thé !
J'entrai lassement dans ma chambre. Je n'avais aucune envie d'aller à ce stupide thé, et me marier était le cadet de mes soucis. Je voulais découvrir mes racines, et savoir d'où je venais vraiment. Mère et Père avaient eu de la difficulté à m'annoncer que je n'étais pas réellement leur fille. Bien qu'aussi choquante soit cette nouvelle, j'avais fini par l'accepter après quelques temps. Je ne pouvais pas en vouloir à mes parents : ils avaient tout fait pour mon bien.
- Miss Grey ? demanda Evelyne. Le bain est plein. Je pourrai vous frotter les ongles par la même occasion. Ils m'avaient l'air crasseux.
Après mon bain, j'enfilais mon peignoir en me dirigeant vers mon lit. La robe était étendue sur les draps dans toute sa splendeur. Je fus surprise de voir que Sophie avait dit vrai : la robe était d'une teinte presque identique à celle de mon médaillon. Je touchai le tissu des doigts avec un léger sourire.
- Miss ? demanda Evelynne. Il ne reste qu'une heure et quelques poussières. Nous ferions mieux de nous dépêcher.
- Bien sûr...
Tandis qu'Evelyne enfilait mon corset, je me questionnais toujours sur mes racines. Puis, mon esprit déboucha sur Thomas Hamilton, mon promis. La brève description faite par Sophie me promettait un homme fort aimable, et pourtant je ne pouvais pas m'en réjouir. C'était pour mon bien selon mes parents. "Bientôt, tes tâches de femme te sembleront plus importantes. Lors de l'arrivée de ton premier enfant, tu comprendras tout..." Je grimaçai. Je ne voulais pas d'enfants. Encore moins avec un inconnu. Soudain, j'eus l'impression qu'on me bloquait ma respiration.
- Evelynne ! lâchais-je.
- Toute mes excuses, Miss ! s'empressa-t-elle de dire. Mais si vous vous teniez un peu plus droite, tout cela irait bien mieux.
Je me redressai légèrement en soupirant.
- Message compris, Evelyne... Je hais les corsets.
- Mais Miss, vous n'avez pas d'autres options. Et puis, ne vous plaignez pas ! Vous avez la chance de porter ces robes de princesses qui vous vont à ravir. Si je ne puis m'abuser, votre robe est parfaite avec vos cheveux de teinte légèrement rousse.
- J'imagine que vous avez raison...
Après plusieurs essais ratés à cause de ma posture, Evelyne finit par arriver à ajuster mon corset parfaitement. Elle entreprit de brosser mes cheveux en chantonnant très bas. Le chant d'Evelyne avait un effet apaisant sur moi : c'était comme cela que, plus jeune, elle me réconfortait lorsque je me réveillais en pleurs la nuit à cause d'horribles cauchemars. Sans doute était-il étrange que ce soit une domestique et non mes parents qui venait m'apaiser dans ce genre de situation, mais la chambre d'Evelyne avait toujours été plus proche de la mienne que mes parents et elle avait toujours été la première à m'entendre pleurer. Pleurer ces rêves étranges, remplis de massacre, de bêtes peu ressemblantes à des humains. Ces rêves qui défilaient comme un film que j'avais déjà visionné.
- Miss ?
Je sursautai lorsque Evelyne me tapota légèrement l'épaule pour me sortir de ma rêverie.
- Pardon ? demandais-je.
- Je vous ai demandé, Miss, si vous pensiez que ce Mr. Hamilton pourrait faire de vous une femme heureuse.
J'aurais voulu me forcer à lui réponde un oui, mais rien ne sortait.
- Je comprends que tout cela doit vous ébranler, Charlotte...
Je fus surprise un léger moment : Evelyne ne m'appelait par mon prénom que lorsqu'elle était sérieuse que nous étions toutes les deux. Jamais elle n'oserait m'appeller par mon prénom devant tout le monde, malgré mes protestations pour qu'elle cesse de me surnommer "Miss" ou bien encore "Miss Grey".
- Comment vous comporteriez-vous si vous appreniez que vous devez vous marier avec un inconnu ?
Evelyne laissa son geste en suspend en cessant de me brosser les cheveux.
- Je ne sais pas, Miss. Heureuse, je songe. Quelle femme digne de ce nom ne serait pas enchantée par la nouvelle d'avoir un mari ?
