Chapitre 33 (Fin)
Les jours passent lentement. Tous les matins, je me lève avec un pincement d'excitation dans le ventre, comptant chaque jour qui s'écoule. Cette fois, c'est vrai. Des parents m'ont choisie, moi. Bientôt, ils viendront me chercher, et je partirai d'ici pour toujours.
Albin, Thérèse et tous ceux qui se moquent de moi ont tort : les rêves se réalisent, il suffit d'y croire. Bientôt, je retrouverai Mathilde et nous vivrons heureuses pour toujours avec mes nouveaux parents dans leur grande maison.
Aujourd'hui, alors que je frotte les dalles usées du sol de la salle de classe, je ne pense qu'à mes parents. Peu importe les corvées, peu importe la faim ou la fatigue, rien n'a plus d'importance, je vais bientôt partir. En plus, maintenant, la directrice et tous les adultes semblent m'ignorer ; elles ne m'ont même pas punie pour être restées rêvasser devant la fenêtre ! Par contre
Les bourrasques de vent claquant contre les carreaux me font relever la tête. Essuyant quelques mèches collées sur mon front, j'observe les nuages passés dans le ciel gris. Il va bientôt pleuvoir... Normalement, Annie serait dehors à dire aux enfants de rentrer. Mais à cause de moi, elle n'est plus là... Un poids s'installe dans mon cœur, à chaque fois que j'y pense, je suis vraiment une incapable...
— Alors, toujours à attendre tes fameux parents ? demande Renée en se mettant devant moi les bras croisés.
Derrière elle, Sidonie et leurs copines la regardent avec amusement, prêtes à rire de tout ce qu'elle dira. Je soupire lassée de leurs moqueries incessantes depuis neuf jours maintenant. Elles sont justes jalouses parce que personne ne les a jamais choisis. Je préfère les ignorer et continue à frotter en silence. Mais Renée s'accroupit devant moi, avec un sourire moqueur en coin.
— Eh, tu m'écoutes ? Tu crois vraiment qu'ils vont venir ? T'es vraiment bête ma parole.
Je souffle, ne levant pas les yeux de mon seau.
— Ils vont venir, dis-je d'un ton ferme.
— Mais bien sûr, ils vont venir... commence Renée en exagérant son ton mielleux. C'est évident, ils t'ont choisie tout de suite, sans même regarder les autres enfants. Mais justement, tu sais ce que ça veut dire, Élia ?
— Oui, que je leur plais.
— Ah, ah ! Non ! Ça veut dire qu'ils ont décidé trop vite, donc ils vont regretter, c'est sûr !
Elles pouffent toute de rire en acquiesçant. Mon cœur bat plus fort, elles veulent juste me faire douter, me faire peur. Pourtant, une petite voix en voix me murmure qu'elles disent vrai, et ça m'effraie.
— Ils ne changeront pas d'avis, grommelé-je. Et tu es juste jalouse !
— Sûrement pas, je ne veux pas être adoptée pour ne pas être séparé de Sidonie. Je dis juste la vérité.
— Non, parce que mes parents viendront, claqué-je en attrapant mon seau pour m'éloigner.
Je rejoins Adeline et Hortense qui nettoient le tableau noir au fond de la classe. En voyant mon air furieux, elles échangent un regard, un peu embarrassées.
— Renée m'énerve tellement, soufflé-je en posant son seau près d'elles.
Adeline soupire, passe une éponge sur le tableau et secoue la tête.
— Élia... Tu sais, elles ont un peu raison...
Je m'arrête, surprise. Hortense baisse les yeux, l'air désolée.
— On dit ça pour ton bien. C'est déjà arriver plusieurs fois que des parents changent d'avis, et on ne veut pas que tu souffres si au final, ils ne veulent pas de toi...
— Mais remarque, enchaîne Adeline, c'est mieux qu'ils changent d'avis tout de suite, plutôt qu'ils le fassent des mois plus tard...
