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Cela fait longtemps qu'Adrien et MJ ne se sont pas retrouvés convoqué par l'école de leur fils. À bien y réfléchir, c'est même la première fois depuis que les garçons sont entrés au collège, et ils sont déjà en dernières années...

En soi, c'est donc une espèce de victoire non ? Après tout, les parents connaissent parfaitement leur fils et surtout son tempérament impétueux et qu'il soit resté s'y calme durant des années, n'est-ce pas un joli miracle ? En tout cas, la mère de famille préfère s'en contenter, même si la raison de leur présence ne lui plait pas.

Andréa s'est battu, et pas qu'un peu apparemment ! À le voir avec la lèvre fendue, la mère de famille a eu le souffle coupé, mais l'autre gamin n'est pas mieux, lui aborde déjà un beau coquart et tient un sac de glace sur sa joue. Le troisième semble indemne et se triture les mains en mâchouillant ses lèvres, visiblement mal à l'aise. Andréa s'en sort pas trop mal, cela semble assez superficiel... Mais même si son fils est en faute, il refuse catégoriquement de présenter des excuses, et la discussion s'éternise...

Puisque justement il n'a jamais eu de soucis, c'est ainsi que l'établissement a souhaité gérer la situation, discutant avec les trois ados concernés pour tenter de les réconcilier. Mais leur gamin s'est montré intraitable, les menaçant même une fois de plus. Alors ils étaient tous là, cherchant à dépatouiller du conflit pour comprendre, avec les parents pour essayer de les convaincre de parler.

En temps normal, ces trois-là s'entendent assez bien d'après le professeur principal qui, avec le directeur, est aussi présent, donc il ne comprend pas trop ce qui a pu se passer. Et durant l'heure qui vient de s'écouler, tout ce que MJ a compris c'est que c'est bel et bien son fils qui a donné le premier coup. Pourtant aucun d'eux ne veut parler du sujet de la discorde, mais la maman a un indice...

À l'infirmerie, Mael a reçu un calmant, on le lui apprit lorsqu'ils sont arrivés. C'est logique, son neveu, même s'il n'était pas présent, a dû sentir que quelque chose n'allait pas et a voulu le rejoindre. Fort heureusement, Mael a tout de suite été pris en charge et on les a rassurés sur son état. Justement d'ailleurs, car quand le directeur en a parlé, elle a vu ! Les yeux noirs de son gamin qui lancent des éclairs, il les a dirigés directement vers ses deux camarades de classe, les reproches directement implantés dans ses rétines.

D'une façon ou d'une autre donc, l'Alpha est impliqué, elle ignore juste comment. Depuis tout ce temps, ils essaient d'en savoir plus, mais ils ne desserrent pas la mâchoire et la maman hésite. Andréa va très mal le prendre, c'est certain...

MJ se souvient aussi de cette fête d'anniversaire qui a bouleversé la famille un moment. Même si le temps est passé, les stigmates persistent et les deux familles sont démunies. Si avant, la relation entre Mael et Andréa semblait sulfureuse et explosive, elle donne l'air d'être froide et inerte à présent. Il semble que plus rien ne lie les deux jeunes garçons, et les quatre parents paniquent sans un mot. Ils ont hésité à intervenir, choisissant ce soir-là de rester silencieux. Puis ils ont rencontré une nouvelle fois l'autre pair formé dans une situation similaire à la leur, leur demandant leur avis, et ils ont étés formels ! Il faut les laisser faire... Donc ils n'ont rien dit et des mois et des mois ont filé, encore et encore, et rien n'a évolué si ce n'est ce froid glaçant.

Andréa ne voit plus Mael, c'est le moins que l'on puisse dire. Qu'importe les situations dans lesquelles les familles se sont retrouvées, il n'y a rien !

Pas un regard, encore moins un mot...

Mael reste invisible et n'en dit rien, comme si la situation lui convenait. C'est une mélodie bien triste et les adultes sont terrifiés à l'idée qu'elle continue de se faire entendre à l'avenir ! Deux années ont filé, et ils en viennent à regretter l'époque ou Andréa éclatait lorsqu'on s'approchait trop de son marqué. À présent, qu'importe qui rendait visite au petit Alpha, il n'en disait jamais rien...

Ils ont quatorze ans maintenant et bien qu'ils ne se croisent à peine à l'école, cela semble être suffisant. Il n'y a aucun symptôme de manque et ça ne signifie qu'une seule chose : la situation n'est pas un problème à leurs yeux. Aucun des deux n'a évoqué un quelconque souci, bien qu'ils ne parlent pas réellement de leurs problèmes de toute façon.

Qu'ils sont compliqués ces deux-là...

- Je pense comprendre que justement... Mael est impliqué. Je me trompe ?

La mère de famille se planque derrière son air dur et franc pourtant elle n'apprécie pas sa position ! Elle déteste jouer sur un terrain glissant comme à présent, ou tout du moins, elle a plutôt l'habitude de le confronté bien autrement. Pour autant, la réaction est immédiate, son fils se renfrogne et les deux autres se ratatinent sur leurs chaises.

Touché !

Mais apparemment pas assez pour enfin les faire parler... Du moins c'est ce qu'elle pense, mais finalement, le camarade de classe se redresse, ne pouvant cacher son malaise. Il jette un coup d'oeil vers ses parents et se mâchouille les lèvres. Il fixe plus particulièrement son père Oméga, et avoue piteux, comme prie la main dans le sac.

- J'ai dit un truc sur l'Oméga d'Andréa alors il s'est énervé.