"Moi", songeais-je.
- Vous voulez bien me les coiffer comme Sophie, Evelyne ?, demandais-je en parlant de ma coiffure.
- Bouclés. Entendu, Miss.
***
La première impression que j'eus lorsque que je mis le pied dans la salle de séjour fut de voir que tout le monde avait revêtu ses plus beaux habits. Ma mère, Mary Grey, arborait ses plus beaux atouts dans sa robe jaune canari qui lui donnait un teint plus pâle qu'à l'habitude. Pour une dame, Mère était assez mince et très grande. Elle avait des belles boucles brunes foncées, comme celles de Sophie, et des yeux gris tels les nuages à l'extérieur. On lui devait sa richesse à mon père, John Grey, né fortuné dans une famille de bourgeois. Celui-ci, dans son ensemble bleu royal, semblait rayonner : ses cheveux noirs bien domptés et ses yeux bruns doux et accueillant. Puis, ma sœur Sophie. Elle était toujours revêtue de sa robe pourpre qui rendait son apparence si belle et fragile. Thomas Hamilton fut seulement la deuxième chose qui fit place dans mon esprit. D'un sourire parfait, il parlait avec mes parents. Ses yeux bleus reflétaient la lumière du rare soleil qui perçait les nuages de Londres et ses cheveux d'un blond châtain étaient coiffés à la perfection. Je pris conscience que toutes les jeunes femmes de mon âge devaient se pâmer devant telle beauté. Lorsque Thomas m'apperçut enfin, un éclair passa dans ses yeux et il s'excusa auprès de mes parents pour venir à ma rencontre. J'en oubliai presque mes manières un instant.
- Miss Grey, enchanté. Thomas Hamilton.
Je lui fis la révérence et il prit ma main dans la sienne, baisant doucement le dos de celle-ci. Il était beau, certes... Mais où étaient les papillons et les sueurs froides que l'ont m'avait promis ?
- Moi de même, monsieur Hamilton...
Des éclats de rire me firent lever les yeux : je remarquais que c'était la mère de Thomas qui discutait avec la mienne. Le portait craché de son fils : des cheveux châtains bouclés et des yeux bleu perçant. Elle revêtait une magnifique robe d'un rose très doux. Lorsqu'elle me surpris à la regarder, Mrs Hamilton me sourit doucement. Je m'empressais de faire la révérence.
- Mrs Hamilton, balbutais-je. Enchantée de vous rencontrer.
- Le plaisir est partagé, miss Grey.
- Anastasia ? interpella ma mère.
La cuisinière se pressa d'arriver avec un sourire aimable au visage.
- Le thé et les sablés vous attendent dans le jardin, répondit Anastasia.
- Merci, Anastasia, dit doucement ma mère. Savez-vous où sont Gabriel et Damien ?
- Messieurs sont dans la bibliothèque, madame. Il me semble les avoir aperçus quelques instants plus tôt.
Mon père rit d'un ton bourru.
- Gabriel et Damien dans la bibliothèque ? Ils devaient chercher un livre sur l'art de séduire une dame, puisqu'autrement, je ne les vois pas le nez dans les bouquins...
Mrs Hamilton s'exclaffa d'un petit rire en cachant ses lèvres avec sa main.
- Thomas est comme cela, il déteste lire.
Thomas s'empourpra et me fixa longuement. Et pour ajouter, il n'aimait pas lire. Comme si tout cela pouvait être pire. Ses beaux yeux ne me suffisaient pas pour être en paix avec le fait que j'allais me marier avec cet homme.
- Allez, je vous invite à rejoindre le jardin, compléta ma mère. Les garçons seront bientôt là.
Je remarquais que Thomas n'avait ni frère, ni sœur, ni père, ce qui me semblait étrange. Mrs Hamilton attrapa mon regard et me sourit.
- Je suis sûre que vous ferez une épouse digne de ce nom, miss Grey. Nous regarderons la date du mariage plus tard cet après-midi.
Ma mère quitta la pièce, suivie de mon père, Mrs Hamilton et Sophie. Je jetais un regard à Thomas : il fixait le dos de Sophie, les yeux dans les vapes. Mal à l'aise, je me raclais la gorge.
- Alors, vous avez deux frères ? me demanda finalement Thomas en m'invitant à sortir de la pièce pour rejoindre aussi le jardin.