Son regard dérive alors vers une fillette blonde qui passe le balai plus loin. Elle fixe le vide, le regard éteint, se balançant très légèrement d'avant en arrière. Elle ne s'est jamais remise d'avoir été ramené à l'orphelinat, même des années après. Une partie de moi comprend ce que mes amies veulent dire, mais je refuse de les croire.
— Non, ce n'est pas pareil, répondis-je en secouant la tête. Mes parents vont venir. J'en suis sûre.
Sans attendre de réponse, je m'éloigne, la gorge serrée. Elles ne peuvent pas comprendre.
En arrivant près des escaliers, je croise Alice, en train de portée un seau d'eau qui semble trop lourd pour elle. Je m'approche pour l'aider, mais elle recule et me contourne sans un mot, les sourcils froncés. Depuis que je lui ai crié dessus, elle m'évite, elle dit que je suis méchante. Et elle a raison... Je l'ai évité plusieurs jours après, à cause de Mésia, aujourd'hui, je ne lui en veux plus, mais c'est elle qui ne veut plus me parler...
Le cœur serré, je vais chercher un balai dans le placard sous l'escalier. À l'intérieur, l'angoisse m'envahit, leurs mots tournant en boucle dans ma tête. J'essaie de les chasser, mais ils reviennent sans cesse me faire douter. Alors que je suis en train de prendre une pelle, un bruit derrière moi me fait sursauter.
Je me retourne brusquement et découvre Albin, debout dans l'encadrement de la porte. Mon cœur se serre. Que fait-il ici ? À cette heure, les garçons devraient tous être aux champs. Depuis qu'il m'a crié dessus dans le grenier, je l'évite. Ça n'a pas été difficile ; après ça, il a passé des jours entiers enfermés dans le dortoir des garçons, jusqu'à ce que la directrice décide finalement de l'envoyer de nouveau aux champs, mais sous la surveillance de Monsieur Jacque.
Il avance d'un pas, je recule. Je serre le balai entre mes doigts, le regard baissé, incapable de croiser le sien. Et s'il est toujours en colère et qu'il m'en veut ? J'aimerais m'excuser, mais je ne veux pas l'énerver encore, ça me fait peur.
— Élia, commence-t-il d'une voix basse. Il faut que tu m'écoutes, s'il te plaît.
— Non, laisse-moi, s'il te plaît, murmuré-je d'une voix tremblante.
Albin reste silencieux un instant, les poings serrer. Puis il prend une grande inspiration et se rapproche, sans me quitter des yeux. Je me recule jusqu'au fond, bousculant les balais et les seaux. Il s'arrête surpris.
— Tu as peur de moi ?
Je secoue la tête.
— Non, je veux juste que tu partes, dis-je en essayant d'avoir une voix ferme.
— Je vais pas te faire de mal. Je veux juste... m'excuser pour la dernière fois... Je suis vraiment, vraiment, désolé, pardonne-moi, sa voix se brise sur le dernier mot, il me regarde les yeux embués de larme avant de reprendre d'une voix tremblante : je m'en veux tellement, j'étais en colère et j'avais mal et j'étais triste et... Mais peu importe, je n'aurais pas dû m'énerver contre toi, tu voulais juste m'aider... Je suis désolé...
Je relève la tête, surprise, le cœur battant. Sans réfléchir, je lâche mon balai et le prends dans mes bras. Il me serre à son tour en continuant à s'excuser.
Après plusieurs secondes, nous nous lâchons. Il essuie ses joues avec son poing et me regarde en souriant.
— Et sinon, on m'a dit que tu allais être adopté.
Je hoche la tête.
— Oui, ils devraient bientôt venir me chercher ! Enfin j'espère...
— Pourquoi ils ne viendraient pas ?
— C'est ce que tout le monde dit, murmuré-je en prenant une grande inspiration pour ne pas laisser l'angoisse monter.
— Je suis sûre que c'est faux. Et s'ils font la bêtise de ne pas te prendre, alors ils feront la plus grosse erreur de leurs vies. Ils auraient beaucoup de chance de t'avoir !