- C'est à cause de ça ?

- Oui je... Je ne pensais pas que ça l'énerverait, mais je n'ai pas réfléchi. C'est de ma faute. Andréa et Damiel n'ont rien fait. Damiel a surtout essayé de nous séparer.

C'est ce que le professeur a pensé au début en effet, mais comme ils ont tous les trois gardé le silence... Cependant, autre chose semble un peu étrange dans cette version, et les deux parents se lancent un regard perplexe avant de demander du regard vers leur rejeton qui boude toujours.

- Quel Oméga ? Vous parlez de Mael ?

- Ils pensent que Mael est mon Oméga.

- Pourquoi vous faites croire ça ?

- Ce n'est pas nous, c'est eux. J'en ai rien à foutre qu'ils pensent comme ça, et ca m'étonnerait que Mael leurs a dit.

Dans le bureau, cette conversation échappe à plusieurs personnes, et que ce soit les deux potes, leurs parents ou le personnel enseignant, ils tentent de comprendre. Il n'est même pas certain que cette information soit importante dans ce cas de figure, cependant ils ont soulevé l'intrigue et il est sans doute mieux de s'expliquer.

- Mael n'est pas un Oméga.

Un "Oh" passe sur les visages des ados et ils demandent presque confirmation auprès d'Andréa.

- Bah ouais, c'est moi la boite à foutre ! Tu as quelque chose contre ça ?

- La quoi ? Tu n'as pas dit ça ?

Le père du gamin semble blessé et le fils ne semble pas avoir les mots pour s'excuser. Il sait qu'il a dépassé les bornes et surtout, ce n'est pas ainsi qu'il voit son père Oméga ! Le coupable n'a pas réfléchi et s'est laissé emporter...

- Quoiqu'il en soit, les choses ne peuvent se régler par la violence ! rappelle le directeur avec raison

- Je ne suis pas violent. Mais que ce soit maintenant ou demain, si quelqu'un insulte mon lié, je lui ferais bouffer sa langue !

Un silence surprend tout le monde et Andréa impressionne un peu. Lui encore si jeune, bien qu'il soit assez grand pour son âge, se tenant si haut et fier, inébranlable face à un adulte de pouvoir. Il garde le menton haut et un visage sérieux, hurlant presque que personne ne serait capable de le faire changer d'avis à ce sujet. MJ est soufflé, franchement touchée par l'affirmation de son gamin. Elle s'agrippe soudainement à la main de son Alpha, se raccrochant à sa force pour la tenir. Ils échangent un rapide regard, réellement ému, et gardent le silence. Ils auraient facilement pu croire que c'est l'insulte envers les Oméga qui a fait mouche, mais ce n'est pas le cas... Ça n'a pas d'importance ici, mais elle, ça les soulage d'entendre ça...

- Andréa, ne parle pas comme ça ! Intervient cependant Adrien

- Je ne m'excuserais pas d'avoir défendu mon Alpha papa !

- Ce n'est pas la question, si tu veux te faire entendre, utilise le bon langage ! C'est comme ça que tu le défendras réellement. Alors, fais ce qu'il faut !

- Tch...

Il est assez facile de comprendre que l'adolescent a beaucoup de respect envers son père. Quand on connait son tempérament, cela surprend, pourtant c'est ainsi ! Adrien a toujours eu cette prestance qui le place si haut sur le podium de prestige de son fils. Alors l'adolescent soupire, et se tourne vers l'autre qui affiche toujours une mine misérable.

- Je n'aurais pas dû me battre avec toi Etian. Mais stop maintenant avec tes questions cons et surtout, ne parle plus jamais de Mael comme ça !

- Oui je suis désolé ! Je recommencerais pas... Désolé mec !

- Quelles questions ?

Personne ne relève le fait qu'Andréa n'a toujours pas présenté ses excuses, et il est apparemment préférable de laisser tomber ce point. Ils parlèrent surtout des fameuses questions, ce fut donc le second point agaçant et les parents comprirent ! Justement, quatorze ans, âge ou les premiers symptômes pour les ados porteurs de glandes ! MJ et Adrien n'y ont pas pensé, car Andréa est déjà genré et Arthur est un bêta ! Mais pour tous les autres, c'est justement le moment... Instant aussi où les cours de SVT abordent donc tout ceci en profondeur, et c'est donc un sujet au coeur des préoccupations adolescentes...

À l'école, tout le monde ne parle plus que de ça...

C'est comme ça que les adultes saisirent qu'en fait, les élèves de l'école posaient beaucoup de questions à la paire accidentelle de leurs âges. Après tout, eux connaissent tout ça non ? Les chaleurs, les phéromones... Ce ne sont que des gamins qui ne pensent pas à mal, même si les interrogations ont clairement mentionné des points bien plus intimes encore. Parce que tout le monde ou presque estime qu'un pair sont des amoureux et que Andréa et Mael ne le sont pas... C'est facile de comprendre que tout ça doit les mettre dans des situations inconfortables.

Concernant l'incident, aucun des parents n'a souhaité faire durer les choses. Les concernés sont plutôt en pote en temps normal et les adultes ont déjà vu les gamins chez eux ! Le directeur a conclu qu'ils pouvaient en rester là étant donné les circonstances, bien qu'il a de nouveau réclamé de ne plus régler les problèmes avec les poings. Mais heureusement, ils peuvent rentrer chez eux, et Adrien et MJ ne sont pas mécontent de ne pas avoir eut a faire à des parents en colère qui les jugent selon la situation.

Un soulagement...

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Prochain chapitre : Faire face

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