J'hochai la tête doucement. Je n'étais pas du tout à l'aise avec ce garçon. Je n'avais pas envie de discuter avec lui, pourtant je n'avais aucun autre choix.
- Oui, Damien est l'aîné de nous quatre. Gabriel est le cadet des enfants.
- Deux garçons et deux filles... C'est joli, compléta Thomas avec un sourire.
- Oh, mais vous pouvez me croire, ce n'est pas toujours joli !
- Beaucoup de querelles ?
Je souris timidement en hochant la tête.
- C'est la fraterie... Et vous ? Vous n'avez pas de frères ou sœurs, monsieur Hamilton ?
Thomas rit de bon cœur, pour la première fois depuis son arrivée.
- Appellez-moi Thomas, miss Grey. J'ai l'impression de vieillir lorsque vous m'appellez de cette manière.
- D'accord, lançais-je. Alors continuez, Thomas.
- Il est vrai qu'il est possible de croire que je suis enfant unique, mais détrompez-vous, j'ai plusieurs sœurs. Et un frère.
Je grimaçai légèrement : si je me mariais avec Thomas, il me faudrait vivre un moment dans sa demeure. Déjà que tout cela ne m'enchantais pas, je devais maintenant me faire à l'idée d'habiter avec d'autres inconnus.
-Et votre père ? demandais-je en fixant la porte qui menait au jardin à quelque pas de nous.
-Père est décédé alors que je n'avais que quatre ans. Heureusement qu'il avait beaucoup d'argent, il a pu en laisser pour Mère. Imaginez comment elle aurait fait s'il aurait fallu qu'elle nourrisse ses six enfants sans un homme à la maison !
Je me rembrunis : il me semblait bien que ce Thomas était un homme du genre à penser que nous, les femmes, nous n'étions bonnes que pour faire à manger. De toute façon, tous les hommes étaient comme cela. Si j'espérais vivre ma vie avec un homme qui pensait autrement, je me trompais royalement.
- Votre mère ne s'est jamais remariée? demandais-je lorsque Thomas ouvrit la porte qui menait à l'extérieur, dans le jardin.
- Non, mais je dois avouer que, ces temps-ci, elle m'a bien l'air intéressée envers un nouveau prétendant. Vous savez, ma mère était vraiment amoureuse de mon père... Elle n'a pas été forcée à ce... Genre de choses.
Thomas me fixa un moment dans les yeux. Ses iris bleus reflétaient le soleil et il passa une main dans sa chevelure. Il était très beau, surtout avec ces fossettes qui se creusaient quand il souriait. Malheureusement, je ne ressentais toujours pas quelque chose d'autre.
- Charlotte... commença Thomas.
Mais il fut interrompu par sa mère qui se dirigeait vers nous.
- Charlotte, Thomas ! Ne fait-il pas un temps superbe aujourd'hui ? Le soleil se pointe rarement ici, à Londres, nous sommes si chanceux ! C'est comme si même la nature était en accord avec cet union !
- Mère... Si vous voulez bien nous excuser, j'aimerais discuter avec Charlotte un moment. J'espère que vous comprenez.
Mrs Hamilton sourit en penchant la tête.
- Je comprends tout à fait, Thomas. J'ai déjà été à votre place ! Seulement, ne tardez pas trop. Le thé ne vous attendra pas longtemps !
Mrs Hamilton nous laissa et je jetais un coup d'œil derrière elle : ma sœur, Sophie, nous observait intensément. Elle me fit un vague salut avec un sourire en coin à Thomas. Celui-ci, gêné, le lui rendit.
- Allons par-là, vous voulez bien ? demandais-je en pointant un sentier s'enfonçant dans les cèdres.
Thomas hocha la tête et me fit passer la première. Je sursautais lorsqu'il posa sa main sur mon bras. Ressentait-il quelque chose pour moi que je ne ressentais pas ? Je lui jeta un regard angoissé.
- Calmez-vous, Charlotte ! m'incita Thomas avec un sourire. Je ne vais pas vous faire de mal.
Je détestais le fait qu'il s'était permis de m'appeller Charlotte sans même mon accord.
- Je vous laisse parler, monsieur Hamilton.
Thomas me jeta un regard réprobateur, mais secoua la tête en se mettant à fixer le ciel dégagé.
- Miss Grey... Il faut avouer que vous êtes une dame d'une beauté incroyable, et que vous provenez de la bourgeoisie. Vous êtes le désirs de tous les hommes en ce bas-monde.