— Même si je ne suis « qu'une gamine faible et stupide », le taquiné-je un sourire en coin.
Touché, il baisse la tête.
— Tu n'es ni faible, ni stupide, oublies tout ce que je t'ai dit, je ne le pensais pas... Comme pour Mathilde, c'est faux, tu le sais, n'est-ce pas ? Et elle sera sûrement très heureuse de te retrouver dehors.
Je hoche la tête en souriant, mais avant que je ne réponde, Gaétan arrive dans l'encadrement de la porte et s'écrit :
— Bah, qu'est-ce que vous faites là tous les deux ? Vous êtes amoureux ?
Albin soupire en levant les yeux au ciel.
— Dis pas n'importe quoi, râle-t-il en le poussant pour passer.
— Quoi vous êtes pas amoureux ?
— Mais non, rié-je, il voulait juste... m'aider à prendre un balai...
— Ah... Bah, il est parti sans t'aider du coup... Attends, je vais t'aider, je suis plus fort qu'Albin en plus ! Regarde mes muscles, dit-il bombant le torse et en contractant ses bras avec un sourire satisfait. C'est moi le plus fort de tout l'orphelinat !
Je réprime un sourire et hoche la tête, admirative.
— Oh oui, ça se voit.
Fier, il attrape mon balai et monte les marches en fanfaronnant. Je pouffe de rire et le complimente pour rentrer dans son jeu. Une fois en haut de l'escalier, il me redonne le balai comme si c'était le sceptre d'un roi. Je l'en remercie et le prends en pliant les genoux pour faire une révérence.
Nous sommes interrompus par Charles qui lui ordonne de descendre et de venir aider. Dans l'entrée, Madame Morvan cri des ordres aux garçons qui s'exécutent sans un mot.
— Vous êtes tous revenu ?
— M'sieur Jacque dit qu'il risque de pleuvoir. Et tant mieux parce qu'avec ce vent ça devenait complique de faire les récoltes !
À peine, il eut fini sa phrase qu'il se met à descendre pour rejoindre Julien qui l'attend en bas. De mon côté, je prends mon balai et commence à balayer en repensant à ce qu'il vient de se passer. Mais soudain, la voix de la sorcière me sort de mes pensées. Elle se tient au bas des marches, droite comme un piquet dans sa robe noire et les sourcils froncés.
— Élia, vient ici.
Je pose le balai et descends, mon cœur s'accélérant à chaque marche. Une fois devant elle, je baisse la tête et triture mon tablier d'angoisse.
— Tes affaires, m'annonce-t-elle en me tendant un petit sac en tissu. Tes parents arrivent. Ils viennent te chercher.
Pendant une seconde, je reste immobile, incapable de comprendre vraiment ce que cela signifie. Mais ensuite... La nouvelle explose en moi ! Un petit cri de joie m'échappe, et un grand sourire s'étire sur mon visage. Je sens mes jambes faiblir, mes mains tremblent tellement je suis excitée. Ils viennent me chercher. Ils viennent vraiment me chercher !
— Oh, voyons ! Voilà pourquoi je ne te l'ai pas dit avant ! siffle la directrice en croisant les bras. Allez, reprends-toi. Enlève-moi ce tablier crasseux et file à la salle d'eau pour te débarbouiller. Il ne s'agirait pas que tu te présentes dans cet état.
Je m'empresse de retirer mon tablier, mes mains tremblantes d'impatience. Je ne peux m'empêcher de sourire, et mon cœur cogne si fort dans ma poitrine que j'ai l'impression qu'il pourrait s'envoler. Tout autour de moi semble s'effacer. Seule la perspective d'être enfin adoptée compte.
Alors que je reste figée, un peu hébétée, Louise et Denise viennent m'attraper chacune par un bras, m'entraînant vers la salle d'eau. Je les suis sans réfléchir, le regard perdu, flottant comme si je n'étais plus tout à fait ici.