Je m'arrêtai de marcher, surprise. Aussi étonnant soit-il, jamais un homme ne m'avait dit un tel compliment. Bien sûr, on m'avait déjà dit que j'étais jolie, mais les mots que Thomas employait étaient doux, sucrés, presque confortables. Mais je secouai la tête avant qu'il ne s'aventure plus loin.
-Thomas, je suis désolée, mais... Je ne sens aucune parcelle d'attirance pour vous. Vous m'avez l'air d'un homme bien, pourtant... Ce mariage n'est pas pour mon bien.
Il me fixa un moment, avant de pousser un soupir de soulagement.
- Vous me faites un bien fou, Charlotte. Je n'osais pas moi-même vous le dire. Je ressens la même chose que vous.
Je sentis mon ventre se serrer légèrement. Non pas que j'aurais voulu que Thomas m'aime bien, mais ça avait été flatteur un moment de penser que je plaisais à quelqu'un.
- Bien, répondis-je. Pourtant, j'ai bien peur que le mariage ne soit déjà préparé. Je ne pense pas que Mère voudra annuler tout cela...
- J'en ai bien peur aussi, Charlotte...
Après un silence gênant qui me paru durer une éternité, Thomas se décida à parler :
- Je crois que nous devrions retourner les voir, pour ne pas qu'ils s'imaginent des choses...
- Oui, très bonne idée, dis-je avec un sourire maladroit qui prouvait mon malaise.
C'est ainsi que nous nous dirigeâmes vers la table extérieure, qui se trouvait sous un arbre, pour aller prendre le thé. À notre arrivée, elles étaient toutes là à parler d'un sujet qui leur avait l'air passionnant. Je pris place à côté de Thomas puis, Mrs Hamilton engagea la conversation sur le mariage... Mon esprit vagabonda sur toutes sortes de choses. Je ne voulais pas me marier, en tout cas, pas pour l'instant. Encore moins avec quelqu'un pour qui je n'avais aucun intérêt et que ce sentiment était réciproque. Je voulais savoir qui étaient mes vrais parents, pour que mon cerveau arrête de penser seulement à cela.
- Oh ! J'ai pensé qu'on pourrait mettre de belles fleurs jaunes pour souligner l'été ! Et pourquoi pas ajouter de jolies petites fleurs blanches pour faire ressortir le jaune ! Qu'en pensez-vous, Charlotte ? me demanda Mrs Hamilton, toute enjouée.
Prise au dépourvu et en me sortant de ma rêverie, j'hochais la tête en souriant.
- Oui, avec plaisir !
Mrs Hamilton me dévisagea et, me rendant compte que je n'avais absolument pas bien répondu à la question, je sentis mes joues s'empourprer. En baisant la tête, je vis Mère me faire de gros yeux qui me lançaient des éclairs. Mrs Hamilton allait me répondre quand le bruit des sabots qui percutaient le sol et la voix de mes frères vint me sauver. Je releva la tête et découvrit Gabriel et Damien à cheval. Tous deux me sourirent et nous envoyèrent la main. Tout en galopant Damien m'interpella :
- Tu attends quoi, Charlotte ? Lady meurt d'impatience dans son box ! Gabriel et moi partons dans la forêt, tu viens te joindre à nous ?
Instinctivement, je sautais presque hors de ma chaise, puis je regarda ma mère et nos invités. Je me sentis des plus stupides. Mère n'allait absolument pas être heureuse de mon comportement et j'attendais à être grondé quand nos invités allaient être partis : "Charlotte, pour la millième fois ! Comporte toi de manière civilisée !"
Je me rassis en pinçant mes lèvres et regardais mes frères avec envie. Présentement, tout ce que je voulais était de me retrouver sur le dos de mon cheval et ne plus penser à ce mariage, ni à rien.
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Bonjour ou bonsoir! Où que vous soyez dans le monde!
Marie et moi espérons que ce chapitre saura vous plaire! C'était une première dans le monde de Charlotte. Plusieurs personnages apparaîtront dans cette histoire, alors ne soyez pas surpris/surprise.
Faites nous savoir si vous avez aimé ce chapitre, c'est toujours apprécié! Je vous aimes déjà: 127 vues seulement pour le prologue!! Wooooow!
Em
xxx
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