Je les laisse me frotter les joues avec l'éponge rugueuse, laver mes mains et passer leurs doigts dans mes cheveux pour les coiffer tant bien que mal. J'entends leurs bonheurs, elles me félicitent et me cajolent, mais cela me semble si loin, comme un murmure à peine audible. Plus rien n'existe, en dehors de cette pensée brillante, comme un phare au milieu de la nuit : je vais partir d'ici. Je vais enfin être libre. Je vais être adoptée.
Une fois qu'elles ont terminé de me préparer, on m'enfile une robe propre. J'ai la tête qui tourne de bonheur, mes pensées virevoltent, j'ai envie de sauter, de crier, de rire !
La directrice me rejoint, aussitôt mon sourire s'effacer et un frisson traverse mon dos, elle m'évalue du regard de la tête aux pieds, et hoche la tête d'un air satisfait.
— Va t'asseoir là-bas, sur les marches, et ne bouge pas, ordonne-t-elle d'une voix dure. Tu vas rester tranquille en attendant qu'ils arrivent, c'est compris ?
— Oui, Madame la Directrice, murmuré-je en allant m'asseoir sur la première marche.
Elle ordonne ensuite aux enfants d'arrêter leurs travailles et de sortir jusqu'à ce que les parents repartent. Tous s'exécutent, me laissant seule après que la sorcière et les surveillantes partent elle aussi.
Assise sur les marches, je fixe la porte, le cœur battant si fort que j'ai l'impression qu'il va exploser. Impatiente et nerveuse, je claque mes pieds sur le carrelage au même rythme du tic-tac de l'horloge. Je remonte sept fois mes chaussettes qui glissent et baisse ma robe sur mes genoux pour cacher les écorchures. Je dois être parfaite ! Puis, j'attends, le regard fixé sur la porte.
Le grincement du portail m'arrache à mes pensées. Il est suivi par un bruit de roues sur les graviers. Mon cœur s'emballe immédiatement. Je me redresse d'un bond, mes mains moites s'agrippant au tissu de ma robe. Ils sont là !
Alors que je m'apprête à faire un pas, une silhouette familière émerge du couloir à ma gauche. La sorcière. Son regard froid me cloue sur place. Terrifiée, je me rassois aussitôt sur les marches, mes jambes flageolantes. Elle ne dit pas un mot, mais son visage dur en dit long. Un simple signe de tête m'ordonne de la suivre.
J'obéis, chaque pas résonnant dans ma tête comme un tambour. Dans ma précipitation, j'oublie mon baluchon resté sur les marches, mais je n'ose pas faire demi-tour. La surveillante ouvre la porte d'entrée d'un geste vif, le froid matinal m'enveloppe dès que je passe le seuil. Là, sous la lumière douce du jour, je les vois enfin.
Mes parents.
Ils se tiennent près de la voiture noire élégante, vêtus avec une classe naturelle. Mon père, grand et droit, les mains croisées dans le dos, porte un costume sombre aux lignes impeccables. Son chapeau melon est incliné légèrement en arrière, révélant son regard sérieux mais bienveillant. À ses côtés, ma mère, radieuse, est enveloppée dans un manteau crème en fourrure, avec un petit chapeau garni d'une fleur encadrant son visage souriant.
Ils se tournent vers moi, et ma mère m'adresse un sourire si doux qu'il semble chasser tout le froid de l'air. Mon père incline légèrement la tête en guise de salut. Ils m'ont vue. Ils sont vraiment venus pour moi. Mon cœur se serre si fort que j'ai l'impression qu'il va éclater.
La directrice, toujours rigide, leur tend une main polie qu'ils serrent avec respect.
— Bienvenue, dit-elle d'une voix maîtrisée, comme si elle accueillait des invités de marque. Venez, nous allons régler les dernières formalités dans mon bureau.
Ils me jettent un dernier regard avant d'entrer dans le bâtiment. Lorsque la porte se referme derrière mes parents et la directrice, un étrange silence m'enveloppe. Le bruissement des feuilles dans le vent et le chant lointain des oiseaux me ramène à la réalité. À ma droite, un murmure de pas me fait tourner la tête. Mes amis approchent, le visage triste. Cette vision me ramène brutalement à la réalité : je suis la seule à partir. Eux restent. Ça veut dire que je ne les reverrai peut-être jamais.
Mon cœur se sert à cette pensée.
Les larmes me piquent les yeux, mais je leur souris. Adeline et Hortense me serrent fort dans leurs bras un long moment. Ensuite, Louise et Denise m'embrassent tour à tour, leurs visages rougis par les pleurs.
— Tu vas nous manquer, Élia, murmure Adeline, la voix tremblante.
— Tu ne nous oublieras pas, hein ? ajoute Hortense en reniflant.
— Jamais...
— On est contente pour toi, ma puce, souris Louise en remettant une mèche de cheveux derrière mon oreille.
— Tu le mérites, ajoute Denise en enlevant ses lunettes pour essuyer ses yeux.
Un peu plus loin, Gaëtan et Julien, qui d'habitude ne montrent jamais leurs émotions, ont les yeux brillants. Voyant que je les ai vues, Gaëtan se frotte les joues d'un revers de manche et déclare :
— Hé, tant mieux, au moins, on n'aura plus de nourriture pour nous !
Je ris malgré moi, avec une boule dans la gorge. Julien s'approche et sans que je m'y attende, me serre dans ses bras et murmure à mon oreille :
— Tu vas vraiment nous manquer, et à Gaétan aussi...
— Vous me manquerez aussi, tous les deux...
Il me sourit avant de me lâcher. En me retournant, j'aperçois Albin, qui se tient un peu à l'écart, les mains enfoncées dans ses poches. Il a la tête baissée, mais je vois bien ses yeux brillants. Je m'approche de lui et l'entoure de mes bras. Il se fige un instant, puis me serre à son tour, fermement, comme s'il ne voulait jamais me lâcher.
— Tu passeras le bonjour de ma part à Mathilde quand tu la reverras, dit-il avec un sourire en coin en me lâchant.
Je hoche la tête, les larmes roulant sur mes joues.
Soudain, une petite main agrippe ma robe. C'est Alice, elle me regarde avec des yeux noyés de larmes et la lèvre inférieure tremblante.
— T'en vas pas, Élia... S'il te plaît, reste... murmure-t-elle en sanglotant. Je veux pas que tu partes...
Mon cœur se brise un peu plus. Elle s'accroche à moi de toutes ses forces, son petit visage tout humide caché contre moi. Je la serre, les larmes me brouillant la vue. Voyant la directrice et mes parents sortir, Louise vient l'arracher à moi, lui murmurant de ne pas pleurer sinon la directrice la punira. Le visage rouge et humide, Alice me lance un regard implorant alors qu'elle tend les bras vers moi.
Je me retourne pour voir la directrice et mes futurs parents, debout près de la carriole. Je m'approche d'eux, le cœur battant à toute allure. J'attrape mon petit sac que me tend Hortense et leur adresse un dernier regard à mes amis, puis un sourire poli à la directrice et aux surveillantes.
— Au revoir, Madame la Directrice, merci pour tout, récité-je d'une voix tremblante.
Elle hoche la tête sans un mot, le regard dure, presque menaçant. Je monte dans la carriole, à côté de ma mère, mon baluchon sur mes genoux. Mon père me sourit avant de se retourner et de donner un coup de canne au cheval pour qu'il avance. Alors que le cheval se met en marche, je me retourne, les yeux rivés sur la cour. À travers mes larmes, je vois la grille de l'orphelinat qui se referme dans un grincement strident, et le monde que j'ai toujours connu s'efface derrière moi. Un sanglot m'échappe, mais au fond de moi, une lueur de bonheur brûle doucement. Entourer des bras chaleureux de ma maman et protéger pour le sourire de mon papa, aujourd'hui, je le sais, je serais enfin heureuse.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top